Premiers pas en ju-jitsu à Niort

Comme indiqué la semaine dernière, je vais pouvoir commencer à diffuser mon art martial à Niort durant cette saison. Les cours se dérouleront le mercredi et le vendredi soir. Ce vendredi (le 2 septembre), je propose une séance découverte de 18 h 00 à 19 h 00. Débutants et confirmés seront les bienvenus. Une façon pour les novices de découvrir quelques techniques de base et faire leurs premiers pas en ju-jitsu.  Pour les pratiquants (quelque soit leur discipline) cela permettra de se remettre en jambes et de refaire « des gammes ». Cette séance est sans aucun engagement. Merci d’indiquer votre présence. Rendez-vous vendredi à l’IME à 18 h 00. Renseignements complémentaires 06 14 60 28 25. eric@pariset.net     www.jujitsuericpariset.com

 

La rentrée

Nous voilà à quelques jours de la prochaine rentrée. Nous espérons tous qu’elle sera moins difficile que celles que nous avons vécues depuis maintenant trois saisons.

A titre personnel, l’horizon s’éclaircie quelque peu. L’entraide mutuelle qui caractérise les arts martiaux a pu se manifester grâce à une personne qui a œuvré pour me permettre de bénéficier de créneaux horaires à Niort, à l’Institut Médico Educatif de Niort. Il s’agit d’Eve Bourreau, une enseignante  6ème dan de karaté, dotée d’une solide réputation. J’en profite pour lui réitérer mes très sincères remerciements.

Quand vous avez un genou à terre, parmi les personnes qui ont les moyens de vous aider, il y a ceux qui vous tendent la main, et puis il y a ceux qui vous casseraient bien l’autre genou.

Donc, je vais pouvoir, après deux ans et demi de galère, renouer avec mon métier de façon un peu plus régulière que cela a été le cas depuis le cataclysme provoqué par la gestion de la crise sanitaire.

Je bénéficierai donc de deux jours, mercredi et vendredi, dans lesquels j’encadrerai des cours pour enfants et pour adultes.

Bien sûr, je continuerai les stages. Durant les dernières saisons, ces rassemblements m’ont permis de me maintenir moralement  et physiquement.

Cela ne m’a pas empêché de manifester une colère légitime par rapport à un traitement d’une flagrante injustice. D’ailleurs, j’attends toujours des réponses aux différents courriers adressés à bon nombre de nos dirigeants.

Donc, les personnes résidant  à Niort et dans ses environs et qui sont intéressées par les cours que je proposerai à partir du mois de septembre peuvent me contacter directement pas mail, téléphone ou message privé.

Il y aura des cours pour les enfants et des cours pour les adultes. Des cours de ju-jitsu, évidement.

Ceux qui me suivent connaissent mon attachement à l’aspect éducatif. Il n’est  pas question d’ajouter de la violence à celle qui enlaidit régulièrement notre société.

Pour les enfants, il s’agit d’éducation physique, mais aussi d’une éducation complémentaire à celle de la famille et de l’école. Un complément quant à la vie en groupe, avec des consignes et des comportements à apprendre et à respecter. Mais il s’agit aussi de l’apprentissage de techniques de combat, avec comme principale consigne le contrôle, en prenant conscience des capacités de son corps, ne serait-ce que pour ne jamais à avoir à les utiliser dans la réalité, sauf cas de force majeur. S’élever, et non s’abaisser à de basses utilisations. Quant au développement physique adapté à l’âge, cela se fera de façon harmonieuse, il ne s’agit pas d’efforts trop violents, dont l’aspect néfaste est évident. Enfin, et c’est peut-être aussi important que le reste, l’aspect ludique est incontournable. Les enfants sont là, aussi, pour s’amuser.

Quant aux adultes, c’est une pratique adaptée à toutes les conditions physiques et à tous les âges. Au travers d’une méthode de défense très efficace, ils découvriront une discipline qui permet d’améliorer sa condition physique, sa souplesse et sa tonicité. Une pratique sérieuse n’empêche pas de prendre beaucoup de plaisir avec une ambiance décontractée dans laquelle l’aspect ludique n’est jamais éloigné.

C’est donc une rentrée dans laquelle je mets beaucoup d’espoir.

