Lecture (pour se divertir, un peu)

Certains connaissent mes goûts pour la lecture et pour l’écriture (bien que je sois conscient de mes limites dans ce domaine). Pour les amoureux de littérature cette période a au moins l’avantage de leur octroyer du temps de libre et satisfaire ainsi leur appétence pour les livres; même si en ce moment l’esprit peine à se fixer sur d’autres sujets que celui qui est actuellement l’objet de nos tourments et sur lequel plane une incertitude pour le moins inquiétante et anxiogène.
Aussi, toujours dans l’esprit de partage, j’ai pensé  faire part, non pas de mes critiques, à chacun son métier, mais de sentiments personnels à propos de mes lectures du moment. Sachant que si vous êtes séduit, il vous faudra attendre pour éventuellement vous procurer l’ouvrage en question, puisque pour le moment l’achat de livre est impossible, sauf par l’intermédiaire des « géants », ce qui, entre parenthèses, augmenterait encore leur prospérité au détriment de la survie des petites librairies.
Bien qu’étant avant tout amateur de littérature française, il m’arrive de faire quelques exceptions.
Donc, il y a quelques jours, je tournai la dernière page de « La Mort selon Turmer », de Tim Willocks. Certes le titre n’est pas engageant, surtout en ce moment, mais dans un thriller on échappe rarement à  des moments violents.
L’histoire se passe en Afrique du Sud. Au Cap, alors que tout le monde se contrefiche de la mort d’une jeune noire, renversée par un conducteur ivre, un flic noir de la brigade criminelle va jusqu’au bout de son désir de justice. Il se trouve que le conducteur est le fils d’une femme puissante qui fera tout pour sauver sa progéniture vouée  à une brillante carrière.
Une histoire haletante, superbement écrite par un écrivain britannique qui est aussi psychologue et…karatéka. Il nous offre en prime une immersion saisissante dans l’Afrique du Sud post-apartheid.

eric@pariset.net

Carnets d’espoir, la suite…

Jeudi 19 mars

C’est avec plaisir que je constate que beaucoup d’entre vous ont apprécié mon précédent article. Cependant, je ne me permets pas de donner des conseils, il s’agit juste de formuler quelques ressentis personnels. Si cela peut aider, j’en suis ravi.
Aujourd’hui je continue un peu dans l’expression de mes sentiments !
Bien que soit mis en place un dispositif exceptionnel et une mobilisation générale (et peut-être à cause de) l’angoisse et l’inquiétude sont palpables ! Dans mes précédents articles j’ai évoqué la nécessité de ne pas céder à une panique compréhensible. Il faut faire confiance, soutenir et rendre hommage à tous ceux qui nous protègent et nous soignent.
Cependant cette situation inédite et douloureuse engendre de nouvelles réactions qui sont parfois contradictoires.
De la part d’une majorité de gens on sent une indéniable solidarité , dans d’autres cas c’est une certaine forme d’agressivité qui s’échappe.
La solidarité sous diverses formes émanant de différents secteurs et envers les plus fragiles est indéniable, elle l’est aussi à l’attention de l’ensemble du personnel hospitalier. Leur mission est titanesque, surtout dans ce secteur déjà sinistré depuis longtemps !
Pour ce qui est de l’agressivité, il s’agit plus exactement de craintes (légitimes), mais qui  prennent parfois un visage insolite.
Rien que dans les magasins d’alimentation, si par malheur une personne ne respecte pas l’éloignement imposé, les regards ce font davantage menaçants qu’informatifs. Et puis toujours dans ce qui reste des lieux de rencontre (par obligation), l’ambiance n’est pas la même qu’à l’accoutumée. L’impression est forte que faire ses achats relève davantage de la survie que de la nécessité.
Certes c’est une double angoisse qui nous étreint. Celle de la période inédite que nous vivons et dont nous ignorons la durée . Et puis il a l’angoisse liée à la période qui suivra, en ne sachant absolument pas dans quelle état nous l’aborderons.
Essayons de « prendre » les problèmes les uns après les autres (comme disent certains footballeurs après un match).
Pour remonter un moral vacillant on peut se projeter quelques semaines plus tard (le plus tôt possible) et imaginer quel sera notre premier acte, une fois le cauchemar passé et la délivrance acquise !
Si ce premier acte n’est pas indiscret, vous pouvez le partager.
A très bientôt !

eric@pariset.net

Carnet d’espoirs

Dans ces jours particuliers durant lesquels nous vivons une situation qui l’est tout autant, j’ai pensé tenir un petit carnet à l’aide d’articles dans lesquels je ferai par de mes ressentis. Ces articles sont aussi disponibles sur Facebook, sur ma page personnelle (Eric Pariset) ou sur celle du club (Club Jujitsu Eric Pariset), ou encore sur les deux.

