Classement 2020

Chaque semaine sur la page Facebook « Club Jujitsu Eric Pariset » (partagé sur ma page perso) et sur mon blog, je publie un article. Du côté « administrateur » je bénéficie d’un compteur qui me communique le nombre de « personnes touchées ». Il me donne une indication sur les articles qui ont attiré le plus l’attention.

Cette année, ce classement ne mérite pas le nom de palmarès dans la mesure, comme on pouvait l’imaginer ce n’est pas un article glorieux qui devance, et de loin, tous les autres. En effet, il s’agit d’un bien pénible article, celui paru le 29 mai avec le titre évocateur de  « triste obligation », celle de rendre les clefs du dojo qui avait ouvert ses portes juste un an plus tôt. Avec plus de 86 000 visites, c’est un triste record qui a été établi par l’article en question.

Le deuxième est loin derrière avec 18 609 personnes touchées. Il évoquait l’importance du professeur, en l’occurrence du premier professeur ; un sujet beaucoup plus optimiste, qui remue un peu plus le couteau dans une plaie béante.

En troisième position, avec le chiffre de 15 330,  on trouve la « lettre ouverte » que j’avais adressée au Président de la République pour lui faire part de mon incompréhension et de ma colère mais aussi de l’injustice que  représentait – et représente toujours – l’assassinat d’un  beau projet et surtout de la perte de mon outil de travail. Et que, contrairement à ce qui avait été promis et le « quoiqu’il en coûte qui accompagnait les propos présidentiels, beaucoup ont été laissés « au bord du chemin » et même au « fond du ravin ». J’avais reçu une réponse dans laquelle m’étaient posées quelques questions auxquelles j’ai répondu ; cela est resté sans suite, cette fois.

La place de quatrième revient à un post évoquant « mon ju-jitsu », avec 11 216 personnes atteintes. Une place qui, elle aussi, accentue les regrets de ne plus pouvoir transmettre une belle discipline.

C’est avec une certaine logique que le sujet traitant de mes démonstrations se place en cinquième position avec un compteur indiquant 10 127.

Ce classement signifie bien l’importance que représentent les conséquences désastreuses engendrées par l’épidémie et sa gestion. Aujourd’hui, le but n’est pas de polémiquer, mais juste de constater et d’espérer au plus vite une sortie de cauchemar.

Avec la deuxième place qui évoque le professeur s’exprime la forte reconnaissance envers certaines valeurs.

Enfin, la quatrième et la cinquième positions  saluent sans doute le travail accompli.

Dates de parution des publications :
Triste obligation : 29 mai.
Le professeur : 8 septembre.
Lettre ouverte…: 12 juin.
Mon ju-jitsu : 5 octobre.
Mes démonstrations : 8 novembre.

Neuf mois, triste période…

Neuf mois d’une vie particulière et ce n’est pas fini, puisque  une troisième vague nous est annoncée, à moins que – plus précisément – ce soit la première qui n’en finisse pas. Quand ce cauchemar cessera-t-il ? Une vague impression nous submerge, celle de constater que plus sont restreintes nos libertés, plus le virus progresse. A quand une vie normale ?
Si toutefois c’est possible pour ceux dont la vie a basculé en une soirée de mars 2020, suite à une injonction présidentielle.

Évoquer sa grand-mère n’est pas réservé au Ministre Darmanin (il cite souvent son aïeule), la mienne disait : « Chacun voit midi à sa porte ». Il est évident que les conséquences de cette crise ne sont pas identiques pour tout le monde, il en est donc de même pour les réactions.

Qui pourrait supporter neuf mois sans revenu ? Qui ? C’est pourtant c’est ce qui arrive à bon nombre de petits entrepreneurs qui vont être projetés dans  la précarité, dans la désespérance et puis dans la misère. Il ne faut pas nier la gravité de la crise sanitaire que nous vivons, mais il n’est pas utile d’être un grand devin pour pronostiquer d’autres conséquences sur le plan de la santé ; elles seront (et sont déjà)  d’une extrême gravité, celles engendrées par la destruction d’une carrière professionnelle. Ce ne sont pas des  conséquences indirectes, mais  des conséquences directes, elles sont liées à la perte de ce que l’on appelait dans le temps « le gagne-pain ». Cette expression populaire est expressive à souhait. Je n’ose pas imaginer les réactions que cela pourrait susciter dans des secteurs mieux défendus. Les travailleurs indépendants ne bénéficient ni de syndicats ni de chômage.

Certains ont été touchés directement  dans leur chair par le virus, d’autres vont l’être directement par la perte de ce « gagne-pain ».

Je sais qu’il est difficile d’imaginer ce que représente l’interdiction d’exercer son métier et par conséquent de gagner sa vie. Une interdiction mise en place brutalement, au nom d’une solidarité, de toute évidence à sens unique ; sans retour d’ascenseur. Une partie de la population a été sacrifiée, je n’exagère pas la formule.

On a beau être des combattants de par la discipline que nous pratiquons, mais si l’on casse les pattes de n’importe quel mammifère, avec la meilleure volonté du monde, il ne peut plus avancer.  Quant à entrevoir la possibilité d’une reconversion, en période de crise économique, c’est loin d’être gagné.

A cette misère annoncée, suffisante pour « craquer », il y a le terrible sentiment que le sport en général et bien plus encore nos disciplines dites de contact sont marginalisées, stigmatisées et même sacrifiées. Leur enseignement est pourtant d’une haute valeur éducative et une passion dont il est difficile de se passer.

