Le bon vieux ju-jitsu (2)

Cet article est la suite de la première partie publiée la semaine dernière. Un article intitulé « le bon vieux ju-jitsu ». Cette expression émanait d’un pratiquant, suite à la mise en ligne d’une vidéo, cela évoquait le ju-jitsu pratiqué dans notre pays au siècle dernier.

Autre réflexion à propos d’une question récurrente, à savoir « quelle est la méthode de self défense la plus efficace » ?  Si on me pose la question, je ne vais pas répondre que ce n’est pas la mienne. Je répondrai que ce « bon vieux ju-jitsu » est une méthode qui envisage  des réponses à un maximum de formes d’agressions, mais que l’efficacité dépend de celui qui l’enseigne et de ceux qui la pratiquent.

D’autre part, j’attache autant d’importance à l’éducation physique et mentale qu’à l’éducation « utilitaire ». Une bonne condition physique ne nuira pas en cas d’agression et elle permet de vivre en meilleure santé. Une éducation mentale, dans laquelle on trouvera de belles valeurs, aidera à ne pas faire n’importe quoi, à se maîtriser dans toutes les circonstances, mais aussi à se soumettre à quelques efforts et s’imposer une certaine rigueur dans la pratique, synonyme de résultats dans bien des domaines, pas simplement dans celui de l’efficacité. On ne négligera pas la recherche du détail, de la finesse technique, sans se satisfaire du minimum.

Avec cette méthode de self défense accessible à tous, j’ai beaucoup d’exemples d’élèves qui ont affronté une agression et qui s’en sont sortis.

Toujours sur l’aspect défense, nous ne sommes pas tous égaux face au stress occasionné par une agression. Cependant, il n’est pas question de provoquer un affrontement pour se tester. Même si certains prétendent que l’épreuve de la rue est la seule qui vaille !

Comme indiqué plus haut, je connais des personnes qui s’en sont sortis avec peu de pratique, mais il est incontestable que la régularité et l’ancienneté dans la pratique seront les meilleurs atouts.

Et puis, toujours à propos du ju-jitsu, j’aime bien la tenue qu’on appelle familièrement le kimono. Bien que judogi, kekogi, ou tout simplement dogi soient plus corrects. C’est mon « blanc de travail », pratique et hygiénique. Chaque sport possède une tenue qui lui est propre et qu’il respecte. Dans un art martial où sont défendues les traditions, signes de respect, il serait dommage d’en négliger un bel exemple.

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Le « bon vieux ju-jitsu »…

–       C’est du judo ?

–       Non, c’est du ju-jitsu.

–       Du J.J.B.(ju-jitsu brésilen) ?

–       Non, du ju-jitsu

Voilà un petit échange qui a eu lieu il y a quelques jours, avec une personne qui passait la tête, alors que nous finissions notre séance par quelques randoris au sol.

Cela m’a donné envie de proposer à nouveau un article paru il y a un an, quelque peu remanié. J’avais intitulé cet article : « Le bon vieux ju-jitsu », suite à un commentaire posté sur une de mes vidéos.

Devant une offre conséquente en matière de disciplines de combat, un peu d’information et de rafraîchissement de mémoire ne sont pas inutiles. Oui, je suis fidèle à ce ju-jitsu que je pratique et enseigne depuis des décennies, sans jamais le renier, ce qui ne m’a pas empêché, dans le cadre d’une formation professionnelle complète, de pratiquer d’autres disciplines institutionnelles.

Le ju-jitsu a su traverser les siècles et, même s’il a connu des périodes de repli, il a toujours su renaître des ses cendres, il est intemporel, inoxydable. Il sait faire le dos rond face aux assauts de nouvelles méthodes (de toute façon nous avons tous deux bras deux jambes et c’est la manière dont elles sont utilisées qui fait la différence) ; il a pour lui la force de sa vérité. Beaucoup d’écoles existent, certaines fantaisistes, d’autres un peu contraires à l’esprit de base, il faut savoir faire le tri.

