Trois mouches en plein été

samouraiAu cœur de l’été, découvrir ou redécouvrir quelques leçons de sagesse issues du précieux et délicieux recueil intitulé « contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon » ne peut qu’être bénéfique. En toute saison d’ailleurs. Pour les heureux bénéficiaires de congés, ceux-ci sont propices à une saine réflexion. Bonne lecture et bel été.

Le livre en question aborde plusieurs thèmes illustrés par différentes petites histoires. Le récit proposé ci-dessous matérialise l’art de vaincre sans combattre, ce qui est pour le moins une conduite intelligente (et manifestement efficace).

Trois mouches

Dans une auberge isolée, un samouraï est installé, seul à une table. Malgré trois mouches qui tournent autour de lui, il reste d’un calme surprenant. Trois rônins entrent à leur tour dans l’auberge. Ils remarquent aussitôt avec envie la magnifique paire de sabres que porte l’homme isolé. Sûrs de leur coup, trois contre un, ils s’assoient à une table voisine et mettent tout en œuvre pour provoquer le samouraï. Celui-ci reste imperturbable, comme s’il n’avait même pas remarqué la présence des trois rônins. Loin de se décourager, les rônins se font de plus en plus railleurs. Tout à coup, en trois gestes rapides, le samouraï attrape les trois mouches qui tournaient autour de lui, et ce, avec les baguettes qu’il tenait à la main. Puis calmement, il repose les baguettes, parfaitement indifférent au trouble qu’il venait de provoquer parmi les rônins. En effet, non seulement ceux-ci s’étaient tus, mais pris de panique, ils n’avaient pas tardé à s’enfuir. Ils venaient de comprendre à temps qu’ils s’étaient attaqués à un homme d’une maîtrise redoutable. Plus tard, ils finirent par apprendre, avec effroi, que celui qui les avait si habilement découragés était le fameux Miyamoto Musashi.

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Tomber sept fois…

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La semaine dernière la première partie de cet article évoquait les malheurs du ju-jitsu dans notre pays. Aujourd’hui tentons de savoir pourquoi rien n’a été fait pour y remédier et quelles sont les perspectives.

Dire que rien n’a été tenté pour obtenir une autonomie, serait faux, cela l’a été à différentes reprises et de différentes manières. Seulement, plusieurs raisons ont contrarié ces tentatives.

Tout d’abord, la fédération officiellement en charge n’est pas une petite fédération et ses pouvoirs sont grands. Pour beaucoup de clubs, la quitter et rejoindre un mouvement autonome serait s’exclure de fait de « l’instance-mère » pour leur autre activité qui est le judo, hypothéquant ainsi leur avenir. Ensuite, le ju-jitsu souffre de la qualité de ses défauts dans la mesure où existe un nombre important de petits groupes difficiles à « fédérer » (Il en a d’ailleurs toujours été ainsi pour cet art martial), chacun étant attaché à ses spécificités. Cela ne favorise pas un rassemblement dont l’ampleur faciliterait une reconnaissance « officielle ». Après tout, si nous n’étions pas dans un pays souvent étranglé par une boulimie de réglementations (parfois utiles, mais souvent excessives) ces écoles pourraient vivre en parfaite autonomie, c’est d’ailleurs ce qu’elles font, en se privant d’une officialisation qui est souvent montrée du doigt, cela ne les empêche pas de vivre (quelquefois survivre). Et puis, réaliser l’indépendance du ju-jitsu dans de telles conditions est une tâche qui réclament de la disponibilité et de l’énergie. Faire état de la doctrine de Jigoro Kano : « minimum d’énergie, maximum d’efficacité » est plus facile à réaliser sur le tatami que dans certaines épreuves de la vie, parce que bien souvent lorsqu’il s’agit de réunir des personnes, même animés de volonté et de sincérité, on réunit d’abord des problèmes !

Cependant, « tomber sept fois, se relever huit » ce beau proverbe japonais pourraient bien convaincre de l’opportunité de poursuivre un combat et une quête qui semblent légitimes à bien des personnes de bonne volonté…

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Autopsie, ou presque…

samourai-dore-3Le dernier article publié sur ce blog – relayé par Facebook – a littéralement explosé le compteur de ce que le réseau social appelle les personnes « atteintes ». Pour cible, le billet consacré au nouveau programme des passages de grades imposé par la fédération de judo-ju-jitsu. Que cela suscite autant d’intérêt signifie que ces titres revêtent une belle importance et que ces modifications ne laissent pas grand monde indifférent. Les réactions ont été nombreuses et vives, une écrasante majorité s’insurge contre ces chamboulements qui sont un nouveau coup dur pour le ju-jitsu. C’est ce qui m’a donné l’envie de faire une petite analyse afin d’essayer de comprendre ce qui pose problème pour notre art martial dans ce pays.