D’autre part,  s’il est indispensable d’interdire des activités jugées trop dangereuses pour être autorisées en période de pandémie, il faut le dire clairement. Or ce n’est pas le cas. Un seul exemple : jeudi dernier le Premier Ministre déclare que toutes les pratiques en intérieur seront interdites y compris pour les mineurs et le lendemain matin on nous annonce le contraire. Comment comprendre et interpréter ces incessants revirements ?  On voudrait jouer avec les nerfs des personnes concernées, on ne s’y prendrait pas autrement. Si l’on ajoute qu’il est précisé que les activités de contact devront se faire…sans contact, c’est à se demander si nous ne sommes pas considérés comme des imbéciles.

Dans certains secteurs les solutions palliatives et/ou de rebond ne sont pas faciles à mettre en place, pour ne pas dire impossibles.  Certains de façon courageuse, qu’il faut saluer, tentent de garder le contact avec des animations en ligne, mais elles ont leurs limites. Il n’est pas difficile de comprendre  que faire de la natation, pratiquer l’équitation ou le judo tout seul chez soi est tout simplement impossible. Ce qui a justifié mon commentaire accompagnant la vidéo mise en ligne samedi matin.

Ils sont nombreux aussi, ceux qui de façon toute aussi courageuse annoncent qu’ils ne « lâcheront rien », mais c’est nous qui sommes lâchés !

Oui, un jour nous pourrons vraisemblablement pratiquer à nouveau. Mais tout d’abord, quand ? Et lorsque cela sera enfin possible, il faudra reconstruire sur un champ de ruines et être doté d’une longue et terrible patience. Sans doute des années seront nécessaires pour retrouver un fonctionnement équilibré. Encore faudra-t-il qu’il ne soit pas trop tard.

A grand renfort de communication on nous annonce que des milliards d’aides sont versés aux entreprises en difficulté. Mais ces aides seront largement insuffisantes par rapport aux dégâts,  quand il ne manquera pas des cases qui vous exclurons des bénéficiaires par rapport aux aides en question. Et qu’en est-il pour les entreprises qui sont déjà fermées ? Celles qui ont déjà mis la « clef sous la porte » (encore une belle « expression expressive ») à l’occasion de la première vague du printemps.

Tout le monde n’étant pas frappé de la même manière, nous assistons à un début d’affrontement entre deux France. Avec d’un côté ceux qui n’ont rien perdu (tant mieux pour eux) et de l’autre ceux qui vont tout perdre, ou qui ont déjà tout perdu. Cette réflexion n’est pas l’émanation d’une quelconque jalousie, mais de l’incompréhension et de la colère face à une forme d’injustice dans la mesure où seulement quelques secteurs subissent la charge et les conséquences de cette pandémie.

eric@pariset.net

Cinquième et dernier volet concernant mes démonstrations

Pour conclure cette rétrospective qui couvre presque trente années de démonstrations au service du ju-jitsu, c’est  la décennie  1995/2005 qui est évoquée. (Il est possible de retrouver les « épisodes » précédents sur mon blog.)

Durant ces dix années, ce fût plus calme en nombre de démonstrations présentées. Trois participations au festival de Bercy, en 1977, 2000 et 2005. Quelques passages en province, à Nice par exemple en 2004 et à l’étranger aux Pays-Bas, en 2003.

Le temps fort de cette période fût incontestablement l’année 2000 (tout un symbole) lorsque le magazine Karaté-Bushido, l’organisateur du festival annuel des arts martiaux de Bercy, m’a confié la rude tâche de présenter une démonstration qui ferait revivre un fait marquant de l’histoire du judo et du ju-jitsu porté à l’écran en 1943 avec le magnifique film d’Akira Kurozawa :« La légende du grand judo ».

Nous avons pris certaines libertés  en proposant avec quelques tableaux l’histoire de la naissance du judo, après que  Jigoro Kano, ayant visité plusieurs écoles de ju-jitsu, donna naissance à sa propre synthèse.

Ce fût la plus longue de toutes les démonstrations présentées, celle qui a demandé le plus de préparation.

Elle déclinait plusieurs tableaux. En ouverture nous présentions des techniques réalisées au ralenti. Un deuxième tableau mettait en scène deux couples censés représenter des « Ecoles de ju-jitsu » visitées par Jigoro Kano. Le premier proposait une forme de travail basée sur le katame-waza (les contrôles), le  deuxième sur le nage-waza,(le travail des projections). Après avoir assisté à ces deux styles, j’enchainais, dans le rôle prestigieux de Jigoro Kano, avec une démonstration  présentant quelques grandes techniques, le fruit de l’observation et de la recherche du grand homme.

Avant le dernier volet,  l’exécution par deux couples en parfaite synchronisation présentait une partie de l’enchaînement des « 16 Bis ».

La dernière phase était consacrée, comme toujours, à un combat contre plusieurs adversaires. Cette fois, ils étaient six à « vouloir ma peau ».

Que me soit confiée cette tâche fut à la fois un grand honneur et une grande responsabilité. Trois mois de répétitions ont été nécessaires pour mener à bien ce challenge. Il s’en est fallu de peu que tout soit remis en question quelques jours avant pour cause d’entorse à la cheville. Heureusement celle-ci était bénigne et avec l’aide d’un bon « strap », tout a pu se dérouler de la meilleure façon.

En 2005, quelques mois après la disparition de mon père, Karaté-Bushido avait tenu à ce que je sois présent, rendant d’une certaine façon hommage à cette personnalité des arts martiaux. Pour cause de programme très chargé, nous n’avions que quelques minutes pour démontrer le ju-jitsu. Parmi mes partenaires, il y avait un de mes plus anciens élèves, Olivier Beyrand, disparu bien trop tôt.
Ce festival des arts martiaux 2005 clôturait plusieurs décennies de prestations. Il s’agissait du dernier Bercy et tout simplement de ma dernière démonstration.

