Cette semaine marque le retour des enfants après quinze jours de vacances de printemps. A cette occasion, il m’est revenu à l’esprit une remarque émanant d’un parent : « On se sent moins seul lorsque l’on vous confie nos enfants. » Bien naturellement cette remarque est réconfortante, bien que notre vocation de professeur d’arts martiaux soit avant tout la dispense d’un savoir à l’aide d’outils pédagogiques, mais un minimum de discipline et donc de respect des consignes est indispensable. Et puis, nous possédons un code moral qui peut et devrait également se retransposer dans la vie, en dehors du dojo. A l’inverse, j’ai eu droit à une réflexion beaucoup moins amène, après avoir été obligé d’élever la voix sur un très jeune élève ? son père tentant de le disculper avec le prétexte qu’il s’agissait d’un enfant (dans le cas où je ne m’en serais pas aperçu). A ce titre, il faudrait donc être « compréhensif » et laisser faire, tout et parfois n’importe quoi, y compris en face de comportements qui peuvent être dangereux, quitte à être cloué au pilori en cas d’accident par les mêmes personnes. Ces deux exemples sont intéressants ; dans le premier, l’enfant est un élève sans problème de discipline, mais il n’en est pas de même pour le second. Ceci explique vraisemblablement cela !
Comme il est courant de le dire : sans transition, nous passons au deuxième sujet de ce billet. Il porte sur le record de personnes atteintes sur la page Facebook du club, à l’occasion de l’article publié la semaine dernière. Plus de 1 000 personnes s’y sont intéressées. Il faut rappeler que je traitais de la fameuse rivalité du moment, à savoir celle du MMA et du judo. Comme quoi le sujet passionne. Il existe un emballement médiatique, aussi intéressant qu’étrange, même des quotidiens de prestige s’emparent régulièrement du sujet.
Rendez-vous la semaine prochaine pour un « entre le deuxième et le troisième pont » !
Site du club de ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com
Archives par mot-clé : Ju jitsu
Un débat
Décidément le combat entre le judo et le MMA alimente l’actualité sportive. D’une certaine façon, j’y contribue personnellement avec ce troisième billet sur le sujet. Dimanche 25?avril, c’est Stade 2, animée par l’ex-championne de judo, Céline Géraud, qui proposait un débat entre Jean-Luc Rougé, président de la Fédération de judo et Bertrand Amoussou, représentant du MMA en France. La légalisation de la pratique du MMA dans notre pays en était le sujet, ainsi que l’interdiction des combats UFC. Cette émission n’a pas franchement fait avancer le débat, chacun campant sur ses positions. Cette affaire qui s’éternise m’inspire quand même quelques réflexions. D’abord, il ne faut pas tout mélanger, MMA et UFC sont deux choses différentes et bien heureusement, pour les pratiquants lambda de ce MMA, qui, si c’était le cas, ne pourraient se rendre au travail les lendemains d’entraînement. Ensuite, ce n’est pas moi qui vais être contre une discipline où sont étudiés les coups, les projections et les contrôles et qui m’en rappelle étrangement une autre. Simplement si le but est de se singulariser en proposant une pratique dépouillée au niveau des quelques contraintes qu’impose un art martial traditionnel, cela justifie-t-il un tel battage médiatique?? Et est-ce que la pratique en short et T-shirt délivre davantage d’efficacité et qu’au contraire, le judogi en retire?? Les simulacres de frappes au sol – lors des entraînements -, suffisent-ils à faire de cette discipline la panacée des sports de combat?? Que de nouvelles pratiques voient le jour, que de nouveaux talents puissent s’exprimer est dans l’ordre des choses et s’y opposer serait une sorte de totalitarisme. À l’inverse, cela pourrait en devenir un de l’esprit que d’affirmer que la nouveauté est forcément la vérité ! Sans vouloir polémiquer, on peut aussi se demander pourquoi appeler MMA ? ce qui signifie, en français, mélange d’arts martiaux ? une discipline qui désire s’affranchir des traditions que l’on trouve essentiellement et justement dans les arts martiaux. Maintenant, on peut comprendre que la Fédération de judo voie d’un mauvais œil que des professeurs qu’elle a formés et qui, avec le diplôme de judo, vont enseigner une discipline concurrente. Il aurait peut-être été judicieux de laisser se développer en son sein et en son temps un ju-jitsu plus « conciliable » avec le judo, comme cela avait été l’idée (mal comprise) dans les années 1970. Certes, le ju-jitsu existe au sein de la FFJDA, mais – tout comme dans la vie en général – nous ne sommes pas à un paradoxe près, ce ju-jitsu-là est-il vraiment compatible, avec le judo ? Tout comme il est curieux, et sans doute dommage, que ce soit des ju-jitsu « assez judo » au niveau des formes de corps qui se trouvent en dehors de la Fédération… de judo. Cela n’est pas un autre débat, tout est lié, et certains problèmes n’auraient peut-être pas existé avec un peu plus de « souplesse » comportementale?! Affaire à suivre, mais pas trop longtemps au risque de lasser.