A bientôt sur les tatamis.

eric@pariset.net  06 14 60 18 25  www.jujitsuericpariset.com

Non opposition !

Il y a quelques temps j’avais évoqué le projet de publier « Mon dictionnaire des arts martiaux », mais préoccupé par de graves  événements, j’ai mis de côté la finalisation d’un travail déjà bien commencé. Dernièrement, je m’y suis attelé à nouveau.

Pour cet article, j’ai pioché pour tomber sur la lettre O, comme Opposition, plus exactement comme non-Opposition.

« Surmonter l’habitude d’employer la force contre la force est une des choses les plus difficiles de l’entraînement du judo (et du ju-jitsu). On ne peut espérer progresser sans y parvenir ». Jigoro Kano

Il serait dommage d’oublier que la non-opposition est « le principe de base » du ju-jitsu, notamment celui de l’École traditionnelle Yoshin Ryu (Ecole du cœur de saule), l’une de celles qui avait largement inspiré Jigoro Kano lorsqu’il a souhaité « ressusciter » notre art martial. Malheureusement certains ont tendance à l’oublier.

Avec la non-opposition, nous sommes en présence d’un principe d’une grande intelligence. Il mériterait de ne pas être simplement utilisé dans les affrontements physiques, mais aussi dans le quotidien.

L’opposition frontale ne peut donner raison qu’au plus fort physiquement et dans la société elle ne débouche jamais sur un accord constructif. N’allons pas jusqu’à mettre en avant le dicton populaire suivant : « il vaut mieux céder à l’âne que le tuer », mais on peut s’en inspirer.

Plusieurs principes sont attachés au ju-jitsu, mais celui de non-opposition régit les autres : addition de forces, utilisation de celle de l’adversaire, action-réaction, etc.

Ces principes ne sont applicables qu’en association avec celui de non-opposition.

Il s’agit tout simplement de se retirer de la trajectoire d’une force qui avance sur vous.

Ensuite, première possibilité, sans s’en occuper davantage, la laisser s’éteindre dans le vide.

Autre possibilité (si l’on veut maîtriser celui qui attaque), celle qui consiste à conduire la force en question, en y ajoutant la nôtre ; ce sont les principes d’utilisation de la force de l’adversaire et de l’addition des forces. On peut aussi y ajouter simultanément un obstacle, au niveau des jambes de l’attaquant, par exemple, afin de le faire chuter. Cette dernière description, sommaire j’en conviens, pourra servir de première explication pour une technique comme hiza-guruma, permettant de bien la comprendre et de bien l’assimiler.

Autre exemple avec tomoe-nage où on sacrifie son corps au détriment de l’attaquant. Comme le démontre la  figurine qui illustre cet article. Figurine réalisée en son temps par mon père, Bernard Pariset.

Ce principe général de non-opposition n’est en aucun cas un signe de renoncement, mais tout simplement l’incarnation du bon sens. Force contre force, c’est forcément…le plus fort qui gagne. Et puis, utiliser la force de l’adversaire en commençant par ne pas s’y opposer, c’est aussi un moyen de ne pas gâcher sa propre énergie.

Cette non-opposition, comme indiqué en introduction de cet article, est également utile dans les rapports humains, c’est ce que prônait Jigoro Kano, lorsqu’il disait : « Le conflit se fait au détriment de tous, tandis que l’harmonie se fait au bénéfice de chacun ».

Ce principe qui permet de vaincre la force brutale, qui avec un peu d’entraînement donne la possibilité à tous de ne pas subir la loi du plus fort est, de mon point de vue, sans jeu de mot, la principale force du ju-jitsu.

Terminons cet article avec une dernière citation : «Qui apprend à céder est maître de la force » Lao Tseu.

Lettre ouverte à mon député

Lettre ouverte à Monsieur Bastien Marchive, Député de la 1ère Circonscription des Deux-Sèvres.

Monsieur le Député, Cher Monsieur,

Nous avons eu quelques échanges de courriels  avant votre élection pour laquelle je vous adresse mes félicitations.

Dans ces échanges je vous exposais la situation dans laquelle je me trouve. En effet je fais partie des petits entrepreneurs qui n’ont pas pu bénéficier des aides de l’État, mon entreprise étant trop jeune pour cela.