Même si toutes ces participations n’ont pas constitué la part la plus importante de mon parcours au service du ju-jitsu, mon métier étant avant tout l’enseignement, je pense qu’elles ont largement contribué à la reconnaissance de cette belle discipline et qu’à titre personnel, elles sont tout simplement des moments d’une extrême puissance et de merveilleux souvenirs. Les préparations, les déplacements, l’avant démonstration avec l’inévitable trac, le moment vécu sur le tatami et ensuite la « délivrance » – pour peu que le public ait apprécié – avec la satisfaction du travail accompli  et celle d’avoir été utile.

Il est évident que sans mes partenaires, rien n’aurait été possible, « sans Uke pas de Tori » (l’inverse est vraie, aussi). Vous trouverez ci-dessous la liste de ceux et celles qui m’ont accompagné sur les tatamis en France et à l’étranger à l’occasion de ces nombreux galas.
Qu’ils soient remerciés.

Sébastien Argence, Marc Barbat, David Barbeau, Franck Bénacquista, François Bernier, Olivier Beyrand, Serge Dang, Hakim Guerda, Madgid Guerda, Olivier Hermeline, Benjamin Houot, Christian Jouve, Jean-Marie Lambert, Marie-France Léglise, André Ohayon, Christophe Pourcelot, Frédéric Pourcelot, Roger Pozza, Bruno Puech, Laurent Rabillon, Laurent Rochat, Juan Rodriguez, Josiane Tabone, Eric Toutain, Michel Yakoubovitch.

En photo d’illustration, le DVD présentant les sept dernières démonstrations effectuées à Bercy.

Démonstration, quatrième partie

Pour le quatrième volet consacré à l’histoire de mes démonstrations, c’est la période allant de 1985 à 1995 qui est abordée aujourd’hui. A titre personnel, il s’agit d’une décennie particulièrement faste et intense en termes d’activités professionnelles. Dans cet article, c’est la partie qui concerne les démonstrations qui reste le sujet.

Proposer des prestations avec plusieurs Uke était la principale nouveauté d’une longue série de représentations. Ainsi au cours de cette décennie j’ai pu compter sur la collaboration de Jean Rodriguez, Franck Bénaquista, Serge Dang, Olivier Hermeline et bien évidement André Ohayon et Laurent Rabillon, les deux partenaires qui ont le plus de chutes à « leur compteur ».

Cette période à été riche en nombre de festivals et autres galas. A Paris, avec neuf participations au festival des arts martiaux de Bercy,  en province avec une quantité impressionnante de régions visitées,  et à l’étranger : Pays-Bas, Allemagne, Belgique, Suisse, Israël et Canada.

Durant la saison 1985/1986, nous avons eu la chance et l’honneur de participer à une série de galas organisés par la FFJDA, appelés « la tournée d’adieu d’Angelo Parisi ». De septembre à juin nous avons assuré  « les premières parties » d’un des plus prestigieux judokas mondiaux dans une dizaine de villes de province.

Durant ces dix années, j’ai essayé de me renouveler dans le scénario, la mise en scène et l’accompagnement musical. Pour ce qui concerne le choix des techniques proposées, cela restait du ju-jitsu. Il n’était pas question d’en inventer, l’originalité résidait dans la construction des enchaînements.

Le choix de l’accompagnement musical n’était pas anodin, il demandait un peu de temps et d’imagination pour à la fois se renouveler  et pour que cette musique colle  aux enchaînements présentés. De la musique classique à l’électronique en passant par de célèbres bandes originales de films connus, nous avons consommé beaucoup de genres.

Préparer de telles prestations  demande de l’imagination, de l’organisation, mais surtout beaucoup de répétitions. Pour peaufiner chaque enchaînement, les mémoriser parfaitement, mais aussi pour s’assurer une excellente  condition physique qui permet de maintenir le rythme. Personne ne peut nier que ces démonstrations étaient assez physiques, pour le moins.

C’est aussi au cours de cette période que j’ai commencé à revêtir un kimono bleu. Les tenues  de couleur sont  apparues à cette époque en judo pour faciliter la compréhension du déroulement des combats, j’ai pensé qu’il en serait de même pour la présentation de notre discipline. De plus cela ajoutait un peu de couleurs, ce qui ne pouvait pas nuire à l’ensemble du spectacle

Dans la préparation de ces grands moments, j’avais deux objectifs qui ne sont pas forcément faciles à concilier : plaire aux néophytes et satisfaire les pratiquants. Tout  cela, sans trahir ni l’esprit ni l’histoire du ju-jitsu.

Je reconnais  que notre art a la chance de posséder un potentiel  technique aussi  efficace que spectaculaire. Il s’agit juste d’être capable de les présenter de façon harmonieuse et cohérente.

Parmi toutes ces démonstrations effectuées au cours de cette décennie, j’ai une petite préférence pour  l’année 1995 avec celle présentée à Bercy. Ce n’est que mon avis. Il n’est pas facile de se juger soi-même avec une parfaite objectivité. Soit on fait preuve d’une autosatisfaction béate, soit on est son pire critique. Les deux  cas ne sont pas constructifs. Mais mon sentiment me conduit à penser qu’elle est la plus aboutie, notamment sur le plan purement technique. C’est pour cette raison que je l’ai choisie pour illustrer cet article.

Suite de l’histoire de mes démonstrations, troisième partie

A partir de 1978 commença une longue période de démonstrations effectuées  en compagnie d’un nouveau partenaire : François Bernier. Il officia en tant que Uke jusqu’en 1984. Il s’était inscrit au club de la Rue des Martyrs en 1973 et avait rapidement gravi les échelons grâce à une pratique intensive.