Cette pluralité de styles existait déjà au temps de Jigoro Kano, quand il a décidé de faire une synthèse pour créer sa propre école qu’il appela « judo ».

Pour ma part, je reste attaché à un style qui rassemble richesse et finesse technique, tout en proposant un état d’esprit constructif. Tous ces éléments sont autant de raisons qui font que ma fidélité lui est acquise et c’est toujours avec la même passion que je l’enseigne. Et pourquoi renier ce que l’on aime et que l’on pense juste ?

Il n’est pas question d’immobilisme, moi-même, en son temps, j’ai apporté ma contribution dans l’évolution de ma discipline, mais toujours à partir des mêmes racines, des mêmes principes et du partage des mêmes valeurs. Je n’ai jamais confondu évolution et régression.

L’évolution, par définition, doit se faire dans le bon sens. Il y a des principes et des techniques qui doivent être respectés, faute de perte d’identité et de qualités.

Je suis inflexible sur l’éducation (technique, physique et mentale). J’ai quelques formules que mes élèves connaissent bien, elles valent ce qu’elles valent, avec juste un peu d’humour, elles ont le mérite d’être explicites. En voici quelques-unes : « sur ma carte professionnelle est inscrit éducateur sportif et non pas destructeur sportif ». « On est ici pour apprendre et non pour en prendre ». « Il faut construire un système de défense, plutôt que de se limiter à détruire ». « Apprendre à maîtriser en se maîtrisant ». Ce sont des formules avec des mots, et les mots ont leur importance lorsqu’il s’agit de transmission au service de l’éducation.

La semaine prochaine, je proposerai la deuxième partie de cet article.

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Discipline

DISCIPLINE SPORTIVE, DISCIPLINE PERSONNELLE, DISCIPLINE COLLECTIVE, etc.

On donne plusieurs sens à ce mot : on l’utilise pour définir une pratique sportive, ou des règles de conduite, entre autres.

Cependant, il y a un lien entre ces définitions.

Quand on utilise le mot discipline pour évoquer une activité physique, cela signifie que cette activité est entourée d’une certaine… discipline ? Peut-on pratiquer une discipline sportive uniquement en loisir ? N’est-ce pas contradictoire ? Se faire plaisir en faisant de temps en temps une balade à cheval, une partie de tennis de table, un peu de natation, etc. cela semble naturel, mais si ce n’est qu’épisodique, sans autre but compréhensible que de se « changer les idées », de s’offrir un moment de plaisir, l’appellation discipline est-elle méritée ?

Ce mot ne demande-t-il pas une implication régulière ? Pas forcément pour briller et remporter des médailles, mais simplement pour approfondir le sujet, essayer de le maîtriser, pas uniquement le survoler. D’autant que dans les arts du combat, si on veut avancer, il ne faut pas se contenter du « de temps en temps ».

Plus généralement, s’imposer une discipline personnelle (avant de l’imposer aux autres), c’est s’astreindre à réaliser quelque chose régulièrement, un rituel, ne pas renoncer par facilité en évoquant un prétexte qu’on le trouvera toujours. Cela peut aller de s’imposer une pratique sportive de façon régulière, ne pas invoquer un coup de fatigue passager, décliner une invitation un soir d’entraînement. Ce peut être simplement faire une marche quotidienne, quelque soit le temps, un nombre de pages de lecture par jour, ou encore la création d’un article hebdomadaire.

Certes il ne faut pas que ce soit une torture. Quel que soit le sujet, il faut l’apprécier,  sinon on en choisit un autre. Mais à partir du moment où l’on s’est décidé, il est souhaitable de s’imposer une régularité que l’on ne regrettera jamais. Parce que – forcément – elle nous apportera des satisfactions, en premier celle de progresser, de s’être montré volontaire, de ne pas abandonner au moindre prétexte. Etre fier d’avoir accompli une tâche qui sans persévérance n’aurait pu aboutir. Bref, être satisfait du travail accompli.

