Né-waza

Poursuivant l’étude des différents secteurs qui enrichissent notre discipline, c’est au tour du travail au sol de se trouver à l’honneur.
Il y a un peu plus d’un an, j’avais déjà consacré un article sur ce sujet que j’affectionne particulièrement. C’est aussi une histoire de famille.
Le ne-waza est indispensable pour une culture générale du combat, même si certains sont assez récalcitrants par rapport au fameux contact qui particularise le sol. Cette réticence s’efface rapidement et complètement avec la pratique.
Sur le plan purement technique, ce domaine se compose de clés, d’étranglements et d’immobilisations. Ce dernier secteur est plus aléatoire en matière de défense pure. Très utilisées en judo, les immobilisations pourront l’être en ju-jitsu dans les exercices d’opposition codifiés (qui donnent le sens du combat en corps à corps) et en défense (à la condition que les bras soient aussi neutralisés). A l’étude, les clés aux bras et aux jambes seront travaillées, mais lors des combats d’entraînement, seuls seront pratiquées les clés sur les membres supérieurs, pour des raisons de sécurité. 
Le sol est intéressant techniquement, physiquement et intellectuellement (pour ceux qui possèdent l’outil nécessaire).
Techniquement, il est incontournable dans le cadre d’une parfaite efficacité et tant pis pour ceux qui ne jugent pas utile de maîtriser un domaine dans lequel ils ne pensent jamais devoir être entraînés.
Physiquement il s’adapte à tous et notamment quel que soit l’âge. Par exemple, même si la vitesse est importante, elle ne sera  pas indispensable. Au sol, on bénéficie de temps, contrairement au travail debout. Un proverbe  japonais le confirme : « Le serpent n’avale pas la grenouille en une fois » !
Intellectuellement, il demande une vraie stratégie et on aura le temps de l’établir. Les joueurs d’échecs font un parallèle entre les deux activités. On peut préparer plusieurs coups à l’avance et c’est là que le principe « action-réaction » se révèle à merveille.
L’aspect ludique y est indiscutable et permet de « s’amuser à combattre ».
Une autre particularité du ne-waza réside dans la rapidité et la régularité des progrès réalisés. Ce qui me fait dire souvent à mes élèves, avec une certaine causticité : « Voilà un domaine, où même “les mauvais” pourront progresser, à force de travail. »
Cet article doit être considéré comme un résumé. Le travail au sol pourra être traité de manière encore plus approfondie.
D’ailleurs, l’excellente revue L’Esprit du judo consacre, dans son numéro de janvier, un dossier très complet sur un sujet qui, reconnaissons-le, passionne de plus en plus.

Site du club ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com

Kantsetsu-waza : « la solution clé »

Nous poursuivons notre voyage dans les nombreuses familles qui peuplent notre discipline.
Kantsetsu-waza en japonais, « clés » dans notre langue, sur bien des aspects cette partie du ju-jitsu est peut-être la plus intéressante.
Pour qui se donnera la peine de consacrer un peu de temps à leur étude et à leur perfectionnement, il pourra mesurer leur redoutable et indiscutable efficacité et y trouver de multiples avantages. A l’inverse des étranglements évoqués lors du dernier article, leur vocation n’est pas tout à fait identique, même si elles appartiennent à la même famille : les katamé-waza (travail des contrôles). L’étranglement, nous l’avons vu, est fatal. Alors qu’à l’aide de la clé, la possibilité est offerte de graduer sa maîtrise. La notion de légitime défense, mais aussi celle du respect de la vie humaine sont des facteurs dont il faut tenir compte dans une pratique évolutive qui n’a pas comme unique objectif l’élimination pure et simple. Maîtriser quelqu’un sans forcément mettre ses jours en danger révèle non seulement d’un état d’esprit mais dans certains cas d’une nécessité. Pour la police par exemple ! À la différence de méthodes militaires qui ne sont pas toujours en adéquation avec la vie de tous les jours.
Comme indiqué plus haut, il faudra du temps pour maîtriser parfaitement une clé (les débutants ne me contrediront pas), ce temps est synonyme de patience et de rigueur. Ce sont là des vertus qui apporteront des satisfactions vis-à-vis de soi-même. Elles seront aussi le signe d’une pratique régulière et assidue, donc de progrès et d’efficacité, comme je ne me lasse pas de le répéter au fil de mes articles.
Sur le plan purement technique, deux grands groupes se distinguent. Les clés en hyperextension et les clés en torsion. Ensuite il existe les clés appliquées aux membres supérieurs et celles exécutées sur les membres inférieurs. Seront à travailler avec la plus grande prudence celles qui seront appliquées au niveau des cervicales. Ces dernières rejoignent les étranglements dans leur irréversibilité. Enfin, elles s’appliquent aussi bien debout qu’au sol. Dans bien des cas elles seront le dernier élément d’un enchaînement type,  à savoir : coup, projection et clé.