Aujourd’hui, je vous propose les trois premiers.

Le jour d’après (lundi 16 mars)

Ce matin régnait dans la capitale une curieuse ambiance. Un calme oppressant et angoissant habitait la ville.
Loin de celui que nous offrent les périodes de congés, durant lesquels les rues presque désertes ont un parfum de légèreté.
Ambiance différente aussi de celle des lendemains d’horribles attentats, comme celui du Bataclan en 2015, où nous avions plutôt la sensation d’un chaos créé par un ennemi qui n’était pas totalement inconnu et contre lequel, malgré tout, nous possédions des moyens de riposte.
Aujourd’hui il s’agissait d’une sensation inédite au travers de laquelle régnait l’inconnu et le trouble. Des masques sur le visage de gens marchant tête baissée allant allonger d’interminables queues devant les supérettes et les pharmacies et dans lesquelles la distance conseillée peinait à être respectée.
Et puis, toutes ces vitrines éteintes, ces grilles tirées, ces rideaux baissés et ces terrasses de bistrots rangées.
La sidération et l’inquiétude étaient palpables.
Il fallait être fort mentalement pour conserver un invincible espoir. Cependant il le faut !

Comment ? (Mardi 17 mars)

Avant toute chose, c’est d’un esprit combatif et d’un moral d’acier dont nous avons besoin pour ne pas nous laisser submerger par un panique malfaisante.
Malgré tout,  comment en sommes nous arrivé là ?
Qui aurait pu imaginer que de telles mesures (indispensables) nous soient imposées ? Il ne s’agit pas de réécrire la fable de La Fontaine (les animaux malades de la peste) dans laquelle les plus forts font du plus faible le coupable, mais n’est-ce pas toujours les mêmes, qui deviennent les principales victimes du comportement de certains puissants ?
Pour le moment la priorité n’est pas de rechercher les coupables, mais de sortir d’une effroyable situation inédite.
Ensuite, il faudra inévitablement tirer les leçons et se livrer à une introspection relativement approfondie afin de ne pas plonger à nouveau dans un certain mode de vie qui nous a été proposé (parfois imposé). Ne plus être les « baudets » de la fable.
D’autant plus que nous ne sommes qu’au début d’une période de confinement dont nous ne mesurons ni les difficultés quotidiennes engendrées tout au long des semaines qui viennent ni, pour beaucoup, les effets  physiques et psychologiques. Sans évoquer une crise économique aux conséquences sociales inquiétantes.
Certes, nous nous en sortirons, nous vaincrons et nous rebâtirions, mais dans combien de temps et dans quel état ? Plus forts, selon la formule : «ce qui ne me détruit pas… » il faut l’espérer !
Sang-froid, confiance, volonté et solidarité sont plus que jamais des valeurs qui ne doivent jamais nous quitter.

Tenir le coup (mercredi 18 mars )