La discipline, c’est aussi celle que l’on doit respecter dans la société, ce qui n’est pas forcément la caractéristique de notre époque.  C’est une raison supplémentaire  pour que les enseignants d’arts martiaux, montrent l’exemple en respectant et en faisant respecter le règlement inhérent à un dojo. Surtout dans la mesure où il ne s’agit pas d’une « discipline de fer », simplement de quelques règles communes qui permettent la pratique dans les meilleures conditions : sécuritaires et relationnelles.

Il ne s’agit pas de discipline pour la discipline, mais pour une organisation qui rendra la vie plus facile.

En conclusion : il est souhaitable de « se discipliner dans la discipline choisie ».

Cet article est un résumé de ce que l’on pourrait développer de manière plus approfondie.

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Le salut

(Il n’est pas inutile de revenir régulièrement sur les fondamentaux techniques, mais aussi éthiques !)

C’est avant tout un signe de politesse, une marque de respect et une tradition qu’il serait dommage de négliger et surtout de sacrifier. C’est aussi un moment de brève, mais d’intense concentration  avant une démonstration, une répétition ou un combat, Tout simplement au début et à la fin d’une séance. Un temps de courte réflexion.

Dans les arts martiaux japonais, le salut est emprunté aux coutumes du pays. C’était tout simplement dans le quotidien la façon de se dire bonjour.

Nous utilisons le salut principalement de deux façons. Debout ou à genoux. Logiquement, avant et après avoir effectué un travail debout, on salue debout ;  il en est de même pour le travail au sol. Dans certains katas ce rite se pratique à genoux et debout pour d’autres.

Au début et à la fin d’un cours, face aux professeurs, il s’exécute  en principe en position agenouillée, mais rien ne s’oppose à ce qu’il soit réalisé debout (surtout si le professeur a mal aux genoux). La position des élèves les plus hauts gradés est toujours sur la droite.

S’il est incontournable, il doit se faire en respectant une bonne attitude. Il ne doit pas être bâclé. Tout d’abord, les protagonistes adoptent une tenue correcte, même après un combat. On prend le temps de se rhabiller, on ne salue pas débraillé. D’autre part, il ne s’agit aucunement de se satisfaire d’un vague mouvement de tête. On prend son temps pour incliner le buste vers l’avant, les mains glissant le long des cuisses en position debout, elles seront posées sur le sol dans la position agenouillée.

Entre élèves et après un travail ou un randori, il se suffit à lui-même. D’autres marques, ne sont pas indispensables, si sympathiques soient elles !

Il est de coutume également de pratiquer le salut en entrant dans le dojo. Il est vrai que cette tradition se perd, elle est remplacée par un seul salut, celui que l’on exécute  avant de monter sur le tatami ( et encore, pas toujours). Mais l’un n’empêche pas l’autre.

Cet article permet aussi de rappeler que si certains rituels ne sont pas respectés dans nos disciplines à traditions, où le seront-ils ?

Encore une fois, c’est la responsabilité du professeur. Il n’est pas qu’un passeur de techniques, il est aussi un transmetteur de principes !

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Shin-Gi-Tai

Shin-Gi-Tai !

Voilà un concept, une expression que les pratiquants d’arts martiaux connaissent. Tout du moins, ils ont entendu ces mots sans forcément y prêter l’attention qu’ils méritent.

Cependant ils sont le fondement d’une bonne pratique martiale, ils pourraient aussi être utiles à toute activité physique et dans la vie en général.

Ils résument la conception que le créateur du judo, Jigoro Kano, avait de son art et quelles  étaient les priorités.

Ils sont le fondement d’une bonne pratique et doivent se renforcer tout au long de cette pratique et pourquoi pas tout au long de l’existence.

Shin désigne l’esprit, Gi la technique et Tai le corps. L’ordre n’est  pas le fruit du hasard.

L’esprit permet de comprendre et d’apprendre une technique correctement et c’est grâce à cette technique  que l’on renforcera le corps.

Autre interprétation concernant ce « classement » : en avançant en âge, la vivacité d’esprit reste, la technique est acquise, même si elle est utilisée de façon moins percutante. Quant au corps ( le physique), à partir d’un certain moment il subit une inévitable altération.