J’ai perdu mon outil de travail, mon travail et donc mes revenus, et la totalité de l’investissement réalisé juste quelques mois avant.

Je tente de retrouver du travail dans mon activité de professeur de ju-jitsu et d’arts martiaux, mais les portes ne s’ouvrent pas facilement.

Quant à me relancer dans une nouvelle création d’entreprise, il faudrait d’abord en avoir les moyens et ensuite prendre le risque d’une nouvelle fermeture entraînant une perte d’exploitation non indemnisée, comme ce fût le cas il y a deux ans.

C’est tout naturellement que je me tourne vers mon député pour lui demander des conseils et dans le meilleur des cas, une aide.

Je suis à votre disposition pour vous exposer à nouveau ma situation plus en détail.

Vous remerciant par avance pour l’attention que vous voudrez bien porter à ce courrier et dans l’espoir d’une réponse, je vous adresse, Monsieur le Député, Cher Monsieur, mes salutations très distinguées.

Eric Pariset

Professeur de ju-jitsu

eric@pariset.net

Fin juin : bilan et combat…

Dans notre activité, le mois de juin est propice à établir le bilan de la saison qui s’achève et pour envisager la prochaine. A titre personnel, celle-ci a commencé en pouvant remettre le « blanc de travail », alors que durant la saison précédente (2020/2021) cela n’avait pas été le cas ; du jamais vu dans ma carrière.

Les quelques stages que j’ai pu encadrer ces neuf derniers mois ont été une bouffée d’oxygène pour le moral, mais on ne peut pas encore parler de redressement professionnelle, loin s’en faut ; il y a des catastrophes qui ne se réparent pas d’un coup de baguette magique, même avec une volonté sans faille.

Revenons sur les trois derniers mois de juin :

En juin 2019, c’est avec une joie non dissimulée que j’ouvre un nouveau dojo à Paris, après plusieurs années difficiles dues à quelques coups du sort.

Un an après, en juin 2020, ce n’est pas un coup du sort, mais une injustice, qui m’oblige à rendre les clés du tout jeune dojo.

En juin 2021, c’était très spécial, en effet, comme indiqué plus haut, c’était la première fois dans ma vie de pratiquant, que je ne mettais pas le kimono durant la totalité d’une saison.

Et en ce 30 juin 2022, qu’en est-il ?

Beaucoup d’entreprises ont bénéficié d’aides, elles ont pu éviter la fermeture (pour le moment), et c’est tant mieux. Cependant, et c’est loin d’être une consolation, je ne suis pas le seul à ne pas avoir pu profiter de ces aides et à être plongé dans une situation difficile( le mot est faible ) en étant privé de travail et donc de revenus – ou si peu – depuis deux ans (et ce n’est pas fini) ; il faut mesurer ce que cela signifie. Comme nous représentons une quantité négligeable, sans moyen de pression, nous sommes ignorés.

J’ajoute qu’à la perte de l’outil de travail, donc de travail sans droits au chômage, il faut ajouter la perte sans aucune indemnisation de l’intégralité de l’investissement réalisé juste quelques mois auparavant. C’est juste monstrueux, là aussi, les mots sont pesés…

Donc, ce mois de juin sonne la fin d’une saison durant laquelle il a fallu tenter de réparer d’immenses dégâts.

A la volonté de reconstruire pour ne pas sombrer et à l’énergie que cela représente, s’ajoutent au fil des mois, les doutes, l’incertitude et les angoisses qu’engendrent inévitablement une telle situation. Il s’agit depuis deux ans d’une vie dans laquelle toute sérénité s’est enfuie et les plaisirs évanouis. La vie n’est plus la même et beaucoup de projets personnels ne seront plus réalisables.

Malgré tout, le combat continu et il ne consiste pas uniquement à se plaindre en dénonçant une injustice qui demande réparation, loin de là, mais aussi à retrousser les manches du judogi pour essayer de rebondir. Cependant, ce n’est pas facile, curieusement beaucoup de portes se ferment – ou ne s’ouvrent pas -, allez savoir pourquoi ? Quant à l’hypothèse de me relancer dans l’aventure d’un dojo privé, avec ce que je viens de vivre, c’est à dire une fermeture imposée et non indemnisée, il faudrait être irresponsable (et en avoir les moyens). Et puis, on ne peut pas affirmer que les feux soient « au vert » ; entre le virus qui revient, la guerre en Ukraine, le pouvoir d’achat qui fond comme neige au soleil, etc.

