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Durant cette période estivale, j’ai pensé proposer chaque semaine un  article parmi ceux qui ont le plus « marqué » la saison qui vient de s’achever.

Celui qui arrive en tête (selon un compteur visible « coté administrateur » de la page du club)  est un billet publié le 27 janvier dernier et qui était consacré à…la self-défense. Ce n’est pas très étonnant et cela amène à s’interroger sur l’orientation ultra sportive prise par bon nombre d’arts martiaux, alors que c’est l’aspect utilitaire qui est largement plébiscité.

Bonne lecture

Self-défense et notamment défense contre armes.

Cet article proposé (sur mon blog et Facebook) est un peu plus long qu’à l’habitude ; le sujet le mérite.

C’est un secteur délicat en matière de self-défense que celui des défenses contre armes. Toute agression peut engendrer de désastreuses conséquences, à fortiori lorsque c’est à main armée. Les conseils en la matière pullulent sur les réseaux ; je ne me permettrai pas de porter de jugement à leur égard, d’autres n’hésitent pas ; je me contenterai de prodiguer quelques recommandations issues de mon expérience, non pas en tant que familier des combats de rue (très loin de là), mais tout simplement comme professeur qui enseigne depuis plusieurs décennies et qui a aussi collecté un nombre important de témoignages rapportés par des personnes (élèves ou professeurs, hauts-gradés ou pas, jeunes ou plus âgés, hommes ou femmes) qui ont pu se sortir indemnes d’agressions . Les quelques lignes qui suivent sont donc le fruit d’expérience, de témoignages et… du simple bon sens.

Commençons par le bon sens avec des conseils basiques et évidents qui s’appliquent – si on le peut – à toutes formes d’agressions et en l’occurrence celles avec arme. D’abord en évitant les endroits à risque, ensuite en favorisant la fuite (nul ne connais l’issue d’un affrontement) ; si celle-ci n’est pas possible, entamer un dialogue, une négociation. Si malheureusement l’affrontement est inévitable, il faut d’abord savoir que tout le monde n’a pas la même lucidité dans ces moments. Nous ne sommes pas tous égaux psychologiquement lors d’une agression. Pour savoir comment on réagi face à une telle situation, il faut avoir une expérience en la matière ; si tel n’est pas le cas, il est totalement déconseillé de se tester de son propre chef dans de telles conditions, c’est juste inimaginable (et répréhensible). Lorsque l’on est professeur, l’obligation de mettre en garde ses élèves sur les dangers et les conséquences multiples d’une agression, est obligatoire. On doit aussi se souvenir que la meilleure victoire est celle que l’on obtient sans combattre ; il ne s’agit pas de lâcheté, mais d’intelligence.

Quand l’affrontement semble inévitable, il est évident, que plusieurs facteurs entreront en ligne de compte, dont un qui n’est pas mince, je veux parler de la chance. Ensuite, la maitrise technique et les automatismes feront la différence ; cette maitrise sera acquise par l’apprentissage et le perfectionnement technique, pour ce qui concerne les automatismes, des centaines et des centaines de répétitions seront indispensables. Une bonne condition physique et une tonicité correcte ne gâcheront rien. Enfin, il ne faut jamais arrêter l’entrainement d’autant plus qu’à un certain moment on doit avoir découvert dans la pratique d’autres intérêts que l’unique coté utilitaire (c’est plus sain), même s’il est la raison première de l’élaboration de méthodes de combat.

Tous ces conseils et ceux qui suivent, sont encore plus vrais quand il s’agit d’attaques avec une arme ; surtout lorsqu’il est question d’objets tranchants ; le couteau excluant bon nombre de projections, celles-ci imposant un contact incompatible avec l’acier tranchant ou piquant. Parer ou bloquer l’attaque représente l’évidente première phase. La deuxième étant le coup (l’atemi) – ou plusieurs – pour fixer, stopper et déséquilibrer l’adversaire.

