Fin de saison

SAMOURAINous sommes presque à la fin de cette saison dite « sportive » et c’est le moment de faire un bilan. Pour ma part, à titre professionnel, je retiendrai la satisfaction des stages que j’ai pu assurer, grâce à une disponibilité nouvelle. A titre personnel, c’est tout naturellement un nouveau lieu de résidence qui aura marqué les mois qui viennent de s’écouler.

Pour revenir aux stages, qui ont constitué l’essentiel de mon activité, ils sont de deux sortes. Ceux qui se déroulent à Paris régulièrement et qui me permettent de retrouver les habitués, les fidèles. Et puis, il y a ceux qui ont lieu en province, avec là aussi, deux catégories, les clubs qui m’accueillent pour la première fois et ceux qui me reçoivent régulièrement.

Rencontrer des pratiquants (de tous niveaux) pour la première fois et ainsi élargir le champ de ses relations tout en leur faisant partager notre savoir est toujours un moment fort, tout comme peut l’être le fait de retrouver des habitués pour lesquels on peut juger des progrès et de la fidélité au ju-jitsu. Avec beaucoup d’entre eux se tissent des liens qui dépassent la simple relation « professeur-élèves » ; ce n’est pas un moindre plaisir. Et puis, les réseaux sociaux nous permettent de garder le contact au fil des mois.

Au terme de cette saison je voulais remercier très sincèrement les clubs qui m’ont accueilli pour la première fois, comme à Mirecourt dans les Vosges et à Bassens en Gironde et ceux pour qui c’est devenu presque une habitude, je pense à Hyères et Carqueiranne. Je profite de ce billet pour remercier les stagiaires, mais aussi les organisateurs. Une telle programmation représente beaucoup de travail en amont. Je n’oublie pas non plus les deux stages qui se sont déroulés à Niort et qui m’ont à la fois permis de retrouver d’anciennes connaissances et d’en faire de nouvelles.

Quant aux fidèles parisiens, qui en grande partie sont d’anciens élèves, à chaque fois c’est vraiment une immense joie de les retrouver. Pour eux il reste encore un rendez-vous le 11 juin prochain.

Ensuite ce sera le stage estival de Carqueiranne dans le Var, puis après un peu de repos nous attaquerons la nouvelle saison 2017/2018, elle ne devrait pas être dépourvue de surprises et de nouvelles aventures.

Bonne fin de saison à tous et à bientôt sur les tatamis.

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Petite philosophie des arts martiaux

D’une certaine manière cet article peut être considéré comme le complément à celui de la semaine dernière. En présentant un livre : « Petite philosophie des arts martiaux » nous poursuivons sur le même sujet, à savoir la violence, et ce qui pourrait être considéré comme un paradoxe d’affirmer que l’on peut justement lutter contre elle avec la pratique de techniques de combat destructives.

L’auteur de ce livre édité en 2006, André Guigot, Docteur en philosophie, explique que l’éducation du corps passe par l’éducation de l’âme, corps et âme étant inséparables. Mais aussi avec un travail en harmonie avec son entourage. « L’amour de la sagesse ne s’oppose pas à l’art du combat. Dès l’origine, que l’on peut situer en Inde puis en Chine il y a plus de cinq mille ans, l’histoire des arts martiaux se confond avec une recherche de paix et d’harmonie avec soi-même et le monde extérieur ». Ainsi commence ce recueil rempli d’informations et de sagesse.

Cela nous rappelle forcément le grand principe de Jigoro Kano qui, au travers de son judo (un ju-jitsu féodal adapté aux évolutions de la société), proposait une méthode d’éducation physique et mentale. A l’aide d’exercices corporels représentant des techniques de combat, l’objectif tend à renforcer son corps non pas pour devenir meilleur que les autres mais devenir meilleur soi-même, ce qui est une belle nuance. L’étude de techniques de défenses (efficaces) était un prétexte à une quête plus large.