Le plus enrageant, c’est que cela aurait pu être évité ou réparé. Évité avec une gestion différente, réparé avec davantage de solidarité. L’entraide mutuelle, chère à Jigoro Kano, n’est pas souvent appliquée.

Ceux et celles qui n’ont pas failli se reconnaîtront, ils ont fait dans la mesure de leurs moyens, je les remercie du fond du cœur. Je sais aussi que beaucoup auraient voulu apporter leur pierre, mais ils n’en n’avaient pas la possibilité. Il y a une troisième catégorie qui n’a pas bougé, alors qu’elle aurait pu ! Sans oublier une « sous catégorie » (le double sens est bien choisi), qui ne s’est pas gênée pour mettre des bâtons dans les roues ; ce n’est pas à mon âge que de tels comportements m’étonneront.

En cette fin juin, dans une vie qui n’est plus la même, je reste positif et combatif. Concernant, le fameux « rebond » que très gentiment beaucoup me prédisent, il faut admettre qu’il est plus difficile à réaliser avec une balle un peu usée. Mais pas question d’abandonner !

Entre les deux saisons il y aura le stage de Soulac qui sera une belle parenthèse et un grand moment de partage, dans ce lieu qui nous a accueillis merveilleusement pendant vingt-cinq années, entre 1986 et 2010. En espérant que la 7ème vague de ce virus, avec laquelle on recommence à nous inquiéter, ne viendra pas à nouveau tout massacrer et hypothéquer la rentrée.

Normalement, très prochainement, je devrais avoir quelques bonnes nouvelles à annoncer. Peut-être un peu de lumière au bout du tunnel.

En attendant, je souhaite à toutes et à tous un bel été et une reprise gagnante en septembre.

J’ajouterai pour conclure que je ne suis ni aigri, ni envieux par rapport à ceux qui n’ont pas souffert professionnellement durant cette crise. Par contre, c’est mon mépris le plus profond que je réserve aux quelques « donneurs de leçons » qui, quoiqu’il arrive, seront toujours à l’abri !

Les 16 Bis et les 16 Ter, l’inévitable suite

La semaine dernière, c’est un article consacré aux 16 techniques qui était proposé, il est logique que cette semaine nous nous intéressions à deux autres enchaînements créés à leur suite, à savoir les 16 Bis et les 16 Ter.

Cela a déjà été fait par le passé, mais remettre en avant des créations qui permettent à certains de découvrir et à d’autres de se perfectionner, n’est jamais une perte de temps. Et puis, quelques nouveaux arguments viennent en complément.

Les 16 Bis et les 16 Ter ont donc été mises au point après les 16 techniques. Pour faciliter la mémorisation et pour évoluer dans la difficulté face à des situations presque identiques, ce sont les mêmes emplacements pour Tori et Uke – et pour la plupart du temps les mêmes attaques – qui ont été conservés.

Ces enchaînements et ces techniques demandent une maîtrise plus importante, ils entrent dans le processus de découverte et de progression.

Les techniques sont assez spectaculaires, ce qui ne remet en aucun cas leur efficacité, loin de là. En plus d’être des outils de progressions, ils peuvent servir de démonstrations qui ne manquent pas de marquer les esprits et d’installer le ju-jitsu dans le paysage des arts martiaux. Il s’agit là d’un ju-jitsu efficace, dynamique et spectaculaire.

Ils sont composés, entre autres, de grandes techniques de projections appartenant au patrimoine du ju-jitsu et du judo, affirmaient, si besoin était, l’indiscutable indissociabilité  et  complémentarité de ces deux arts.

Pour les élèves, les intérêts  sont nombreux : perfectionnement techniques, renforcement des automatismes, de la condition physique et du travail de mémorisation, etc. Ces enchaînements mettent l’accent sur le travail de la fameuse fluidité dans la liaison des différentes composantes du ju-jitsu. Un sujet sur lequel j’insiste toujours.