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Shimé-waza

Étranglements… À ne pas mettre entre toutes les mains !
La semaine dernière, nous avons consacré quelques séances à une famille particulière de techniques : les shimé-waza. Une petite note à leur sujet pourrait être utile.
L’efficacité des étranglements s’acquiert avec beaucoup de temps, sans doute davantage que pour les autres techniques, et c’est tant mieux. Il serait ennuyeux que n’importe qui puisse les utiliser après quelques séances. Il est indispensable d’être mûr dans sa maîtrise corporelle mais aussi dans sa tête.  Il s’agit d’armes à l’efficacité redoutable. Certes un coup de pied, même mal donné, peut faire mal (c’est d’ailleurs pour cela que l’on étudie les parades), mais l’étranglement, presque par définition, est fatal immédiatement et à 100 %. Surtout dans le cas où l’on ne s’arrêterait pas après le signal d’abandon, à condition toutefois de ne pas ignorer cette convention de la part de celui qui subit.
C’est pour cela qu’il paraît raisonnable d’avoir fait l’acquisition d’une certaine maturité lors des nombreuses séances d’apprentissage et d’entraînement. Il ne suffit pas de connaître  la technique sur le plan de l’efficacité, il faut aussi en mesurer toutes les conséquences et d’une certaine façon être capable de la maîtriser, de la gérer, de la contrôler, de la doser…
Sinon, les « strangulations », autre appellation quelque peu barbare, ne requièrent aucune force physique, juste un savoir-faire. Elles entrent totalement dans l’esprit du ju-jitsu où le plus faible physiquement peut maîtriser le plus fort. Beaucoup de « petits gabarits » et notamment les femmes en ont fait une spécialité.
De plus, ils se pratiquent aussi bien debout qu’au sol, de face ou bien en étant placé derrière l’adversaire, à mains nues ou à l’aide d’une veste, en se servant des membres supérieurs ou des membres inférieurs. Difficile de rivaliser avec eux sur la pluralité.   
Un prochain vendredi à thème leur sera consacré. 
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Cela aurait pu très mal finir

Voilà une mésaventure qui se termine un peu près bien, alors que l’issue aurait pu être dramatique.
Il s’agit de l’histoire d’un élève ? qui restera anonyme ?  victime d’une agression sur son lieu de vacances à l’occasion des fêtes de fin d’année.
Une attaque très violente, puisque son agresseur était armé  d’un tesson de bouteille. La personne en question souhaitait vendre de la drogue à sa victime. Celle-ci, n’étant accro qu’au ju-jitsu, déclina la proposition ! C’est quand il lui tourna le dos pour continuer son chemin que l’individu (selon la formule consacrée) l’agressa par derrière et dans un mouvement circulaire pour atteindre la joue avec un tesson de bouteille. Le verre n’est pas passé loin de l’œil, le terme dramatique n’est pas usurpé.
L’agressé s’est  retourné et s’est retrouvé face à son attaquant, qui non content de sa première tentative, persistait en le menaçant  avec  le tesson de bouteille. Notre élève ( loin d’être haut-gradé !) lui a alors tout simplement saisi la main armée et lui a appliqué  un ude-gatame basique (clef en hyperextension sur le coude, pour les non-initiés). Il se trouve que cette technique avait été travaillée lors de son dernier entraînement !
Loin de moi l’idée de vanter quelques mérites que ce soit, autres que ceux de la victime qui a su réagir et garder sa lucidité, je suis très heureux que cet élève s’en sorte en limitant ses blessures. 
Relater ce récit, c’est aussi essayer de renforcer l’assurance de ceux qui pourraient en manquer et leur prouver, si besoin est, que les techniques que nous pratiquons peuvent servir. Il ne s’agit pas d’une garantie totale ; nul n’est invincible et personne ne doit se surestimer. A l’inverse, prendre confiance en soi et savoir que l’issue n’est pas forcément en défaveur de l’agressé est un élément important à ne pas sous-estimer.

