De la tenue…

« L’habit ne fait pas le moine », un peu quand même !

Par facilité on l’appelle le « kimono », bien que ce nom désigne plus spécifiquement un vêtement d’intérieur.

Dans les arts martiaux, il existe plusieurs appellations qui définissent ce que l’on revêt dans un dojo ; parmi les plus répandues on trouve le judogi, le karategi, le keikogi. Le « jujitsugi » est très peu évoqué. Pour les principaux arts martiaux japonais on peut le nommer tout simplement « dogi ». En Taekwondo, art martial coréen, c’est le dobok.

Quel que soit son nom, cette tenue est importante et ne saurait être négligée ; j’y vois plusieurs raisons.

D’abord, chaque discipline sportive possède son « uniforme » ; il ne viendrait pas à l’idée d’un footballeur de se rendre sur un terrain de foot en judogi.

Ensuite, grâce à sa texture, cette tenue est pratique et hygiénique. Elle est résistante aux différents assauts qu’on lui fait subir. Elle est hygiénique, elle permet d’absorber les litres de sueur produits lors des entraînements.

Elle possède également comme vertu d’effacer toute distinction sociale. On ne frime pas vraiment dans un « gi ». Nous sommes tous égaux pour ces moments d’étude et de partage.

Enfin, dans le combat rapproché, notamment au sol, elle évite une proximité qui peut être parfois gênante et même rebutante pour certains et certaines.

Cette tenue, je la respecte au plus haut point ; n’est-elle pas mon principal « outil de travail » ? Elle est aussi devenue au fil des années ma « deuxième peau ». Parfois elle a même été mon « bleu de travail », comme nous le verrons plus bas.

Certains s’en affranchissent, c’est dommage, surtout dans des disciplines dites « à traditions ».

Malheureusement lorsque je vois des entraînements (d’arts martiaux) se dérouler avec une multitude de tenues : short, t-shirt, survêtement, je ne peux m’empêcher d’être peiné. Je ne pense pas que cette réaction puisse être qualifiée de « vieux jeu ». Le respect et la tradition me paraissent indispensables. Sans respect, sous quelque forme que ce soit, il n’y a plus rien.

S’affranchir de toutes les traditions au nom d’une prétendue modernité ou même d’une soi-disant liberté pourra être sans limite. Si on ne respecte pas un symbole tel que la tenue, pourquoi pas, tant que nous y sommes, ignorer le salut, le bonjour et le merci et ainsi de suite, jusqu’à manquer de respect aux personnes. Sans un minimum de rigueur et d’effort, il n’y a plus ni progrès, ni évolution, ni vie sociale digne de ce nom !

Que l’on ne cache pas, sous des prétextes d’évolution, un manque de rigueur et de respect à l’égard de notre histoire et de notre identité.

Au début des années 1970, à l’initiative du champion de judo néerlandais Anton Geesink, il y eut une tentative de « kimonos de couleurs » qui n’a pas vraiment connu le succès. Ensuite, au début des années 1990, le kimono bleu est apparu lors des compétitions de judo, dans le but de faciliter la compréhension des combats. Dans le même esprit, j’ai moi-même opté pour cette couleur dans mes démonstrations et dans des ouvrages.

Quelques professeurs l’utilisent à l’occasion de leurs cours, cela a été mon cas durant un temps, pour « aérer » mes ju-jitsugi de démonstration, à l’époque où j’en faisais. Une fois cette époque passée, je suis revenu à la pure tradition. Et puis un enseignant doit pouvoir se distinguer davantage par son savoir et son aura que par ses vêtements.

Dans cet article j’évoque les arts martiaux, mais d’autres sports de combats possèdent leur propre tenue (boxe, lutte, etc.), les pratiquants l’arborent fièrement.

Enfin, l’utilisation de la « tenue de ville » (adaptée) pourra être considérée comme un complément à l’étude de la self défense, dans des cours spécifiques. Ce pourra être aussi une approche et une étape avant de rejoindre le monde des budos. Alors : un peu de tenue !

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Les trois E du ju-jitsu…

Les trois E du ju-jitsu. Efficacité. Education. Épanouissement.

