Les 16 Bis


Créé quelque temps après les 16 techniques, l’enchaînement appelé « 16 bis » est venu compléter un panel technique ayant pour objectif d’offrir des outils d’études – donc de progrès – et d’épanouissement complémentaires. Proposant, à peu de chose près, les mêmes situations d’attaques, il offre des ripostes d’un niveau supérieur.

Les attaques sont semblables dans le but de faciliter la mémorisation, prouvant par la même occasion, si besoin est, qu’existent différentes ripostes sur la même attaque. Ripostes complémentaires et évolutives.

Dans cette suite de techniques se trouve un grand nombre de projections tout aussi efficaces que spectaculaires, ce qui ne gâche rien. Pour ceux qui font l’effort de ne pas se contenter d’une étude à minima, qui n’apporte pas grand-chose sur bien des plans et, contrairement à ce que d’autres affirment, n’est pas porteuse d’une réelle efficacité, ils prendront un réel plaisir à étudier cet enchaînement qui fait également office de belle démonstration. En 2000, une séquence de la prestation de Bercy  mettait en scène les huit premières techniques effectuées en parfaite synchronisation par deux couples. (C’était à l’époque où il y avait du ju-jitsu à Bercy !)

De la même manière qu’il y a quelques semaines, j’avais proposé de « décortiquer » les 16 techniques, mouvement par mouvement, j’ai pensé en faire de même pour les 16 bis. Cette étude, à pour objectif d’apprendre ou bien de se perfectionner dans cet enchaînement, mais surtout de mettre en exergue le ou les points essentiels ainsi que les spécificités du ju-jitsu.

Aujourd’hui, concentrons-nous sur le premier carré.

Dans la première technique, Uke tente de venir saisir Tori par le revers ; celui-ci ne se laisse pas approcher, il porte mae-geri en direction du visage et enchaîne avec o-soto-gari. Nous sommes en présence de deux techniques de base ; l’intérêt et l’efficacité résident dans la fluidité de leur liaison. La rapidité pour passer du travail à distance à celui du corps à corps sera déterminante.

Pour la deuxième technique dans laquelle Tori applique uki-waza sur une poussée aux épaules d’Uke, il y a là l’illustration parfaite de l’utilisation de la force de l’adversaire. Le principe prédominant de notre discipline. Il faut souligner, puisqu’il s’agit d’une technique de sacrifice (un sutemi) que celles-ci doivent être utilisées en dernier recours, à savoir lorsque l’on est fortement déséquilibré et qu’il ne reste plus que la solution de sacrifier son corps afin de renverser celui de l’adversaire. En matière de self-défense, il est toujours préférable de ne pas se retrouver au sol.

Dans la troisième phase, Tori est saisi à la gorge, par-derrière. En descendant le genou droit au sol, il applique kata-seoe, une variante d’ippon-seoe-nage. L’efficacité s’obtient par le vide créé et dans lequel va être projeté Uke.

Enfin (pour aujourd’hui) dans la quatrième, sur un coup de pied circulaire en forme de mawashi-geri, Tori pare l’attaque à l’aide de son bras gauche, saisit la jambe de Uke, se protège avec sa main droite à l’aide de laquelle il porte shuto en revers au niveau du visage. Il conclut avec un fauchage – ou un balayage – du pied resté au sol. Ici, c’est le principe de la suppression du point d’appui qui permet la réalisation de la projection. Celle-ci pouvant être ko-soto-gari ou un « ashi-barai. »

Une mise en garde s’impose quant au risque d’exécuter les techniques présentées sans le contrôle d’un professeur dûment breveté.

En accompagnement de cette première phase de présentation, vous trouverez la vidéo de cet enchaînement, réalisée en 1992. Lors d’une démonstration, l’exécution doit se faire sans temps d’arrêt entre chaque technique.

La suite au prochain numéro, selon la formule consacrée.

Site ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com

Le Club français

sans-titre (2)Le 28 mars 1945, le professeur de judo et de ju-jitsu Roger Piquemal déposait les statuts d’une association régie par la loi du 1er juillet 1901, dénommée « Club français de jiu-jitsu ». Dans les années 1950 et au début des années 1960, ce club allait devenir l’un des plus titrés du judo français, mais aussi et surtout une « école » qui a permis à des centaines de ju-jitsukas, de judokas, mais aussi de karatékas, aikidokas et autres « tireurs » (pratiquants de boxe) de tenter de percer le mystère des arts martiaux, d’apprendre, de se perfectionner, de transpirer, mais aussi de s’épanouir.

Au travers de l’article consacré à la « rue des Martyrs », paru sur ce même blog le 1er octobre 2015, les lecteurs ont déjà pris connaissance de l’histoire de ce lieu et partiellement de ce club. Tous les deux sont forcément liées et – pour moi – inoubliables.