C’est donc l’esprit qui domine. C’est lui qui élabore, construit et affine cette technique qui renforce le corps, c’est l’esprit qui dirige nos actions. Il mène notre existence, grâce (ou à cause) des décisions que nous prenons. Il nous permet de réfléchir, d’agir et de réagir.

C’est en respectant ce triptyque que l’art martial devient autre chose qu’une simple utilisation brutale de nos moyens physiques, il nous permet de guider nos comportements dans le respect d’un code moral.

Dans cette optique le fondateur du judo ne voulait pas faire de son art une simple méthode de combat, mais aussi une méthode d’éducation physique et mentale.

Shin-gi-tai : réfléchir, construire et agir.

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Le sens du combat

Après la « forme de corps » la semaine dernière, voilà une autre qualité prisée par les pratiquants d’arts martiaux et des disciplines de combat.

Une qualité qui doit figurer dans l’arsenal du pratiquant.

Le « sens du combat », c’est aussi une belle expression.

Ce sens du combat on le retrouve aussi bien dans le travail à distance que dans celui du corps à corps. Le timing, le bon moment pour prendre l’initiative ou pour mettre en place la bonne défense et le bon contre.

En judo, imposer rapidement son kumi-kata au bon moment, ou empêcher l’adversaire d’assurer le sien en une fraction de seconde, c’est un peu la même chose que d’atteindre sa cible en un éclair ou de parer un coup dans les disciplines qui les utilisent ! Il faut être capable d’exécuter le bon geste au bon moment.

Comme pour la « bonne forme de corps », il existe des dispositions naturelles, mais il y aussi et surtout l’entraînement (contre lequel on ne peut rien). Les randoris, les kumités, les assauts, en fonction de la discipline pratiquée, permettent d’obtenir les automatismes, face à toutes les situations d’attaques et de défenses. Porter une attaque au moment opportun, effectuer la bonne esquive, et si possible réaliser le contre parfait dans l’attaque de l’adversaire, ce qu’on nomme en japonais le sen-o-sen.

Bien maîtriser une technique, quelle qu’elle soit, c’est bien, la placer au bon moment, c’est mieux.

C’était encore plus utile au temps des samouraïs lors des combats qu’ils se livraient, c’était une question de survie.

Ce sens du combat, une autre personne doit en être pourvue, c’est l’entraîneur dans les disciplines où existent des compétitions. Il apporte un indispensable regard extérieur.

Ce sens du combat on peut aussi le transposer dans le quotidien, dans nos relations sociales, familiales, amicales. Savoir, avec des mots qui font mouche,  arrêter immédiatement un conflit ! Avoir le sens de la répartie, répondre intelligemment à une injure, « désarmer » un agresseur verbal avec le bon mot et la bonne formule.

Il n’y a pas que dans le combat physique que la rapidité de réaction est utile et déterminante ! Rapidité de réaction du corps, mais aussi de l’esprit : voilà un ensemble qu’il est bon de cultiver !

La photo d’illustration propose un moment de la finale des Championnats d’Europe Toutes Catégories en 1955 à Paris. Finale qui opposait mon père Bernard Pariset et le néerlandais Anton Geesink. Voilà deux judokas qui le possédaient, ce sens du combat !

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La « forme de corps »

Voilà une expression connue des pratiquants d’arts martiaux, lorsqu’il s’agit de projections et de travail au sol, bien qu’on puisse aussi trouver cette qualité dans les techniques de percussions. C’est la capacité à bien adapter son corps à toutes les situations d’initiative et de défense.

On dit parfois d’un pratiquant qu’il a une bonne « forme de corps ». De quoi s’agit-il exactement ?  Est-ce un don du ciel, ou bien le fruit du travail ?

C’est déjà une belle appréciation. Cette bonne forme de corps permet, au moment de l’exécution d’une technique, de ne faire qu’un avec la technique en question, de l’épouser pleinement. C’est la parfaite adaptation du corps à la technique.