–  Efficacité, bien évidemment. Qui pourrait dire le contraire ? Certes, comme pour toute discipline, cela dépend de celui qui la pratique et surtout de celui qui l’enseigne. Ici, il est question du ju-jitsu dit traditionnel. Non pas à cause du nom, mais parce qu’il englobe toutes les techniques, sans les restrictions qu’un règlement lié à la compétition impose. En effet, toutes les techniques de combat à mains nues sont étudiées et répétées pour faire face à toutes les formes d’attaques. Les techniques sont variées en termes de « familles » (coups, projections et contrôles). Il y a aussi un travail évolutif qui est motivant. Une motivation pour toujours essayer de faire mieux, de ne pas se satisfaire du minimum. Certaines techniques du ju-jitsu sont difficiles à réaliser, surtout si elles ne sont jamais travaillées !!! Mais lorsqu’on les maitrise, on renforce son efficacité. Certes, il faut de la patience. Cependant, pour une parfaite efficacité, les techniques comme les projections et le travail au sol, ne doivent pas être négligées. A l’inverse il existe des techniques de bases très vite assimilables et praticables, pour le grand bonheur des débutants et pour se sortir de mauvaises situations.

–  Education. Dans un dojo qui mérite ce nom, les valeurs éducatives attachées aux arts martiaux sont indiscutables. La traduction de « Dojo » n’est-elle pas « le lieu où l’on trouve la voie » ? La voie qui renforce le mental, qui nous oblige à une rigueur comportementale, la politesse, le respect des personnes et des lieux, l’entraide, etc. Jigoro Kano souhaitait que sa discipline soit aussi une Ecole de Vie ; une méthode d’éducation physique et mentale. Les arts martiaux ne sont pas une passade, mais un Engagement. On fortifie (et on purifie) son corps et son esprit. Physiquement on acquiert ou on entretien une bonne condition physique, de la souplesse, des réflexes. Sur le plan mental, on renforce l’esprit non seulement sur les comportements évidents cités plus haut, mais on développe le goût de l’effort, du sérieux et de la rigueur. Il s’agit d’un ensemble  qui nous aide dans les relations familiales, amicales, sociales et professionnelles.  En résumé, il suffit d’appliquer le Code moral, celui qui est affiché dans les dojos !

– Épanouissement. Là aussi, c’est indiscutable. Bien dans son corps, bien dans sa tête. Voilà un précepte qui ne s’est jamais démenti. De plus, même si les arts martiaux réclament du sérieux dans leur pratique, nous sommes aussi dans les loisirs. Le ju-jitsu  pratiqué de façon éducative, constructive et non pas destructive, procure un réel plaisir ; on s’épanouit ! Ce qui n’est pas négligeable, surtout dans l’époque dans laquelle nous vivons, Expression corporel et l’Esthétisme sont deux E qui s’attachent à ce dernier paragraphe. Ils sont « moteurs » et incitateurs de perfectionnement.

Efficacité, Education et Épanouissement : un trio gagnant.

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Non opposition

Dernièrement, je me suis remis à l’élaboration de mon dictionnaire (amoureux) des arts martiaux.

Ce projet est en gestation depuis un certain temps, mais j’avoue que ces derniers moi j’avais l’esprit occupé ailleurs, en l’occurrence à sortir de cet enfer dans lequel j’ai été plongé bien malgré moi. J’ai décidé de le reprendre afin de pouvoir proposer assez vite un recueil dans lequel seront rassemblés les techniques et les principes que j’affectionne et les principaux personnages et évènements qui m’ont marqué durant une vie consacrée à l’art martial.

Aujourd’hui, c’est la lettre O dont il s’agit. Un O comme opposition, plus exactement non opposition.

« Surmonter l’habitude d’employer la force contre la force est une des choses les plus difficiles de l’entraînement du judo (et du ju-jitsu). On ne peut espérer progresser sans y parvenir ». Jigoro Kano

Il serait dommage d’oublier que la non opposition est « le principe de base » du ju-jitsu, notamment celui de l’École traditionnelle Yoshin Ryu (Ecole du cœur de saule), l’une de celles qui avait largement inspiré Jigoro Kano lorsqu’il a souhaité « ressusciter » notre art martial. C’est parfois oublié.