Aujourd’hui, c’est davantage au club en tant que « personne morale » à qui je consacre cet article, par rapport à l’aspect disons plus géographique abordé dans le billet indiqué ci-dessus.

Roger Piquemal a fait l’acquisition d’un vaste local situé au 11 de la rue des Martyrs dans le bouillant et attachant quartier du IXe arrondissement de Paris. Il a créé une association qu’il a appelée « Club français de jiu-jitsu ». Ensuite, avec la prédominance de l’aspect sportif, cette « personne morale » est devenue « Club français de judo ». Enfin, avec la multiplicité des disciplines venues d’Orient, « Club français d’arts martiaux ». Mais en fait, pour plus de simplicité, on disait « le Club français ».

Différents présidents se sont succédé, mais seulement deux directeurs techniques ont animé cette association. Roger Piquemal depuis la création jusqu’à sa disparition en 1954, puis Bernard Pariset à partir de cette date jusqu’à son décès en 2004.

Roger Piquemal, professeur de « culture physique » de son état, avait commencé le judo et le jiu-jitsu avant la Seconde Guerre mondiale avec Maître Kawashi, il portait la ceinture noire numéro 7 et avait conquis un titre national en 1943.

Bernard Pariset (aussi et surtout – pour moi – mon père) a commencé en 1947 à l’âge de 17 ans sous la férule du maître des lieux. Ensuite, il s’est fabriqué l’un des plus beaux palmarès du judo français, qui plus est en toutes catégories, avec – entre autres – un titre européen et une médaille de bronze aux championnats du monde de Tokyo en 1958.

Quant au club par lui-même, il conquit en judo de nombreux titres individuels nationaux et internationaux, avec une kyrielle de champions. Mais aussi, grâce à ses judokas, il brilla dans les compétitions par équipe, glanant les titres nationaux et européens, allant jusqu’à offrir au public de Coubertin des finales « Club français 1 » contre « Club français 2 ».

A la fin des années 1960, d’autres clubs se sont livrés à une farouche politique de recrutement et ont ainsi constitué des écuries – souvent – à coups de débauches de talents issus de clubs formateurs tels que le « Club français » . ll devenait difficile de lutter contre un procédé qui n’allait pas manquer de se généraliser. Aussi, au sein du club, l’aspect compétition a été délaissé au profit d’une vocation purement éducative.

C’est à cette époque que j’ai commencé ma carrière de professeur,  après avoir enfilé mon premier kimono à l’âge de cinq ans, quelques années auparavant, en 1959 précisément !

Un nombre impressionnant de personnes ont participé au rayonnement de cette institution. Bénévoles et professionnels, occasionnels et permanents, célèbres et anonymes, pratiquants de base et champions, maîtres et disciples.

Depuis la fermeture de l’établissement en 2005, le « Club français » en tant qu’association n’avait plus de raison d’être. Celle-ci a été mise en sommeil. Mais aujourd’hui m’anime l’envie de la sortir de sa torpeur, avec une autre vocation. J’ai donc pensé la ressusciter officiellement ; l’objet serait différent de celui qui était justifié à sa création. Le CFJJ pourrait devenir un rassemblement – une sorte d’amicale – de personnes adeptes d’un ju-jitsu traditionnel, sans autre but que le plaisir de soutenir une forme de travail attachée à l’art martial emblématique que l’on appelle jiu-jitsu, ju-jutsu ou encore ju-jitsu. Ou bien, en deuxième option, un regroupement de pratiquants ayant été proches de cette association en son temps. Prenons le temps de la réflexion.

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Une parution

sans-titreLa parution d’un livre est toujours un moment important pour celui qui l’a écrit. Certes, me concernant, il ne s’agit que d’un livre technique, bien que celui-là comporte une seconde partie composée uniquement de texte, mais quand même ! Il y a d’abord la satisfaction du travail accompli, d’un aboutissement, de quelque chose de concret, de réalisé. Quel que soit le sujet c’est un peu de soi que l’on propose. Et puis, et surtout, il y a l’espoir d’être utile, si tel est le cas, ce n’est pas la moindre des récompenses. Le livre qui sort cette semaine est un peu différent des autres puisqu’il est composé de deux parties. Une première avec un nouvel enchaînement de quinze techniques consacré à deux secteurs incontournables du ju-jitsu, à savoir le travail des coups (atemi-waza) et celui des contrôles (katame-waza.) Ensuite, une deuxième partie uniquement composée de texte, mais en rapport avec notre art, puisqu’il s’agit des billets postés sur mon blog au cours de l’année passée. Pour présenter ce livre et à l’occasion de l’article de ce jour, vous trouverez ci-dessous la première page de cette nouvelle parution qui, je l’espère, sera utile aux pratiquants de ju-jitsu et pourquoi pas aux autres budokas (et futurs).