Enfin, pour finaliser face à une arme blanche, la maitrise des clefs est indispensable, à moins d’être persuadé que l’utilisation des coups sera d’une radicalité permettant de se passer de l’étude des contrôles en clef de soumission ; cet état d’esprit s’apparente peut-être à une forme de présomption !

Je finirai cet article avec quelques exemples qui sont autant de témoignages recueillis auprès de personnes que j’ai fréquentées et qui ont été victimes d’agressions (notamment avec armes). Grâce à leur technique elles ont pu se sortir d’affaire. Il y a d’abord ce haut gradé dans la police et dans le ju-jitsu qui a pu, grâce à un waki-gatame de bonne facture, maitriser quelqu’un qui lui brandissait un revolver sur le front ; puis, cette ceinture noire féminine qui a sorti un importun de la rame de métro avec un tai-sabaki (déplacement du corps) ; ensuite un « presque débutant », ceinture orange au moment des faits et qui a désarmé un agresseur muni d’un couteau en utilisant une clef au bras très basique (ude-gatame) ; ce septuagénaire haut gradé – mais septuagénaire quand même – qui a « confisqué » le revolver d’un voleur de portefeuille avec un contrôle au niveau du poignet ; certes il s’agissait d’un jouet mais la victime potentielle l’ignorait ; enfin, je termine avec ce monsieur qui, juste après sa première leçon, a réussi à se débarrasser d’un voleur de sacoche dans le métro en appliquant une technique qu’il venait de répéter quelques minutes plus tôt.

Il y a bien d’autres exemples ; et puis il y a ceux et celles qui affirment qu’à partir du moment où ils ou elles ont commencé à pratiquer, ne se sont plus jamais fait embêter, alors que c’était fréquemment le cas avant : cela s’explique assez facilement par une certaine assurance qui émane de la personne possédant quelques moyens de ne pas subir. L’assurance en question étant ressentie par l’agresseur qui n’insistera pas, n’étant pas un exemple de courage de par sa nature. Cependant il ne faut pas tout miser sur cette assurance.

Enfin, je finirai par un clin d’œil à l’attention de ceux qui affirment que leur méthode est la meilleure, tout en critiquant parfois les autres, en leur soumettant l’idée qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises méthodes, à partir du moment où l’on étudie toutes les formes de ripostes à toutes les situations d’attaques et que toutes les « armes naturelles » du corps sont utilisées. Par contre, il y a des bons et des moins bons professeurs et des élèves avec des qualités et des compétences naturelles moins développées ; ce sont d’ailleurs souvent ceux-là qui persistent et progressent le plus.

Une toute dernière recommandation : le package « sachez vous défendre en tant de séances », ça n’existe pas. Etude, perfectionnement, entrainement et répétitions sont les uniques recettes, non pas de l’invincibilité, elle n’existe pas non plus, mais pour cultiver et augmenter un potentiel naturel.

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Résumé du dictionnaire, deuxième partie

La semaine dernière j’ai présenté la première partie du résumé de mon « dictionnaire des arts martiaux », cette fois, c’est la seconde partie qui est proposée.

M comme Mawashi-géri : une technique de coup de pied qui allie efficacité et beauté du geste.

N comme Ne-waza : un secteur d’une richesse inouïe et dans lequel il est possible de s’exprimer et de s’épanouir très longtemps. On y prend beaucoup de plaisir.

O comme Opposition, non-Opposition plus précisément : un des principes les plus intelligents. C’’est de cette manière que le plus faible peut vaincre le plus fort.

P comme Bernard Pariset : mon professeur, mon mentor et surtout… mon père ! Un champion exceptionnel dans le « toutes catégories », alors qu’il était d’un gabarit des plus modestes. « Faire tomber les grands » était sa gourmandise ; mais beaucoup d’autres passions l’animaient. On lui doit la réhabilitation du ju-jitsu en France au début des années 1970. Il était aussi un excellent enseignant et…un père exigeant !