Avec la non opposition, nous sommes en présence d’un principe d’une grande intelligence. Il mériterait de ne pas être simplement utilisé dans les affrontements physiques, mais aussi dans le quotidien.

L’opposition frontale ne peut donner raison qu’au plus fort et dans la société elle ne débouche jamais sur un accord constructif. N’allons pas jusqu’à mettre en avant le dicton populaire suivant : « il vaut mieux céder à l’âne que le tuer », mais on peut s’en inspirer.

Plusieurs principes sont attachés au ju-jitsu, mais celui de non opposition régit les autres : addition de forces, utilisation de celle de l’adversaire, action réaction, etc.

Ces principes ne sont applicables qu’en association avec celui de non opposition.

Il s’agit tout simplement de se retirer de la trajectoire d’une force qui avance sur nous.

Ensuite, première possibilité, sans s’en occuper davantage, la laisser s’éteindre dans le vide.

Autre possibilité (si l’on veut maîtriser celui qui attaque), celle qui consiste à conduire la force en question, en y ajoutant la nôtre ; ce sont les principes d’utilisation de la force de l’adversaire et de l’addition des forces.

On peut aussi y ajouter simultanément un obstacle, par exemple au niveau des jambes de l’attaquant, afin de le faire chuter. Cette dernière description, sommaire j’en conviens, pourra servir de première explication pour une technique comme hiza-guruma, permettant de bien la comprendre et de bien l’assimiler. Autre exemple avec tomoe-nage où on sacrifie son corps au détriment de celui qui attaque. Comme le démontre la  figurine illustrant cet article. Figurine réalisée en son temps par mon père, Bernard Pariset.

Ce principe général de non opposition n’est en aucun cas un signe de renoncement, mais tout simplement l’incarnation du bon sens.

Force contre force, c’est forcément…le plus fort qui gagne. Et puis, utiliser la force de l’adversaire en commençant par ne pas s’y opposer, c’est aussi un moyen de ne pas gâcher sa propre énergie.

Cette non opposition, comme indiqué en introduction de cet article, est également utile dans les rapports humains, c’est ce que prônait Jigoro Kano, lorsqu’il disait : « Le conflit se fait au détriment de tous, tandis que l’harmonie se fait au bénéfice de chacun ».

Avec un peu d’entraînement, ce principe qui permet de vaincre la force brutale donne la possibilité à tous de ne pas subir la loi du plus fort est, de mon point de vue, sans jeu de mot, la principale force du ju-jitsu.

Terminons cet article avec une dernière citation : «Qui apprend à céder est maître de la force ». Lao Tseu.

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De la tenue…

Encore une rediffusion, cette fois elle porte sur la tenue, celle que nous revêtons lors de la pratique de notre art.

Ces rediffusions ne semblent pas inutiles, surtout en début de saison, dans la mesure où elles constituent tout à la fois un rappel pour certains et une nouveauté pour d’autres.

« L’habit ne fait pas le moine », un peu quand même.

Par facilité on l’appelle le « kimono », bien que ce nom désigne plus spécifiquement un vêtement porté « à la maison ».

Dans les arts martiaux, il existe plusieurs appellations qui définissent ce que l’on revêt dans un dojo ; parmi les plus répandues on trouve le judogi, le karategi, le keikogi. On évoque très peu le « jujitsugi ». Pour les principaux arts martiaux japonais  on peut le nommer « dogi ». En taekwondo, c’est le dobok.

Quel que soit son nom, cette tenue est importante et ne saurait être négligée ; j’y vois plusieurs raisons.

D’abord, chaque discipline sportive possède son « uniforme » ; il ne viendrait pas à l’idée d’un footballeur de se rendre sur un terrain de foot en judogi.

Ensuite, grâce à sa texture, cette tenue est pratique et hygiénique. Elle est résistante aux différents assauts et autres sévices qu’on lui fait subir. Elle est hygiénique, elle permet d’absorber les litres de sueur produits lors des entraînements.