Site du club de ju-jitsu Éric Pariset?: www.jujitsuericpariset.com
Apaisant
Je ne résiste pas à l’envie de proposer de temps à autre des petits contes, toujours issus du même recueil : Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon. Dans cette période durant laquelle certains profitent d’un peu de repos, ce qui est toujours propice à la réflexion, je vous invite à savourer le (court) texte ci-dessous.
Un samouraï se présenta devant le maître zen Hakuin et lui demanda :
— Y a-t-il réellement un paradis et un enfer ?
— qui es-tu ? demanda le maître.
— Je suis le samouraï…
— Toi, un guerrier ! s’exclama Hakuin. Mais regarde-toi. Quel seigneur voudrait t’avoir à son service ? Tu as l’air d’un mendiant.
La colère s’empara du samouraï. Il saisit son sabre et le dégaina. Hakuin poursuivit :
— Ah bon, tu as même un sabre ? ! Mais tu es sûrement trop maladroit pour me couper la tête.
Hors de lui, le samouraï leva son sabre, prêt à frapper le maître. A ce moment celui-ci dit :
— Ici s’ouvrent les portes de l’enfer.
Surpris par la tranquille assurance du moine, le samouraï rengaina son sabre et s’inclina.
— Ici s’ouvrent les portes du paradis, lui dit alors le maître…
Site du club de ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com
1995
Il y a des années plus riches que d’autres en événements personnels et/ou professionnels. Ce fut le cas pour 1995. Déjà 20 ans ! D’une curieuse façon, les années se finissant par le chiffre 5 semblent être porteuses de nombreux souvenirs. Dans un autre billet, je reviendrai sur 2005. Aujourd’hui, intéressons-nous à 1995. En France, c’était l’arrivée d’un nouveau président de la République au printemps et des grèves mémorables au début de l’hiver. Si j’évoque cet événement, ce n’est pas tout à fait par hasard, j’y reviendrai.
A titre personnel, c’est l’ouverture d’un nouveau dojo sur le boulevard de Reuilly dans le XIIe arrondissement de Paris, c’est une démonstration de Bercy que j’affectionne tout particulièrement, c’est la première fois que notre ju-jitsu traversait l’Atlantique pour une démonstration à Montréal, c’est la parution d’un nouveau livre, c’est le premier Salon des arts martiaux organisé par Karaté-Bushido au Parc floral de Paris, et c’est aussi mon départ de la FFJDA (Fédération de judo et disciplines associées).
Au sein de cette fédération avait été créée, en 1982, la Commission nationale de ju-jitsu. J’en faisais partie assez naturellement. Malheureusement les choses n’évoluèrent pas dans le bon sens, de mon point de vue, et la politique en matière de ju-jitsu, au début des années 1990, m’a amené à présenter ma démission de cette commission, à l’automne 1995. Cela s’est fait par l’intermédiaire d’une lettre adressée au directeur technique national de l’époque, Jean-Luc Rougé (le premier champion du monde de judo français en 1975, encore un 5 !).
Si j’ai parlé des fameuses grèves de la fin de l’année 1995, c’est que celles-ci ont peut-être eu une incidence sur le cours des choses. Puisqu’en réponse à ma lettre de démission, Jean-Luc Rougé a souhaité me recevoir afin que je lui explique, de vive voix et face à face, les raisons pour lesquelles je souhaitais quitter le groupe ju-jitsu. Malheureusement, Paris étant privé de transports en commun durant près d’un mois, j’ai été contraint de me décommander par deux fois. Un quiproquo s’est alors installé et je n’ai jamais pu défendre la cause du ju-jitsu que j’aime auprès du « patron » de la fédération de tutelle. Cela aurait-il changé les choses de pouvoir le faire ? Pas certain ! Par contre, si je n’éprouve pas de regret quant à ne pas avoir renié mes convictions de ju-jitsuka, étant également judoka (et fils de pas n’importe lequel) j’en éprouve quelques-uns d’avoir dû prendre de la distance avec ce qui représentait une « sorte de famille ».
