Henri Courtine
Comme promis un nouvel hommage, plus personnel, cette fois !
Dissocier Henri Courtine de mon père est impossible, le contraire l’est tout autant.
Mon chagrin en a été que plus important à l’annonce de sa disparition.
Il a été un champion au palmarès exceptionnel, son judo l’était tout autant, grâce à un style d’une grande pureté. Spécialiste, entre autre, des balayages, ce qui lui avait d’ailleurs valu la « une » d’un journal qui n’avait pas manqué d’humour : Courtine le « roi des balayeurs ».
Il y a eu le champion, le professeur, mais aussi le dirigeant qui a occupé des postes prestigieux en France, mais aussi au niveau international.
Cette carrière force l’admiration. Mais pour moi qui ai eu la chance de le côtoyer dans la sphère privée, il représente bien plus que tout cela. Celui qui fut l’adversaire de mon père sur les tatamis, mais aussi et surtout son meilleur ami dans la vie est devenu au fil des années mon « père spirituel ».
Nous avons eu un long parcours en commun.
Je l’ai connu alors que j’étais tout jeune enfant à Beauvallon-sur-mer, sur les bords de cette Méditerranée qu’il aimait tant. Précisément au camp de vacances du Golfe bleu où il dirigeait chaque été avec mon père et Anton Geesink le stage international.
Ensuite il a été mon professeur à la section judo du collège de Saint-Michel de Picpus à Paris. Cela me vaut d’avoir mes ceintures de couleur signées de la main de Bernard Pariset (naturellement mon premier et principal professeur) et de celle d’Henri Courtine (ils ne doivent pas être nombreux sont qui ont eu cette chance et cet honneur).
Puis, alors qu’il exerçait la fonction de Directeur technique national et qu’il avait validé la remise en valeur du ju-jitsu initiée par mon père, j’ai participé à l’élaboration de nombreux documents techniques sous sa responsabilité.
Ensuite nous nous sommes retrouvés sous les couleurs de la section judo du Stade Français. Lui président et moi combattant.
Quand à la fin de sa carrière il a été nommé directeur du CREPS de Boulouris, nous avons eu à nouveau l’occasion de nous retrouver en Provence lorsque je participais à l’encadrement de stages fédéraux.
Je n’oublie pas les fois où j’ai été invité à passer quelques semaines de vacances en sa compagnie et celles de Micheline son épouse et de sa fille Catherine, à Sainte-Maxime, toujours dans le Var. Notamment en 1969, ce qui nous a valu d’assister ensemble en direct, le 21 juillet précisément (le jour de mes quinze ans) « aux premiers pas sur la Lune ».
Nous avons pu également faire quelques balades à cheval dans le beau département de l’Yonne, lorsqu’il venait passer quelques jours dans notre famille.
D’ailleurs si l’équitation était devenue la deuxième passion de mon père c’est grâce à Henri Courtine qui l’avait « trainé » un jour dans un ranch à Saint-Aygulf, pour occuper les « soirées d’après judo » du golf bleu. Il n’imaginait pas qu’ensuite, en plus de la direction de son club de la Rue des Martyrs à Paris, mon père allait créer un centre équestre à deux heures de la capitale.
A l’heure actuelle nous avons une propension à tourner trop rapidement les pages, à oublier nos aînés et ce qu’ils nous ont légué, faisons en sorte qu’il n’en soit pas de même pour le judoka qui m’a enchanté, le dirigeant que j’ai respecté et l’homme que j’ai admiré !
Sur la photo d’illustration (scène de la vie quotidienne au camp de vacances du Golfe bleu à Beauvallon-sur-Mer) déjà publiée dernièrement mais qui « colle » parfaitement à l’article, de gauche à droite : Mon père, Madame Courtine, Catherine Courtine, Henri Courtine, ma mère, votre serviteur et Massanori Fukami.