Q comme Qualité : la politesse, l’honnêteté, le respect, la volonté, le courage, la solidarité, la reconnaissance, la fidélité et…l’honneur. Voilà un florilège de qualités qu’il me semble essentiel de cultiver.

R comme randori : cela se traduit par « exercice libre ». Une méthode d’entraînement au travers de laquelle on s’exprime techniquement et physiquement, mais dans laquelle l’affrontement codifié pourra être aussi un véritable plaisir, pour peu que l’on soit animé par le même état d’esprit : celui de la construction et non pas de la destruction.

S comme Stage : ils ont été une grande partie de mon activité professionnelle, que ce soit à Paris, en province ou à l’étranger. Sur une journée, un week-end ou plus. Le plaisir de rencontrer des pratiquants de différentes régions et de différents pays. Je pense tout particulièrement aux stages d’été, notamment à Soulac-sur-Mer.

T comme Tatami : avec le judogi (ou jujitsugi) ils sont mes deux principaux outils de travail. Des premiers tatamis très rudimentaires à ceux aux couleurs attrayantes que l’on nous propose maintenant, j’en ai foulé des centaines de mètres carrés pour y exercer mon métier et faire partager ma passion.

U comme Uchi-mata : à mes yeux la plus belle des projections ; celle qui réunit l’efficacité et l’esthétisme mais aussi la satisfaction de l’accomplissement, lorsqu’elle est réussie.

V comme Violence : plus précisément la non-violence. C’est aussi le combat des arts martiaux éducatifs : lutter contre ce fléau qui enlaidit notre société.

W comme Waza : ce mot se traduit par travail, mais plus exactement dans le sens de technique. En aucune manière il ne s’agit de l’instrument de torture qu’était, il y a très longtemps, « le travail », mais bien de la technique dans son expression la plus noble ; la recherche de la « finesse technique ».

X comme boXe : là, j’ai été obligé de tricher un peu. Disons que c’est le X qui « claque » le plus dans ce nom. Boxe en tout genre, pourvu qu’elle soit éducative. N’oublions pas qu’à une époque la boxe anglaise était aussi le « noble art ». Les assauts (combats d’entraînement codifiés) peuvent être comparés à des conversations, où chacun prend la parole à tour de rôle, sans jamais dire de gros mots !

Quant aux deux dernières lettres de l’alphabet, le Y et le Z, elles n’avaient pas encore été traitées, ce sera fait dès la prochaine rentrée.

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Résumé du « dictionnaire »

Il y a quelques mois, sur mon blog et sur Facebook, j’ai entrepris la rédaction d’un « modeste dictionnaire des arts martiaux » dans lequel j’évoque ce qui m’a marqué dans ma vie de pratiquant. Ce sont des personnalités qui forment l’essentiel de cet abécédaire, mais y sont aussi rassemblés des techniques, des lieux, des évènements et des objets qui ne m’ont pas laissé insensible.

A ce jour il ne reste plus que deux lettres, le Y et le Z ; je les traiterai à la rentrée. Pour beaucoup de pratiquants c’est le début des grandes vacances, j’ai pensé proposer un résumé de chaque mot, ou personnalité qui ont composé ce dictionnaire, ceci à l’aide d’une ou deux lignes très significatives. Aujourd’hui, c’est une première partie qui est proposée, la seconde le sera la semaine prochaine.

A comme arts martiaux : le ju-jitsu et le judo, évidemment, mais tous les autres aussi sont une grande partie de mon univers.

B comme Bercy : ça été un peu « mon jardin ». Le plaisir et l’honneur de démontrer le ju-jitsu que j’aime devant 15 000 personnes à douze reprises.

C comme Henri Courtine : un deuxième père, un « père spirituel » ; c’était d’ailleurs le meilleur ami du mien, un judoka au style aussi élégant qu’efficace ; aujourd’hui il est le seul français 10ème dan

D comme démonstrations : il y a eu les démos de Bercy, mais il y a eu aussi des centaines de galas en province et à l’étranger. Elles sont une grande partie de ma vie et de ma carrière.

