Petite histoire des 24 techniques

Durant tout le mois de juillet, les élèves présents le mardi soir ont pu découvrir ou redécouvrir les « 24 Techniques ». Une présentation historique et technique de cet enchaînement ne sera pas inutile, aussi bien pour les présents et peut-être davantage pour les autres.
C’est en 1992 que j’avais élaboré cet enchaînement. Un candidat au 5e dan technique de la FFJDA m’avait sollicité afin que je l’aide dans la présentation de l’unité valeur ju-jitsu de son programme « judo-jujitsu ».  À cette époque j’appartenais à cette institution au sein de laquelle était encore pratiqué un ju-jitsu en adéquation avec mes convictions.
Le postulant devait présenter une démonstration de ju-jitsu d’environ cinq minutes. Il restait peu de temps, il fallait parer au plus pressé et donc, agir avec méthode. Premièrement, la mémorisation ne devait pas poser un problème supplémentaire. La maîtrise du candidat dans le domaine à travailler étant assez « relative ». D’où l’établissement de séries de trois techniques. Deuxièmement, il fallait faire état d’un nombre important de situations d’attaques : Tentatives de saisies, coups de poing et de pied, saisies et armes. Troisièmement, il était nécessaire de montrer une variété de techniques, tant sur le plan de la diversité que sur celui des schémas de riposte.
Une fois l’enchaînement créé, répété et peaufiné, il ne restait plus qu’à le présenter le jour de l’examen. Cela s’est passé sans problème pour le candidat ;  l’unité de valeur a été validée.
Peu de temps après, je me trouvais dans la préparation du programme d’un stage que je devais encadrer en province sur un week-end.  J’ai repensé  à cet enchaînement,  je me suis dit qu’il pourrait  à nouveau être d’une utilité incontestable. Vu sa physionomie, il me semblait parfaitement représentatif de notre ju-jitsu. Il avait toute sa place dans un tel rassemblement. Dans sa première partie, il pouvait éclairer les néophytes et dans la seconde, satisfaire les plus aguerris en proposant des techniques un  peu plus élaborées. Cela n’a pas été la dernière fois que j’ai eu le plaisir de le présenter et de le faire apprécier par un nombre important de ju-jitsukas, tant en France qu’à l’étranger.
Suite et fin mardi prochain.
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Zapping-jitsu

Il y a quelque temps, à l’occasion d’un remplacement que j’effectuais dans un club dont je tairai le nom, deux élèves se présentent avec un bon quart d’heure de retard. Comme je leur faisais remarquer qu’il était indispensable d’être ponctuel, telle n’a pas été ma surprise en écoutant leur explication : « Comme il y avait trop de monde à la salle de musculation, on s’est dit que l’on allait trouver deux kimonos et faire un peu de ju-jitsu. » Rigoureux, mais ouvert d’esprit, je les ai laissés s’intégrer au groupe. Au bout d’une demi-heure, je les vois s’apprêter à quitter le tatami. Je m’approche et les interroge sur leurs intentions. La seconde réponse m’a laissé encore plus pantois : «Finalement, on va voir s’il y a de la place maintenant à la musculation. » Je leur ai fait remarquer que cela sera indispensable pour eux !
Cette petite anecdote est révélatrice de l’évolution de certaines mentalités, même si bien  heureusement cette histoire, absolument véridique, relève de l’exceptionnel (quoique). D’abord, ce n’est pas tant de leur faute que celle du professeur habituel. Puisque, renseignement pris auprès des élèves, il ne s’agissait pas d’une habitude exceptionnelle. Ensuite, on pourrait assimiler cette façon d’agir à du « zapping sportif », reflétant un comportement sociétal contemporain. Enfin, et cela va avec, on peut apparenter ce genre de réaction à une façon de  rejeter systématique toute contrainte. Ce dernier point étant paradoxale dans la mesure où – insidieusement, ou pas – on nous en impose chaque jour davantage. Ceci explique peut-être cela !
Sans vouloir jouer les pères fouettards ou même les arriérés, il me semble que ce genre de comportement n’est pas compatible avec ce que l’on nomme les « disciplines » sportives. A fortiori, les nôtres. Ensuite, une telle façon d’être est-elle compatible avec la réalisation de progrès. A moins que ceux-là ne soient absolument pas recherchés et qu’il s’agisse d’une consommation « plaisir jetable », ce qui est encore plus navrant. Une séance de ju-jitsu peut-elle se classer dans le même registre qu’un tour de manège ?
Heureusement, il ne s’agit que d’une anecdote ! Mais, soyons vigilants, ce qui est sans conteste le cas de la grande majorité des enseignants d’arts martiaux.
Dans un prochain billet et en prévision de la rentrée prochaine, il ne sera pas inutile de rappeler quelques règles essentielles à respecter dans un dojo. A l’attention des futurs nouveaux adhérents… et de quelques anciens, victimes d’une mémoire parfois vacillante.
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Stages d’été