(Extrait de « Atemi-waza et katame-waza. 2015, une année de blog »)

Le ju-jitsu, art martial ancestral élaboré par les fameux samouraïs, a su traverser les siècles. Il est aujourd’hui pratiqué sur toute la planète par des millions d’élèves. Il est aussi une méthode de self-défense d’une efficacité redoutable. À l’origine, les fameux guerriers japonais avaient mis au point une véritable « science du combat » permettant, lorsqu’ils se trouvaient désarmés ? privés de leur sabre ?, de continuer à faire face à un adversaire armé ou non. Au fil des années, les techniques ont évolué, certaines écoles ont choisi de favoriser tel ou tel domaine, au risque de dénaturer quelque peu l’art. Avec la méthode atemi-ju-jitsu, nous continuons à proposer l’étude de toutes les facettes de la discipline. À savoir le travail des coups (l’atemi-waza), le travail des projections (le nage-waza) et celui des contrôles (le katame-waza). Mais aussi les principes fondamentaux. Les trois composantes du ju-jitsu permettent de se perfectionner autant dans le travail à distance que dans celui du corps à corps. Par l’intermédiaire de cette parution, j’ai choisi de mettre en avant, sous la forme d’un enchaînement, l’atemi-waza et le katame-waza. L’objectif est double : se perfectionner dans ces deux aspects et dans leur liaison. Le jujitsu tient son efficacité dans la capacité à maîtriser, d’une part chaque famille qui le compose et d’autre part leurs liaisons dans une parfaite fluidité. Dans la seconde partie de ce livre, j’ai le plaisir de vous proposer « 2015, une année de blog». En plus de pratiquer, de démontrer, d’enseigner le ju-jitsu, je propose chaque semaine, depuis quelques saisons, un billet d’humeur sur mon blog. Actualité, coups de cœur ou de griffe, sujets techniques, histoires, anecdotes, etc. Les arts martiaux et le jujitsu, de par leur histoire et leur composition, offrent de multiples aspects et méritent de ne pas être traités simplement sur le seul plan technique. Et puis, les sujets abordés offrent parfois l’occasion de se divertir. Les réactions qui font suite à la parution de ces articles aux multiples sujets m’encouragent à continuer à alimenter très régulièrement ce blog. (ericpariset.com)

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L’essentiel

Parmi les pratiquants de longue date qui aspirent à occuper des fonctions de transmission, en clair qui souhaitent enseigner, il existe trois catégories. Ceux qui réunissent les qualités indispensables ; techniques et pédagogiques. Ceux qui en possèdent une et enfin, et c’est très ennuyeux, ceux qui n’en possèdent aucune. En étant plus direct, on pourrait affirmer qu’aux extrêmes il y a ceux qui sont bons en tout et d’autres… bons à rien !

Revenons sur ces atouts.

D’abord l’aspect technique. Parfois il s’agit de prédispositions naturelles, mais le plus souvent c’est grâce à un travail considérable. Le talent ne gâche rien, bien évidemment, mais « le talent sans le travail n’est qu’une sale manie ». Georges Brassens.

Ensuite, il y a l’aspect pédagogique ; la capacité à transmettre son savoir. Y compris pouvoir expliquer et enseigner des techniques que l’on ne maîtrise pas forcément.

L’idéal est évidemment de posséder ces deux qualités. Briller dans une seule n’est satisfaisant que s’il s’agit – pour les enseignants – de l’aspect pédagogique. J’ai connu des champions d’exception, absolument incapables de transmettre des principes et techniques de base et même leurs spécialités et à l’inverse, j’ai souvent fait le constat que de modestes pratiquants sont d’excellents professeurs et/ou entraîneurs. Cela me permet d’avoir le plaisir de rebondir avec une citation fétiche : « L’essentiel n’est pas ce que l’on enseigne, mais ce que les élèves apprennent. » Les fidèles de ce blog doivent penser qu’il y a un peu de répétition dans ces lignes qui citent une énième fois ce professeur et écrivain du nom d’André Giran. Cette affirmation est devenue pour moi une sorte de leitmotiv. Elle est comme une petite flamme permanente qui brille dans un coin de ma tête. Elle illustre tout à fait ma pensée et la conception que j’ai de ma tâche.

