« Rien sous le ciel n’est plus important que l’éducation : l’enseignement d’un maitre de valeur peut en influencer beaucoup et ce qui a été appris correctement par une génération pourra être transmis à cent générations. » Jigoro Kano
Aujourd’hui, retour à « mon dictionnaire ». Celui-ci n’a pas comme objectif principal de relater précisément la vie des personnages illustres que j’évoque, puisqu’il est aisé de le faire sur Internet, mais d’expliquer pourquoi je les évoque. Pourquoi ils m’ont marqué et ce qu’ils ont pu m’apporter dans mon parcours professionnel et plus largement dans la vie.
On peut juste rappeler que Jigoro Kano est le fondateur du judo. A partir de l’ancien ju-jitsu, il a souhaité créer une méthode d’éducation physique et mentale en développant des valeurs autres que celles liées au combat. Ces valeurs sont les fondations solides d’une véritable « Ecole de vie » .
A la lettre J de ce modeste dictionnaire j’avais expliqué que le mot « JU » signifiait « souplesse », dans le sens physique, mais surtout d’un point de vue comportementale. C’est cet aspect que Jigoro Kano a souhaité développer et mettre au service de l’éducation avec un grand E ; c’est pour moi ce mot qui caractérise le plus cet homme exceptionnel ; c’était son objectif majeur, sa « grande affaire ».
Pour moi, il a apporté trois éléments majeurs. D’abord, il a ressuscité – et adapté – le ju-jitsu, ensuite il en a fait une méthode d’éducation physique et mentale – en plus d’une méthode de défense – et enfin, il avait une conception intéressante de l’aspect sportif ou plus exactement de la compétition.
Sur le plan purement technique, de mon point de vue, son idée majeure aura été de conserver et d’améliorer les anciennes techniques de ju-jitsu en fonction de deux critères essentiels : efficacité et sécurité. Efficacité en cas d’affrontement et sécurité dans la pratique. La maîtrise d’une technique, donc son efficacité, s’obtient par de nombreuses répétitions ; or lorsqu’il s’agit de mouvements difficiles à contrôler, ces répétitions peuvent être génératrices de blessures. Pour être efficace il faut d’abord être en pleine possession de ses moyens et pouvoir s’entraîner régulièrement. Un art martial moderne ne doit pas être une entreprise de destruction, mais de construction. Construction d’une bonne condition physique, d’un bagage dans lequel se trouvent des techniques qui demandent davantage de finesse que de force, enfin un état d’esprit combatif et conquérant, mais pour de bonnes causes et dans le respect de valeurs humaines puissantes. Il ne voulait pas que sa méthode se limite au seul aspect utilitaire pensant sans doute avec raison que cela n’était pas sain. Il avait souhaité « hiérarchiser » les secteurs qui devaient être développés et préservés avec le célèbre précepte shin-ghi-tai,( l’esprit, la technique et le corps).
Ce qui me semble important aussi, c’est la vision de l’aspect sportif qui était la sienne, je veux parler de la compétition. Il n’était pas contre, tout en considérant qu’elle n’était qu’un passage et qu’un aspect de la discipline. Si cette conception avait été davantage suivie, peut-être qu’un nombre moins important d’abandons se produiraient à l’issue de carrière de compétiteurs venant de clubs ne jurant que par « la compéte ». Ceci est valable pour tous les sports, mais justement il ne voulait pas en faire « qu’un sport ». L’option ultra-sportive dans laquelle s’est installé le judo l’aurait sans doute interpellé.
Enfin, toujours concernant l’aspect sportif, et qui rejoint celui de l’éducation, il était catégorique sur le fait que certaines techniques ne pouvaient pas être pratiquées en opposition, mais simplement en répétitions conventionnelles. Toujours habité par l’idée de limiter le risque de blessures. C’est pour cette raison que la compétition d’affrontement direct en ju-jitsu n’est pas concevable, ou bien ce n’est plus du ju-jitsu.
Jigoro Kano était un homme moderne, dans le sens où l’éducation était la priorité dans une société qui se dit civilisée. En avons-nous (ou pas) la preuve au quotidien !