La dernière édition du stage d’été de Soulac-sur-Mer remonte à 2010. Vous êtes assez nombreux à manifester votre regret quant à l’interruption de cet événement annuel. Au fil des années, il était devenu une véritable institution, et cela depuis le premier rendez-vous en 1986. Il y avait eu préalablement trois années au village du Temple-sur-Lot dans le département du Lot-et-Garonne. Le besoin de « bord de mer » se faisant ressentir auprès des stagiaires, mais aussi auprès des accompagnateurs et accompagnatrices, cap a été mis sur les plages de l’Atlantique. 
Avant de revenir sur les raisons de cette interruption, il serait intéressant d’évoquer l’histoire et l’utilité de ces rassemblements dont l’institutionnalisation s’opère  principalement au cœur de l’été.
En quelque sorte, nous poursuivons notre série d’articles qui concernent le moment que nous vivons : l’intersaison.
Il y a pas mal d’années (et encore actuellement pour certains clubs), la coupure estivale était longue, très longue. Tout comme maintenant pour certaines structures, la fermeture ? aussi bien pour les enfants que les adultes ? coïncidait avec les vacances scolaires. Or, celles-ci duraient presque trois mois.
Des budokas bien inspirés ont donc eu l’idée de proposer un palliatif à une interruption décidément trop importante. C’est ainsi que  certains stages historiques ont  vu le jour, c’est le cas du stage du golf bleu à Beauvallon-sur-Mer en face de Saint-Tropez. Stage internationalement connu, il suffira de se rendre sur ce blog à la date du 27 juin 2008 pour constater à quel point ce rassemblement a pu marquer les esprits (le mien en particulier).
Beauvallon n’a pas été le seul spécimen. Dans de nombreuses disciplines et à de nombreux endroits,  des stages qui permettaient non seulement de continuer l’entraînement, mais aussi de subir un traitement particulièrement intensif ont été proposés aux aficionados de leur sport ou de leur art.
Une telle expérience est riche à bien des égards. D’abord, pour ceux qui sont dans une structure fermée deux mois durant, elle réduit cet arrêt. Ensuite, elle permet d’aborder et de pratiquer sa discipline de façon assez différente par une immersion totale pendant une semaine (ou plus). Techniquement, physiquement et mentalement, cela apporte une plus-value incontestable. Et puis, aucune contrainte professionnelle ne vient obstruer le challenge dans lequel nous nous sommes lancés. Enfin, les rencontres avec des pratiquants venus d’autres horizons permettent des échanges  intéressants. On peut aussi remarquer que les stagiaires reviennent galvanisés et encore plus motivés pour la nouvelle saison. Est-ce grâce au stage qu’ils sont motivés, ou est-ce parce qu’ils sont motivés qu’ils participent à un stage ? Une version martiale de la poule et l’œuf.
Certains, à raison, pourront alors se demander pourquoi, après avoir évoqué ces rassemblements de façon aussi positive, les stages à Soulac ont cessé ?
Plusieurs raisons à cela. D’abord, il n’y a rien de définitif et il ne faut rien exclure. Mais il est vrai qu’après 25 éditions, il était peut-être utile de faire une petite pause. Ensuite, il est des périodes de la vie, où la nécessité d’un « recentrage » ou « recadrage » sur  certains points ne sont pas inutiles, pour ne pas dire indispensables. Et puis de « vraies » vacances ne sont pas superflues, ne serait-ce que pour attaquer une nouvelle saison dans des conditions optimales au service des adhérents du club. Gageons qu’avec une organisation nouvelle, la possibilité de renouer avec cette habitude n’appartiendra pas au domaine de l’utopie.
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Retrouvez l’article consacré au Golf-bleu à la date du 27 juin 2008.