Site du club de ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com
Clés en main
Dans le sondage mis en ligne sur le site du club au mois de mars, ce sont les clés qui ont eu la préférence des internautes dans le domaine des contrôles qui réunit les clés, les étranglements et les immobilisations. En choisissant ce secteur, c’est la sagesse qui s’exprime. Les clés réunissent à la fois le critère de l’efficacité et celui de la maîtrise et cela dans les deux sens du terme. Maîtrise de l’adversaire et de l’intensité de la riposte. Celle-ci, ne l’oublions pas, se devant être proportionnelle à l’attaque. (Plus facile à écrire qu’à réaliser !) L’immobilisation, si elle symbolise un incontestable ascendant sur l’adversaire, offre malgré tout quelques failles. A l’inverse, l’étranglement pourra être par trop radical ! La clé permet, en quelque sorte, de « modérer » la riposte. Cela étant, il faut admettre que la réussite d’une telle technique demande un long apprentissage, résultat d’une pratique régulière et qui symbolise en quelque sorte la quête des pratiquants d’arts martiaux ; à savoir tenter d’approcher au plus près une parfaite maîtrise dans tous les domaines.
Site du club de ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com
Trahison
Les deux derniers articles publiés sur ce blog étaient respectivement consacrés aux katas et au jugement lors des passages de grades. Si aujourd’hui je reviens sur ces deux sujets sous une forme de synthèse, c’est que je suis choqué par l’évolution que certaines institutions infligent aux katas et par le comportement de quelques juges à leur égard.
Heureusement que, sur beaucoup de sujets, nos sociétés ont su évoluer, mais les bonnes évolutions, pour qu’elles méritent ce nom, se sont toujours réalisées… dans le bon sens. Or, pour ce qui est des katas, d’abord il n’y avait pas de nécessité à opérer des changements, et donc, non content de trahir l’esprit et la forme insufflée par les créateurs, ceux qui, pour d’obscures raisons, ont opéré ces modifications ne l’ont pas fait pour une meilleure efficacité, bien au contraire. Il ne faut pas oublier que les katas sont avant tout la représentation d’un combat. Or, ni dans le rythme qui s’apparente davantage à une représentation effectuée par des zombies, ni dans certaines modifications récemment imposées, l’impression d’un duel n’est probante. Pour ma part, je me refuse de pratiquer, et surtout d’enseigner, ce qui n’est pas efficace et qui peut porter à sourire ! Et puis, en plus d’imposer des aménagements contre nature, il y a sanction à l’occasion d’examen, pour les candidats qui sont restés fidèles aux origines. Sur un plan plus général, lorsque j’affirme qu’il faut être nuancé par rapport à certaines fautes, je précise qu’il en existe deux catégories, pour lesquelles les juges doivent être rigoureux ; l’efficacité, cela va de soi, mais aussi certaines attitudes par trop désinvoltes qui ne sont pas en adéquation avec la simple politesse attachée à des règles qui régissent les sociétés civilisées.
Mais de grâce, afin de ne pas décourager les bonnes volontés, que l’on arrête ces changements qui n’ont pas de sens et que les jurys soient formés correctement. Si tel n’était pas le cas, il ne faudra plus s’étonner si certains préfèrent des pratiques modernes dans lesquelles ils ne seront pas embêtés par des katas à l’inefficacité évidente et par des jugements décourageants lors des examens pour les grades supérieurs !
Site du club de ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com
Le jugement
Ce nouveau billet s’inscrit dans la suite de celui de la semaine précédente.
Il n’est pas facile, tout du moins stressant, de se faire juger (ou examiner), cela l’est tout autant, sinon davantage, de juger. Que ce soit dans le cadre de la justice de notre pays, comme l’on dit, ou bien de celui d’un examen. Connaissance, objectivité et nuances sont indispensables pour évaluer. La connaissance du programme examiné semble une évidence, et pourtant quelquefois, on pourrait en douter… L’objectivité peut parfois être mise à mal en fonction de critères inavouables. Et puis, il faut être capable de faire preuve de nuance, par rapport à des éléments concrets.
Arrêtons-nous sur ce qui nous concerne plus particulièrement, à savoir les passages de grades.
Passons sur le premier point qui concerne la nécessité de la connaissance parfaite du programme à examiner, bien que parfois certains jugent soient investis d’une responsabilité qui dépasse leur compétence. Et, qui plus est, sont « grisés » par un pouvoir inhabituel. Abordons le deuxième point qui est plus délicat, celui de l’objectivité. Certes, aucun examinateur n’avouera une carence dans ce domaine. Pourtant l’expérience prouve qu’il faut être vigilant. Et ce n’est pas la moindre qualité que l’on réclame à un juge, qui se doit d’exécuter sa tâche en fonction de l’unique prestation, sans prendre en considérations d’autres éléments.