Sur le thème de la violence, l’auteur nous explique que celle-ci n’est pas un état naturel chez l’homme, mais qu’elle découle d’une frustration et qu’une pratique sereine et apaisée des techniques de combat participe à la disparition de l’agressivité. De plus il affirme que la violence et la bêtise sont contraires à l’art du combat. Il évoque les hiérarchies superficielles qui perdent leur sens lorsque l’on a revêtu une tenue identique pour tous. Le respect qui ne doit pas être le fruit de la crainte mais celui de la reconnaissance. Les grades, avec cette belle phrase : « C’est l’homme, ou la femme, qui donne de la valeur à son grade, pas l’inverse ». Il évoque « l’art de l’évasion » (l’esquive) et celui de la souplesse (il s’agit là de la souplesse comportementale – l’utilisation de la force de l’adversaire) avec la présentation de l’aïkido, de l’aiki-jitsu et du judo. Le comportement en dojo, dans lequel « on n’entre pas comme dans un magasin, ni tout à fait comme dans un centre d’entraînement sportif ». La compétition, qui n’est pas indispensable et qui, pour les compétiteurs,  doit être considérée comme un simple moment dans la vie. L’esthétisme, que l’on peut associer à une parfaite maitrise physique et donc à l’efficacité, ne serait-ce que par la précision que cette qualité impose. Le plaisir dans la pratique et dans la satisfaction de sa propre évolution. Bien d’autre thèmes sont abordés, tous plus intéressants les uns que les autres, comme l’émergence de certaines pratiques dites « modernes ».

Tout aussi instructives sont les nombreuses citations égrainées au fil des chapitres comme ce proverbe d’Okinawa (l’île qui a vu naitre le karaté) : «La douleur fait penser l’homme. La pensée rend l’homme sage. La sagesse rend la vie acceptable ». On ne peut mieux conclure un article ! Bonne lecture.

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Violence…

SAMOURAI

Violence…

L’éradication de ce fléau n’est pas acquise, loin s’en faut et l’on s’en persuade encore davantage lorsque s’offrent à nous certaines vidéos d’arts martiaux sur les réseaux sociaux (qui donnent un spectacle qui ne m’aurait certainement pas donné envie de pousser la porte d’un dojo) et/ou que l’on assiste à certains comportements dans un domaine plus large. L’immensité de la tâche nous saisit. On se dit qu’il y a encore beaucoup de travail et que malheureusement l’exemple ne vient pas toujours d’en haut. Participer à la réduction de cette plaie a toujours fait partie des motivations qui m’ont animé dans l’accomplissement de mon métier. Aujourd’hui plus encore ! La fougue de la jeunesse laisse la place à davantage de sagesse liée à l’expérience. Mais surtout, à ce jour et malgré les efforts, la certitude d’un monde où régnera la concorde n’est pas encore acquise. Face à se constat, restons positifs, espérons – et surtout – œuvrons.

A maintes reprises j’ai évoqué le rôle – même très modeste – de ceux qui dispensent leur savoir dans le domaine des arts martiaux. « Enfoncer le clou » et tenter de convaincre que la violence ne se combat pas par elle-même ne me semble ni inutile ni superflu. Certes la riposte existe, et la punition aussi. Mais la prévention – par l’éducation et par l’exemple donné – doit être la priorité. Il s’agit là du fondement de la mission du professeur. Celui-ci est aussi un éducateur physique et mental. Par ce qu’il enseigne et surtout par la manière dont il le fait. Il ne suffit pas de maitriser correctement des techniques, encore faut-il être capable de les transmettre et ce n’est pas donné à tous le monde. Ensuite, la manière avec laquelle elles seront expliquées et démontrées déterminera la façon dont elles seront utilisées.

J’adhère parfaitement à la citation que l’on attribue à Jigoro Kano : « la meilleure utilisation que l’on peut faire d’un sabre, c’est de ne jamais s’en servir ». Je ne suis pas sans ignorer que l’adhésion à ce précepte ne fait pas l’unanimité. A chacun son état d’esprit, sa « philosophie ». Bien que ce dernier mot ne soit sans doute pas bien connu de tous.

L’enseignement des techniques de combat confère une énorme responsabilité à celui qui le distribue ; la plupart de ces techniques peuvent se révéler fatales. Cette mission ne peut donc pas être confiée à n’importe qui. Une solide formation sur le plan mental, éthique et philosophique est indispensable en plus de la maitrise technique.

Lorsqu’un pratiquant se présente dans un dojo qui n’est pas le sien, bien souvent la simple évocation du nom de son professeur donne une indication très précieuse, non seulement sur ses aptitudes techniques, mais aussi et surtout sur l’état d’esprit et le comportement qui seront les siens. « Dis-moi qui est ton sensei*, je te dirais comment tu pratiques ». (Sachant que dans notre domaine nous ne pouvons échapper parfois à « l’exception qui confirme la règle » !)