1er juillet

La fin de saison est toujours un moment d’émotions particulières. Abordé dans les deux derniers billets de ce blog, sous des aspects un peu différents, le sujet qui concerne la période de l’année que nous vivons vaut la peine d’être complété. Même si notre club propose encore un peu d’activité en juillet, il n’empêche que le commencement de ce mois sonne le début d’une période très calme dans nos disciplines et possède un goût bien à lui. D’abord, le 1er juillet est sans conteste plus agréable que le 1er décembre. C’est l’été et surtout pour beaucoup, ce sont les vacances. Une sensation bien agréable nous envahit à l’idée de bénéficier de temps pour se reposer et se divertir. Tout simplement s’octroyer un emploi du temps sur mesure. Sur le plan relationnel, ce moment de l’année n’est pas dépourvu de sentiments. Les enseignants connaissent bien ce mélange de sensations. La joie de faire un break et de retrouver des personnes que seule cette période nous autorise et un peu de tristesse face à l’assurance d’être séparé de certains élèves que l’on ne reverra plus en septembre. Je n’ignore pas qu’il s’agit du lot annuel des professeurs des écoles, du collège, etc. Mais pour nous, les enseignants d’arts martiaux, c’est un peu différent, aucune obligation structurelle nous impose de renouveler systématiquement chaque année tout ou une partie de notre effectif. Seules les raisons évoquées dans le précédent billet nous l’imposent. Nous n’irons pas jusqu’à parler d’un déchirement quand la certitude (ou même juste, l’éventualité) que des personnes dont nous sommes occupées  et – pour certaines – avec qui le courant passait très bien, ne seront plus parmi nous à la rentrée. La banalité d’une réponse telle que : « C’est la vie » suffira-t-elle ? Il le faudra bien.
Il y a ceux dont nous sommes sûrs et certains qu’ils ne seront plus sur nos tatamis et ceux pour qui plane un doute, mais qui vous assurent que « normalement », si tout va bien, vous pourrez compter sur eux à l’issue de la rentrée prochaine. C’est ce «normalement » qui vous met la puce à l’oreille. Votre expérience vous laisse à penser qu’il faudra sans doute faire sans eux. Et puis, il faut être sincère, il existe une toute petite catégorie de personnes dont l’absence ne sera pas dommage. Il y en a peu, effectivement, mais les réfractaires au savon et à la lessive, les violents, les inciviles, bref, tous ceux, qui, par l’inconvenance de leur comportement, ne vous manqueront pas. Si toutefois vous ne leur avez pas déjà signalé « formellement » l’incompatibilité de leur comportement avec un dojo digne de ce nom.
Comme il est toujours de bon ton de terminer sur une note positive, il faut se dire que premièrement, nous allons profiter de l’été et que deuxièmement la rentrée nous réservera de belles surprises. Elle sera l’occasion de retrouver une très grande majorité d’anciens et d’accueillir de nouveaux élèves dont l’appétence à la découverte et à l’apprentissage redonnera, une nouvelle fois, tout son sens à notre mission et au plaisir qui l’accompagne.