Certains se demandent comment ils vont « tenir le coup ». Certes, il y a plus difficile et plus grave que de rester « à la maison » (et puis, c’est pour une cause essentielle) mais peut-être dans des circonstances différentes et sur une durée plus courte et déterminée. Il faudrait éviter que ce confinement engendre d’autres conséquences.
Nous n’avons pas d’autres choix, même si la privation du droit de sortir, donc de libertés, sans avoir commis d’acte répréhensible, est parfois compliqué à accepter.
Il nous faut faire preuve de discipline, de réflexion et d’organisation. Faire le « dos rond », le temps que passe la tempête !
Je ne suis pas psychologue, par conséquent je ne donnerais pas de conseils, je me contenterai d’évoquer de simples sensations et sentiments personnels.
Le confinement n’est pas facile à vivre, surtout pour les personnes seules et qui sont déjà fragilisées psychologiquement. Le manque d’activité physique et sociale, à fortiori pour ceux qui y sont habitués, peut s’avérer très néfaste. Nous devons chercher et trouver des compensations.
D’abord et apparemment, il est toujours possible de sortir seul pour faire une activité physique (encore faut-il posséder les capacités nécessaires). Footing et vélo pour tous ; pour les jujitsukas et autres budokas, travail des coups en shadow, uchi-komi dans le vide, etc. Si on a un peu de place chez soi,  des « pompes », des abdos et quelques étirements feront le plus grand bien. Regarder des vidéos et se replonger dans des bouquins techniques que l’on avaient délaissés au profit des images, ne peut qu’être bénéfique. Et puis, c’est peut être le moment de mettre au repos une articulation douloureuse ou un muscle meurtri.
Plus généralement, s’adonner à des activités dont nous sommes privés d’habitude par manque de temps : lecture, dessin, écriture ; s’occuper de son intérieur pour le rendre encore plus agréable. Et puis, ne pas céder à la facilité ; s’imposer une rigueur en respectant un rythme sain. Ne pas se lever trop tard, et même si on ne sort pas, se vêtir correctement, essayer d’adopter de nouvelles habitudes, elles rassurent ! Ce sera aussi l’occasion de se reposer, mais il faudra éviter les « journées pyjama » vautré sur le canapé devant Netflix (que je ne regarde jamais) ! Éviter les jeux vidéos qui participent en ce moment à la saturation d’Internet.
Avec ce rythme particulier, où chaque journée ressemblera  à la précédente et à la suivante, il est  indispensable de savoir tout simplement quel jour nous sommes ! Il faudra faire la distinction entre la semaine et le week-end.
Enfin, il ne sera peut-être pas bon d’être abreuvé en permanence d’infos en boucle sur le même sujet et qui sont d’une anxiété ahurissante. Être informé bien sûr, intoxiqué sûrement pas ! C’est aussi le moment de s’abreuver de musique et de chansons (pas trop tristes).
Et puis, communiquer avec des amis et des proches est indispensable ; nous possédons suffisamment de moyens pour cela !
Ces quelques lignes ne sont qu’une humble participation pour essayer d’éviter la généralisation d’un mal-être rampant.
Enfin, un jour viendra où tout ira mieux !

eric@pariset.net

Randori

Il y a quelques semaines j’avais consacré un article aux méthodes d’entraînement. Parmi elles, il y a le randori, l’équivalent, en boxe, de l’assaut que l’on nommait aussi « l’assaut courtois », il y a un certain temps.

Le randori, ou l’assaut, c’est un peu la récompense de fin de séance. C’est le moment où l’on peut tester nos techniques dans un système d’affrontement très codifié et axé sur l’initiative, c’est-à-dire sur l’attaque ; l’aspect ludique ne doit jamais être absent de ces joutes respectueuses  avec lesquelles on perfectionne aussi la défense, puisqu’il est nécessaire de tenter d’esquiver les initiatives du partenaire.

Malheureusement, trop souvent le randori  est quelque peu dénaturé et confondu avec le « shai », c’est-à-dire le combat, la compétition (en judo, par exemple). C’est dommage. Ceci étant tout dépend des objectifs, ceux-ci ne sont pas les mêmes selon que l’on se situe dans une pratique loisir ou bien à l’occasion d’entraînements  de haut-niveau ; même si à ce stade là il devrait -aussi – être indispensable de ne pas négliger cet exercice.

En ju-jitsu on peut le pratiquer dans le domaine des coups (atemi-waza), des projections (nage-waza) et du sol (ne-waza).

Le but du randori est avant tout de se perfectionner et d’essayer (en fonction du secteur dans lequel on souhaite le faire) de « passer » des techniques, d’aboutir et de résoudre différentes situations d’opposition ; pour les projections, de tenter de faire tomber un partenaire qui s’oppose intelligemment. C’est volontairement que j’utilise le mot de partenaire et non pas d’adversaire. Du latin par (avec) et ad (contre). C’est-à-dire que dans le randori, le partenaire travaille avec moi et non pas contre moi, il m’aide à progresser en proposant une opposition raisonnée, m’obligeant à travailler ma vitesse d’exécution, ma réactivité, ma condition physique, mais aussi – fatalement –  un système de défense axé exclusivement sur les esquives et non pas à l’aide de blocages qui annihilent toute initiative et par conséquent tout progrès. Imaginons deux joueurs de tennis à qui on « confisque » la balle !