Elle possède également comme vertu d’effacer toute distinction sociale. On ne frime pas vraiment dans un « gi ». Nous sommes tous égaux pour ces moments d’étude et de partage.

Enfin, dans le combat rapproché, elle évite une proximité qui peut  être  parfois rebutante pour certains et certaines.

Cette tenue, je la respecte au plus haut point ; n’est-elle pas mon principal « outil de travail » ? Elle est aussi  devenue au fil des années ma « deuxième peau ». Parfois elle a même été mon « bleu de travail », comme nous le verrons plus bas.

Certains s’en affranchissent, c’est dommage, surtout dans des disciplines dites « à traditions ».

Que l’on ne cache pas, sous des prétextes d’évolution, un manque de rigueur et de respect à l’égard de notre histoire et de notre identité.

Au début des années 1970, à l’initiative du champion de judo néerlandais Anton Geesink, il y eut une tentative de « kimonos de couleurs » qui n’a pas vraiment connu le succès. Ensuite, au début des années 1990, le kimono bleu est apparu lors de certaines compétitions de judo, dans le but de faciliter la compréhension des combats. Dans le même esprit, j’ai moi-même opté pour cette couleur dans mes démonstrations et dans des ouvrages.

Quelques professeurs l’utilisent à l’occasion de leurs cours, cela a été mon cas durant un temps, pour « aérer » mes ju-jitsugi de démonstration, à l’époque où j’en faisais. Une fois cette époque passée, je suis revenu à la pure tradition. Et puis un enseignant doit pouvoir se distinguer davantage par son savoir et son aura que par ses vêtements.

Dans cet article j’évoque les arts martiaux, mais d’autres sports de combats possèdent leur propre tenue (boxe, lutte, etc.), que les pratiquants arborent fièrement.

Enfin, l’utilisation de la « tenue de ville » (adaptée) pourra être considérée comme un complément à l’étude de la self-défense, dans des cours spécifiques. Ce pourra être aussi une approche et une étape avant de rejoindre le monde des budos.

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Les 16 Bis et les 16 Ter, l’inévitable suite

La semaine dernière, c’est un article consacré aux 16 techniques qui était proposé, il est logique que cette semaine nous nous intéressions à deux autres enchaînements créés à leur suite, à savoir les 16 Bis et les 16 Ter.

Cela a déjà été fait par le passé, mais remettre en avant des créations qui permettent à certains de découvrir et à d’autres de se perfectionner, n’est jamais une perte de temps. Et puis, quelques nouveaux arguments viennent en complément.

Les 16 Bis et les 16 Ter ont donc été mises au point après les 16 techniques. Pour faciliter la mémorisation et pour évoluer dans la difficulté face à des situations presque identiques, ce sont les mêmes emplacements pour Tori et Uke – et pour la plupart du temps les mêmes attaques – qui ont été conservés.

Ces enchaînements et ces techniques demandent une maîtrise plus importante, ils entrent dans le processus de découverte et de progression.

Les techniques sont assez spectaculaires, ce qui ne remet en aucun cas leur efficacité, loin de là. En plus d’être des outils de progressions, ils peuvent servir de démonstrations qui ne manquent pas de marquer les esprits et d’installer le ju-jitsu dans le paysage des arts martiaux. Il s’agit là d’un ju-jitsu efficace, dynamique et spectaculaire.

Ils sont composés, entre autres, de grandes techniques de projections appartenant au patrimoine du ju-jitsu et du judo, affirmaient, si besoin était, l’indiscutable indissociabilité  et  complémentarité de ces deux arts.

Pour les élèves, les intérêts  sont nombreux : perfectionnement techniques, renforcement des automatismes, de la condition physique et du travail de mémorisation, etc. Ces enchaînements mettent l’accent sur le travail de la fameuse fluidité dans la liaison des différentes composantes du ju-jitsu. Un sujet sur lequel j’insiste toujours.

C’est pour toutes ces raisons que, personnellement, elles n’ont jamais quitté mon enseignement.

Enfin, le plaisir éprouvé lors de leur exécution est un élément non négligeable,

Rien n’empêche non plus de les utiliser de la même manière que les  16 techniques de base, comme expliqué dans le dernier article, avec différents thèmes et de nombreuses méthodes d’entraînement.