E comme enchaînements : les enchaînements qui ont composé mes démonstrations, mais aussi et surtout les enchaînements techniques tels que les « 16 techniques », les 16 Bis, les 16 Ter, etc. Le sentiment d’avoir été utile !

F comme Fils de quelqu’un : une fierté, une responsabilité, un nom à préserver, un prénom à se faire. Pas facile d’être le fils de Bernard Pariset dans le monde des arts martiaux.

G comme Anton Geesink : le géant hollandais, « la gloire de mon père » qui a réussi à le battre une fois, c’était en finale des championnats d’Europe toutes catégories en 1955 devant un stade de Coubertin en folie. Ensuite Anton Geesink – entre autres exploits – a fait pleurer tout un pays en terrassant le japonais Kaminaga lors de la finale des J.O. de Tokyo en 1964.

H comme honneur : vaste programme ! Il ne suffit pas d’utiliser le mot ou de l’afficher sur le mur du dojo, encore faut-il en être pourvu !

I comme Ippon seoi nage. Ma projection favorite, celle qui illustre bien des principes de notre discipline, « le petit qui passe sous le grand » !

J comme Ju-jitsu : comment pourrait-il en être autrement pour moi. Mais J comme judo aussi.

K comme Jigoro Kano : il a ressuscité le ju-jitsu, nous lui devons la mise en place d’une méthode d’éducation physique et mentale intemporelle.

L comme Jean-Claude Leroy : un judoka exceptionnellement talentueux, un des plus beaux (et efficace) uchi-mata de la planète, un ami et même presqu’un grand frère ; à partir de 1973 nous avons fait un grand bout de chemin ensemble, pour la cause du ju-jitsu notamment ; c’était avant que la maladie ne l’emporte bien trop tôt.

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Dojo et liberté

Posséder son propre dojo, un « dojo privé », impose de nombreuses contraintes et de gros sacrifices, à l’inverse cela offre une certaine liberté. D’abord concernant l’organisation des cours, sur le plan de la logistique et sur celui de l’enseignement distribué au sein de ce dojo.

 

Ajouter un cours, en déplacer un autre, programmer des stages, organiser des passages de grades, etc. tout cela est plus aisé à faire que lorsque l’on évolue dans des structures où les créneaux sont peu nombreux (si toutefois on a la chance d’en obtenir) et imposés. Sans oublier que souvent il n’y a pas de cours durant les congés scolaires, ce qui réduit la moyenne de la pratique au cours de l’année.

Et puis, sur le plan purement technique et pédagogique, bénéficier de plus de séances offre la possibilité de proposer des cours « à thème » et/ou par niveau. Cette liberté permet d’organiser son travail et de faire son métier comme on le conçoit.

J’ai bien conscience que ce nouveau challenge comporte des risques et qu’il sera énergivore. S’agit-il de courage ou d’inconscience ? (Le courage ne comporte t’il pas une part d’inconscience, d’ailleurs ?). Il existe aussi un troisième élément qu’il ne faut pas négliger, il s’appelle la nécessité ; celle de devoir exercer, comme tout un chacun, son métier (sans être obligé de compter sur la fameuse « entraide mutuelle », plus facilement affichée sur les murs des dojos, qu’appliquée!), ou sur le bon vouloir de certains.

Tout le monde ne veut pas forcément (ou ne peut pas) prendre de telles initiatives ; personnellement j’aime bien entreprendre, créer et la liberté qui va avec ; tout simplement pour que mes élèves puissent déguster (sans aucune modération) le ju-jitsu auquel je tiens à rester fidèle.

La réalisation des derniers aménagements indispensables est sur le point d’être effectuée, le dojo est donc opérationnel dès cet été.

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Deux photos et quatre années

Quatre années, jour pour jour, séparent ces deux photos. La première marquait la fin d’une histoire, une page se tournait, la seconde évoque le début d’une nouvelle aventure, un nouveau challenge, de beaux souvenirs à fabriquer.