Dans certains randori de projections ont peut même exclure toute technique de « contre direct » et n’autoriser que les contres répondant à l’appellation « go-no-sen » (l’attaque dans l’attaque). Le contre peut faire des dégâts physiques, mais aussi phycologiques en  limitant les initiatives de peur de subir un contre ravageur ; ce qui limitera obligatoirement les progrès.

Il y a très longtemps je bénéficiais de l’enseignement d’un professeur de boxe française, Marcel Le Saux, qui comparait l’assaut poing-pied à une conversation. Chacun s’exprimant à tour de rôle en développant ses arguments, évitant de parler en même temps et trop fort, pouvant couper la parole poliment si l’opportunité se présente, mais surtout en ne proférant ni invective, ni grossièreté. Belle métaphore.

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Mars et martial

Mars et martial

L’adjectif martial se rapporte au combat, au Dieu Mars, le Dieu romain de la guerre ; les arts martiaux sont donc bien les arts du combat (même si ce sont des disciplines d’affrontement qui visent aussi bien au développement externe qu’interne du pratiquant). Peut-on en conclure que le mois de mars est celui des arts martiaux ? En tout cas, c’est dans le courant de ce mois de mars que se tient à l’hôtel Accord Aréna, l’ex-Bercy, le festival des arts martiaux. Quel malheur d’avoir remplacé un nom qui évoquait un quartier historique parisien par une appellation purement commerciale. Bref, comme chaque année depuis 35 ans, le magazine « Karaté-Bushido » propose un rendez-vous auquel presque tous les experts nationaux et internationaux ont participé et où tous les arts martiaux et toutes les disciplines de combats ont pu se produire, dans un lieu qui devient, le temps d’une soirée, le plus grand dojo du monde.

J’ai eu le plaisir d’y démontrer le ju-jistu à douze reprises. C’était à chaque fois un honneur, beaucoup de responsabilités et bien sûr un inévitable stress avant d’entrer dans cet endroit qui réserve des sensations uniques ; mais une fois la prestation terminée, c’était alors la satisfaction du devoir accompli, et sans doute relativement bien accompli, si j’en crois les commentaires qui suivaient. Ceci étant, rien n’était laissé au hasard ; c’est trois mois avant que commençaient les répétitions. Parmi les douze prestations, j’ai une préférence pour l’année 1995 ; c’est d’ailleurs la vidéo de cette édition qui est proposée pour illustrer cet article.

Au fil des années le festival a évolué. Je me souviens de la première édition, en 1986, quand toutes les démonstrations se faisaient sans musique et avec un éclairage unique. L’aspect spectacle, pour ne pas dire « show » s’est davantage imposé ; comme dans tout changement, il y a du positif et du moins positif, avec parfois des prestations légèrement décalées, parfois folkloriques et avec des personnes qui n’ont pas forcément leur place. On peut regretter que certaines disciplines (disons, plus traditionnelles) ne soient pas (ou plus) représentées. Quoiqu’il en soit cette « soirée arts martiaux », dont le plus grand mérite réside dans son institutionnalisation, est devenue un rendez-vous auquel – en tant que pratiquant – on doit se rendre au moins une fois dans sa vie. Je note et regrette que, une fois encore, le ju-jitsu ne soit pas de la fête. Un jour peut-être !

Le festival des arts martiaux 2020 se déroulera le samedi  21 mars. Renseignements directement sur le site du journal Karaté-Bushido.

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Souvenirs d’une belle préface

Christian Quidet (1932-2010) a été un très grand journaliste spécialisé dans le sport et notamment dans le judo. Dans les années 1970 il a beaucoup aidé cette discipline à franchir la barrière des médias.  Il a aussi occupé le poste de  directeur des sports sur « Antenne 2 », l’ancienne appellation de France 2, dans les années 1980. Nos disciplines martiales l’intéressaient au plus haut point, il leur a d’ailleurs consacré un magnifique ouvrage : « La fabuleuse histoire des arts martiaux ». En 1985, avant la parution de mon premier livre, je lui avais demandé s’il voulait bien m’honorer d’une préface ; il a accepté spontanément.  A  l’attention de ceux qui ne connaissaient pas ces quelques belles lignes, c’est avec plaisir que je les mets à nouveau  en ligne. D’autant plus que je trouve cette préface terriblement d’actualité.