Ceci étant, je n’ignore pas que nous sommes au cœur de l’été et que pour beaucoup le kimono (judogi, jujitsugi, kekogi, etc.) est soigneusement rangé dans la penderie, mais cela n’empêche pas la lecture et un brin de réflexion. De plus, à la vue du nombre de smartphones sur les plages et autres lieux de villégiature, l’interconnexion, elle, ne prend pas de vacances.

Tout le monde sait que si nous serrons trop fort un oiseau dans la main il étouffe et dans le cas contraire il s’envole. Comme souvent la sagesse se situe dans le juste milieu. Pour le ju-jitsu tout le monde devine quelle solution lui a été réservée.

La principale crainte de la fédération délégataire était effectivement de voir s’envoler notre art martial (qui pour le coup bat sérieusement de l’aile), soit en parfaite autonomie, ou pire encore, sous la férule d’une autre fédération qui, en octroyant au ju-jitsu une certaine liberté d’action n’aurait pas manqué de voir grossir le nombre de ses licenciés.

Juguler de façon excessive le ju-jitsu à but non-compétitif en imposant une partie judo de plus en plus importante alors que presque toutes les techniques de judo sont – de fait – dans le ju-jitsu, avec des objectifs différents. Faire juger le peu de programme alloué à notre art par des juges souvent inexpérimentés en la matière. Entendre de la condescendance et parfois souffrir du mépris exprimés envers ceux qui n’ont pas choisi la voie compétitive. Imposer, dans le maigre aspect technique, des attitudes ou gardes incompatibles avec les grandes projections de base. S’intéresser principalement à l’aspect « fighting » d’une discipline qui n’est pas faite pour cela et qui entraine fatalement à la fois une sclérose de l’art martial et défavorise les personnes à la recherche d’une activité utilitaire et de loisirs. Et maintenant les obliger, enfin ce qui reste de pratiquants, à participer à des compétitions dans lesquelles ils vont non seulement être confrontés à des épreuves qui n’appartiennent pas à leurs motivations et ce qui est le plus dangereux, être obligés de se « frotter » à des judokas très « physiques », pour le moins. Et bien, cette liste, peut-être incomplète, explique en grande partie le problème.

Loin de moi la malice d’imposer une forme de teasing en vous annonçant la suite de cet article « au prochain numéro », c’est-à-dire la semaine prochaine, mais en période estivale, proposer un billet trop long n’est sans doute pas opportun. Une suite qui pourrait avoir comme titre : « Pourquoi rien n’est fait ?».

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Dommage !

webkanjiBien qu’ayant pris depuis longtemps mes distances avec la fédération de judo-ju-jitsu pour des raisons connues de désaccord sur la gestion du jujitsu en son sein, (refusant de renier mes convictions, même si cela a un prix) je m’intéresse toujours à cette institution ainsi qu’à ses travaux et à son évolution. D’abord, parce qu’il s’agit de la fédération qui est en charge «officiellement » de la gestion du ju-jitsu et tout simplement parce que j’aime le judo, aussi ! Et puis la complémentarité entre le ju-jitsu et le judo est évidente à condition d’être pourvu d’un peu de bon sens et que les deux soient respectés. Malheureusement, j’ai appris, sans trop de surprise malgré tout, que le programme des passages de grades allait changer et que pour le 1er dan, la ceinture noire, les candidats de moins de trente ans auront l’obligation de passer par une épreuve de compétition (appelée épreuve d’efficacité).Ce sera également valable pour les trentenaires, mais dans une moindre mesure. Seuls les plus de quarante ans, qui représentent un infime pourcentage, seront complétement exemptés de confrontation.

Dans les années 1980, au moment du renouveau du ju-jitsu et devant l’impossibilité – par peur d’une dissidence  – de mettre en place un grade purement ju-jitsu, faute de mieux, la commission technique, à laquelle j’appartenais avait réussi à obtenir un grade judo-ju-jitsu sans compétition à partir de 16 ans. Laissant ainsi la possibilité aux personnes, même jeunes, de ne pas se voir imposer des combats de judo pour l’obtention d’un grade dans un art martial à but non-compétitif. Tout comme pour certaines disciplines dans lesquelles il est possible de franchir les échelons sans pour cela être dans l’obligation de faire de la compétition. En équitation, par exemple, il est possible de passer les degrés sans confrontation.