A propos de la beauté dans l’exécution d’une technique, dans l’excellent livre « Les Chaussons de la révolution », paru dernièrement, de Marc-Olivier Louveau, j’ai trouvé une citation qui me satisfait totalement et que je me permets de lui emprunter : « Toute bonne technique est belle et gracieuse, elle est une figure dessinée dans l’espace où efficacité et beauté ne font qu’un ».  Je ne manquerai pas de consacrer un article à ce bel ouvrage qui traite de la naissance de la Savate.

La photo d’illustration propose les deux livres dans lesquels on retrouve ces enchaînements. Dans celui à la couverture rouge il y a les 16 Bis et dans l’autre les 16 Ter. (Ce ne sont pas les seuls thèmes, développés dans ces supports techniques.)

Les sutemis

Ils sont l’illustration parfaite du principe de non-opposition et de celui de l’utilisation de la force de l’adversaire. Dans notre langue nous les appelons aussi les « techniques de sacrifices », dans la mesure où pour appliquer les principes en question il faut se placer au sol sur le dos, afin de faire passer l’adversaire par-dessus nous. Ce sont les sutémis, ils sont praticables par tous les gabarits, leur efficacité est redoutable. Tomeo-nage la fameuse « planchette japonaise » est le plus célèbre d’entre eux.

Il y a quelques mois j’avais déjà évoqué ces techniques, mais elles représentent tellement bien une des grandes idées de Jigoro Kano, qui est de savoir faire bon usage de sa propre énergie et surtout de celle de l’adversaire, qu’il me semble important d’insister, et de compléter le précédent article qui traitait du sujet. .

Dans leur exécution, non seulement on ne s’oppose pas, mais à la force de l’adversaire on y ajoute la nôtre. Ce qui fait que même étant dénué de puissance, il suffit de « conduire » celle de l’opposant. A partir de là, « tout le monde peut faire tomber tout le monde ». Nous sommes au cœur de l’efficacité du ju-jitsu tel qu’il doit être enseigné et pratiqué. Certes sans action offensive de l’adversaire, il est impossible d’appliquer ces principes d’addition de force, mais le ju-jitsu (bien présenté) a toujours revendiqué le titre de méthode de défense et non pas d’attaque.

En judo, avec l’avènement de la compétition et des catégories de poids, certaines projections ont dû être adaptées, c’est le cas des sutemis ; dans la mesure où, à technique (presque) équivalente et à poids égal, les principes de base n’ont plus les même effets, y compris celui de la surprise pour la personne qui en agresse une autre et qui n’envisage pas forcément que celle-ci puisse se défendre en utilisant de telles techniques. Le meilleur exemple d’adaptation, pour lequel on peut presque utiliser le terme de nouvelle technique, s’appelle tomoe-nage avec l’apparition du yoko-tomoe-nage. Cette dernière forme ne trouvant sa raison d’être que dans les randoris et les compétitions de judo. Il n’existe pas vraiment d’applications en self-défense. Une analyse plus profonde de cette belle technique pourra faire un beau sujet par la suite.

Il y a donc des différences techniques mais aussi d’utilisation selon que l’on se trouve dans le cadre de la (self) défense ou bien dans celui du judo.  Ne serait-ce que dans la rue, sur un sol dur, nous nous placerons sur le dos qu’en dernière analyse, lorsque la poussée est tellement forte que nous sommes déjà en déséquilibre et que l’application de techniques, comme hiza-guruma par exemple, qui nous laisseraient debout n’est plus possible. A l’inverse, en judo les sutémis peuvent être pratiqués directement, comme toute autre technique.

Il existe aussi les « makikomi », ils sont un peu les « cousins éloignés » des sutemis. Littéralement, il s’agit de techniques d’enroulement. Le corps de Tori venant au contact de celui d’Uke pour l’entraîner avec lui jusqu’au sol. La différence essentielle réside dans le fait que pour les sutemis, il y a séparation des corps durant l’action et que pour les makikomi, c’est l’inverse, l’efficacité se réalisant dans le plus étroit contact entre les deux protagonistes (au profit de Tori, évidemment, qui emmène le corps d’Uke avec le sien dans une synergie rotative). Le point commun étant que dans les deux cas l’idée est d’entraîner l’adversaire au sol en y allant soi-même.