Pour revenir aux qualités, je connais aussi des personnes qui ne maîtrisent aucune de celles énoncées plus haut et là, on peut se demander ce qu’ils font, parfois, à certains postes de responsabilités. Il est vrai que bien souvent ils opèrent, ou même sévissent, dans des institutions d’Etat où les places sont attribuées en fonction de critères qui échappent totalement à la logique. En tout cas à celles des compétences. Il s’agit aussi parfois d’un bête « malentendu », mais en aucun cas du fruit de qualités indiscutables de transmission qui se concrétisent par des résultats probants, à savoir : le nombre d’élèves sur du long terme, de ceintures noires formées, de résultats en compétitions pour les disciplines à but compétitif, etc. Et tout simplement de personnes épanouies au travers d’une pratique adaptée. Heureusement que ces personnes n’exercent pas dans le privé !

L’éducation physique en général – et l’enseignement des arts martiaux en particulier – est un savant dosage d’explications du professeur et de répétitions de la part de l’élève. L’explication ne doit pas être trop longue et comporter l’essentiel, surtout si le public est néophyte. L’attention se relâche très vite et entrer dans le détail n’est absolument pas une nécessité, au contraire. J’aime à comparer le métier d’enseignant à celui d’artiste sculpteur, qui dans un premier temps va faire son « bloc » et qui au fur et à mesure affinera, pour ensuite finir par les détails. Dans cet art, nous ne concevrions pas le contraire ! Et puis, sans pour cela que la séance se transforme en show où l’enseignant confond parfois leçon et spectacle, il ne faut pas hésiter à montrer et démontrer sous différents angles en expliquant le minimum indispensable. Explications et démonstrations succinctes, quitte après quelques répétitions de la part des élèves à démontrer une nouvelle fois, en insistant sur les fautes décelées, celles-ci étant bien souvent redondantes. L’enseignement se conçoit par paliers, il est nécessaire de ne jamais l’oublier. Et le professeur doit toujours avoir à l’esprit que ce qu’il démontre pourra se diviser par dix et être encore dix fois trop compliqué pour le débutant à qui il s’adresse.

Quant aux plus gradés, outre les détails qu’il faudra peaufiner, ce ne seront rien moins que d’inlassables répétitions, méthodes d’entraînement et autres randoris qui seront générateurs de progrès. Une autre citation que j’aime : « On ne peut rien contre l’entraînement. » Je ne me souviens plus de l’auteur, mais parmi les fidèles de ce blog, j’en connais au moins un qui pourra nous secourir ! Dans un prochain billet nous irons un peu plus en avant en évoquant  la motivation qu’il est utile de susciter, et surtout comment !

 

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Trois nouveautés

En ce début d’année, j’ai le plaisir de proposer trois nouveautés rattachées directement à notre ju-jitsu.

Tout d’abord, la programmation d’un stage d’été qui permet de renouer avec une habitude abandonnée il y a six ans. Une semaine en juillet et une autre en août dans le beau département du Var, à Sainte-Maxime, précisément. Cela a été le sujet du premier billet de janvier, je n’y reviens donc pas davantage aujourd’hui.

Ensuite, c’est une grande joie que celle d’annoncer la sortie d’un nouveau livre. Cela faisait quelques années que cela n’était pas arrivé. Cette huitième parution est originale par rapport aux précédentes dans la mesure où elle est composée de deux parties. Une première purement technique avec un nouvel enchaînement de quinze techniques consacrées à l’atemi-waza et au katame-waza, et une seconde partie dans laquelle figure l’intégralité des articles parus sur mon blog l’an passé.

Enfin, la troisième nouveauté, c’est la refonte du site Internet. Vous n’êtes pas sans ignorer que depuis le mois de juin dernier, j’ai choisi de faire une pause quant à la gestion d’un club, mais il n’est pas question de rompre le contact. Aussi le site perdure avec une nouvelle présentation. Il offrira de nombreuses infos attachées à notre ju-jitsu : pages techniques, vidéos, bibliothèques, etc. Mais aussi les dates des diverses activités et animations. Un site 100 % atemi-ju-jitsu. Il continuera à être en liaison avec les comptes Facebook et Twitter et bien évidemment avec ce blog, au travers duquel je prends énormément de plaisir à communiquer.

Bref, ma passion pour le ju-jitsu est intacte, comment pourrait-il en être autrement, d’ailleurs ? En résumé, celle-ci sera assouvie de trois manières : premièrement grâce à l’enseignement sur les tatamis, principalement au travers de stages, comme ceux de cet été – entre autres. Deuxièmement par la diffusion de supports tels que les livres et enfin en utilisant les moyens de communication dont on ne pourrait plus se passer à l’heure actuelle.

Autant de façons de se retrouver autour de notre art. A bientôt !

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Anatomie des 16 techniques, suite et fin.

Aujourd’hui, c’est un nouvel article très technique que je vous propose. Désolé pour les néophytes ! Nous finissons l’étude des « 16 techniques » entreprise en fin d’année dernière sur ce blog. Il nous restait à « décortiquer » les quatre dernières.