C’est pour toutes ces raisons que, personnellement, elles n’ont jamais quitté mon enseignement.

Enfin, le plaisir éprouvé lors de leur exécution est un élément non négligeable,

Rien n’empêche non plus de les utiliser de la même manière que les  16 techniques de base, comme expliqué dans le dernier article, avec différents thèmes et de nombreuses méthodes d’entraînement.

A propos de la beauté dans l’exécution d’une technique, dans l’excellent livre « Les Chaussons de la révolution », paru dernièrement, de Marc-Olivier Louveau, j’ai trouvé une citation qui me satisfait totalement et que je me permets de lui emprunter : « Toute bonne technique est belle et gracieuse, elle est une figure dessinée dans l’espace où efficacité et beauté ne font qu’un ».  Je ne manquerai pas de consacrer un article à ce bel ouvrage qui traite de la naissance de la Savate.

La photo d’illustration propose les deux livres dans lesquels on retrouve ces enchaînements. Dans celui à la couverture rouge il y a les 16 Bis et dans l’autre les 16 Ter. (Ce ne sont pas les seuls thèmes, développés dans ces supports techniques.)

Les 16 techniques (et compagnie)

Plusieurs articles ont déjà évoqué « les 16 techniques ». Celui que je propose aujourd’hui permet d’insister sur l’outil que représente cet enchaînement né aux débuts des années 1980 pour les besoins d’une démonstration.

« Les 16 techniques », peuvent se suffire à elles-mêmes. On peut travailler chacune d’entre elles en détail, avant de mettre l’accent sur l’exercice qui consiste à les enchaîner vite et fort. Dans ces deux premières phases, l’aspect technique puis l’aspect physique seront travaillés.

L’ensemble de ces techniques est important. Elles font partie du patrimoine, elles permettent l’acquisition de mouvements fondamentaux, tout en faisant découvrir ou renforcer des principes tout aussi fondamentaux comme la non-opposition, l’utilisation de la force de l’adversaire, entre autres.

Concernant l’aspect physique, lorsqu’elles sont enchainées, elles permettent de renforcer les automatismes et la condition physique.

Mais, et c’est important, elles offrent au professeur de multiples outils d’un grand intérêt.

Dans un premier temps, on peut étudier des enchaînements qui envisagent différentes réactions de la part d’Uke. Ce qui n’est pas saugrenu. Ensuite, on peut étudier des contre prises à chaque technique. Étudier un contre entrera dans le processus de renforcement, il nous éclaire sur les points sensibles.

Et ce n’est pas tout. On peut aussi confier aux élèves la « mission » de mettre une réponse de son choix, différente de l’originale. On peut lui imposer un thème, par exemple que la riposte appartienne à une famille précise : clés, étranglements. On peut aussi lui demander de mette une liaison debout sol, pour les techniques qui n’en possèdent pas.

Faire travailler aussi bien à droite qu’à gauche, pourra aussi être proposé.

Enfin, un Tori qui défend et deux Uke qui alternent les attaques, fournira de l’originalité et un sacré renforcement des automatismes et de la condition physique.

La liste présentée n’est pas exhaustive.

Voilà donc un enchaînement qui n’est pas un véritable « couteau suisse », mais plus exactement un « couteau japonais ».

Pour info, nous aborderons ce thème à l’occasion du prochain « dimanche ju-jitsu » le 26 juin prochain à Paris.

eric@pariset.net

Quelques mots à propos des grades

Dans les arts martiaux, les grades occupent une place importante. Cependant, il ne faut ni les surévaluer, ni les négliger.

Ils permettent de situer le niveau de maîtrise technique et d’ancienneté dans la pratique, mais aussi d’évaluer le parcours du pratiquant, cela en fonction de la couleur de la ceinture qu’il porte autour de la taille.

Au début, les ceintures de couleur n’existaient pas, seules la blanche, la marron et la noire « tenaient » la veste du judogi. C’est à l’initiative de Maître Kawaishi , lorsqu’au milieu du siècle dernier il prit en main le judo français, que les ceintures de couleur ont fait leur apparition. Il avait bien compris l’esprit européen (et français en particulier) toujours friand de reconnaissances à arborer.