Six années de démonstrations à travers la France et à l’étranger, mais aussi à l’occasion de quelques événements majeurs comme la « Nuit des arts martiaux » organisée par le magazine « Karaté-Bushido » en 1982 à Coubertin (le deuxième épisode d’une série, qui s’appelle maintenant le « Festival des Arts Martiaux), le Tournoi de Paris en 1983 et l’inauguration de Bercy en 1984 lors d’une soirée organisée par les fédérations d’arts martiaux, qui – pour une fois – s’étaient associées.

Ces prestations ont permis au ju-jitsu que je véhiculais de s’imposer  dans le monde des arts martiaux au-delà de celui du judo, et au-delà des frontières.

Si démontrer sa discipline dans des salles aussi importantes  que Coubertin ou  Bercy, représente de grands moments,  il est aussi important et peut-être plus chaleureux de le faire à l’occasion de galas en province.

Dans des salles plus modestes ont ressent davantage  la chaleur du public et son enthousiasme pour peu que la prestation l’enchante. Ensuite, à l’occasion des « après-galas » (à l’image de certaines  troisièmes mi-temps)  qui ne manquent pas d’être organisés, c’est l’occasion de contacts directs avec les dirigeants et  les pratiquants du club organisateur. Ces « après galas » », qui nous emmenaient systématiquement  jusqu’à plus d’heure, étaient la garantie de rudes lendemains. Mais la satisfaction du travail bien accompli, les nouvelles connaissances, les échanges et l’assurance d’excellents souvenirs effaçaient toute fatigue.

C’était aussi l’occasion de créer de nouvelles relations durables. Il n’était pas rare de retourner plusieurs fois dans certaines régions. Je pense notamment à la Vendée, chez Louis Renaudeau évoqué dernièrement à l’occasion de sa triste disparition. Entre les stages et les démonstrations j’ai dû me rendre une dizaine de fois dans le bocage vendéen. La disparition de Louis m’a beaucoup peiné.

Durant cette période de démonstrations qui allait de 1978 à 1984, il y eut une date particulière, c’était en 1982, à l’occasion des deuxièmes championnats du monde de Judo féminins qui se déroulaient en France à Coubertin. Nous étions au début de la deuxième étape de ce que l’on a appelé « la relance du ju-jitsu » avec entre autres actions la mise en place d’une commission nationale au sein de la FFJDA. L’occasion était belle de promouvoir ce renouveau  et il était logique que ce soit une femme qui le fasse en endossant le rôle de Tori.  Ce jour-là, j’avais repris celui de « Uke », et c’est une de mes élèves ceinture noire, Marie-France Léglise, qui me « maltraitait ». Je me souviens d’une partenaire  paralysée par le tract devant un Coubertin plein à craquer. Il faut avouer que pour une première ce n’est pas évident. Je peux affirmer que nous avons réussi notre pari et marqué les esprits. Lors de cette journée, l’équipe de France féminine de judo avait « envahi » les podiums, installant définitivement le judo féminin – et français en l’occurrence – à la place qu’il méritait.

Pour l’anecdote, c’est à cette occasion que sont nés deux enchaînements majeurs avec une première approche des « 16 techniques » et des « 24 techniques ». Si je voulais favoriser le côté spectaculaire de notre discipline avec une grande partie « des 16 », j’avais à cœur de la présenter comme une méthode structurée et très technique en présentant  quelques techniques « des 24 ».

Ces prestations peuvent avoir  plusieurs vertus : celles d’enchanter le public, de faire connaître la discipline et parfois, comme ce fût le cas, d’être à l’origine de créations qui bénéficieront aux élèves en intégrant les programmes d’enseignement.

C’est aussi au cours de cette période que j’ai commencé à mettre de la musique sur les démonstrations. En France, j’ai dû être l’un des premiers à oser. Maintenant, on ne pourrait imaginer le contraire. Je me souviens que justement c’était en province, à Oyonnax dans l’Ain, une ville dans laquelle nous nous sommes rendus trois années de suite. C’est sur une musique de Jean-Michel Jarre que nous avons effectué cette première.

La prochaine partie de cet historique couvrira une décennie, celle allant de 1985 à 1995.

Vous pouvez trouver davantage de photos sur la page Facebook du club : Club Jujitsu Eric Pariset

D’un confinement à l’autre

Confinement, déconfinement, reconfinement ; voilà des mots que nous n’avions sans doute jamais prononcés avant le mois de mars. Inévitablement Ils doivent former le trio de ceux  les  plus utilisés durant cette maudite année 2020.

Le premier confinement, je l’ai vécu à Paris, le deuxième c’est à Niort que je l’entame. En dehors de l’aspect géographique il y a, pour ma part, bien d’autres différences.

Bien qu’elle soit qualifiée de « plus souple » j’avoue vivre (encore)  beaucoup moins bien le début de cette deuxième saison ; certaines séries devraient  se passer de suites.

En mars, nous avons été surpris, une sorte d’effet de sidération nous envahissait, cela  nous empêchait presque de réfléchir et d’analyser l’extrême gravité de la situation (surtout occupés que nous étions, enfin pas tous, à apprendre à faire notre pain, à ranger nos placards et à nous livrer à une introspection sans limite).  Malgré tout, assez vite, nous nous sommes rendu compte que, malgré ces saines occupations, ce ne serait pas facile, surtout à l’annonce de la première « prolongation ». Mais, il nous restait l’espoir de penser  qu’il s’agissait d’un phénomène  unique, même si commençait à être agité le spectre d’une deuxième vague.