L’idée première de cette étude était de mettre en avant les éléments de déséquilibre permettant une exécution sans utilisation de force. Appliquant ainsi l’un des principes chers à Jigoro Kano : minimum d’effort et maximum d’efficacité.

Dans la 13e technique, qui est aussi la dernière défense sans armes de l’enchaînement, Uke attaque Tori sur l’arrière. Ce dernier arrête son agresseur avec ushiro-geri-kekomi au niveau de l’abdomen, le déséquilibrant ainsi sur l’avant. Après être venu au contact Tori enchaîne avec harai-goshi. Il prend soin de placer son bras droit derrière la tête d’Uke et sa main gauche en bout de manche ou de poignet du bras droit. Une fois au sol, Uke tente de s’échapper, il est arrêté dans la position assise par Tori qui le contrôle à l’aide d’hadaka-jime. Bel exemple d’enchaînement des trois composantes du ju-jitsu.

Lors de la 14e, Uke menace Tori avec un couteau placé dans sa main droite. Tori porte mikazuki-geri avec son pied gauche dans la main armée. Il enchaîne immédiatement avec ura-uchi à gauche et après avoir saisi la main d’Uke à l’aide des siennes, il lui applique kote-gaeshi. Le point essentiel pour obtenir un bon déséquilibre se situera dans la réalisation d’un parfait tai-sabaki circulaire sur l’arrière gauche.

Pour la 15e, Uke attaque Tori d’un large coup de bâton en direction de la tempe. Tori effectue à la fois une esquive rotative et un déplacement sur sa diagonale gauche. Après l’esquive, il se redresse et porte immédiatement yoko-geri au niveau du genou. Il enserre la tête d’Uke et le projette avec o-soto-gari. Il prend soin de le désarmer.

Dans la 16e et dernière technique, Uke menace Tori avec un révolver. Il vient au contact pour le fouiller. Simultanément, Tori effectue une esquive du bassin, une parade vers le bas avec sa main gauche et porte un atémi avec le poing droit (tsukkake ou uchi-oroshi). Il conclut avec une torsion de poignet, forme kote-gaeshi, en accompagnant cette action d’un fort déplacement sur l’arrière d’Uke. Il le désarme avec sa main droite. Dans cette technique, l’efficacité réside dans la capacité à effectuer les trois phases simultanément ; à savoir parade, esquive et coup au visage et dans le déplacement sur l’arrière d’Uke.

A propos de cette dernière technique il est bon d’insister sur le fait qu’il s’agit bien d’une menace avec l’agresseur qui est venu au contact.

Les « 16 techniques » permettent de travailler 16 ripostes sur 16 attaques différentes. Cet enchaînement est un exercice d’efficacité. Son apprentissage ainsi que les nombreuses répétitions auxquelles il sera bon de se soumettre développeront des qualités techniques, physiques ainsi que les automatismes indispensables. Mais il s’agit aussi d’une base de travail. Non seulement cet enchaînement en a engendré d’autres, à l’instar des 16 Bis, mais, pour un professeur imaginatif, il offrira un panel important de méthodes de travail basées sur des combinaisons, comme les enchaînements et les contre-prises.

Prochainement, nous ne manquerons pas d’aborder ces sujets passionnants.

Ouverture

sans-titre (10)En début de saison j’avais annoncé que je souhaitais ponctuellement « ouvrir » mon blog à d’autres plumes pour traiter de sujets divers en liaison directe avec les arts martiaux. Cela dans le but de confronter des points de vue et ne pas limiter notre enrichissement au domaine technique et physique. C’est aussi une façon d’appliquer le principe de prospérité mutuelle qui est attaché à notre art, le distinguant ainsi d’une simple méthode de combat. Les points de vue n’engagent que leurs auteurs et ils ne seront pas froissés que vous puissiez leur apporter votre point de vue, même discordant. Cela s’appelle le débat. Concernant le texte que j’ai le plaisir de vous proposer aujourd’hui, je ne peux qu’y apporter toute mon approbation.

L’auteur que j’ai amené de la ceinture blanche à la ceinture noire  s’appelle Raphaël Gutmann, il est conseiller de synthèse à Praxis international (cabinet de conseil en leadership), professeur à PSB (Paris School of Business) et donc ceinture noire de ju-jitsu. Merci à lui et bonne lecture. (Photo d’illustration prise en juin 2012) 

Intégrité

Par Raphaël Gutmann

Comment écrire des vœux après les récents attentats ? Quel sens a la pensée quand des actes s’attaquent, blessent et amputent notre intégrité physique et morale ? Pas envie de théorie, mais plus de pratique. De l’horreur et du traumatisme que nous subissons, le seul intérêt est l’apprentissage par l’expérience. Autrement, rien de nouveau, et bonjour la répétition : de nouveaux massacres, de nouveaux discours, et de nouveaux vœux vains.