*Celui qui était là avant moi, qui est garant du savoir et de l’expérience d’une technique ou d’un savoir-faire.

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Shime-waza, le travail des étranglements

kata-ha-jimeAprès avoir présenté le travail des clefs il y a quinze jours, passons à celui des étranglements. Evoquer le terme d’étranglement auprès d’un néophyte provoque souvent une certaine frayeur légitime. Les pratiquants, eux, sont familiarisés avec ce groupe de techniques qui, lorsqu’elles sont travaillées entourées des précautions de base, ne sont absolument pas dangereuses parce que contrôlées. D’autant que leur bonne réalisation demande un peu de temps, celui qui permettra l’acquisition d’une forme de sagesse et de maitrise dans tous les sens du terme.

Il n’empêche que leur efficacité est redoutable et peuvent s’appliquer dans bon nombre de situations que ce soit en judo ou en ju-jitsu, debout ou au sol ! Sachant qu’en judo ce sera principalement dans ce dernier domaine qu’ils se concrétisent.

Nous pouvons définir deux grands groupes d’étranglements. Le premier rassemblant ceux qui sont appliqués « à mains nues » et le second ceux qui le sont à l’aide des revers de la veste. Parmi ces deux groupes, il y a les étranglements de face et ceux qui s’appliquent lorsque nous sommes placés derrière le partenaire (ou l’adversaire). Il faut compter aussi avec un étranglement bien particulier qui s’exécute à l’aide des jambes, je veux parler du fameux « sankaku-jime », l’étranglement « en triangle », rendu célèbre notamment grâce au premier opus de « L’Arme fatale », film dans lequel Mel Gibson l’utilise pour terrasser son dernier adversaire. Dans cet ensemble de techniques émergent encore deux groupes, celui qui rassemble les étranglements sanguins dont l’action se situe au niveau des artères placées de chaque coté du cou et l’autre les étranglements respiratoires, qui agissent sur la trachée. Leur appellation suffit pour comprendre leurs conséquences respectives.

Bien que leur terrain de prédilection se situe au sol, en self-défense ils peuvent s’appliquer en riposte à des attaques en position debout ; défenses sur coups de poing, sur coups de pied, sur tentatives de saisies et saisies, etc. L’action peut commencer debout pour se conclure au sol, comme avec le redoutable morote-jime, appelé aussi vulgairement « le manche de pioche ».

Comme pour toutes les techniques et sans doute encore davantage pour celles-ci, en raison de leur caractère particulier, l’étude des étranglements ne doit pas éluder celles de leurs défenses. Savoir appliquer des ripostes à des formes très techniques, mais aussi à l’encontre de tentatives de strangulations plus rudimentaires est indispensable.

Pour conclure avec le shime-waza, on peut affirmer qu’il s’agit, là encore, d’un domaine riche, passionnant à l’efficacité incontestable, mais qui demande à être étudié sous le contrôle d’une personne hautement qualifiée et responsable.

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Kansetsu-Waza, le travail des luxations

IMG_0005« Pouvoir maîtriser quelqu’un sans forcément mettre ses jours en danger » est une formule qui convient parfaitement à ce groupe de techniques dont le but est d’agir sur les articulations au point de provoquer une douleur qui contraint l’adversaire ou l’agresseur à l’abandon. « Forcer l’articulation dans le sens inverse de son fonctionnement naturel » est une autre formule très explicite. L’efficacité des clefs est incontestable et leur utilisation permet aussi de « graduer » la riposte. Son utilisation est moins radicale que celles des projections et des coups, ce qui n’est pas négligeable sur le plan de la légitime défense, mais aussi au nom du respect de la vie.

Les clefs peuvent s’appliquer sur les bras mais aussi sur les jambes, en sachant que pour certaines disciplines dans lesquelles l’affrontement direct existe, elles ne sont pas autorisées sur les membres inférieurs pour des raisons de sécurité. En effet, elles sont moins facilement maitrisables et surtout elles se pratiquent principalement sur l’articulation – très fragile – du genou pour laquelle, en cas de traumatisme la guérison sera longue et jamais vraiment complète.