Et puis nous étions en mars, après un hiver calamiteux  d’un point de vue météo (pas uniquement sur ce plan là, d’ailleurs), le soleil s’imposait et même pour ceux qui étaient « claquemurés » dans un espace réduit (ce qui pouvait être d’autant plus difficile à admettre), le ciel était bleu et les journées rallongeaient. Quant à ceux qui bénéficiaient  ne serait-ce que d’un carré de pelouse, Ils étaient presque les rois.

Enfin, même si au fur et à mesure nous nous rendions  compte que ce serait plus long que prévu, nous gardions l’espoir d’une certaine utilité. Effectivement les courbes se sont inversées. La suite nous prouva que décidément rien n’est jamais acquis.

Maintenant, c’est différent. Nous savons ce qui  nous attend, nous sommes en automne avec des jours de plus en plus courts et nous avons le sentiment que le confinement du printemps n’a servi à rien,  que nous n’avions rien appris, qu’il allait coûter très cher, que certains ont été sacrifiés inutilement et que son bénéfice a été dilapidé. Nous n’ignorons pas qu’avec ce « deuxième round »  les dégâts seront encore plus nombreux. Il s’agit d’un désespoir annoncé. L’accumulation des épreuves est indigeste, comme l’addition d’un stress causé par des situations contre-nature.

Aux drames sanitaires s’ajouteront des drames économiques et qu’aux 200. 000 petites entreprises déjà fermées viendront s’en additionner  beaucoup d’autres. Pour beaucoup en l’occurrence pour ceux qui sont en difficulté professionnelles, cela ne manque pas d’altérer la santé psychologique et physique.

Il existe aussi une différence de taille ; en mars il n’y avait qu’une France, celle qui pouvait travailler (exceptés  les malheureux chômeurs victimes d’un mal que nos différents gouvernements n’ont jamais pu juguler, ou si peu).

Maintenant, il y a deux Frances. Celle qui – heureusement – continue à travailler et l’autre pour qui c’est interdit. Il faut être concerné pour savoir ce que cela représente.  Qui accepterait d’être privé de revenu  durant huit mois, sans savoir quand il pourra à nouveau « gagner sa vie » ? Si, en plus il n’est pas contraint de mettre « la clef sous la porte » et se trouver ainsi plongé dans un gouffre sans fond en ayant perdu l’engagement d’une vie. (« La clef sous la porte », voilà encore des mots qui n’ont jamais été aussi souvent prononcés.)

Indiscutablement nous ne sommes pas égaux devant les sacrifices demandés. Pour certains, cela ne change pas grand-chose, tant mieux ; d’autres ont même prospérés ; enfin il y a ceux qui ont tout perdu, ou vont tout perdre dans les semaines à venir.

Cette différence de traitement entraîne d’inévitables  clivages, elle ne facilite pas la cohésion dont notre pays aurait pourtant  besoin dans ces moments difficiles. La division est palpable !

Sans contestation, la santé est primordiale, mais lorsque l’on perd son travail et les efforts d’une vie, il s’agit d’un vrai traumatisme, on risque  d’y perdre la santé et même parfois bien davantage. D’inévitables drames ne manqueront pas de survenir lorsque des familles entières seront plongées dans la précarité et la misère.

Au cours de sa dernière intervention, le Président de la République déclarait que le « travail continuait ». Peut-être qu’il considère  que gérer un restaurant, un théâtre, une salle de sport, être acteur ou comédien (et j’oublie bien d’autres secteurs) n’appartient pas au monde du travail. C’est grave d’oublier tous ceux pour qui la vie a basculé ou va bientôt basculer. Peut-être que même, au plus haut niveau – faute d’être concerné directement – on ne mesure pas  certaines situations désespérantes.

Nous ne sommes pas égaux devant les sacrifices qui sont imposés au pays. D’autant que les aides annoncées par le gouvernement sont bien souvent insuffisantes au regard du montant des pertes enregistrées depuis des mois. De plus, elles sont souvent soumises à des conditions que l’on peut remplir. Si elles avaient été suffisantes il n’y aurait pas autant d’entreprises obligées de fermer.

Et puis ce reconfinement intervient après huit mois d’épreuves, d’informations anxiogènes, de décomptes macabres ; imaginons qu’il en soit de même chaque soir pour les différentes causes de mortalités qui endeuillent chaque jour notre pays. Nous avons eu droit à une  exception, lors de la petite pause estivale, mais manifestement nous avons été négligents, à moins que ce soit le déconfinement qui  n’ait pas été bien préparé ?

Pour ceux qui sont concernés par l’impossibilité de travailler et pour qu’ils tiennent le choc, il faut aller chercher dans des réserves d’énergie et de courage qui ne sont pas inépuisables. A tout cela s’ajoute un manque de confiance envers ceux qui décident pour nous (le doute est omniprésent et justifié), mais aussi  en notre propre capacité à franchir  un mur chaque jour un peu plus haut, même avec la volonté la plus farouche, à moins de transgresser les interdits.  Des interdits qui empêchent l’exercice de certaines professions qui pourtant  ne semblent pas plus à risque, et même beaucoup moins, que d’autres ; des interdits qui empêchent de se cultiver le corps et l’esprit.

Souhaitons que nous n’ayons pas à établir d’ici quelques mois  un nouveau comparatif avec un troisième confinement  que certains commencent à nous prédire pour le printemps prochain. Toutes ces annonces qui sont autant de mises en garde que d’informations destructrices de moral, à fortiori  pour ceux qui l’ont déjà bien entamé.

Alors oui, pour certains d’entre nous ce deuxième confinement est plus difficile à vivre puisqu’il s’ajoute au  premier qui a fait déjà tant de dégâts, surtout  lorsque pour une catégorie de la population, il se déroule dans la solitude avec un périmètre de liberté limité.