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Programme du début d’année

Reprise des cours le jeudi 3 avec deux séances en soirée : 18 h 45 à 20 h 00 et 20 h 00 à 21 h 15.
Vendredi 4 : cours au sol à 12 h 00 et premier vendredi à thème de l’année à 19 h 00. Au programme, les méthodes d’entrainement. Excellente reprise après deux réveillons !
Attention, cette séance sera exceptionnellement ouverte à toutes les ceintures.
Comme annoncé précédemment, il n’y aura pas de cours à 18 h 00 ce vendredi là.
Samedi 5, tous les cours seront assurés ; les adultes à 11 h 15 et l’ensemble des cours enfants dont c’est le grand retour après 15 jours de congés et pour huit semaines sans vacances (aie, aie !).
Lundi 7 janvier, le club propose une séance un peu particulière, à la fois initiation pour les néophytes et remise à niveau pour les ceintures blanches et jaunes du club. À une période de l’année, où sont parfois prises de bonnes décisions, les personnes qui souhaitent se mettre au ju-jitsu pourront en profiter. Pour les ceintures blanches et jaunes  ce sera l’occasion de réviser les  techniques et les principes de base et éventuellement  de passer la ceinture supérieure.
Mardi 8, le planning habituel sera opérationnel.
Bon courage à tous pour la reprise et à nouveau, très belle année 2013.

Voeux Ju-jitsu

Bonne année à toutes et à tous. Santé et bonheur.

Pour ce qui nous rassemble plus particulièrement à savoir le ju-jitsu, je vous souhaite une pratique régulière et intelligente permettant, entre-autre, l’application de l’une des maximes de Jigoro Kano « entraide et prospérité mutuelle ».

 

 

Les 16 techniques et les 16 bis

Le prochain vendredi à thème sera consacré aux 16 techniques et aux 16 bis. Lors de la séance du mois dernier, consacré au même thème,  nous avions étudié les huit dernières des 16 techniques et les huit premières des 16 bis. Demain, nous ferons l’inverse, à savoir les huit premières des 16 techniques et les huit dernières des « bis ».
Il n’est pas nécessaire d’avoir assisté à la séance du mois de novembre pour pouvoir participer à celle de vendredi prochain.
Si  les 16 techniques sont bien connues de nos pratiquants, c’est un peu moins le cas pour les 16 bis. Celles-ci ont vu le jour quelque temps après leur « petite sœur », au début des années 80. Elles ont été élaborées pour constituer un complément technique en proposant des ripostes d’un niveau supérieur en réponse à des attaques similaires. Beaucoup de chutes impressionnantes composent cet enchaînement. Cela en fait un exercice d’apprentissage issu du « patrimoine ju-jitsu », une méthode d’entraînement développant précision, rythme et condition physique et pour ne rien gâcher, leur exécution s’avère être une très belle démonstration. Autant de bonnes raisons pour ne pas rater ce prochain vendredi à thème.