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Abandons

La semaine dernière, sur ce blog, était évoqué le chiffre de 60 %, correspondant aux abandons d’une année sur l’autre. Chiffre effrayant surtout que, s’agissant d’une moyenne, certains clubs dépassent allègrement ce quota.
Ce constat est doublement négatif. D’abord il y a les personnes que l’on ne reverra plus (ou alors, beaucoup plus tard) et puis il faudra pallier leur remplacement, si l’on veut que le club continue à exister.
Peut-être que le premier souci serait de réduire ce pourcentage. Y pouvons-nous quelque chose ? Pour certains motifs, difficilement : déménagements, changements de vie professionnelle, blessures et accidents (et encore que), etc. Mais ces raisons ne sont pas les seules. Il y a, pour certains, la pensée ne pas être fait (finalement) pour ce genre d’activité. Ensuite viennent ceux qui sont habités par le tempérament de tout commencer et de tout arrêter. Puis s’invitent la fatigue et la flemme (attention, ce n’est pas la même chose), ainsi que la sensation de ne plus rien à avoir à apprendre, la lassitude et tout simplement l’envie d’aller voir ailleurs.
Il y a deux types d’abandons. L’abandon sec, sans reprise d’activité derrière et l’abandon d’une discipline au profit d’une autre. Ce n’est pas tout à fait la même chose, même si les deux entrent  dans les statistiques.
Le professeur a-t-il un rôle à jouer et une part de responsabilité ? Sur les premières raisons évoquées ci-dessus, bien sûr que non, mais pour d’autres, bien sûr que oui. Sinon, il n’y aurait pas autant de différences d’un club à l’autre. Ceci étant, ces différences ne sont pas forcément liées aux compétences de l’enseignant. Elles peuvent être dues à certaines particularités locales ; régions très sinistrées par le chômage, ou à forte densité de population, donc à concurrence plus importante. Mais malgré tout, les qualités et compétences du professeur ont un impact direct sur l’envie de persévérer. Cela influence forcément une part de pourcentage non négligeable.
Motiver les élèves doit rester la priorité de l’enseignant. Il y a différentes façons d’aboutir.
Hormis les « accidents » de la vie et autres contraintes incontournables, l’ennui et l’impression de stagner sont les principales causes d’abandon. A l’inverse, la prise de plaisir et la réalisation de progrès sont sources de fidélisation. Une pratique éducative ? donc sécuritaire ? qui limite les  grosses blessures paraît tout aussi importante. Une étude sérieuse et studieuse, dans une ambiance qui n’occulte pas l’aspect loisir, apportera plaisir et envie de continuer. En dehors d’un solide palmarès réconfortant, mais pas indispensable, c’est surtout de pédagogie et de psychologie dont le prof devra faire état. Le plaisir engendre la fidélité, donc les progrès et les progrès sont sources de satisfaction et de plaisir. Il s’agit tout bonnement d’un cercle vertueux. Le contraire de l’autre. Il est également intéressant de noter que peu de retours se matérialisent positivement. Tout simplement à cause de l’amer constat d’un décalage inévitable par rapport à ceux que l’on a laissés au moment de l’abandon. Il existe quand même  des « retours gagnants », ils sont l’apanage d’esprits particulièrement « martiaux » et réservés aux arrêts contraints et forcés.
Espérons, pour tous les clubs, faire mentir un peu ces statistiques, à l’issue d’un été que je vous souhaite particulièrement agréable.
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Intersaison

D’ici quelques jours, nous serons dans ce que l’on appelle l’ « intersaison ». Il s’agit d’une période qui se situe entre deux saisons sportives, plus précisément en juillet et août. Cette période existe aussi dans l’enseignement, entre deux  saisons scolaires. La saison sportive représente une période de forte activité, jalonnée d’enseignement, d’entraînement et d’objectifs à atteindre, (ou pas). Les fédérations établissent leurs programmes en se calquant dessus, plusieurs années à l’avance. Elles rythment les préparations.
En règle générale l’intersaison est une période de repos, de bilan et de préparation. Cette période peut aussi se décliner de différentes manières, plus ou moins originales :
L’intersaison, c’est la période où les écoliers, collégiens, lycéens et étudiants – et profs –  prennent de longues vacances.
L’intersaison, c’est la période où les sportifs de haut niveau se reposent.
L’intersaison, c’est la période où il y a le plus d’abandons (60 % – statistiques nationales – ne reprendront pas l’activité, chiffre effrayant ; les causes d’abandon sont multiples).
L’intersaison, c’est aussi une période qui ne signifie pas grand-chose pour ceux qui pratiquent une discipline à but non compétitif.
L’intersaison, c’est pour certains l’impossibilité de pouvoir s’entraîner pendant de longues semaines.
L’intersaison, c’est l’amertume de ceux qui ne peuvent pas prendre de vacances, ou tout simplement qui ne peuvent pas partir.
L’intersaison, c’est la période de la prise de conscience quant à la nécessité de se prendre en main
L’intersaison, c’est donc la période où naissent les vocations pour le mois de septembre et la période des bonnes résolutions.
L’intersaison, c’est pour certains, non seulement, la certitude de continuer, mais aussi par l’intermédiaire d’un stage, la volonté de se perfectionner.
L’intersaison, c’est faire le serment de ne jamais arrêter
L’intersaison, c’est tout simplement synonyme d’été !
Avec quelques jours d’avance, je vous souhaite une très belle « intersaison ».