Certes, la proportion de ju-jitsu se réduisait un peu plus à chaque remaniement, mais là c’est un vrai retour en arrière. auquel on assiste.  Ceci étant, par une absence de volonté et/ou de savoir faire, la forme du ju-jitsu traditionnel n’est plus très vaillante au sein de cette fédération. Et ce ne sont pas ces nouvelles mesures qui pourront capter des adhésions venant d’une population qui serait, de toutes les façons, déçue de se voir imposer des épreuves qui n’ont pas grand-chose en commun avec les motivations qui lui font franchir la porte d’un dojo. Cela ne pourra que les inciter à se tourner vers d’autres disciplines.

La logique de l’association et de la complémentarité entre judo et ju-jitsu est d’une telle évidence qu’il est surprenant qu’elle n’ait pas pu – ou voulu – être comprise par certains. Dommage !

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Ce qui se conçoit bien…

tomoe-nageBien maitriser une technique et un savoir est une chose, pouvoir les transmettre correctement en est une autre. Le métier de professeur, quelque soit ce que l’on enseigne est un beau et noble métier, mais aussi un des plus difficiles.

Au-delà de la maîtrise du sujet que l’on doit transmettre il faudra développer des compétences spécifiques. Posséder une solide motivation et considérer qu’il s’agit d’un métier et non pas d’un travail. Etre animé d’une passion, ou du moins d’une très forte conviction, pour éventuellement compenser chez le jeune professeur un manque d’expérience et chez les plus anciens un risque de lassitude ; de rigueur, que l’on s’applique à soi-même, ce qui autorisera de l’enseigner aux élèves, de résistances et d’endurances physiques et mentales ; d’autorité dans laquelle on trouvera exigence et bienveillance, rigueur et souplesse ; d’une impartialité qui ne favorisera pas que les plus performants, de disponibilité par rapport à ses élèves, de curiosité quant aux évolutions techniques et pédagogiques. D’un engagement complet qui oblige à laisser les problèmes à la porte de l’établissement ou du dojo pour ne se consacrer qu’à sa mission d’enseignant et d’éducateur. Et puis, c’est sur quoi je souhaite insister aujourd’hui, en plus d’une voix qui doit porter, de la clarté et de l’intelligibilité dans le discours.

A ce sujet, et pour ce qui concerne les activités physiques il semblerait que depuis longtemps, existe une sorte de complexe chez ceux qui les enseignent (plus objectivement chez les formateurs de professeurs) par rapport à leurs collègues des domaines non-physiques et qui les amènent à user et parfois abuser d’un vocabulaire spécifique et particulier (utilisé par certains techniciens théoriques de l’éducation nationale), tentant ainsi de démonter qu’enseigner « le sport » n’est pas réservé aux incultes dépourvus des compétences nécessaires à l’étude et à l’enseignement de la philo ou des maths, par exemple. C’est ainsi que certaines définitions n’ont pas manqué de se faire remarquer par leur originalité, comme l’inoubliable « référant bondissant aléatoire » qui désignait le…ballon ! Autre exemple vécu, lorsqu’un formateur au début d’un stage annonce que l’on va procéder à « l’évaluation des acquis techniques du moment », je m’étais amusé en lui répondant : « bref, on regarde où ils en sont ! ». Ce ne serait pas si grave si l’unique conséquence était de nous amuser. Mais outre le fait de rendre obscure la dénomination d’objets, de techniques ou de faits pédagogiques simples, le risque est de ne pas être compris par tous les pratiquants et par de jeunes professeurs qui seraient amenés à penser qu’on ne se distingue que par les effets de langage… et que le temps passé en verbiages inintelligibles et non incontournables est autant de temps perdu pour une pratique simple, limpide, claire et effective.

Comme pour tout enseignement : « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement » ! A méditer, mais surtout à rappeler à tous les futurs enseignants… et actuels !

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Un certain engouement

SAMOURAI

L’engouement que suscitent certaines disciplines dites « modernes » ou « extrêmes » est surprenant. Qu’une méthode utilisant l’art de combiner les coups, les projections et les contrôles rencontre du succès n’a rien d’étonnant (il en existe quelques-unes) et ce n’est pas moi, ardant défenseur du ju-jitsu, qui critiquerais de telles combinaisons techniques.

Ce qui est surprenant, c’est la vitesse à laquelle cette notoriété s’est opérée. La réponse se trouve sans doute dans la mise en place d’une couverture médiatique exceptionnelle. L’organisation des fameux combats qui se déroulent dans « la cage » représente d’importants enjeux financiers, vous ajoutez à ceci la réputation sulfureuse qui entoure ces joutes et vous obtenez une promotion exceptionnelle.