Les contrôles sur les articulations se divisent en deux groupes, les clefs en hyper-extension (gatame) et celles en torsion (garami). En ju-jitsu elles s’appliquent debout et au sol,  en judo c’est principalement au sol. En « ju-jitsu self-défense » les opportunités sont nombreuses, essentiellement dans le domaine du corps à corps.  En combinaison avec les coups et les projections elles sont bien souvent la finalité  d’une défense. Lorsqu’il s’agit d’attaques à l’arme blanche, pouvoir maîtriser le bras armé est un atout considérable.

Elles se réalisent principalement à l’aide des mains qui sont les moyens de transmission d’une autre partie du corps telle que l’aisselle, le ventre, etc. Le travail des clefs représente la parfaite combinaison des points faibles du corps humain pour Uke (le méchant) et de l’utilisation la plus rationnelle de celui de Tori (le gentil).

Leur étude demande beaucoup de temps, leur efficacité une très grande précision et une adaptation rapide aussi bien à la situation qu’aux éventuelles  particularités de l’articulation du partenaire et/ou de l’adversaire.

En conclusion, il s’agit d’un domaine efficace, passionnant mais qui réclame des qualités dont la persévérance (pas toujours d’actualité, mais toujours récompensée) !

 

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Sixième sens

samourai-dore-3C’est toujours un grand plaisir que celui de proposer, de temps en temps, quelques lignes issues du recueil « Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon ». Cette fois elles nous conduisent à quelques réflexions sur les « forces de l’esprit », qui peuvent nous habiter à partir d’un certain niveau d’engagement et de pratique.

« Tajima no Kami se promenait dans son jardin par un bel après-midi de printemps. Il semblait complètement absorbé dans la contemplation des cerisiers en fleur. A quelques pas derrière lui, un jeune serviteur le suivait en portant son sabre. Une idée traversa l’esprit du jeune garçon : « Malgré toute l’habité de mon maître au sabre, il serait aisé de l’attaquer en ce moment par-derrière, tant il parait charmé par les fleurs de cerisier. » A cet instant précis, Tajima no Kami se retourna et chercha autour de lui, comme s’il voulait découvrir quelqu’un qui serait caché. Inquiet, il se mit à fouiller dans tous les recoins du jardin. Ne trouvant personne, il se retira dans sa chambre, très soucieux. Un serviteur finit par lui demander s’il allait bien et s’il désirait quelque chose. Tajima répondit : « Je suis profondément troublé par un étrange incident que je ne peux m’expliquer. Grâce à ma longue pratique des arts martiaux, je peux ressentir toute pensée agressive émise contre moi. Quand j’étais dans le jardin, cela m’est justement arrivé. A part mon serviteur, il n’y avait personne, pas même un chien. Ne pouvant justifier ma perception, je suis mécontent de moi. » Le jeune garçon, apprenant cela, s’approcha du maître et lui avoua l’idée qu’il avait eue, alors qu’il se tenait derrière lui. Il lui en demanda humblement pardon. Tajima no Kami se détendit et, satisfait, retourna dans le jardin. »

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Encore une couverture…

judo-contactEncore une couverture de magazine en rapport direct avec ce billet. Cette fois c’était en 1984 et il s’agissait d’un numéro hors-série de la revue « judo » de la FFJDA. Une parution qui s’adressait trimestriellement aux dirigeants de club et aux élus régionaux.

C’est Jean-Claude Bourget, photographe officiel de la fédération qui, comme à son habitude, avait su « déclencher » au bon moment ! Cette photo avait été prise à Bercy l’année de l’ouverture de cette grandissime salle de sports et de spectacles, c’était lors d’un gala d’inauguration réservé et organisé pour et par les fédérations d’arts martiaux.

J’avais l’honneur de présenter le ju-jitsu, mon partenaire du jour était François Bernier. Le privilège de clôturer la soirée nous avait été réservé.

A cette époque, pas de musique, pas de mise en scène particulière, juste la présentation très pure des arts martiaux japonais. Rien que dans ce « réservoir naturel», il y avait de quoi proposer un beau plateau et garnir une soirée complète.