Jigoro Kano, fondateur du judo en 1882, a souhaité hiérarchiser les valeurs pour l’accession à ces différents niveaux avec le fameux « shin-gi-tai » ! Ce qui signifie : l’esprit, la technique et le corps. L’ordre établi n’est pas le fruit du hasard. L’esprit (le mental) arrive en premier, il nous habite jusqu’à la fin de notre aventure sur terre. Ensuite, il avait placé la maîtrise technique, que l’on peut démontrer assez longtemps et enseigner tout le temps. C’est assez logiquement que le corps (le physique) arrive en dernier ; malheureusement avec l’âge même si on en prend soin, le déclin est inéluctable.

L’expérience qui m’anime me fait dire qu’il y a deux ceintures très importantes dans la vie d’un budoka : la ceinture jaune et la ceinture noire. La ceinture jaune, tout simplement parce que c’est la première et la ceinture noire parce que, malgré tout, elle représente toujours un symbole très fort. Une sorte de graal ! Cependant, il ne faut pas oublier qu’elle n’est pas une finalité, mais simplement une étape importante. Elle est une belle récompense, la preuve d’une pratique qui s’est inscrite dans la durée, synonyme de rigueur. Cependant, elle doit représenter aussi un contrat signé avec l’art martial que l’on pratique et… avec soi-même. Un engagement qui signifie, qu’à partir de son obtention, s’impose le devoir de ne  jamais abandonner les tatamis, sauf cas de force majeur.

Les grades sont des encouragements à ne pas lâcher la pratique et même à la renforcer dans la dernière ligne droite de chaque préparation.

Certains les assimilent à des « hochets » et les négligent. Il est tout à fait possible de pratiquer et de s’en passer, mais nous sommes dans un système où ils existent et nous devons l’accepter. Même si parfois on peut s’interroger légitimement sur quelques attributions cocasses.

Peut-être que leur valeur prend vraiment son sens par rapport à l’organisme ou à la personne qui les décernent. Et puis, arrivé à un certain niveau, le pratiquant ne peut pas tricher avec lui-même.

L’obtention d’un grade (mérité) est de toutes les façons une grande satisfaction pour l’ensemble des pratiquants d’arts martiaux.

Ukemi (brise-chute)

Un petit rappel sur l’utilité de bien savoir chuter… Ne serait-ce que pour mieux se relever !

Dans la plupart des arts martiaux et notamment en ju-jitsu, apprendre à chuter est une nécessité. C’est également utile dans la vie courante. C’est une sorte d’assurance. Certes, nous ne tombons pas à longueur de journée, mais beaucoup de fâcheuses conséquences pourraient être évitées avec un minimum de maîtrise du « savoir tomber » en limitant les dégâts ; sur la neige, la glace ou tout simplement après s’être « emmêlé les crayons ».

Lors des entraînements en dojo, il est indispensable de savoir chuter, faute de quoi l’apprentissage et le perfectionnement dans le travail des projections sont impossibles.

Certains y sont réfractaires, mais peut-être faut-il appliquer un apprentissage plus  progressif ? Tout en sachant que malgré tout, la meilleure façon d’apprendre à chuter, c’est de…chuter, à condition de le faire avec des projections adaptées. Certaines sont moins traumatisantes que d’autres !

On distingue les chutes sur l’arrière et les chutes sur l’avant.

Dans chacune de ces catégories, il y a la chute qui se pratique sur un tatami et celle « de situation », c’est à dire en extérieur, si par malheur elle survient sur un sol dur : accident, maladresse, ou agression. Dans cette dernière situation il faudra tout à la fois se relever sans dommages et être opérationnel immédiatement. (Il est bien évident que l’entraînement ne se conçoit que sur des tatamis.)