Il reste l’espoir, l’espoir qu’avec le temps la situation s’améliore, mais surtout qu’il ne soit pas trop tard. Cela va bientôt faire neuf mois que chaque jour « nous espérons » !

Les pratiquants d’arts martiaux sont des guerriers, dans le sens le plus noble du terme, mais contre quel(s) adversaire(s) ?

Un jour… et un kata !

Un jour (!) on pourra remettre le kimono, fouler les tatamis, transpirer sans masque, s’affronter en toute amitié dans des randoris d’enfer, bref pratiquer sans limite dans une ambiance à la fois studieuse et conviviale avec l’envie de progresser, de fortifier notre corps et notre esprit.

En attendant, il nous faut ronger notre frein, faire preuve de patience et même de résilience. Incontestablement il existe de bonnes raisons d’être inquiet et parfois animé d’une incompréhension légitime face à quelques incohérences et injustices. Je sais de quoi je parle, les dégâts sont terribles, il faudra rebâtir, cela prendra du temps et de l’énergie. Souhaitons ne pas en être dépourvus le moment venu.

Pour faire patienter je souhaitais revenir sur une partie importante de la pratique de la plupart des arts martiaux et notamment du ju-jitsu, je veux parler des katas. Pour cela je propose « la rediffusion », un peu remaniée, d’un article publié il y a un an.

Il n’est pas inutile de revenir aux premières raisons d’être ainsi qu’à l’utilité de ces exercices.

Ils sont avant tout des moyens d’apprentissage, des méthodes d’entraînement et ils permettent de codifier et de transmettre les techniques au fil des années.

Certains les considèrent comme « une purge » qu’il est nécessaire de s’administrer pour monter en grade, ou encore, toujours pour les examens et pour quelques jurys, ils sont un moyen d’exercer une autorité ! Que ces « formes imposées » intègrent un ensemble de contenus techniques d’évaluation, cela semble juste, mais ils ne sont pas que cela, heureusement.

Les katas permettent de rassembler les techniques par famille et/ou par thème, ils sont aussi et surtout de formidables méthodes d’entraînement. Bien souvent ils ne sont abordés et étudiés qu’à l’approche d’un examen, c’est dommage. En effet, ils sont le reflet d’un combat, d’un combat codifié (pour des raisons évidentes de sécurité, un bon sens qui parfois échappe à certains), mais il s’agit bien du reflet d’un affrontement et c’est pour cela que les attaques de Uke doivent être sincères, fortes et réalistes de façon à ce que les ripostes de Tori le soient tout autant.

Le kata est également un exercice de style, une certaine attitude doit être respectée. C’est ce qui différencie l’art martial de la simple méthode de combat ou de self-défense, même si cela ne doit pas être au détriment de l’efficacité, ce qui est parfois le cas.

Ils sont aussi et tout simplement une addition de techniques qui sont intéressantes à pratiquer une par une ; il n’est donc pas nécessaire d’attendre que se profile à l’horizon un examen pour commencer à les étudier.

Cependant, un problème, et même un mystère, demeure et entoure les katas : il s’agit des  incessantes modifications dont ils sont les victimes, surtout quand elles interviennent sur des détails, pour ne pas dire des broutilles ; ce qui a pour effet de décourager bon nombre de pratiquants.

Maitre Tomiki, créateur du Goshin-Jitsu, aurait-il été admis au grade supérieur en présentant « son kata » tel que dans la vidéo qui accompagne cet article ?

Lors de l’exécution d’un kata pour un examen, l’évaluation doit concerner, avant toutes autres considérations, l’efficacité ; ça passe par la sincérité des attaques et des ripostes (encore faut-il que le jury soit apte à discerner une attaque et une riposte réaliste). Ensuite, puisqu’il s’agit de formes imposées, il est nécessaire de respecter l’ordre de la présentation, les déplacements et emplacements, sans oublier l’attitude dans laquelle sont exclus désinvolture et relâchement corporel.

Pour faire apprécier le kata, il suffit simplement de le présenter comme partie intégrante d’une progression  et non pas comme un passage imposé pour obtenir un grade

Mes démonstrations. Deuxième partie.

Après avoir évoqué ma toute première démonstration effectuée au village-vacances du Golfe-bleu à Beauvallon-sur-Mer durant l’été 1977, aujourd’hui j’évoque celle qui a vraiment déclenché trois décennies de prestations au service du ju-jitsu.

C’était la même année, au mois de septembre. Un évènement, ou plus exactement un non-évènement a été à l’origine de cette aventure.

A l’automne 1977, devaient avoir lieu les championnats du Monde de judo. A l’époque ce rendez-vous planétaire se tenait tous les deux ans. C’est Barcelone qui devait les accueillir, or de graves évènements politiques secouaient le Pays basques, annulant un rendez-vous médiatique important.

La fédération française de judo a voulu compenser cette absence de Mondial par une soirée de gala, durant laquelle le point fort serait une rencontre en match aller-retour opposant l’équipe de France de judo à une équipe universitaire japonaise. La soirée devait proposer en alternance avec les combats différentes démonstrations, dont une de ju-jitsu que  j’ai eu l’honneur et le plaisir de présenter, toujours en compagnie de Michel Yacoubovitch.   Cette méthode, appelée « Atemi ju-jitsu »  venait en complément du judo, elle commençait à intéresser un large public et à garnir les dojos. J’étais Uke et  Michel  endossait le rôle de Tori.

C’est au stade Pierre de Coubertin que se tenait cette soirée, ce bon vieux stade qui a vu se tourner tant de pages du sport en général et du judo en particulier.

La démonstration a connu un vif succès. Il est vrai que le ju-jitsu est à la fois une méthode de self-défense à l’efficacité incontestable et certaines des techniques utilisées peuvent être très spectaculaires.