La maitrise de ces « techniques de sacrifices » requiert de la patience, comme toutes les autres, mais leur parfaite exécution, qui donne l’impression d’agir sans presqu’aucun effort et même de façon un peu magique, procure une joie supérieure à celle ressentie dans la réalisation des autres projections. C’est en tout cas mon sentiment.

Je profite de cette occasion pour signaler que les sutémis seront au programme – entre autres thèmes – du prochain stage à Paris (Montreuil, précisément) le 10 mai, le jour de l’Ascension.

En attendant, certains vont pouvoir profiter de congés, bonnes vacances à eux et bon courage à tous les autres.

eric@pariset.net   www.jujitsuericpariset.com

Violence…

SAMOURAI

Violence…

L’éradication de ce fléau n’est pas acquise, loin s’en faut et l’on s’en persuade encore davantage lorsque s’offrent à nous certaines vidéos d’arts martiaux sur les réseaux sociaux (qui donnent un spectacle qui ne m’aurait certainement pas donné envie de pousser la porte d’un dojo) et/ou que l’on assiste à certains comportements dans un domaine plus large. L’immensité de la tâche nous saisit. On se dit qu’il y a encore beaucoup de travail et que malheureusement l’exemple ne vient pas toujours d’en haut. Participer à la réduction de cette plaie a toujours fait partie des motivations qui m’ont animé dans l’accomplissement de mon métier. Aujourd’hui plus encore ! La fougue de la jeunesse laisse la place à davantage de sagesse liée à l’expérience. Mais surtout, à ce jour et malgré les efforts, la certitude d’un monde où régnera la concorde n’est pas encore acquise. Face à se constat, restons positifs, espérons – et surtout – œuvrons.

A maintes reprises j’ai évoqué le rôle – même très modeste – de ceux qui dispensent leur savoir dans le domaine des arts martiaux. « Enfoncer le clou » et tenter de convaincre que la violence ne se combat pas par elle-même ne me semble ni inutile ni superflu. Certes la riposte existe, et la punition aussi. Mais la prévention – par l’éducation et par l’exemple donné – doit être la priorité. Il s’agit là du fondement de la mission du professeur. Celui-ci est aussi un éducateur physique et mental. Par ce qu’il enseigne et surtout par la manière dont il le fait. Il ne suffit pas de maitriser correctement des techniques, encore faut-il être capable de les transmettre et ce n’est pas donné à tous le monde. Ensuite, la manière avec laquelle elles seront expliquées et démontrées déterminera la façon dont elles seront utilisées.

J’adhère parfaitement à la citation que l’on attribue à Jigoro Kano : « la meilleure utilisation que l’on peut faire d’un sabre, c’est de ne jamais s’en servir ». Je ne suis pas sans ignorer que l’adhésion à ce précepte ne fait pas l’unanimité. A chacun son état d’esprit, sa « philosophie ». Bien que ce dernier mot ne soit sans doute pas bien connu de tous.

L’enseignement des techniques de combat confère une énorme responsabilité à celui qui le distribue ; la plupart de ces techniques peuvent se révéler fatales. Cette mission ne peut donc pas être confiée à n’importe qui. Une solide formation sur le plan mental, éthique et philosophique est indispensable en plus de la maitrise technique.

Lorsqu’un pratiquant se présente dans un dojo qui n’est pas le sien, bien souvent la simple évocation du nom de son professeur donne une indication très précieuse, non seulement sur ses aptitudes techniques, mais aussi et surtout sur l’état d’esprit et le comportement qui seront les siens. « Dis-moi qui est ton sensei*, je te dirais comment tu pratiques ». (Sachant que dans notre domaine nous ne pouvons échapper parfois à « l’exception qui confirme la règle » !)