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Ju-jitsu : expression libre

Apprendre à construire un enchaînement libre est un exercice passionnant.
Pour cela, il sera indispensable de posséder un minimum d’organisation.
Il faudra présenter une diversité importante d’attaques : travail à distance, défenses sur coups de poing et de pied, sur saisies, sans oublier les techniques contre armes.
Face à ces attaques, il faudra faire état d’une diversité de combinaisons mettant en valeur une pluralité de techniques appartenant aux trois composantes du ju-jitsu.
Le soin apporté aux  finalités s’avérera incontournable.
Enfin, posséder une bonne condition physique procurera une véritable plus-value.
Dans notre école, les ceintures bleues et marron devront démontrer plusieurs techniques selon la formule qui consiste à en présenter une, puis une deuxième et – après un temps de concentration – les enchaîner vite et fort. Ainsi de suite jusqu’à la quatrième technique pour les ceintures vertes à bleues et jusqu’à la cinquième pour l’obtention de la ceinture marron.
Parmi les épreuves pour l’examen de la ceinture noire, il sera demandé aux candidats d’exécuter une démonstration  d’une durée d’une minute. C’est là qu’il sera encore plus utile de suivre les conseils énoncés en première partie de cet article.
Le prochain vendredi à thème (le 7 décembre à 19 h 00) permettra, sans nul doute, d’avancer dans ce domaine.
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Le Parisien et le ju-jitsu

Ce matin, dans le journal « le Parisien », il y a un article sur les championnats du monde de ju-jitsu (?) et sur Vincent Parisi qui y participe pour la dernière fois.
Quelques réflexions me viennent spontanément à l’esprit.
– j’ai une admiration sans borne pour d’Angelo Parisi (le père de Vincent, évoqué dans l’article en question), premier Français champion olympique en 1980 à Moscou et surtout, pour moi, le plus beau judo.
– j’aime bien Vincent.
– je n’aime pas (ce n’est pas nouveau) la compétition en ju-jitsu.
– je n’aime pas du tout la définition du ju-jitsu que donne le journaliste : « Sport méconnu, le ju-jitsu mélange le judo, la lutte et la boxe. » Navrant !

Notre histoire

J’ai le plaisir de vous proposer un conte japonais qui pourrait s’intituler : « notre histoire » !
Le cœur de saule
Le médecin Shirobei Akyama était parti en Chine pour étudier la médecine, l’acupuncture et quelques prises de Shuai-Chiao, la lutte chinoise.
De retour au Japon, il s’installe près de Nagasaki et se met à enseigner ce qu’il avait appris. Pour lutter contre la maladie il emploie de puissants remèdes. Dans sa pratique de la lutte il utilise beaucoup sa force. Mais devant une maladie délicate ou trop forte, ses remèdes sont sans effets. Contre un adversaire trop puissant, ses techniques restent inefficaces. Un à un ses élèves l’abandonnent. Shirobei, découragé, remet en question les principes de sa méthode. Pour y voir plus clair, il décide de se retirer dans un petit temple et de s’imposer une méditation de cent jours.
Pendant ses heures de méditation, il bute contre la même question sans pouvoir y répondre : «  Opposer la force à la force n’est pas une solution car la force est battue par une force plus forte, alors comment faire ? »
Or, un matin, dans le jardin du temple où il se promène, alors qu’il neige, il reçoit enfin la réponse tant attendue : après avoir entendu les craquements d’une branche de cerisier qui cassa net sous le poids de la neige, il aperçoit un saule au bord de la rivière. Les branches souples du saule ployent sous la neige jusqu’à ce qu’elles se libèrent de leur fardeau. Elles reprennent alors leur place, intactes.
Cette vision illumine Shirobei. Il redécouvre les grands principes du Tao. Les entences de Lao-Tseu lui reviennent en tête :
Qui se plie sera redressé
Qui s’incline restera entier
Rien n’est plus souple que l’eau
Mais pour vaincre le dur et le rigide
Rien ne la surpasse
La rigidité conduit à la mort
La souplesse conduit à la vie
Le médecin de Nagasaki réforme complètement son enseignement qui prend alors le nom de Yoshinryu, l’école du cœur de saule, l’art de la souplesse, qu’il apprendra à de nombreux élèves.

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