Pour posséder cette qualité, on peut être doté de quelques prédispositions, mais ce sont surtout les inlassables répétitions qui permettent d’obtenir un tel résultat. On doit « sculpter » son corps, un peu comme l’artiste travaille « la masse » pour produire une belle sculpture. (Toujours la valeur travail !)

D’ailleurs, à propos d’artistes, ceux qui pratiquent les arts martiaux n’en sont-ils pas ? Ne sommes nous pas admiratifs devant la beauté d’un geste qui associe efficacité et esthétisme ?

Cette forme de corps rassemble plusieurs qualités : principalement la précision, la souplesse, la tonicité et la vitesse. Je ne parle pas de force physique, mais d’une utilisation optimale de l’énergie dont chacun est pourvu, tout en utilisant celle de l’adversaire. On est dans le principe du « maximum d’efficacité avec le minimum d’effort (physique) ».

Pour revenir aux prédispositions, il y a des morphologies plus adaptées à telle ou telle pratique martiale, il y a des personnes plus talentueuses, mais quelques soient ces prédispositions, il faudra les révéler, les renforcer et les conserver. Les révéler grâce au professeur, les renforcer et les conserver avec l’entraînement.

Cette forme de corps utilise nos armes naturelles dans un ensemble où sont réunis plusieurs éléments qui s’enchaînent, ou s’associent et s’imbriquent avec naturel, mais aussi avec un bon déplacement qui offre le bon placement : le bon geste au bon moment. Une bonne forme de corps, qui n’est pas utilisée au bon moment ne sera pas très utile.

Quoiqu’il en soit, c’est toujours et encore la volonté et le travail qui permettent de trouver et de renforcer cette qualité. Il faudra trouver le bon professeur qui offrira un bon apprentissage et les bonnes méthodes d’entraînement pour affûter et ciseler un ensemble qui conduira à une finesse technique.

Pour acquérir cette « forme de corps », il faut d’abord le vouloir (le pouvoir presque tout le monde le peut, le vouloir c’est autre chose). On se doit d’être sans cesse à la recherche de l’amélioration , non pas de la perfection qui n’existe pas, mais tout simplement de l’élévation : aller plus haut !

Les figurines qui illustrent cet article son l’œuvre de mon père, Bernard Pariset. Il n’a pas été qu’un « monument » du judo français et international, la preuve !

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Pas assez violent : un beau compliment !

Suite à un échange qui m’a été récemment rapporté, j’ai jugé utile de proposer à nouveau un article récemment publié.

L’échange en question est le suivant : une personne qui pratique une discipline de combat depuis pas mal de temps se confie à un ami et lui fait part de son envie de changer de discipline pour se tourner vers un art martial plus « traditionnel ». L’ami en question lui suggère le ju-jitsu avec votre serviteur. A cela lui a été répondu : «  Ah non, ce n’est pas assez violent ». Sans ironie, je prends cela pour un super compliment (c’est aussi un peu contradictoire de parler d’art martial traditionnel et d’y accoler la violence).

Cependant, cela me navre et m’inquiète. C’est pour cela que je propose cet article déjà publié en janvier dernier, en y ajoutant deux commentaires et quelques aménagements.

Premièrement, est indiqué sur la carte professionnelle (pour ceux qui l’ont)« éducateur sportif » et non pas « destructeur sportif ».

Deuxièmement, on peut ne pas apprécier une discipline pour diverses  raisons ; cela se respecte. Mais quand on évoque un motif comme celui dont il est question plus haut, cela en dit long sur l’évolution de notre société face à cette violence qui ne cesse de croître et d’empoisonner notre quotidien. On ne vient pas dans un dojo pour pratiquer de la violence, mais pour trouver « la voie », celle de la sagesse.

Voici donc l’article déjà mis en ligne en janvier dernier.

« Dans notre domaine le rôle du professeur  est essentiel, il doit être exemplaire. Entre autres missions, il a celle de combattre la violence et non pas de la nourrir. Il doit proposer un enseignement efficace et riche en valeurs éducatives et non pas destructives.

Des valeurs qui améliorent le physique et qui ne le détériorent pas, qui sont aussi des moyens d’élévation du mental.