*Celui qui était là avant moi, qui est garant du savoir et de l’expérience d’une technique ou d’un savoir-faire.

eric@pariset.net    www.jujitsuericpariset.com

 

La fin d’une année…

hiza-gurumaLa fin d’une année, c’est aussi le moment de faire le bilan des douze mois qui viennent de s’écouler en essayant de se souvenir du meilleur et en tirant les leçons du « moins bon ». En toute objectivité, pour l’année 2016, il est des horreurs qui ne s’effaceront jamais.

Ce blog est avant tout dédié au ju-jitsu et aux arts martiaux, il n’a pas vocation à prendre partie sur les évolutions purement sociétales. Sans enfreindre une règle de neutralité, on ne peut s’empêcher de faire le constat que la tâche est encore rude pour éradiquer une violence juste insupportable.

Si à l’aide de nos arts martiaux nous pouvons y contribuer, ce ne sera pas là une moindre satisfaction. Encore faut-il que nos « arts » soient présentés, démontrés et enseignés comme ils doivent l’être et non pas simplement comme des méthodes de self-défense (très efficaces, pour certaines) mais aussi comme des « Ecoles de vie ».

Pour ma part, c’est l’occasion d’insister, une nouvelle fois, sur le rôle du professeur. Celui-ci ne devant pas être un simple « distributeur » de techniques, mais un éducateur au sens le plus large que l’on puisse lui attribuer. Il est celui qui apprend la technique, mais aussi celui qui transmet les règles (et pas simplement celles de l’arbitrage !), celles de la vie, dans laquelle discipline, rigueur, respect, goût de l’effort, etc. ne doivent pas être simplement des mots affichés dans un dojo (encore faut-il qu’ils le soient), mais des valeurs inculquées réellement à l’aide d’une pédagogie propre à chaque enseignant. Ces préceptes existent déjà dans nos disciplines, il suffit d’avoir la volonté et la capacité de les inculquer et de les faire respecter.

Des traditions qui semblent anodines pour certains débutants (ou pratiquants mal initiés) revêtent beaucoup plus d’importance qu’il ne le semble. Le salut, par exemple, que ce soit celui qui se pratique en entrant dans le dojo, en montant sur le tatami, avant et après le travail avec un partenaire. Le respect de la tenue, dans sa forme et sa propreté, et bien d’autres petits riens qui, additionnés forment un ensemble sur lequel l’on peut commencer à construire un solide édifice au sein duquel nous pourrons bénéficier d’une meilleure vie en société.

A titre très personnel, l’année qui se termine aura été marquée par quelques changements notoires, quelques déceptions sur le plan humain, mais aussi par beaucoup d’heures passées sur les tatamis à partager mes connaissances, mon expérience et ma passion auprès de pratiquants tout aussi passionnés. Et enfin, une installation que j’espère pérenne, dans un endroit qui favorisera un épanouissement salutaire clôture de belle façon cette année 2016.

Je souhaite à toutes et à tous d’excellentes fêtes et une très belle année 2017. Plus particulièrement je formule le vœu que les budokas soient les ambassadeurs d’une sagesse qui manque parfois sur cette planète.

Site ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com

Cap à l’Ouest

niortDes raisons personnelles d’ordre familial m’amènent à quitter le Sud-Est pour mettre le cap à l’Ouest. Quitter les rivages de la Méditerranée pour me rapprocher de ceux de l’Atlantique. A partir de ce mois de décembre, c’est à Niort dans le département des Deux-Sèvres que je poserai mes valises. En quelques mois j’aurais effectué une sorte de « périple » ressemblant à un petit tour de France.

Ce lieu ne m’est pas inconnu, il ne s’agit donc pas à proprement parler d’une aventure, mais tout simplement d’une nouvelle vie, « proche de mes proches » et cela n’a pas de prix.

Une région dans laquelle, en plus de profiter de ma famille, j’exercerai mon métier en partageant ma passion, le ju-jitsu.

Et puis, grâce au TGV, la capitale ne sera pas éloignée, cela signifie que de nombreuses incursions parisiennes, sous la forme de stages, seront réalisables de façon régulière.

De plus Niort n’est pas non plus éloigné de villes dans lesquelles le ju-jitsu est bien présent ; cela annonce de belles rencontres.