Nous avions proposé deux parties. Une première dans laquelle nous présentions  différentes ripostes en réponse à différentes attaques. Une deuxième, selon le système des techniques démontrées puis enchaînées (une technique démontrée, une deuxième, puis enchaînement des deux. Une troisième démontrée et enchaînement des trois et ainsi de suite, jusqu’à cinq et parfois six), ce qui permettait de finir sur une touche dynamique.

Lorsque j’y repense, je constate que nous en étions aux balbutiements et que par la suite j’ai eu à cœur d’innover, sans trahir l’esprit de notre art martial.

Pour être franc, nous n’imaginions pas un tel succès ; il a engendré tout de suite beaucoup de sollicitations de la part d’organisateurs de galas qui souhaitaient  notre présence dans différentes fêtes de club.

Bien d’autres articles sur mes démonstrations viendront compléter les deux premiers, le sujet est vaste et ne manque pas de grands moments et de petites anecdotes.

Bilan et questions

Cela va faire cinq mois que le dojo de la Rue Victor Chevreuil a fermé ses portes, victime de la COVID 19. Après ces mois on ne peut plus éprouvants, le besoin de faire un bilan s’est fait ressentir comme celui de partager quelques interrogations avec mes (anciens) élèves.

Aussi, j’ai pris l’initiative de leur adresser un courriel la semaine dernière. N’ayant rien à cacher, j’ai pensé le rendre public. Je le publie donc en intégralité !

Que les choses soient clairs, il ne s’agit pas de se plaindre pour se plaindre (loin de là) et ni de baisser les bras (encore moins), mais juste de faire une mise au point, de faire état de certains doutes et d’exprimer ce qui me semble être une légitime colère !

Chers élèves, Chers parents,

Presque cinq mois après la fermeture du dojo de la rue Victor Chevreuil, j’ai pensé faire le point en vous donnant quelques nouvelles et impressions. Il y a aussi un bilan à faire six semaines après la rentrée et des questions se posent suite aux récentes annonces présidentielles.

D’abord, à propos de notre dojo « mort-né », certains, ils ne sont pas nombreux, ont pensé que je n’aurais pas dû fermer si vite. A cela, je répondrai plusieurs choses.
(A noter que, bien malheureusement, je ne suis pas le seul !)

En premier lieu, je ne leur en veux pas, lorsque l’on n’a jamais été confronté à l’entreprenariat privé, certaines choses nous échappent.

Ensuite, il ne s’agissait pas d’une décision, mais d’une obligation. Notre  toute jeune structure n’avait  pas eu le temps de faire des réserves, de constituer un « trésor de guerre ». Aussi, lorsque du jour au lendemain vous est imposée une fermeture d’une durée illimitée, comme cela a été le cas le 16 mars dernier, que vous ignorez totalement la date de reprise, mais que vous pressentez que cela ne va pas être une affaire de semaines mais de mois, et que d’un autre côté vous êtes sommé de régler un loyer que vous ne pouvez pas régler pour cause d’activité réduite à zéro, vous n’avez pas d’autres choix.

Certes, j’aurais pu attendre d’être expulsé, ce qui n’aurait pas manqué de survenir puisque le gouvernement n’a rien fait pour les locataires, la priorité étant manifestement  réservée « aux possédants ». J’aurais donc été expulsé ou bout de plusieurs mois avec une dette colossale de loyers, de pénalités et de frais de justice, ruinant ainsi définitivement tout espoir de survie ! J’ai préféré faire un taï-sabaki, c’est-à-dire une esquive. A quoi aurait-il servit  d’enseigner toute une vie l’art de ne pas s’opposer à la force brutale et violente, si ce principe fondamental  n’était  pas appliqué au quotidien lorsque les difficultés s’abattent ? Même avec la volonté la plus farouche, personne n’arrêtera  tout seul un TGV ! Il est préférable d’être à côté des rails. Il s’agit d’une métaphore un peu brutale, mais de circonstance.

Ce que nous sommes en train de vivre actuellement  ne fait que confirmer ce pressentiment qui était le mien.  Les dernières mesures annoncées vont être cataclysmiques pour certains secteurs d’activité.

Bien sûr que je regrette cette issue fatale, comment pourrait-il en être autrement ? Ce que  je ne regrette pas  c’est d’avoir évité un combat qui n’avait pas de sens ; un combat d’une inégalité aussi effrayante que désespérante. D’ailleurs il ne s’agissait pas d’un combat, mais d’une exécution. Je ne suis pas la seule victime et leur nombre ne cessera de croître dans les semaines et mois à venir.

Plusieurs mois après  la fermeture imposée du 16 mars, les clubs qui ont réussi à reprendre l’activité en passant la première vague grâce à leur ancienneté, sont à leur tour en grande difficulté face à cette deuxième vague. A Paris et dans de nombreuses régions, la pratique des sports de combat a été à nouveau  interdite pour les adultes. Quant aux structures municipales, qui n’ont pas de frais de location, elles sont confrontées à d’autres problèmes, notamment celui de l’accès  aux infrastructures, pour des questions de responsabilité.  Concernant les salles de sport, elles restent fermées.

Les mesures annoncées par le Président de la République risquent d’être le coup de grâce pour beaucoup de « survivants ».

A propos de responsabilité, à qui attribuer celles qui  ont conduit (et vont conduire) des milliers d’entreprises à disparaître et à jeter des millions de gens dans une terrible précarité ? A ce virus, bien sûr,  dont nous ne pouvons nier l’existence et les terribles dégâts ; mais peut-être aussi à la gestion de cette crise ! Prenons un seul  exemple, parmi beaucoup d’autres : comment  ne pas s’interroger  quand on voit sur les plateaux de télévision des experts de la même spécialité s’écharper parfois de façon incompréhensible, presqu’indécente  et surtout inquiétante en nous offrant des analyses
contradictoires et qui de toutes les façons, quoiqu’il advienne, ne connaîtront jamais de fins de mois difficiles, tout comme nos donneurs d’ordres.