Vendre du papier et faire fonctionner la billetterie d’une part et d’autre part attirer des élèves dans les « salles de sports » pour une pratique-loisir régulière sont deux choses différentes. D’autant que cette pratique ne peut être le reflet du traitement réservé à ces nouveaux gladiateurs. Si tel était le cas il ne serait pas évident pour les pratiquants de se rendre au travail le lendemain. Mais, pour certains, cela en jette sans doute et en impose surement de confier à ses collègues que l’on s’adonne de façon régulière à la discipline qui se pratique « dans la cage » ! De plus, s’affranchir des codes et des usages attachés aux arts martiaux traditionnels est une façon de se singulariser. Dommage ! Quant aux fameux combats, ils ne s’embarrassent pas d’un règlement garantissant l’intégrité physique des protagonistes et nous imposent une violence que ne peut cautionner « l’éducateur » que je suis aussi !

Alors pourquoi une telle promotion ? Sans doute parce qu’une fois encore, lorsqu’il est question d’argent, tout est possible; ensuite l’effet d’entraînement fait son œuvre. (Un tel phénomène n’est pas réservé au seul milieu sportif !) Mais faisons confiance à l’intemporalité des arts martiaux traditionnels (y compris à ceux qui n’ont pas la chance d’être sous la férule d’une fédération à part entière) et à toutes les valeurs qu’ils ne manquent pas de véhiculer.

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le fil du temps

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Cela fait deux années que la photo qui accompagne ce billet a été réalisée. C’était le 30 juin 2015, à la fin d’une soirée au cours de laquelle l’émotion n’était pas absente. Deux ans après avoir donné les clefs du dojo de la Bastille à une autre équipe et en regardant ce cliché, je me dis que décidément la vie ne se lasse pas de nous réserver des surprises.

En vingt-quatre mois il s’en est passé des choses. Au fil du temps j’ai eu, entre autres, l’occasion de tester la solidité des certains liens.

Regarder cette photo (sur laquelle tout le monde n’apparait pas) me fait constater que pour certaines liaisons « le temps est assassin». Malgré cela, émerge un premier groupe qui donne tort à cette formule, il est constitué d’amitiés très fortes, inoxydables. Il y en a un deuxième pour qui les évènements personnels ne leur laissent que peu de place aux sujets et activités annexes. Enfin existe une troisième catégorie de personnes habitées d’une certaine inconstance et dépourvues de reconnaissance. Quoiqu’il en soit cette photo concrétisait la fin d’une période et surtout d’une grande aventure ; retenons le meilleur de celle-ci et surtout continuons à nous tourner en direction d’un avenir prometteur.

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Soulac-sur-Mer, entre souvenirs et projets

soulac-2017La semaine dernière sur Facebook j’évoquais Soulac-sur-Mer, où durant vingt-cinq années le ju-jitsu était à l’honneur à chaque période estivale. Le nombre de « like » et de commentaires favorables m’ont donné l’envie de développer le sujet.

L’aventure avait débuté en 1986. Les années précédentes les stages estivaux se déroulaient dans le village du Temple-sur-Lot, dans le département du Lot-et-Garonne, au milieu des vergers. Mais les stagiaires souhaitaient pouvoir bénéficier des bienfaits de l’air marin et de davantage d’activités annexes. Après avoir étudié plusieurs possibilités, Soulac a été retenue. L’océan, mais aussi une ambiance qui « collait » bien à l’activité. Une station balnéaire familiale, dynamique mais pas excentrique. Sa situation géographique à l’extrémité de la Pointe de Grave lui assure une certaine tranquillité et préserve un coté nature qui n’est pas son moindre atout. Et puis la municipalité nous offrait une infrastructure et des services facilitant la mise en place de ces rassemblements qui, si on en croit les témoignages, ont laissé d’excellents souvenirs.

Vingt-cinq années durant, ce sont plusieurs centaines de stagiaires qui sont venus transpirer sur les tatamis de Soulac, mais aussi bénéficier des séances sur la plage face à l’océan. Toute l’Europe, ou presque, a été représentée. Et bien évidement l’ensemble des régions françaises.