Quant à la nuance, il s’agira de prendre en considération le niveau de l’examen, en l’occurrence le grade. Mais aussi l’âge. Ne pas réclamer la perfection – si tant est qu’elle existe – pour l’obtention d’un 1er dan, au risque d’être bien embêté pour le 5e. Et puis, pour un jeune candidat, le niveau demandé ne sera pas le même que celui d’un pratiquant plus âgé ; le jury devant faire preuve d’une exigence plus importante quant à la condition physique, par exemple ! Enfin, il faudra faire la nuance entre les fautes relatives, qui demandent de la part des juges une simple remarque et d’autres, en rapport direct avec l’efficacité qui, elles, doivent être sanctionnées.
En résumé, pour faire partie du jury, il faut être compétent, impartial et… il faut réfléchir !
Cependant, à l’inverse, en cas d’échec, la personne examinée ne doit pas systématiquement reporter la responsabilité sur un tiers, en l’occurrence, l’examinateur et/ou le professeur. La capacité à admettre ses erreurs devra exister.
Site du club de ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com
Toujours à propos des katas
J’ai toujours été un ardent défenseur des katas. Mais à cause d’une certaine méconnaissance dont font preuve certains à leur égard, ces exercices risquent d’être déviés de leur utilité première.
Les katas ont été créés avant tout pour regrouper les techniques dans des classifications, facilitant ainsi leur mémorisation et leur transmission au travers des âges.
Ensuite, ils font office de travail technique, physique et mental. Ils peuvent aussi être utilisés comme méthodes d’entraînement. Ils sont également des exercices de style et de démonstrations.
Ils permettent de faire la distinction entre une simple méthode de combat et un art martial.
Enfin, on peut les utiliser comme moyen d’évaluation lors des passages de grades.
Mais en aucun cas, ils ne doivent être considérés comme une purge qu’il faudrait s’administrer quelque temps avant l’accession à un grade supérieur.
Or, ce n’est pas – encore – une généralité, certains membres de jury (toutes fédérations confondues) ont tendance, par une conception erronée de ces formes de travail, à provoquer une sorte de rejet à leur égard. Les katas ne sont pas des « machines à recaler », mais, en l’occurrence à l’occasion d’un examen, une démonstration au travers de laquelle on constatera une bonne maîtrise globale de la part du candidat. Enfin, en tant que juge, on se doit de hiérarchiser les éventuelles fautes.
Il est temps de replacer le kata dans sa véritable fonction afin d’éviter que certains s’en détournent. Ils sont une part de notre patrimoine technique et pourquoi pas le revendiquer, de notre patrimoine culturel.
Site du club de ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com
Une visite
Samedi dernier, au club, j’ai eu le très grand plaisir d’avoir la visite surprise de l’épouse et du fils du légendaire judoka hollandais, Anton Geesink. Si je l’évoque dans ce billet, et ce n’est pas la première fois, c’est parce que cet homme, qui nous a quittés en 2010, représente énormément pour moi. D’abord le champion d’exception qu’il fut, ensuite, il a peuplé une partie de mon enfance et enfin, son évocation ne peut se faire sans celle de mon père.
Il fut peut-être le plus grand judoka de tous les temps. Plusieurs titres mondiaux et un sacre olympique à Tokyo en 1964. Un physique d’exception, certes, mais pas que. C’était aussi un technicien, efficace aussi bien debout qu’au sol. Et puis, il était armé d’une volonté hors du commun. Sur les tatamis de compétition mais aussi lors des séances d’entraînement exceptionnelles qu’il s’imposait.
Ensuite, il est un peu de ma famille. Dans la mesure où une partie de mes vacances d’enfant se sont passées au camp du golf bleu, dans le Var, où se déroulait chaque année le célèbre stage international dirigé par Anton Geesink, Henri Courtine et mon père. J’y ai passé un grand nombre d’étés, les plus importants, ceux de l’enfance. Geesink m’impressionnait énormément. Pas simplement par la taille, mais aussi par un charisme que je devais percevoir, malgré mon jeune âge. Et puis, et surtout, c’est encore une histoire de famille, on ne peut évoquer la carrière de mon père sans penser immédiatement à Geesink. Ce sur blog, j’avais intitulé un article que je lui consacrais : « la gloire de mon père ». En effet, en 1955, en finale des championnats d’Europe toutes catégories, à l’issue d’un combat homérique, David avait battu Goliath. Un exploit qui ne fut pas réédité, mais qui avait très largement contribué à la notoriété de mon père.
Je connaissais donc très bien son fils, Anton Junior et sa maman. Je ne les avais pas revus depuis très, très longtemps et c’est peu dire que cette visite m’a fait plaisir en remuant une foule de souvenirs !
Site du club de ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com
Bercy 1995
Site du club de ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com