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Ju-jitsu : méthode, programme, progression, etc.

« Mieux vaut une mauvaise méthode que pas de méthode du tout. » Cette citation, dont j’ignore l’origine, n’est pas exempte de bon sens. (L’idéal étant de posséder une bonne méthode.) En clair, « la nature a horreur du vide » et nous aussi. Il nous faut donc des points de repères, des références mais aussi, une organisation, une classification. L’homme averti a toujours voulu codifier, classer. C’est vrai aussi dans les arts martiaux (les katas en sont une preuve). Cela l’a été encore davantage avec leur développement en Europe et notamment en France où notre esprit cartésien réclame toujours plus d’organisation. L’exemple le plus flagrant se nomme la « méthode Kawashi ». L’expert japonais dépêché par son pays dans les années 1930 pour porter la bonne parole du judo et du ju-jitsu en France avait compris notre esprit. Il avait mis au point une organisation unique en classant les techniques par famille et en leur donnant des numéros. Ainsi o-soto-gari était le 1er de jambe, uchi-mata le 10e de hanche, etc. Cette démarche connut un immense succès, jusqu’à ce que l’universalisation des pratiques impose l’appellation correspondant au pays d’origine. Ainsi o-soto-gari reste o-soto-gari au Canada comme en Russie. Mais avant cela, dans les années 1950, certains élèves français se targuaient de connaître l’existence de 20 techniques de jambes, 15 clefs au bras, etc. à défaut de savoir les faire correctement.
Donc, au moment du renouveau du ju-jitsu en France dans les années 1970, il fallut proposer une méthode, un programme, une progression, une nomenclature. Bref, une référence, une boîte à outils et une feuille de route, pour employer des mots à la mode en ce moment. C’est ainsi qu’est née la « méthode atémi-ju-jitsu ». Certain ont raillé une appellation quelque peu alambiquée et qui, disaient-ils, comportait un non-sens dans la mesure où les atémis sont déjà dans le ju-jitsu. Mais c’est bien pour cela que ce mot avait été ajouté, c’était effectivement dans le but de souligner la revalorisation d’un secteur (l’atémi-waza) quelque peu délaissé dans l’enseignement de l’ancien ju-jitsu.
Elle est restée la méthode officielle de la FFJDA jusqu’en 1995, fidèle à mes idées, je ne l’ai pas lâchée, non pas par esprit de contradiction, mais tout simplement par conviction. Certes, il n’est pas exclu de la faire évoluer ; tout évolue au risque de se scléroser, mais son esprit et ses principales formes sont à préserver infailliblement. Il est intéressant de constater que certaines personnes ayant été – comme on dit – voir ailleurs reviennent (après six mois de rééducation…) pour renouer avec une méthode efficace, accessible à toutes et à tous et praticables sans danger particulier.  
A l’occasion du prochain vendredi (14 juin), nous tenterons une immersion partielle en son milieu.
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Self-défense