     « La publication d’une progression française de ju-jitsu est un acte plus important qu’il n’y paraît. C’est la restauration, en France, du trésor des samouraïs qui, au fil de l’histoire, ont porté l’art du combat individuel à un degré de perfectionnement et de raffinement unique au monde.
       Cette version moderne de la self-défense japonaise, présentée par Eric Pariset, met à la disposition des éducateurs sportifs une méthode claire, précise et efficace.
       Elle offre à celles et à ceux qui s’en inspirent un bagage technique inestimable. Non pour leur apprendre à se battre mais pour dissuader les autres d’attaquer.
        C’est en ce sens que je crois beaucoup à la vulgarisation de la self-défense dans notre pays. Comme un remède à l’agressivité qui enlaidit notre société actuelle.
       Je félicite Eric Pariset de s’être intéressé et de s’être spécialisé dans le ju-jitsu qui est le meilleur complément à la pratique du judo.
       Le ju-jitsu ne doit pas être mis entre toutes les mains et ne peut être enseigné valablement que par ceux qui ont adhéré à l’esprit de son fondateur, le maître Jigoro Kano.
       Eric Pariset est de ceux-là. Il a été élevé dans une famille où les arts martiaux étaient considérés comme un Art et pratiqués comme une passion. Son père, Bernard Pariset, a participé au premier championnat du Monde au Japon en 1956 et a obtenu une superbe quatrième place. Plusieurs fois champion d’Europe il a légué, comme  les maîtres japonais d’autrefois, son savoir et sa sagesse à Eric.
      Ceinture noire, 5e Dan de Judo-Ju-Jitsu, Eric Pariset a été champion d’ile de France de Judo en 1983.
       Il s’est ensuite, spécialisé dans les démonstrations de Ju-Jitsu et de self-défense pour devenir, à   31 ans, le meilleur spécialiste français de cette discipline.
      « N’enseigne pas toute ta science à ton élève, qui sait s’il ne deviendra  pas un jour ton ennemi ».
       Fort heureusement, Eric Pariset n’a pas appliqué cette devise  chère aux anciens Maîtres d’armes japonais.
       Je l’en remercie et j’espère que vous serez nombreux à profiter de sa générosité.»

Christian Quidet.
Responsable du service des Sports d’Antenne 2*
Avril 1985.

eric@pariset.net       www.jujitsuericpariset.com      Facebook : Club Jujitsu Eric Pariset

Les méthodes d’entraînement

La semaine dernière,  le vendredi à thème était consacré aux « méthodes d’entraînement ». A l’aide de ce billet hebdo, j’ai souhaité donner ma conception de ces exercices incontournables qui viennent en complément de l’apprentissage technique. Ce sont des exercices de renforcement possédant chacun dans son domaine une spécificité. Ils permettent de renforcer la vitesse, les automatismes, la tonicité, la forme de corps, le placement, les déplacements, etc. Ils renforcent ces qualités  dans le domaine de l’atemi-waza (le travail de coups), le nage-waza (les projections) et aussi dans le ne-waza (le travail au sol). Ils  peuvent se faire seul ou à deux (le plus souvent), mais aussi à plusieurs, statiques ou en déplacement.
Il y a les exercices qui consistent à faire d’inlassables répétitions sans aucune opposition de la part du partenaire et d’autres qui se font avec une opposition plus ou moins importante, mais toujours conventionnelle.
Par conséquent on peut définir deux groupes : le premier où le partenaire ne produit aucune opposition et le second au cours duquel  il offre une certaine résistance qui permet de se renforcer en situation d’opposition relative.
La plus connue de ces méthodes d’entraînement est l’uchi-komi ; elle consiste à répéter une technique de projection sans faire chuter, juste en soulevant le partenaire. On peut aussi effectuer cette répétition dans le domaine de l’atemi-waza et du ne-Waza. L’uchi-komi peut s’effectuer dans « le vide », c’est-à-dire tout seul, mais le plus souvent avec un partenaire.
On trouve ensuite (plus particulièrement dans le domaine des projections) le nage-komi qui consiste à se faire chuter à tour de rôle, ou plusieurs fois de suite. Et puis, il y a le randori (qui n’est pas un véritable combat) et qui offre un travail en opposition « mesurée », sur un thème précis, au sol et debout, en atemi-waza et en projections. On oublie bien trop souvent des exercices tels que le kakari-geiko et le yaku-soku-geiko. Le premier permet à Tori de renforcer son système d’attaque sans la peur de contre prise de la part d’Uke. Celui-ci se contentant d’essayer d’esquiver les initiatives de Tori, l’obligeant ainsi à s’adapter et à trouver d’autres solutions.
Le second, le yaku-soku-geiko, permet aux deux protagonistes de se faire chuter chacun son tour. Une sorte de nage-komi en déplacement. (Il peut également être pratiqué en atemi-waza.) On peut faire une variante en y ajoutant une certaine opposition, sans contre prises, juste à l’aide d’esquives. Ces exercices sont bien évidemment axés sur l’initiative.
Une autre méthode – que mes élèves connaissent bien – consiste à répéter une technique de défense sur une situation précise, puis une seconde et de les enchaîner vite et fort, sans temps d’arrêt ; de même avec une troisième et ainsi de suite, jusqu’à six, ce qui est déjà très bien.
Enfin, on peut aussi considérer les katas comme des méthodes d’entraînement, puisqu’ils sont le reflet d’un combat. Un combat pré arrangé, certes, mais qui permet d’affûter les techniques et d’acquérir des automatismes.
Il est certain que ces exercices, lorsqu’ils sont réalisées avec un partenaire, offrent un côté ludique qui n’existe pas quand on s’entraîne seul ; le plaisir se retrouvera alors dans les progrès réalisés grâce à la rigueur que l’on se sera imposée lors de ces répétitions qui parfois peuvent sembler un peu ingrates, mais ô combien utiles. Alors, au travail !
eric@pariset.net  www.jujitsuericpariset.com