La page en question se tournait après des années de combats contre une copropriété obtuse ; il était préférable de conclure ces affrontements en appliquant le principe de non-opposition, si cher à Jigoro Kano.

Ce furent donc ensuite quatre années de réflexions, d’interrogations, de prospections, mais aussi de doutes et de découvertes sur la nature humaine, avec quelques belles surprises et beaucoup de déceptions.

Après différentes tentatives non abouties, mais sans jamais baisser la garde (ce serait paradoxal), une sorte « d’alignement des planètes » s’est réalisé. Dans la vie il est nécessaire d’avoir un peu de chance, avec une cristallisation de bonnes circonstances qu’il faut savoir saisir, mais aussi et surtout, ne pas manquer de volonté et d’organisation : « ne pas lâcher l’affaire », pour reprendre une expression teintée de trivialité. A force de prospections – aux allures d’acharnement – une opportunité qu’il ne fallait pas laisser passer a montré le bout de son nez.

Je n’affirmerai pas que le temps perdu a été rattrapé, mais il y a un peu de ça quand même, puisqu’une fois le bail signé, il n’aura fallu qu’un mois pour que le local soit opérationnel. J’ai pu compter sur le professionnalisme des artisans qui avaient en charge la réalisation des travaux et sur leur volonté de ne pas me décevoir ; les délais ont été respectés et le dojo a pu ouvrir le 2 juillet, comme convenu.

Durant l’été une permanence sera proposée trois jours par semaine aux adultes, avant que le club prenne son rythme de croisière dès le 1er septembre, aussi bien pour les adultes que pour les enfants.

Tous ceux qui souhaitent découvrir le ju-jitsu cet été, ou se perfectionner, seront les bienvenus !

A tous, je souhaite un très bel été.

eric@pariset.net

 

Le premier professeur

Marie Agnès Gillot, ancienne danseuse Etoile à l’Opéra de Paris, déclarait récemment qu’elle allait confier les premiers pas de danse de son jeune fils à celui qui avait été son premier Maître. Il réside en Normandie et elle à Paris, mais elle considère que  le premier professeur est le plus important. Cette affirmation me conforte dans mon point de vue. Ce n’est peut-être pas forcément vrai pour toute les disciplines, mais dans certaines, où la forme de corps est essentielle, l’enseignant qui dispense les bases techniques est déterminant.

Je me plais fréquemment à faire un parallèle avec la construction d’une maison ; si les fondations ne sont pas bonnes, même avec de beaux matériaux hors sol, la maison ne tiendra pas longtemps.

A titre personnel j’ai été gâté ; j’ai eu la chance que ce soit mon père, Bernard Pariset, qui me fasse enfiler mon premier judogi (ou jujitsugi). Il a été un exceptionnel champion mais il était aussi un très bon enseignant doté d’une pédagogie innée ; à son époque les « écoles des cadres » ou autres centres de formation, n’existaient pas. Avec des explications concises et concrètes, sans de longs discours qui entament inutilement le temps de pratique, l’apprentissage « coulait de source » et les progrès étaient réalisés grâce à de nombreuses répétitions au travers desquelles les « fondamentaux » étaient valorisés ; la priorité était donnée à la pratique. Certaines personnes sont dotées de qualités naturelles, intrinsèques et ne confondent pas la dispense d’un cours avec du « stand up » (Facebook nous « gâte » dans ce domaine).

J’ai eu aussi comme professeur pendant un temps, l’alter-ego de mon père, en la personne d’Henri Courtine. De ce fait, mes kyus (ceintures de couleur) ont été signés par les deux plus hauts gradés.