Certaines disciplines bénéficient actuellement d’une couverture médiatique importante et redondante. Tant mieux pour elles. Ce n’est pas leur faute, mais souvent celle de ceux qui les présentent comme étant la panacée. Contrairement à ce qui est affirmé, il n’y a pas la meilleure méthode de défense et les autres. Il y a des bons professeurs et les autres et de bons élèves et les autres. Affirmer qu’une discipline est plus efficace qu’une autre est une absurdité. Une méthode de défense est une sorte de boîte à outils. Or, le meilleur outil dans la main d’un piètre ouvrier, cela ne donnera pas grand-chose. Il en est de même pour les arts. Ce n’est pas parce que l’on posséderait le pinceau de Michel-Ange que l’on serait capable de repeindre la chapelle Sixtine.
Les formes de combat sont ce que nous en faisons. De plus, je rappellerai que dans le climat de violence dans lequel nous évoluons, un art de combat se doit aussi de proposer un enseignement à la fois pragmatique, mais également formateur en matière de valeurs humaines. C’est peut-être ce qui différencie un art martial d’une simple méthode de défense. Et quant à ceux qui affirment que ces méthodes vont à l’essentiel sans fioriture, il n’est pas inutile de  rappeler que l’efficacité passe par l’apprentissage, mais aussi et surtout par d’innombrables répétitions, au risque de décourager tous ceux qui sont naturellement attirés par la facilité. Sans effort, pas de résultat.
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Les grades dans les arts martiaux

Dans le dernier sondage en ligne, il y a égalité parfaite entre ceux qui estiment que les grades sont indispensables dans les arts martiaux et ceux qui pensent le contraire.
Formulée d’une  façon différente : « Les grades sont-ils souhaitables et utiles dans la pratique des arts martiaux ? », la question aurait peut-être apporté une réponse différente, puisque sur un plan purement pratique, ils ne sont pas indispensables. On peut s’adonner aux plaisirs de l’étude de la science du combat sans pour cela passer des grades.
Cependant,  nous sommes dans un système où ces distinctions existent et commencer par ne pas les respecter pourrait s’apparenter à un acte indisciplinaire, d’une certaine façon.
Pour les élèves, les grades sont des distinctions et la reconnaissance d’un niveau. Ils sont des objectifs qui, une fois atteints, procurent satisfaction, émotion et fierté. Côté enseignant, ils sont des outils précieux et facilitent l’apprentissage en mettant à disposition, outre des moyens de motivation, une véritable feuille de route.
Ces distinctions, que l’on nomme avec un terme un peu militaire, offrent aussi une hiérarchisation que l’on retrouve dans la plupart des secteurs de notre société. C’est peut-être ce qui rebute certains. Quelques anarchistes purs et durs, ceux qui souhaitent pratiquer en dehors de toutes contraintes, mais aussi tout simplement certains qui estiment ne pas bénéficier de suffisamment de temps libre pour se préparer aux tests. Vis-à-vis de cet ensemble de personnes,  il faut faire preuve de tolérance, éviter toute stigmatisation et peut-être tout simplement entamer un travail de persuasion et, là aussi, faire de la pédagogie. 
Le regard qu’avait Jigoro Kano sur les grades et la définition qu’il en a donné ?  shin-gi-tai ? est d’une grande cohérence : l’esprit, la technique et le corps. L’ordre des citations  n’est pas le fruit du hasard. Privilégier en premier l’esprit, en second la technique et enfin le corps semble logique, par rapport aux mutations que nous impose le cours de l’existence. Les qualités physiques ne subissant pas le même sort que l’esprit au fil des années. Cette approche sous-entend que nous possédons une marge de progression constante au moins dans ce dernier domaine et insiste sur le fait que l’art martial n’est pas simplement le  reflet de qualités physiques, ni même techniques, mais avant tout celui d’un comportement que les années doivent bonifier.
Le problème des grades peut venir davantage de l’usage excessif que l’on peut en faire et des méfaits de sa sacralisation. Tout d’abord, il ne faut pas le présenter, ni le considérer comme une finalité, mais bien une étape. Ensuite, sur le tatami, il n’est pas le reflet du « plus fort », celui qui maîtrise les autres. Un 10e dan sera moins fort qu’un 2e dan, en combat ! C’est l’évidence même et ce n’est pas pour cela que l’on va le dégrader ! L’on en revient au shin-gi-tai. Le grade est avant tout l’aboutissement d’un travail intense, d’études approfondies, d’inlassables répétitions, d’une importante régularité dans la pratique, d’un comportement exemplaire, et bien d’autres qualités comme l’implication dans le bon développement  de sa discipline. 
En avançant en âge et donc, normalement en raison, la vraie valeur des grades n’est-elle pas non plus, celle que l’on reconnaît à soi-même ?  Cette remarque, quelque peu provocante, est formulée à l’attention de personnes récipiendaires de distinctions qui sembleraient (mais c’est très rare) s’apparenter à ce que l’on pourrait nommer des « grades de copinage » ou d’intérêt. Mais, si on peut duper les autres, peut-on se duper soi-même ?
Pour finir ce billet avec un peu d’humour grinçant. Quelqu’un que je ne citerai pas, a dit : « Les grades sont faits pour mettre les mauvais au même niveau que les bons. » Formule lapidaire et massacreuse de mythe. Je laisse à cette personne la responsabilité de ses propos. A chacun de juger s’ils sont vraiment  dénués de bon sens. Je peux témoigner, malgré tout, que la personne en question, elle, en était rarement démunie. Cela pour souligner que, à propos des grades, nous ne devons pas nous en passer mais il faut leur donner la valeur qu’ils méritent. Ils ne sont pas ce qu’il y a de plus important dans une vie (même si chaque échelon gravi est un grand moment), l’essentiel réside dans la pratique.