A partir de 1986, c’est à la revue Bushido qu’est revenue la responsabilité d’organiser le célèbre festival annuel, ensuite c’est Karaté-Bushido qui a pris le relai avec le succès que l’on connait. Démonstrations en musique, tenues colorées, disciplines de combat venues de tous les horizons, mise en scène hyper travaillées ; de vraies soirées de gala.

Malheureusement, cela fait bien longtemps que le jujitsu japonais n’est plus au programme et il y aurait beaucoup à dire – et à écrire – sur cette regrettable absence. Heureusement qu’il reste les souvenirs.

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Encore des souvenirs

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La photo qui illustre ce billet présente la couverture de la revue «Ceintures Noires de France» parue au printemps 1983. Ce trimestriel était l’organe de communication du Collège des ceintures noires. Les deux n’existent plus.

Le Collège des ceintures noires avait été créé en 1947. Rassembler les plus hauts-gradés autour des valeurs fortes du judo était son objectif. Partisan d’une pratique très traditionnelle, il a parfois pris ses distances avec l’orientation ultra sportive du judo. Le Collège en tant que tel n’existe plus, il a été remplacé par le Cercle des Ceintures Noires à l’initiative de la FFJDA.

A l’époque de la parution de la revue dont je présente la couverture, le Collège des ceintures noires travaillait au sein de la FFJDA, en insistant sur ses valeurs qui lui avaient donné naissance. C’était tout naturellement qu’il s’intéressait de près aux travaux de réhabilitation du ju-jitsu. Pour cela, Christian Cervenansky, haut-gradé et responsable de la revue s’était déplacé à Vichy où se déroulait un stage de perfectionnement destiné aux enseignants.   C’était pendant les vacances d’hiver 1983, il faisait très froid, rien d’exceptionnel dans ce beau département de l’Allier à cette époque de l’année, sauf que le chauffage de la salle du CREPS dans laquelle avait lieu les séances…était en panne. Avec guerre plus de trois degrés dans le dojo nous avons passé une semaine durant laquelle même notre passion pour le ju-jitsu avait du mal à nous réchauffer.

Sur la photo, mon partenaire était Michel Lefebvre, membre de la Commission technique nationale ju-jitsu qui venait de voir le jour. Nous étions aux débuts d’une belle aventure. Les membres qui étaient à mes cotés dans ce groupement se nommaient André Guérin, Michel Lefebvre, Eugéne Domagata sans oublier, Bernard Pariset bien sûr, il en était à l’origine. Rendre à César…

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Ukemi (les chutes)

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Savoir chuter n’est pas simplement indispensable pour progresser en ju-jitsu et dans les arts martiaux pourvus de projections, ça peut l’être aussi dans le quotidien. Certes nous ne passons pas notre vie à tomber et à nous relever (quoique), mais cela peut arriver à n’importe qui, n’importe quand.

« C’est en chutant que l’on apprend à chuter ». Cette formule que j’aime bien employer n’a de valeur qu’après avoir assimilé et répété les apprentissages spécifiques. Mais il n’est pas nécessaire – au risque de perdre du temps et que cela devienne rebutant – de passer trop de temps avec ces répétions. Rien ne vaut le perfectionnement dans l’action de la projection, à la condition de bénéficier d’un bon partenaire. Et puis, des méthodes d’entrainements comme les uchi-komi peuvent être des palliatifs à la systématicité de la chute.

En ju-jitsu nous comptons deux catégories de chutes : les « chutes de situation » qui pourront être utilisées dans la réalité et les « chutes de répétitions », celles le plus couramment utilisées (heureusement) lors des séances. Dans chacun de ces groupes, il faut distinguer la chute-avant et la chute-arrière. Ce qui fait quatre formes de « brise-chutes ».

Ce ne sont pas les mêmes automatismes dont il faudra faire preuve selon que l’on chute sur un tatami ou sur un sol dur. Frapper avec le bras tendu, comme nous devons le faire en dojo pour répartir l’onde de choc n’est pas conseillé sur le macadam. Au même titre, dans la réalité, il faudra tenter de se retrouver debout le plus vite possible et de préférence face à l’agresseur.

Dans tous les cas, la tête et les articulations du bras devront être protégées en priorité. Sur l’arrière, il faudra prendre soin de rentrer la tête (menton dans la poitrine) et de tendre le bras ; en frappant lorsque l’on se trouve en dojo et en roulant sur une épaule en cas de perte d’équilibre hors-dojo. Sur l’avant, dans les deux cas, les bras serviront de roues et d’amortisseurs. Lors des entraînements la réception se fera jambes tendues et parallèles, dans la réalité il sera utile de plier une jambe à la réception, de façon à se relever face à un agresseur survenu par l’arrière.