Pour montrer l’influence que peut avoir le professeur, je raconte souvent la petite anecdote qui suit. Un jour, un dirigeant d’une célèbre fédération se rend en province pour rencontrer un ami qu’il n’avait pas vu depuis longtemps. Il va directement à son dojo et constate qu’à côté du groupe de judokas il y a un autre groupe qui pratique l’atemi ju-jitsu. Il dit à son ami : « Tu as ouvert une section ju-jitsu, et c’est avec un élève d’Eric Pariset ! » ; effectivement, il s’agissait d’un ancien étudiant qui avait été muté dans le Centre de la France. Technique et mimétisme ? Sans doute !

Le choix du premier professeur est donc d’une importance capitale et de ce fait on peut poser la question suivante : « À quoi reconnaît-on un bon professeur ? », tout simplement à la qualité technique de ses élèves. (Attention, il y a toujours quelques exceptions pour confirmer la règle !)

Avec le nouveau dojo qui ouvre ses portes la semaine prochaine, je vais pouvoir renouer au quotidien avec ce métier qui est le mien depuis des années, des décennies ; ce métier qui me passionne toujours autant et peut-être même davantage. Ce métier qui tend, malheureusement à être « déprofessionnalisé ». A cette occasion je sais que je vais retrouver un groupe de fidèles hauts-gradés, je vais aussi pouvoir faire partager ma passion à des néophytes que j’espère bien convaincre et faire progresser, mais aussi les voir se réaliser et s’épanouir techniquement, physiquement et mentalement dans un art martial à traditions.

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Drôle de date

Alors que la plupart des clubs s’apprêtent à mettre les tatamis au repos pendant deux mois, on pourrait penser que c’est une curieuse idée que celle d’ouvrir un dojo le 2 juillet et tout simplement d’être fonctionnel en été. Mais, à la réflexion, pas tant que cela ; en effet, mis à part les enfants, peu d’adultes prennent huit semaines de vacances. Et puis, il y a ceux qui partent en dehors des mois de juillet et d’août ; ils sont terriblement pénalisés dans leur pratique. Enfin certains, bien qu’en congés, ne partent pas ; raison de plus pour s’entraîner davantage.

Donc, j’ai le plaisir d’annoncer l’ouverture du nouveau dojo le mardi 2 juillet. Durant les deux mois d’été les cours se dérouleront en « planning allégé », sur trois soirs et deux midis. Une exception, quand même, pour la semaine du 15 août durant laquelle le dojo sera fermé.

Je souhaite développer une véritable « Ecole de ju-jitsu » dans laquelle sera proposée une pratique traditionnelle et évolutive, sérieuse tout en se situant dans le cadre du loisir, une pratique tout aussi technique que dynamique et qui permet d’appliquer les principes de base de notre art martial et de transpirer intelligemment.

Cours à thème sur l’atémi-waza avec des gants dans certaines séances, renforcement en nage-waza à l’aide d’exercices qui permettent d’évoluer dans un domaine passionnant mais exigeant et bien évidemment l’ensemble des méthodes d’entraînement et autres randoris ; tel sera le programme dès cet été ! Sans oublier les enchaînements fondamentaux comme les 16 techniques, qui sont nos « incontournables ». Tout cela dans une excellente ambiance et dans un climat où la maitrise sous toutes ses formes sera le maître mot.

Même si les grades ne sont en aucun cas une fin en soi, leur préparation et leur validation seront prises très au sérieux. S’ils ne sont pas un aboutissement, ils sont un accomplissement, dixit un de mes fidèles élèves.

Quant au planning de la prochaine saison il sera mis en place au tout début du mois de septembre ; il apparaitra sur le site Internet, lequel site est « en reconstruction » pour le moment.

Rendez-vous à partir du 2 juillet.

eric@pariset.net

Mon ju-jitsu

Dans l’article de la semaine dernière qui traitait de l’ouverture de mon dojo parisien, j’évoquais la joie de pouvoir à nouveau enseigner régulièrement et sans modération « mon ju-jitsu ». Cette expression n’est pas l’émanation d’une quelconque appropriation ; elle évoque simplement des préférences techniques, pédagogiques, mais aussi un état d’esprit ; elle est l’expression de ma conception de la pratique et de l’enseignement ; je l’ai très souvent évoquée, mais un rappel n’est pas forcément superflu !