Quelques exemples

Cet article est en quelque sorte la suite de celui proposé le 21 janvier dernier. Il était question de self-défense, un sujet qui ne cesse de passionner, ce qui semble normal ; être en capacité de défendre son intégrité n’est pas extraordinaire, y parvenir n’est pas acquis d’avance.
Tout au long de ma carrière d’enseignant, j’ai pu recueillir de nombreux témoignages d’élèves ayant subi des agressions qui n’étaient pas la conséquence de provocations  tendant à démontrer qu’il faut être confronté « à la rue » pour se tester. Ces personnes, jeunes ou moins jeunes, pratiquantes de haut-niveau ou pas, hommes ou femmes, ont réussi à se sortir de mauvaises situations grâce à leur pratique du ju-jitsu, mais aussi du judo ou du karaté. Sans doute est-ce le cas grâce à d’autres disciplines.
J’ai déjà évoqué le sujet à plusieurs reprises. Aujourd’hui, c’est l’illustration avec quelques exemples qui m’ont été rapportés par les personnes elles-mêmes que je propose. Les noms ont été changés. Ces histoires, véridiques, prouvent, si besoin était,  que les pratiques en tenue martial, dotés d’objectifs qui ne se limitent pas à la bagarre de rue, ne sont pas incompatibles avec une efficacité certaine.
Jean-Pierre, pratiquant depuis quelques semaines, en vacances dans « les îles », a pu « faire face » à un tesson de bouteille manié par un individu qui manifestement ne lui voulait pas que du bien, cela grâce à une simple clef au bras (ude-gatame). Solange, ceinture noire de ju-jitsu, a pu mettre en dehors d’une rame de métro un voyageur qui ne cessait d’importuner les autres, et cela  à l’aide d’un simple tai-sabaki (déplacement du corps). Avec un  mae-geri (coup de pied de face) bien placé (ou mal placé, selon le camp dans lequel on se trouve) Viviane n’a pas hésité à condamner les ambitions perturbatrices d’un homme sur un quai de métro. C’est avec un autre coup de pied, yoko-géri, que Martin à « ruiné » le genou de celui qui avait jeté son dévolu sur sa sacoche. Martin était ceinture blanche, il sortait d’une séance durant laquelle avait été effectué un travail important sur ce « coup de pied de coté ».  Jean, ceinture noire 4ème dan, policier de son état doit son salut (et peut-être celui d’autres personnes) à un waki-gatame de bonne facture sur un bras armé d’un revolver. Alain, gradé en judo et en aïkido a pu faire face à une autre menace de revolver (factice, mais il l’ignorait) à l’aide d’une technique de désarmement que l’on retrouve par ailleurs dans le goshin-jitsu.
Ces quelques exemples, mais il en existe d’autres, prouvent si besoin est que la pratique d’un art martial peut être utile pour se sortir d’une mauvaise situation et même pour sauver sa vie. Cependant, rien n’est jamais acquis, plusieurs facteurs doivent être pris en considération ;  la chance, en premier lieu, la maîtrise technique, un peu de condition physique, mais aussi la capacité à ne pas perdre ses moyens dans une situation exceptionnelle. Il n’est pas inutile de rappeler qu’éviter toute confrontation, à l’issue fatalement incertaine, est la solution la plus sage.
Il m’a aussi été rapporté des histoires qui ne se sont pas aussi bien terminées, mais c’était de la part de personnes qui ne pratiquaient pas encore ; ces tristes expériences ont bien souvent motivé des inscriptions dans un dojo et curieusement – et heureusement – il n’a plus été question d’agression. Sans doute une confiance en soi ressentie par l’agresseur potentiel et l’évaluation de certaines situations à risque.
Quant à un troisième cas de figure, justement, c’est-à-dire celui d’un pratiquant dans l’incapacité de se défendre, aucun exemple ne m’a été confié ; peut-être par amour-propre ou encore parce que ce n’est pas arrivé, tout simplement. Que cela ne fournisse surtout pas la prétention, la bêtise et l’irresponsabilité de se croire invincible !