Comme indiqué au début de cet article, savoir chuter peut être utile dans la vie courante, que ce soit en raison d’une glissade sur la neige, en cas de chute de cheval (pour ceux qui ont la chance de pratiquer l’équitation), ou lorsque l’on se « prend les pieds dans le tapis » ! Etc.  Maitriser l’art de la chute est incontournable pour pratiquer le ju-jitsu, c’est aussi une forme d’assurance pour le quotidien.

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Le travail des projections (nage-waza)

tai-otoshiAvec une présentation plus complète du nage-waza, (travail des projections), ce billet étoffera celui publié le 13 octobre dernier dans lequel étaient évoquées les trois familles du ju-jitsu (atemi, nage et katame).

Il s’agit du secteur le plus riche du ju-jitsu en quantité de techniques et par conséquent de travail à effectuer. C’est aussi un domaine très spectaculaire dans lequel le mot « art » a toute sa place. Son principe est de faire tomber quelqu’un qui est debout et qui entend bien le rester. Soit dans le cadre de la self-défense avec le ju-jitsu ou bien dans le domaine sportif lorsqu’il s’agit de judo. Il est aussi possible de s’exprimer dans l’art de la projection tout simplement au cours des séances d’entraînement de ju-jitsu ou de judo à la recherche du geste parfait, celui-ci étant générateur de grande satisfaction.

En principe, tout le monde doit être capable de faire tomber tout le monde, à la condition que ce «tout le monde » commette une faute. Une faute de déplacement bien exploitée, ou encore – plus subtile, provoquée par une action entraînant une réaction. Un atemi (un coup) lorsqu’il est question de self-défense, provoquera, lui aussi, un certain déséquilibre.

Plusieurs familles de projections sont recensées : les techniques de jambes, de bras, de hanches, d’épaules et de sacrifices. Il y en a pour tous les goûts, tous les gabarits et toutes les situations. A chacun ses préférences, souvent en rapport avec sa morphologie, également par l’envie de faire comme…

En self-défense l’efficacité du nage-waza est incontestable. Elle s’applique en réponse à des saisies, à des tentatives de saisies, également dans le travail par anticipation. Chaque technique peut répondre à au moins une situation d’agression, elles ont d’ailleurs toute vu le jour à partir d’une attaque précise. Ensuite, l’évolution du judo a fait naître d’autres projections qui sont parfois des variantes d’une technique existante. Par exemple, Il faut savoir qu’à l’origine harai-goshi, technique de hanche très populaire, n’existait pas. L’histoire nous conte que c’est Jigoro Kano qui, cherchant une solution aux esquives extérieures que subissait son uki-goshi, a trouvé la riposte en « inventant » cette belle projection. Existent aussi des techniques qui correspondent à un problème purement judo et qui ne seront utilisées que dans ce cadre. D’autres, très « explosives » comme uchi-mata (fatale pour celui qui la subirait) demandent souvent l’engagement complet du corps et entraînent automatiquement l’amenée au sol de celui qui la pratique. Ce qui pourra être gênant sur un sol dur et/ou dans l’éventualité d’être confronté à plusieurs adversaires.

Pour progresser dans ce domaine il faudra, par une étude approfondie, continuer à parfaire le geste à la recherche du détail, à « façonner » son corps pour obtenir une « forme de corps » à l’aide de nombreuses répétitions que l’on appellent uchi-komi, nous avons évoqué dernièrement cette méthode d’entraînement. Il ne faudra pas rechigner sur le nage-komi, exercice de réalisation complète de la projection avec chute, dont l’objectif vise aussi le travail de la rapidité d’exécution ; la méthode se fonde sur la répétition en séries importantes. vite et fort. Ensuite tester son efficacité à projeter un partenaire proposant une résistance avec les exercices d’entraînement à la codification sécuritaire, les randoris.

Enfin, pour les ju-jitsukas il ne faut pas perdre de vue que la famille des projections appartient à un ensemble dans lequel se trouvent aussi deux autres groupes : les coups et les contrôles.

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