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Education et ju-jitsu

La violence enlaidit notre société, c’est un fait qui est en progression constante, notamment chez les plus jeunes (Mais pas uniquement !) et l’école n’est pas épargnée.
Le « Nouvel Obs » a récemment consacré un article sur le sujet (la violence à l’école, 25 avril 2013). Je ne peux qu’inciter à en prendre connaissance. Il met en avant le fait que l’école ne peut pallier les manquements de la cellule familiale. Elle  peut apporter une contribution importante à l’éducation, mais ce n’est pas sa mission première. Il en est de même pour les professeurs d’arts martiaux, pendant les cours destinés aux enfants, nous ne pouvons remplacer les parents, mais nous sommes malgré tout des éducateurs. Educateurs sportifs, mais éducateurs quand même. Dans nos disciplines, une double tâche nous incombe. Il ne s’agit pas simplement d’apprendre aux élèves une technique de combat, il est également indispensable de leur enseigner ce qui entoure son utilisation ; dont la maîtrise et dans tous les sens du terme. Ainsi faire prendre conscience des risques liés à une utilisation non contrôlée de nos « armes naturelles » parait inévitable. Et puis, nous avons la chance d’enseigner des disciplines dites à traditions. Celles-ci, empreintes de rigueur, peuvent parfaitement apporter une contribution non négligeable à l’amélioration de la vie en société. Ainsi, l’attachement au respect de règles toutes simples ne devra pas être négligé. Certaines peuvent paraître anodines, comme la ponctualité au cours, le salut en début et en fin de séance ;  celui-ci  ne devant en aucun cas être escamoté. Idem à chaque changement de partenaire, dans une tenue correcte et selon le rite propre aux coutumes de chaque art. Certains trouveront peut-être ces usages futiles. Même s’ils avaient raison ? ce que je ne crois pas ?, pourquoi se priver d’habitudes qui n’en sont pas de mauvaises ?
Cela passe aussi par l’exemple. L’exemple d’un « haut-niveau » irréprochable. Mais aussi ce qui est véhiculé par l’image. Celle-ci devant éviter de proposer de la violence gratuite sous la bannière « sports de combat ». Je ne pense pas que ce genre de spectacle participe à la lutte contre ce fléau.   
Et puis, avant tout, l’exemple venant d’en haut, il incombe aux éducateurs de ne pas se satisfaire de la simple transmission technique, mais de l’ensemble du patrimoine qui accompagne nos disciplines.

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