Tout d’abord il s’agit d’un ju-jitsu complet techniquement, dans lequel toutes les situations sont étudiées, debout et au sol, à distance et en corps à corps ; on peut difficilement faire mieux. Maintenant, un bon outil dans les mains d’un mauvais ouvrier ne remplira pas sa mission. La recherche de la perfection technique, du geste parfait, sera une quête permanente. On insistera sur la fluidité dans les différentes liaisons entre les trois composantes ; le ju-jitsu n’est pas un amalgame, il est un ensemble cohérent.

Il s’agit aussi d’un ju-jitsu éducatif avant d’être destructif. En cela, le rôle du professeur est déterminant ; Il doit faire prendre conscience de la dangerosité de certaines techniques et entourer son enseignement de toutes les précautions utiles pour ne pas en faire une école de la violence ; c’est tout le contraire que l’on attend de lui puisqu’Il s’agit de l’école de la maîtrise. De la maîtrise d’un individu dangereux à la maîtrise de nos propres réactions. La notion de légitime défense et celle du respect de la vie existent. Cela peut faire sourire certains qui pensent que lorsque l’on sauve sa vie on n’a pas le temps d’y penser ; ce n’est pas faux, mais ce n’est pas toujours le cas et étudier une discipline qui possède des réponses à chaque cas de figure est important. Un affrontement peut commencer par une simple « embrouille » qui ne nécessite pas forcément l’utilisation de « l’artillerie lourde » ; une clef bien appliquée peut éviter de fâcheuses conséquences, par exemple.

C’est un ju-jitsu physiquement complet ; un enseignement adapté à toutes les conditions physiques améliorera la tonicité, le cardio, la souplesse et les automatismes seront affutés.

Ensuite, étudier un art martial « à tradition », dans lequel existe un code de bonne conduite ne peut que faciliter une vie harmonieuse en société ; c’est ce que pensait Jigoro Kano lorsqu’il a « ressuscité » le ju-jitsu.

La recherche de l’esthétique n’est pas à négliger ; l‘expression corporelle apporte de la satisfaction et un bien-être général. Les techniques peuvent être tout à la fois efficaces et spectaculaires.

N’oublions pas non plus que l’on trouve la notion de jeux (et par conséquent de plaisir) dans les exercices d’opposition que l’on appelle les randoris, à condition qu’ils soient pratiqués dans un climat sain, avec un bon état d’esprit ; ils sont alors déstressants et bons pour la santé.

Une toute dernière chose, le ju-jitsu que je pratique est à but non-compétitif. Je ne suis pas contre la compétition, mais pour certains arts martiaux -qui souhaitent le rester- le règlement sportif impose (à juste titre) de retirer les techniques les plus dangereuses, et par conséquent cela entraîne une inévitable sclérose.

Je n’ai aucunement la prétention d’affirmer que « mon ju-jitsu » est le meilleur ; il est simplement celui qui me correspond parfaitement. Un ju-jistsu « shin-gi-tai » ; l’esprit, la technique et le corps !

eric@pariset.net

Enfin…

Il y a quatre ans, le 30 juin 2015 précisément, une nouvelle équipe prenait la direction du dojo de La Bastille. Une page se tournait pour moi, mais elle ouvrait la voie à une longue – trop longue – période, durant laquelle les surprises en « tout genre » se sont invitées. Différentes tentatives pour exercer mon métier d’une façon différente de celle qui avait été la mienne durant des décennies se sont avérées compliquées.