Sur l’aspect défense, on peut contrôler un individu en se contrôlant, le maîtriser en se maîtrisant. Les situations ne manquent pas dans lesquelles il faut juste maîtriser une personne, sans aller plus loin. Et cela pour différentes raisons. C’est là que l’enseignement reçu au dojo est important sur le plan de la pluralité technique et sur celui de l’état d’esprit.

Sur le plan technique, en self défense, être capable de faire face à des situations extrêmes, mais aussi à de banales « embrouilles » causées par une personne qui ne réfléchit pas trop à ce qu’elle fait. Donc, on se doit de maîtriser aussi les techniques de contrôle : les clefs et les immobilisations.

Sur le plan de l’état d’esprit, c’est aussi la responsabilité du professeur. C’est à lui de dispenser un enseignement qui favorise, en complément de l’apprentissage et du perfectionnement technique, la sagesse comportementale. Une pratique dans laquelle la brutalité n’a pas sa place, ce qui n’empêche pas un engagement physique important, mais avec certaines règles qui protègent l’intégrité physique, même si dans la réalité ces règles n’existent pas.

Il ne serait pas sain de s’entraîner avec une violence identique à celle qui règne lors d’une agression. Les cours servent à progresser techniquement et renforcer le corps, à l’améliorer et non pas à le détériorer. Une pratique violente n’apportera que des blessures qui forcément entraîneront un manque de régularité, donc de progrès, et surtout elle rebute beaucoup de personnes. On vient – normalement – pour apprendre à ne pas se faire mal, si c’est l’inverse qui est proposé, ce n’est plus de l’enseignement, mais du découragement.

Quant au mental, il en est de même : travailler dans une ambiance stressante dans laquelle suinte la violence ne dure qu’un temps. Au dojo, on est là aussi pour se détendre, pour apaiser l’esprit. On est à la recherche de l’élévation physique et mentale et pour partager de bons moments d’échanges entre amis et partenaires.

La pratique, c’est aussi la recherche de la finesse technique, elle n’apporte  que des bienfaits et des satisfactions. D’abord de l’efficacité : « minimum d’efforts et maximum d’efficacité », selon une des maximes de Jigoro Kano. Ensuite,  c’est aussi le plaisir de constater ses progrès : une quête sans fin.

Certes, cela demande beaucoup de travail, de rigueur et de patience. Ce n’est pas donné à tout le monde, il faut le pouvoir mais surtout le vouloir. C’est ne pas céder à la facilité. Il faut les compétences d’un enseignant, de la volonté et de la rigueur de la part du pratiquant. Non pas pour faire mieux qu’un autre, mais faire mieux que soi-même.

À tous et à toutes, longue pratique constructive et non pas destructive. N’oublions pas les fortes valeurs liées aux arts martiaux traditionnels. Même si elles ne sont plus tout à fait dans l’air du temps, elles le redeviendront.

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L’honneur, un beau sujet !

Pour les samouraïs il s’agissait d’une valeur qui n’avait pas de prix ; presque systématiquement sa perte conduisait à l’acte ultime : le hara-kiri ou seppuku.

Certes, leur rapport à la mort était différent de celui qui est le nôtre. Il n’empêche, l’honneur est une des plus fortes valeurs que nous nous devons de défendre, à fortiori pour un pratiquant d’arts martiaux. Elle est inestimable et ne pas la respecter, surtout pour un éducateur, c’est commettre une faute.

Même dans notre beau pays, et jusqu’au siècle dernier, lorsque l’on estimait qu’il était bafoué, il était fréquent (et autorisé) de demander réparation à l’occasion d’un duel à l’épée ou au pistolet.

La définition qu’en donne le Larousse est la suivante : « Ensemble de principes qui incitent à mériter l’estime de soi et des autres ». Quels sont ces principes ? Et quelle est l’estime la plus précieuse, entre celle que l’on a de soi et celle que les autres nous portent ?