Face à la menace, le recours à la légitime défense est revendiqué. Toutefois ce droit est très encadré. Selon l’article 122-5 du code pénal français, la réaction à « une atteinte injustifiée » est légitimée à condition qu’elle s’accomplisse « dans le même temps », qu’elle soit « strictement nécessaire », et que « les moyens employés [soient] proportionnés.» Ces conditions sont des garde-fous pour empêcher tout abus. Pourtant, elles sont en partie irréalistes, sauf si nous vivons dans une fiction.

Dans les westerns ou les films d’arts martiaux, les gentils ont toujours la possibilité de réagir « dans le même temps » que l’agression. Le méchant dégaine en premier, et le bon ne fait que se défendre. Pourtant, la pratique des sports martiaux m’a prouvé que la seule manière certaine de l’emporter était d’anticiper et d’avoir un demi temps d’avance. Pour cela, il est essentiel de lire l’intention de son adversaire ou de son ennemi. Avant même d’agir, il faut le regarder, et non pas détourner les yeux, ce qui n’est pas naturel et exige en réalité beaucoup de courage, puisque voir c’est déjà reconnaître la menace, et se préparer à l’éventualité du combat.

Pendant des décennies, nous avons jugé comment d’autres nations protégeaient leur territoire en se tenant à cette définition théorique de la légitime défense?: murs et guerres préventives ont été dénoncés et vilipendés. C’est si simple de condamner quand nous ne sommes pas en danger. Et maintenant, qu’allons-nous faire alors que nous réalisons que notre intégrité est agressée?? Protéger et défendre exigent un grand investissement humain et financier. Que l’on engage une armée ou un avocat pour assurer son intégrité, le coût est toujours important.

L’anticipation et la prévention sont de grandes qualités de leadership. Tout cela me rappelle un proverbe que ma mémoire a sans doute déformé : celui qui est intelligent corrige ses erreurs, tandis que le sage les évite. J’espère donc que les sages, qui n’hésitent pas à agir, seront plus présents dans nos instances dirigeantes.

Version anglaise :

How can we write our wishes after the recent terrorist attacks? What’s the use of theorizing when actions are being taken to attack, injure and amputate our physical and moral integrity? What we want is more practice and less theory. The only lesson to be drawn from the current horror and trauma is to learn by experience. Otherwise, nothing changes and the repetition starts with new massacres, new speeches, and new vows written in vain.

When faced with a threat, the claim is made for self-defence, but this right is subject to a number of constraints. Article 122-5 of the French Penal Code states that reacting to an « unjustified attack » is legitimized, provided that the reaction occurs « at the same time », that it is « strictly necessary », and that the « means used [are] proportionate ». These provisions are intended as a safeguard against abuse, yet they are somewhat unrealistic, unless we’re living in a storybook.

In Westerns or martial arts films, the good guys can always react « at the same time » that they are attacked. The bad guy draws first and the good guy simply defends himself. However, practising martial arts has shown me that the only sure way of defeating your adversary is to anticipate his move and to act just before he does. The ability to read the intention of your adversary or enemy is therefore essential. Before you even act, you must look at your opponent instead of averting your eyes. This is not a natural reflex but one which, in reality, takes great courage because perceiving a threat lets you recognize it and prepare for battle.

For decades we used this theoretical definition of self-defence to judge the way other nations protected their territories. Walls and preventive wars were denounced and vilified. It is so easy to condemn others when we are out of danger, but what are we going to do now that our own integrity is under attack? Protection and defence require significant human and financial investment. Whether we are mobilizing an army or hiring a lawyer to defend our integrity, the cost is always high.

Anticipation and prevention are major leadership qualities. This reminds me of a proverb which, pieced together from my memory, says « an intelligent man corrects his errors; a wise man avoids them ». My hope is that the wise ones, who don’t hesitate to act, will be more present among our decision-makers.

 

Cap sur Sainte-Maxime

images (3)Parmi les nouveautés que j’aurai le plaisir de proposer cette année, il y a le retour des stages d’été.

Durant presque trente ans, chaque été avait lieu ce que l’on peut appeler un rassemblement d’aficionados du ju-jitsu, tout du moins de notre méthode. Ces stages se sont déroulés presque exclusivement sur la côte Atlantique à Soulac-sur-Mer. Mais, il y eut en 1977 une édition à Beauvallon-sur-Mer sur les rivages méditerranéens et trois années dans la belle campagne du département du Lot, au Temple-sur-Lot, précisément.

Cette année, en proposant le premier stage international de Sainte-Maxime, c’est en quelque sorte un retour aux sources que j’effectue.