Dans les deux cas de figure (dojo et « situation ») il faut préserver deux parties essentielles, la tête et les articulations des membres supérieurs. Pour la tête il suffira de « la rentrer », menton dans la poitrine. Pour les bras, sur un tatami on frappe au sol « bras tendus » paume de main vers le bas, pour à la fois protéger les articulations et repartir l’onde de choc, le bras devenant une sorte de paratonnerre. Sur un sol dur on se limite à ce que les bras soient tendus vers l’extérieur, ce qui évitera une luxation et/ou une fracture. Si on est bousculé et que l’on perd l’équilibre sur l’arrière, on essaie de rouler sur une épaule, pour protéger la tête,  en ayant préalablement plié une jambe, ceci afin de se retrouver le plus vite possible debout face à un éventuel adversaire (photo 1).

Concernant la chute avant, il faut se servir du bras avant comme d’une roue et d’un amortisseur. Là aussi il est indispensable de protéger la tête avant tout et ensuite les articulations et notamment l’épaule. En dojo après avoir roulé, on se réceptionne jambes tendues et parallèles. Dans la réalité, à la réception, on plie une jambe pour se retrouver face à l’endroit d’où l’on vient, c’est à dire face à un agresseur qui nous aurait poussé dans le dos (photo 2).

Tout cela est un peu technique, rien ne remplace le tatami.

(Les photos qui présentent les « chutes en situation »sont extraites du livre « Ju-jitsu-Défense personnelle ». Édition parue en 2000.)

 

 

Les katas…

L’article technique de cette semaine est consacré aux katas.

Il n’est pas inutile de revenir aux premières raisons d’être des katas. Les quelques lignes qui suivent ne sont que l’émanation de mon point de vue. « L’évolution vient du partage des opinions ».

On traduit kata par le mot « forme ». Pour plus de clarté on peut ajouter « imposée ».

Ils sont des moyens d’apprentissage, des méthodes d’entraînement, ils permettent la codification, la transmission et même la sauvegarde des techniques et des principes de bases. Ils sont les garants de nos traditions.

Malheureusement, considérés parfois comme des  « passages obligés » pour accéder au grade supérieur, ils ne sont abordés que dans cette optique ! Qu’ils intègrent un ensemble de contenus techniques d’évaluation, cela semble juste, mais leur utilité est plus importante que cela, heureusement. Ils ne sont pas non plus une machine à recaler, dans laquelle se nichent parfois quelques abus d’autorité (comprenne qui pourra, ou qui voudra).

Les katas permettent de rassembler les techniques par famille et/ou par thème et de leur faire traverser les âges, ce sont aussi de formidables méthodes d’entraînement.  En effet, ils représentent souvent un combat (le goshin-jitsu-no-kata notamment), certes un combat codifié pour des raisons évidentes de sécurité, mais il s’agit bien du reflet d’un affrontement ;  en conséquence, les attaques de Uke doivent être sincères et fortes de façon à ce que les ripostes de Tori le soient tout autant, mais aussi qu’elles soient  réalistes et donc efficaces.

Pour les judokas, certains katas sont aussi l’occasion d’étudier des techniques « oubliées »,  interdites en compétition, c’est le cas du kime-no-kata et du goshin-jitsu-no-kata.

Le kata est également un exercice de style, certaines attitudes doivent être respectées. C’est ce qui différencie l’art martial de la simple méthode de combat ou de self-défense.

Ils sont aussi, tout simplement une addition de techniques intéressantes à pratiquer individuellement. Il n’est pas nécessaire d’attendre que se profile à l’horizon un examen pour commencer à les étudier.

Lors de l’exécution d’un kata, à l’occasion d’un examen, l’évaluation doit se faire, avant tout, en tenant compte de l’efficacité des ripostes de Tori, celles-ci  répondant aux attaques de Uke dont la sincérité doit être incontestable. Ensuite, puisqu’il s’agit de formes imposées, il est indispensable  de respecter l’ordre de la présentation, les déplacements et emplacements. Enfin il faudra être attentif à l’attitude générale dans laquelle doivent être exclus désinvolture et relâchement corporel.

Cependant, un problème et un mystère demeurent et entourent les katas : il s’agit de ces incessantes modifications dont ils sont les victimes de la part des organismes « officiels ». Cela a pour effet de décourager les élèves, de désorienter les professeurs et le jury, allant jusqu’à discréditer ces exercices.

En conclusion, je pense que pour faire apprécier le kata, il suffit simplement de le présenter comme partie intégrante de la pratique  et non pas comme un passage imposé pour l’accession à un grade supérieur.