En 2010, se déroulait la dernière session. Pour des raisons personnelles il ne m’a pas été possible de reprogrammer ce rendez-vous en 2011 et les années suivantes. Une évolution favorable permet d’envisager de reprendre cette habitude et de mettre à l’agenda une nouvelle semaine de pratique intensive de notre cher art martial pour l’été 2018, mais aussi à l’occasion de quelques week-ends prolongés comme ceux de l’Ascension et de la Pentecôte. Mon passage dans la station médocienne ces jours derniers avait pour but de reprendre contact ; le plaisir de retrouver ce bel endroit n’a pas manqué de me conforter dans le désir de faire aboutir le projet.

En attendant, il y aura Carqueiranne la première semaine de juillet, dans une région complètement différente, le Var.

Bonne fin de saison et à très bientôt sur les tatamis.

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Quatre légendes

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Sur la photo qui accompagne cet article (prise au «golf bleu » à Beauvallon-sur-mer au début des années 1960) y figurent quatre légendes du judo. En partant de la gauche, je vous propose une présentation on ne peut plus résumée.

Anton Geesink (1934-2010). Le géant hollandais qui a fait pleurer le Japon en 1964 à l’occasion des Jeux olympiques de Tokyo en battant en finale des poids lourds, Kaminaga, le représentant nippon. Un physique exceptionnel, mais aussi une technique parfaite et une volonté de fer.

Shozo Awazu (1923-2016). Il arrive en France en 1950 avec le grade de 6e dan obtenu à 26 ans. En tant que professeur et entraîneur, ce qu’il a apporté au judo français est colossal, notamment dans le domaine du travail au sol et des katas.

Bernard Pariset (1929-2005). Sous ma plume, que dire qui ne l’a pas déjà été ? Il était mon père mais aussi mon premier et principal professeur. Après une carrière de compétiteur en toutes catégories durant laquelle ses qualités de « battant » ont fait sa réputation, ils sont nombreux ceux qui ont pu profiter de ses talents d’entraîneur et de professeur. Il a été aussi un fameux visionnaire en réhabilitant le ju-jitsu dans notre pays au début des années 1970.

Henri Courtine (1930-   ). Un judoka à la technique d’une finesse exceptionnelle, en l’occurrence dans l’art des balayages. Après sa fabuleuse carrière de compétiteur, il a été un très grand dirigeant tant sur le plan national qu’international. Il est aujourd’hui 10e dan, le plus haut grade jamais atteint dans notre pays.

Pour moi ces quatre personnages ont un point commun dans la mesure où j’ai eu la chance de profiter de l’enseignement de chacun. Un enseignement que l’ont peut qualifier, en toute objectivité, de « très haut niveau ». Mais aussi, et ce n’est pas le moindre des privilèges, je eu la chance de bien les connaitre à titre personnel. (Pour l’un d’entre eux, il ne s’agira pas d’un scoop !)

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Sutemis

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Les sutemis sont la parfaite illustration du principe de non opposition et de l’utilisation de la force de l’adversaire. Mettre hors d’état de nuire l’adversaire en stérilisant ses attaques, en lui faisant gâcher son énergie, en permettant que celle-ci se retourne contre lui et à sa force ajouter un peu de la notre, me semble être une riposte « intelligente », dénuée de toute violence. Elle donne à un gabarit modeste l’assurance de maitriser plus fort que lui.

Sutemi signifie sacrifice. En se mettant soi-même au sol (en sacrifiant son corps), le principe est de créer le vide devant l’assaillant et de l’aspirer dans ce néant volontairement provoqué. Comme beaucoup de techniques de self-défense appartenant au ju-jitsu, les sutemis se réalisent à condition qu’il y ait attaque (ou agression). En judo, c’est surtout dans l’application du principe action-réaction et en contre-prises qu’ils se pratiquent.

Il existe les sutemis de face et les sutemis de coté. Le plus célèbre d’entre eux appartient à la première catégorie, il s’agit de tomoe-nage. Littéralement : projection en cercle. (Les deux corps formant un cercle parfait au moment où Tori fait basculer Uke par-dessus lui.) Cette projection est aussi connue sous l’appellation populaire de « planchette japonaise ». En judo, une variante a vu le jour au début des années 1970, avec yoko-tomoe-nage.

Dans cette famille de techniques se trouvent aussi les makikomi qui sont un peu à part dans la mesure où nous sacrifions notre corps dans le but « d’enrouler » celui de l’adversaire.

Ces techniques sont très spectaculaires et impressionnent toujours. Si elles ne demandent pas d’efforts physiques, en revanche elles réclament de la précision et une forme de corps qu’il aura fallu façonner avec de nombreuses répétitions. Mais comme dans beaucoup de moment de la vie, la satisfaction des progrès réalisés sera LA récompense.

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