Les principes, d’abord. Dans le Code moral du judo-ju-jitsu affiché dans tous les dojos (mais pas toujours appliqué) on peut lire à propos de l’honneur : « C’est être fidèle à la parole donnée ».

Cela m’inspire trois remarques. D’abord l’honneur devrait figurer en première place et non pas en quatrième, comme c’est le cas, ensuite il pourrait tout simplement s’appeler le Code d’honneur, il existe bien le Code d’honneur des samouraïs ! Enfin, même si la fidélité peut englober un ensemble de principes, on peut être plus généreux dans l’énumération des qualités qui correspondent à l’idée que l’on se fait de l’honneur.

L’honneur, c’est aussi le respect des autres, de son métier, de ses convictions, du goût de l’effort et de la rigueur. Parfois il s’agit d’un dépassement de soi lorsque cela est nécessaire, notamment face à l’adversité.

Effectivement, c’est aussi le respect de la parole donnée, un comportement dans lequel est exclue toute traîtrise ou lâcheté.

Il ne faut pas confondre honneur et héroïsme. Se montrer héroïque mérite les honneurs, mais le bon accomplissement de notre vie quotidienne, sans faillir, est aussi « tout à notre honneur », comme l’accomplissement d’une mission qui nous a été confiée.

L’honneur, c’est tout simplement pouvoir se regarder dans la glace en toute sérénité. Personne ne peut revendiquer la perfection, tout le monde a sa part d’ombre et ses défauts, mais il y a des actes et des agissements qui font baisser le front.

Ensuite, entre l’estime que l’on a de soi et celle des autres à notre égard, quelle est la plus importante ? Sans hésiter, celle envers soi-même. Traiter avec sa propre conscience est difficile, il n’est pas possible de tricher avec soi.

Quant à l’estime des autres, cela dépend de « qui sont les autres » ; une simple remarque d’une personne que l’on respecte et/ou que l’on admire est mille fois plus importante que les déblatérations d’un individu que l’on méprise et/ou qui n’a rien accompli de convenable, ce qui va souvent de paire.

Pour conclure, n’oublions pas  que la défense de son honneur ou de celle d’une personne que l’on aime, que l’on admire et que l’on respecte est un devoir.

« L’honneur est la dernière richesse des pauvres ». Albert Camus

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Bloc notes

Cette semaine, l’article prend la forme d’un bloc-notes qui rassemble quelques réflexions.

Triste anniversaire.  Il y a quatre ans on nous enfermait. Quatre ans après, tout le monde ne s’en est pas remis. Beaucoup de petits artisans, par exemple, massacrés par la crise sanitaire. Ils n’intéressent pas grand monde et leurs moyens de contestation sont limités. Je sais de quoi je parle !

Royan. Plus positif, avec le succès du stage de Royan le 10 mars dernier. Près de 40 stagiaires et une très belle unité dans tous les domaines des arts martiaux, notamment en termes d’état d’esprit.

Violence, encore. Le rôle des professeurs, des champions, des dirigeants doit être exemplaire pour lutter contre ce poison qui gangrène la société. Les professeurs, en se conduisant comme des éducateurs faisant respecter les personnes, les lieux et les traditions. Les champions par leur fair-play lors dans les affrontements et leur comportement en dehors des tatamis ou des stades. Les dirigeants, en ne permettant aucun débordement en termes de comportement.

Dans le paysage des arts martiaux et des sports de combat, tout doit avoir valeur d’exemple, y compris ce qui nous est donné en spectacle.

Ju-jitsu et compétition. Loin de moi d’être contre la compétition, mais elle n’est pas facilement adaptable à toutes les disciplines, sauf à les dénaturer, tout du moins à les extraire de leur vocation initiale. Quand, en France, le ju-jitsu a été remis en valeur dans les années 1970, l’objectif était de satisfaire une – très importante – population qui ne souhaitait pas, ou ne pouvait pas, faire de compétition, mais qui cherchait un moyen de s’épanouir physiquement, techniquement et mentalement au travers d’une méthode de self défense.

Prochain stage. Ce sera dimanche prochain à Léognan, en Gironde. Une belle matinée en perspective !

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