La plus efficace ?

Quelle est la méthode de self-défense la plus efficace ? Voilà une question redondante de la part de néophytes. Cela me rappelle mon enfance et ma préadolescence, lorsque dans la cour de récréation (et pas que là) une  question revenait fréquemment : qu’est-ce qui est le plus fort, le judo ou le karaté ? Cette interrogation n’était pas que l’émanation d’une candeur enfantine, beaucoup d’adultes s’interrogeaient aussi. Il faut dire que le judo avait opté assez vite pour un aspect sportif en délaissant celui attaché à la self-défense qui avait pourtant fait quelques uns de ses beaux jours. Peu de temps après, le  karaté arrivait un peu comme la nouvelle méthode infaillible. L’aïkido, entrait également dans le paysage, mais plus discrètement !  Cette guéguerre stérile entre judo et karaté dura un temps, jusqu’à ce que dans les années 1970 émergent de nouveaux arts martiaux ; je pense, entre autres,  au taekwondo et surtout au kung-fu qui fut sacralisé par l’irremplaçable Bruce Lee. C’est à ce moment là que mon père, Bernard Pariset (judoka au palmarès exceptionnel, mais également passionné par les disciplines de combat) a insisté pour qu’au sein de la fédération de judo soit  réhabilité le ju-jitsu  (l’origine du judo) en lui donnant le nom d’atemi-ju-jitsu afin de souligner la remise en valeur du travail des coups.

Ensuite, à la moitié de cette décennie (1970 à 1980), on a assisté à une « fulgurance » de styles d’arts martiaux, d’écoles diverses,  et de méthodes de combat et de défense plus ou moins sérieuses. Les débutants ne savaient plus à quel samouraï se vouer !

Les fédérations officielles ont tenté de mettre un peu d’ordre dans ce maelström, ce ne fut pas chose facile, ça ne l’est toujours pas vraiment. L’offre est variée et la personne qui veut entrer dans le monde des budos est un peu perdue. Souvent c’est un ami qui pratique déjà telle ou telle discipline qui est le plus convaincant.

Alors, quelle est la méthode de défense la plus efficace ? A titre personnel, je suis mal placé pour répondre à cette question, je ne vais pas affirmer que ce n’est pas la mienne, ce serait ridicule ; ça le serait davantage et prétentieux d’affirmer le contraire. Alors la réponse est assez simple, il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises méthodes à partir du moment où sont proposées  les défenses sur l’ensemble des possibilités d’attaque ; par contre, il y a des bons et des moins bons enseignants qui forment des bons et des moins bons élèves.  Maintenant, on trouve des méthodes à la pratique plus  destructive qu’éducative, qui de par leur étude et leur entraînement  abîment presque davantage qu’une agression occasionnelle! Chaque professeur  possède sa pédagogie, sa conception qui  déteint sur ses élèves. Et puis, il ne faut pas se leurrer, il y a des personnes qui ont un potentiel physique et des qualités intrinsèques  plus ou moins développés.   Comment dans ces conditions ne pas faire le mauvais choix ?