En effet, enfant, j’accompagnais mon père durant presque tous les étés, à partir de 1958, au camp du golfe bleu, à Beauvallon sur la commune de Grimaud, à trois kilomètres de Sainte-Maxime. A l’époque, avec son ami Henri Courtine et le colosse hollandais Anton Geesing, ils dirigeaient l’un des plus importants stages de judo que la France, et même la planète entière, ait connu. Chaque été, les meilleurs judokas du monde se donnaient rendez-vous dans cet endroit merveilleux que l’on appelle le golfe de Saint-Tropez. Les meilleurs, mais il y avait aussi des pratiquants de base qui grossissaient les rangs de cet incontournable rendez-vous. A cette époque une ceinture jaune pouvait faire un randori avec un champion du monde.

On n’échappe pas à son enfance, et à titre personnel, je n’ai jamais pu abandonner ce magnifique département du Var. Même si l’illustre village vacances n’est plus. Il subsiste quand même l’excellent restaurant plage « Le Pingouin bleu ».

Donc, cette année, c’est avec un réel plaisir que je propose deux périodes estivales durant lesquelles l’expression « ju-jitsu et vacances » prendra tout son sens.

Entre 2010 et maintenant, vous n’êtes pas sans ignorer qu’il y a eu un vide en matière de stage, tout au moins durant les mois de juillet et d’août. Certains problèmes et la volonté de les résoudre, demandaient toute mon énergie, ainsi l’impasse a été – plus ou moins – volontairement faite.

Renouer avec l’habitude des stages est une véritable joie. C’est l’occasion de se retrouver dans un contexte complètement différent. Le lieu d’abord, loin de la pression de la ville et dans un environnement enchanteur. Ensuite la durée, une semaine durant laquelle la moitié de la journée est consacrée à l’art martial. Enfin, le fait de s’immerger dans une pratique durant les congés libère complètement le corps et l’esprit. C’est l’assurance de la réalisation d’énormes progrès. Il ne faut pas non plus oublier les bonnes relations qui peuvent se renforcer ou se nouer.

Sainte-Maxime a su s’adapter. En effet, si la «?cité du Préconil?» (nom du fleuve qui la traverse avant de se jeter dans la Méditerranée) offre la possibilité aux estivants de goûter à tout ce qui s’identifie à de vraies vacances ? celles-ci pouvant tout à la fois se révéler divertissantes, reposantes, culturelles et sportives ? elle a su garder son âme provençale. En atteste le cœur du village. Elle est assez différente de Saint-Tropez, son illustre voisine d’en face, dans la mesure où ses nuits ne sont pas agitées par les frasques de la «?jet set?». Cela n’est en aucun cas une attaque à l’encontre de ce village dont le charme et la beauté ne laisse personne indifférent.

C’est à cette époque de l’année que beaucoup d’entre nous réfléchissent et se décident quant à la destination de leurs prochaines vacances d’été. C’est pour cela que d’ici quelques jours les brochures informatives seront prêtes. Mais, sachant que les périodes proposées sont du 17 au 22 juillet et du 7 au 12 août, les ju-jitsukas intéressés par un ou deux séjours sur les rivages de la grande bleue peuvent, dès à présent, visiter le site Internet de l’office du tourisme, on n’est jamais assez précautionneux?: sainte-maxime.com

Bien évidemment, je suis à votre disposition pour toute précision utile quant à la préparation de votre séjour (eric@pariset.net). Pour votre information, les séances se dérouleront le matin de 9 h 30 à 12 h 30. L’après-midi étant complètement libre et pouvant ainsi être consacrée à la famille, à la baignade, aux excursions et balades, à d’autres activités physiques pour les insatiables, ou tout simplement au farniente, activité adaptée au climat et à la période !

Une dernière précision pour informer que ces stages sont ouverts aux pratiquants de ju-jitsu, quel que soit leur niveau (exception faite des novices) mais aussi leur style ou école.

A bientôt sur les tatamis de Sainte-Maxime ? ou d’ailleurs ? et encore tous mes vœux pour cette nouvelle année.

Dans les prochains articles de ce blog, nous finirons l’anatomie des 16 techniques et je poursuivrai la révélation des projets de cette année.

 

Une belle histoire

Une jolie histoire, en forme de « contrepoids » (bien modeste) à une certaine actualité et pour terminer cette terrible année. Ce récit est emprunté au livre de Catherine Rambert, « Petite philosophie du matin », paru au livre de Poche.

Les deux malades

Deux hommes, sérieusement malades, occupaient la même chambre d’hôpital. Tous deux devaient rester alités, mais l’un des deux avait l’autorisation de se redresser dans son lit, pendant une heure, chaque après-midi, tandis que son compagnon d’infortune devait rester couché.

Le lit du premier homme étant situé juste à côté de la fenêtre, il profitait du laps de temps où il pouvait s’asseoir pour regarder au-dehors et décrire à son ami tout ce qui se passait à l’extérieur.