Enfin, Soulac-sur-Mer est très proche et renouer avec les grands rassemblements estivaux qui, vingt cinq années durant, n’ont pas manqué de faire le bonheur de centaines de stagiaires et le mien, n’est pas une perspective déplaisante.

Laisser les belles collines varoises écrasées par le soleil et qui se dessinent dans un azur parfait aussi bleu que la Méditerranée ne se fait pas sans un petit pincement au cœur. Mais il y a des soleils ailleurs que dans le ciel et la contrepartie est une nouvelle vie dans un cadre bucolique aussi enivrant que les parfums azuréens. Pour le ju-jitsu aussi, ce sera l’occasion de nouveaux projets, tout en gardant un lien solide avec le passé.

Site ju-jitsu eric pariset : www.jujitsuericpariset.com   Mail : eric@pariset.net

A quelque chose malheur…

Au cœur de l’été, un « peu de philosophie » ne peut pas faire de mal ! J’ai trouvé le récit proposé ci-dessous, adapté à beaucoup de situations vécues. J’ai voulu en faire profiter les fidèles lecteurs de ce blog. Ce conte est extrait d’un livre de Catherine Rambert : Petite Philosophie du matin, paru au Livre de Poche.

Le Paysan et le Sage

Au siècle dernier, dans un village du fin fond de l’Asie, vivait un vieux sage. Les habitants avaient l’habitude de le consulter pour lui soumettre leurs problèmes, et d’écouter ses conseils avisés. C’était un homme aimé et respecté de tous.

Un jour, un paysan du village vint le voir, affolé. L’unique bœuf qu’il possédait pour l’aider à labourer son champ était mort dans la nuit. Eploré, il se lamentait sur ce qui lui semblait être la pire des catastrophes.

                — Peut-être que oui… peut-être que non…, se contenta de dire le sage d’une voix douce.

Ne sachant que penser de cette réaction, le paysan s’en alla, perplexe. Quelques jours plus tard, il revint, fou de joie. Il avait capturé un jeune cheval sauvage et l’avait utilisé pour remplacer son bœuf et tirer la charrue. L’étalon fougueux facilitait les labours, tant il était vif.

                Le paysan dit au sage :

                — Tu avais bien raison. La mort de mon bœuf n’était pas la pire des catastrophes. Ce cheval est une bénédiction.

                — Peut-être que oui… Peut-être que non…, répondit le penseur avec douceur et compassion.

                En partant, le paysan se dit que décidément, le vieux sage était un homme curieux, puisqu’il n’était pas capable de se réjouir avec lui de sa bonne fortune.

                Mais quelques jours plus tard, le fils du paysan se cassa la jambe en tombant du cheval et dut s’aliter pendant plusieurs jours.

                L’homme retourna voir le sage pour pleurer sur cette nouvelle calamité. Son fils allait être immobilisé pour les moissons, et il craignait que sa famille meure de faim.

                — Quel malheur ! répétait-il.

               — Peut-être que oui… peut-être que non, opina tranquillement le sage.

                — Décidément tu ne sais dire que cela, s’énerva le paysan. Si c’est là tout le réconfort que tu me donnes, je ne viendrai plus te voir !

                Et il sortit, tout à sa colère.

                C’est alors qu’une terrible nouvelle se répandit dans le pays. La guerre venait d’éclater. Des troupes de soldats vinrent enrôler tous les jeunes hommes valides. Tous ceux du village furent contraints de partir vers une mort probable au combat. Tous, sauf le fils du paysan, toujours blessé.

                Ce dernier retourna une nouvelle fois chez le sage.

                — Pardonne-moi, implora-t-il. J’ai passé mon temps à me lamenter sur ce qui m’arrivait et à imaginer les pires catastrophes, alors que rien de tout cela ne s’est produit. Au lieu de rester calme, j’ai paniqué et je t’ai maudit. Je sais aujourd’hui qu’il est vain d’imaginer l’avenir, car on ne sait jamais ce que le futur nous réserve. Il faut garder espoir, tant il y a toujours de pire malheur que le sien. Enfin… peut-être que oui… ou peut-être que non.

                Et le sage sourit, plein de bonté et d’indulgence.

Voilà !