Se fier  à la réputation ? Sans aucun doute, mais il y aussi l’impression qui émanera d’une séance à l’essai, due à l’ambiance générale avec laquelle on doit se sentir en osmose, et aux sensations physiques personnelles. Il faut aussi  être à l’aise et ne pas ressortir avec des douleurs partout, exception faite pour les inévitables courbatures ressenties quelques jours durant. Apprendre à se défendre, ce n’est pas « se faire mal », mais apprendre à ne pas se faire mal. Une méthode doit avant tout être éducative et non destructive pour soi même. Apprendre à souffrir avec modération, en se surpassant  soi-même quelques fois, mais en évitant de massacrer un corps qui est là pour s’améliorer et non pas pour s’abimer ! On peut acquérir un mental puissant, tout en respectant des limites ; si celles-ci  sont dépassées, cela peut s’avérer extrêmement préjudiciable. Enfin, il faut savoir que l’efficacité viendra par d’inlassables répétitions et non pas par de sinistres destructions. Il me semble également indispensable de ne pas oublier qu’il s’agit  juste de « self-défense » et qu’il ne faut pas outrepasser cette notion, il s’agit pour le citoyen de ne pas être démuni face à une agression, mais pas de se transformer en « exterminator ».

Maintenant, le cœur peut balancer entre méthode de combat en «kimono» (voir à ce sujet mon précédent article) ou dans une autre tenue. Personnellement, je propose une majorité de cours dans celle dont j’ai fait l’éloge dans le précédent article en question, mais aussi deux séances en tenue de ville. Disons que la pratique dans un « dogi »  engage  davantage en faisant découvrir d’autres aspects qui suscitent une motivation débouchant sur une pratique à long terme ; ce qui peut en aucun cas nuire à l’efficacité.
(Pour illustrer cette article, j’ai choisi un «collector »)

eric@pariset.net  www.jujitsuericpariset.com

Un peu de tenue…

Ce que l’on appelle par facilité le kimono n’est pas une tenue pour pratiquer, mais plus exactement un vêtement. Chaque art martial possède sa propre appellation pour désigner ce que l’on endosse dans un dojo ; parmi les plus répandues on trouve le judogi, le karategi, le keikogi. On évoque très peu le « jujitsugi », sans doute parce que le ju-jitsu est amalgamé au judo. Problème d’identité propre à cet art dans notre pays, mais c’est un autre débat. Il n’empêche que quel que soit son nom, cette tenue est importante et ne saurait être négligée ; j’y vois plusieurs raisons.

D’abord, chaque discipline sportive possède son « uniforme » et il ne viendrait pas à l’idée d’un footballeur de se rendre sur un terrain de foot en judogi. Ensuite, grâce à sa texture cette tenue est pratique et hygiénique. Elle est résistante aux différents assauts et autres sévices qu’on lui fait subir. Elle permet d’absorber les litres de sueur produits lors des entraînements. Cette uniformité possède également comme vertu d’effacer toute distinction sociale. On ne frime pas vraiment dans un « gi ». Et puis, dans le combat rapproché elle évite une proximité et une intimité qui peuvent  rebuter certains et certaines.

Malheureusement lorsque je vois des entraînements se dérouler avec une multitude de tenues : short, t-shirt, survêtement et judogi, je ne peux m’empêcher d’être peiné. Je ne pense pas que cette réaction puisse être qualifiée de « vieux jeu ». Le respect et la tradition me paraissent indispensables. Sans respect, sous quelque forme que ce soit, il n’y a plus rien. S’affranchir de toutes les traditions au nom d’une prétendue modernité ou même d’une soi-disant liberté pourra être sans limite. Si on ne respecte pas un symbole tel que la tenue, pourquoi ne pas ignorer le salut, et puis tout simplement de dire bonjour et merci et ainsi de suite, jusqu’à manquer de respect aux personnes. Sans un minimum de rigueur et d’effort, il n’y a plus ni progrès, ni évolution, ni vie sociale digne de ce nom !

Dans cet article j’évoque bien sûr les arts martiaux ; d’autres sports de combats possèdent leur propre tenue (boxe, lutte, etc.) et continuent à l’arborer fièrement. Pourquoi serions-nous les seuls à refuser une règle basique ?

Enfin, l’utilisation de la « tenue de ville » (adaptée) pourra être considérée comme un complément à l’étude de la self-défense, ou encore comme une approche et une étape pour ensuite entrer dans le monde des budos.

Alors, un peu de tenue !

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