La chambre donnait sur un parc avec un magnifique lac. Les canards et les cygnes jouaient sur l’eau, tandis que les enfants faisaient naviguer leurs bateaux miniatures. Les jeunes amoureux marchaient bras dessus, bras dessous. Tout cela était beau et bucolique. Pendant une heure, l’homme assis décrivait tout à son compagnon avec force détails.

Ce moment embellissait la journée. Les deux hommes en profitaient pour se raconter leurs souvenirs, évoquer les enfants et leur famille… Pendant ce temps, tous deux oubliaient leur maladie, et cela mettait un peu de douceur dans leur malheur.

Au fur et à mesure des semaines, ce rendez-vous de l’après-midi devint une forme de récompense qui égayait leur vie quotidienne.

Quand l’heure arrivait, la féérie narrative recommençait. L’homme décrivait les fleurs, les arbres, en essayant de deviner leur variété, les enfants qui jouaient dans le bac à sable, la vue sur la ville au loin… En écoutant ces détails, l’autre fermait les yeux de bonheur en imaginant ces scènes belles et pittoresques.

La vie s’écoulait ainsi. Mais un matin, l’infirmière entra dans la chambre et découvrit que l’homme près de la fenêtre s’était éteint dans son sommeil.

Attristée, elle se fit aider pour enlever le corps, sous les yeux de son voisin, qui pleura la disparition de son ami.

Lorsqu’il sentit le moment propice, il demanda s’il pouvait être placé dans le lit à côté de la fenêtre. L’infirmière fut heureuse de lui faire ce plaisir et après s’être assuré qu’il était confortablement installé, le laissa seul.

Lentement, il se hissa sur un coude pour jeter un premier coup d’œil à l’extérieur. Il aurait enfin la joie de voir par lui-même tout ce que son compagnon savait si bien lui décrire… mais tout ce qu’il vit fut un mur.

Pourquoi son compagnon disparu lui avait-il décrit tant de merveilles alors qu’il n’en n’était rien ? demanda-t-il à l’infirmière.

« Sans doute pour vous donner du courage, répondit cette dernière en souriant, car, vous ne le saviez peut-être pas, mais il était aveugle. »

La morale de cette histoire est qu’il y a un bonheur immense à rendre les autres heureux, en dépit de ses propres soucis.

Et que si la peine partagée divise par deux la douleur, alors la joie partagée sera double.

A très bientôt !

Le maître et ses trois fils

En cette période d’activité ralentie et de fêtes, je vous propose une histoire de quelques lignes, petite en nombre de mots, mais grande dans le message qu’elle délivre. Comme toujours avec ces contes issus de la Chine et du Japon, nous ne sommes jamais déçus, ni par la forme et encore moins par le fond.

Il y avait autrefois un grand maître de kenjutsu (sabre) très célèbre dans tout le Japon qui, recevant la visite d’un autre grand maître, voulut illustrer l’enseignement qu’il avait donné à ses trois fils.

Le maître fit un clin d’œil à son invité et plaça un lourd vase de métal sur le coin des portes coulissantes, le cala avec un morceau de bambou et un petit clou, de façon à ce que le vase s’écrasât sur la tête du premier, qui, ouvrant la porte, entrerait dans la pièce.

Tout en bavardant et en buvant du thé, le maître appela son fils aîné qui vint aussitôt. Avant d’ouvrir, il sentit la présence du vase et l’endroit où il avait été placé. Il fit glisser la porte, passa sa main gauche par l’entrebâillement pour saisir le vase et continua à ouvrir la porte avec sa main droite. Puis, serrant le vase sur sa poitrine, il se glissa dans la pièce et refermant la porte derrière lui, il replaça le vase dans sa position initiale. Il avança alors et salua les deux maîtres. « Voici mon fils aîné, dit l’hôte en souriant, il a très bien saisi mon enseignement et il sera certainement un jour un maître de kenjutsu. »

Ayant appelé son deuxième fils, celui-ci entra sans hésitation, et n’attrapa le vase qu’au dernier moment?; il faillit le recevoir sur la tête. « Voici mon deuxième fils, dit le maître, il lui reste beaucoup à apprendre mais il s’améliore chaque jour. »

On appela alors le troisième fils. Entrant précipitamment dans la pièce, il reçut le vase sur la tête. Le coup fut sévère, mais avant que le vase n’atteigne les tatamis, il tira son sabre et d’un mouvement vif, coupa la pièce de métal en deux. « Voici mon fils cadet, Jiro, dit le vieil homme, c’est le benjamin de la famille, il lui reste une longue route à parcourir. »

Selon la formule?: « À méditer ».

Bonnes fêtes à tous.