Donc, s’est imposée à moi la nécessité d’ouvrir un nouveau dojo à Paris. Seulement, personne ne peut ignorer que le prix de l’immobilier est devenu déraisonnable dans la capitale et que trouver un local correspondant à mon activité est de plus en plus compliqué ; il faut ajouter à cela de nombreuses contraintes administratives. Face à ce constat et à ces difficultés j’aurais pu abandonner les investigations, mais à quoi aurait servi une vie de pratique et d’enseignement des arts martiaux si une certaine volonté frôlant parfois l’obstination ne m’animait pas. Et puis cela m’a permis de constater, une fois de plus, la véracité de ma maxime préférée : « Aide-toi, le ciel t’aidera ». (C’est en fait la conclusion d’une fable de La Fontaine, «Le Chartier embourbé».)

C’est donc avec plaisir que je peux annoncer l’ouverture imminente d’un nouveau dojo parisien. Je pense que beaucoup d’anciens élèves seront ravis et que cela permettra sans doute l’éclosion de nouvelles vocations. Quant à moi, je pourrai exercer à nouveau mon métier en toute liberté et enseigner le ju-jitsu que j’aime, quand je le veux et à qui je  veux, sans être tributaire d’éventuelles bonnes volontés et ou encore de personnes amnésiques. Pas de rancœur, juste de l’énergie positive à mettre au service de cette nouvelle aventure.

L’adresse très précise sera dévoilée incessamment, mais d’ores et déjà je peux indiquer que c’est un retour dans un quartier que je connais parfaitement bien, j’y suis presque né, j’y ai fait une grande partie de ma scolarité et dirigé plusieurs dojos, puisqu’il s’agit du XIIème arrondissement.

L’ouverture est prévue le 2 juillet, avec une permanence de trois jours par semaine durant tout l’été. Evidemment, je ne manquerai pas de fournir de nombreuses informations durant les jours à venir.

La saison 2018/2019 n’avait pas très bien commencé, mais elle se termine parfaitement bien.

eric@pariset.net

Petite semaine, petite histoire…

Comme souvent, à l’occasion de petites semaines comme celle-ci, j’apprécie de proposer une petite histoire ; ces contes sont divertissants et toujours riches d’enseignement. Issue du chapitre « Vaincre sans combattre » du magnifique recueil « contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon », cette courte histoire en est une belle illustration.

L’assassin désarmé.

Le seigneur Taîko étudiait le Cha no yu, la cérémonie du thé, avec Sen no Rikyu, un Maitre d’une grande sérénité. Kato, un samouraï de la suite de Taïko, voyait d’un très mauvais œil la passion de son seigneur pour la cérémonie du thé car il estimait que c’était une perte de temps qui nuisait aux affaires d’Etat. Peu à peu une idée s’imposa à lui : supprimer purement et simplement Sen no Rikyu. Afin d’exécuter son projet il s’arrangea pour être invité par le Maître à boire une tasse de thé en sa compagnie.

Sen no Rikyu, qui avait atteint un très haut niveau de réalisation intérieur grâce à son art, devina au premier regard du samouraï son intention criminelle.

« Laissez votre sabre à la porte. Vous n’en n’aurez pas besoin pour une paisible cérémonie du thé », expliqua le Maitre.

« Un samouraï ne se sépare jamais de son sabre, quelles que soient les circonstances », répliqua le Kato.

« Très bien, gardez votre sabre et entrons prendre une tasse de thé », répondit finalement la Maître.

Les deux hommes s’assirent face à face et Kato posa son sabre près de lui, à portée de main. Sen no Rikyu commença à préparer le thé. Soudain, il renversa la bouilloire qui était sur le feu. La pièce se remplit de vapeur, de fumée et de cendres, tout cela avec un effroyable sifflement. Paniqué, le Samouraï se précipita en dehors de la pièce. Le Maître de thé s’excusa : « C’est de ma faute. Revenez prendre une tasse de thé, je vous en prie. Je tiens votre sabre qui est couvert de cendres. Je vais le nettoyer et vous le rendre. » Le samouraï comprit alors qu’il aurait beaucoup de mal à tuer le Maître de thé, et il abandonna son projet.

eric@pariset.net  www.jujitsuericpariset.com