Pour conclure je dirai que je suis triste pour ceux qui avaient fait confiance à ce dojo. Je suis inquiet pour les arts martiaux en général et le ju-jitsu en particulier, il faudra du temps pour remonter la pente. Je ne pensais pas un jour assister à un tel massacre de mon métier. Je suis en colère face au sort qui est réservé à la majorité des  petits artisans, dont je fais partie. Il s’agit bien d’une catastrophe économique plongeant les victimes dans d’effroyables conditions.  Les inégalités de traitement seront-elles éternellement présentes dans notre société ?

Une toute dernière conclusion à l’attention de ceux qui m’ont proposé une aide financière pour que le dojo ne ferme pas. Je voulais les remercier, bien sûr, mais aussi leur dire que si j’ai refusé, c’est que les sommes qu’il aurait fallu engager étaient trop importantes, que nous partions dans l’inconnu le plus totale, que la gestion de la crise avait de bonnes raisons de nous laisser perplexes  et que manifestement, vu la tournure des événements, nous avons la confirmation que cela aurait été fait en pure perte.

Malgré ce message qui, il faut l’avouer, n’est pas très gai, à l’image de la vie que  beaucoup d’entre nous vivent en ce moment, je ne désespère pas que nous puissions un jour nous retrouver sur un tatami et/ou à défaut, nous revoir.  Au fond de moi la flamme de l’espoir brille encore, heureusement d’ailleurs !

Chers élèves et Chers parents, je vous remercie d’avoir pris le temps de lire ce message jusqu’au bout et je vous adresse mes salutations amicales les plus sincères et les plus chaleureuses.

Eric Pariset

Mes démonstrations. Le début !

 

 

 

 

 

 

Même si elles n’ont pas été l’essentiel de ma vie professionnelle, celle-ci étant occupée à 99 % par l’enseignement, les démonstrations ont représenté de grands moments dans ma vie de budoka et elles ont largement participé à une modeste notoriété dans le monde des arts martiaux, dans notre pays et au-delà !

Leur préparation prenait du temps, mais j’éprouvais autant de plaisir dans l’élaboration de l’enchaînement  que lors de sa présentation.  La préparation était un travail minutieux qui consistait à choisir les techniques et les enchaînements, de façon à obtenir une présentation la plus complète possible de la discipline. Ensuite il y avait de nombreuses répétitions, cela  me rassurait et surtout j’avais à cœur d’essayer de proposer un travail soigné. La présentation, pour peu qu’elle soit appréciée, était la récompense de ce travail durant lequel les heures et la sueur n’étaient pas comptées.

Pour resituer les choses précisément, c’est au camp varois du Golfe-Bleu, bien souvent évoqué dans mes articles, que leur histoire a connu ses débuts.(Il s’agissait d’un camp de vacances où se tenait chaque été un stage international de judo.)

Cette première présentation n’avait pas grand-chose à voir avec les suivantes, elle  avait avant tout le goût des vacances, nous étions davantage dans l’animation d’une soirée d’été que dans l’ambiance d’un gala d’arts martiaux.

Comme dans beaucoup de villages de vacances les soirées proposent différents spectacles.

Nous étions en 1977. Cette année là, je dirigeais un stage de ju-jitsu durant le mois d’août en compagnie d’un élève de mon père, Michel Yacoubovitch. De dix ans mon ainé et cinquième dan à l’époque, il avait été un brillant compétiteur  de niveau national en judo et était convaincu lui aussi par la méthode de ju-jitsu.

Le responsable des animations nous avait demandé de mettre au point  une démonstration ayant pour  thème un combat à mains nues entre deux samouraïs.

Le scénario était le suivant : « Une légende raconte que certaines nuits de pleine lune, dans un jardin d’un temple japonais, les statuts représentant d’illustres samouraïs s’animent pour revivre les combats de leurs glorieux ancêtres ». Un peu « bateau » je l’admets, mais nous étions au mois d’août sur la côte d’azur.

Michel étant mon ainé en âge et en grade, c’est tout naturellement que le rôle d’Uke me fût attribué.

Bien qu’étant dans un centre où se déroulait l’un des plus grands rendez-vous du judo de la planète, nous étions à une époque où les tatamis n’étaient pas amovibles, c’est  sur le plancher de la scène du petit théâtre du village que nous dévions évoluer.
Nous avions donc décidé de présenter une démonstration uniquement composée de techniques effectuées au ralenti. Nous n’étions pas vraiment en tenue de samouraïs, ni même en kimonos, mais tout simplement en pantalon et torse nu ; jeunes, musclés et bronzés !

Le rideau se levait alors que j’étais porté en « kata-guruma » par mon partenaire ; tous les deux parfaitement statufiés. Un texte présentait le pitch et une musique asiatique suivait.

A partir de ce moment Michel me reposait et nous entamions un combat en donnant l’impression d’un film diffusé au ralenti. La prestation n’excédait pas quelques minutes elle était composée de techniques pouvant s’effectuer très lentement. L’ensemble étant accompagné d’un magnifique jeu de lumières.

Nous avons remporté un joli succès, cela  m’a donné l’envie de continuer et c’est donc par une douce nuit provençale qu’a débuté l’histoire de mes démonstrations.

La suite eu lieu assez vite, un mois après en septembre, à Paris au Stade de Coubertin, elle fera l’objet d’un prochain article.