La maîtrise

Maîtriser un sujet dans le sens le plus large du terme, c’est vers cet objectif que nous tendons tous. Maîtriser un art martial, c’est pouvoir exécuter ses différentes techniques, connaître ses principes et son histoire. Une bonne maîtrise technique sera déjà une grande satisfaction, maîtriser parfaitement relèvera peut-être du domaine de la prétention.
Maîtriser une technique, c’est pouvoir l’appliquer correctement sur un partenaire, mais aussi et surtout sur celui qui devient un adversaire le temps d’un combat d’entraînement, ou bien en compétition pour les sports de combat ou encore (en espérant que cela ne se présente jamais) en combat de rue, lors d’une agression.
Maîtriser une technique se vérifiera aussi dans la capacité du pratiquant à la contrôler lors de son application et être ainsi en mesure de la graduer, à l’entraînement en tout cas. Si l’élève n’est pas en capacité de le faire, c’est qu’il ne maîtrise pas totalement son sujet. Si tel est le cas, c’est le constat d’un certain manque d’efficacité. Et puis, travailler et répéter les techniques sans les contrôler est tout bonnement impensable. C’est aussi à cela que l’on reconnaît le véritable pratiquant, c’est lorsqu’il est « maître » de ses gestes, donc de ses actions.
A l’évidence, cela peut se transposer plus largement dans la vie en général. Contrôler ses pulsions, donc ses actes, ses actions et ses réactions. C’est en ce sens que la pratique d’un véritable art martial prend toute sa valeur. Apporter une amélioration dans la qualité de ses gestes techniques, sur le plan physique mais aussi pouvoir participer, par son comportement, à une amélioration de la vie en sociètè, tout simplement.

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Ju-jitsu et éducation

A notre époque,  tout le monde est convaincu de la nécessité de pratiquer une activité physique. L’offre est vaste : salles de fitness, sports collectifs, jogging en solitaire, etc. et bien sûr arts martiaux. Il est encore temps pour se décider et le dernier article publié sur ce blog en faisait état.
Un fois inscrit dans un dojo (qui se respecte), la façon dont on devra se comporter sera peut-être différente de celle que l’on pourra trouver dans d’autres lieux où les règles comportementales sont moins rigoureuses. Mais n’est-ce  pas ce comportement que certains dojos ont réussi à conserver ? s’érigeant ainsi en dernier rempart d’une société qui aurait perdu ses repères ? qui devraient être la  norme. Pourquoi ne trouverions-nous pas dans tous les sports les mêmes outils qui participent à une bonne éducation. Les arts martiaux bénéficient, à juste titre, d’une solide réputation concernant ce secteur, mais il devrait en être de même  dans toute activité physique et dans bon nombre de structures. Notamment dans la première d’entres elles, à savoir la famille. Le problème est que bien souvent cette  dernière est parfois fissurée et dépassée. Alors on se reporte sur l’école et les activités extrascolaires.  Que nous participions, nous aussi, éducateurs sportifs, à parfaire l’éducation dans un concept général semble  évident, mais il faut veiller à ce que l’école et/ou le club d’arts martiaux ne se voient pas confier une responsabilité qui dépasserait le cadre de leurs compétences et surtout celui  de leur mission.
Quant au comportement qui doit être celui d’un pratiquant d’arts martiaux au sein du dojo, en ce début de saison il n’est  pas inutile d’en rappeler l’essentiel.
Tout d’abord, prendre soin de respecter la ponctualité, les arrivées tardives perturbent  les débuts de séances. Et puis un cours est un ensemble et ne s’inscrit pas dans une sorte de self-service permanent. Sans être dans un lieu sacré, il faudra éviter les exclamations trop importantes, dans un dojo il est indispensable de se concentrer afin d’apprendre et de contrôler ses gestes, ne serait-ce que pour éviter les accidents. Les techniques sont, à la base, faites pour mettre hors d’état de nuire un adversaire. Cet aspect ne doit pas être négligé. Ensuite, il y a le respect du lieu et normalement, le salut en entrant dans le dojo est de rigueur. Tout comme celui du début et de fin de cours, qui représente un signe de politesse réciproque entre les élèves et le professeur. Pareil à chaque changement de partenaire, qui plus est : dans une « tenue correcte ». En clair, on prend soin de ne pas saluer débraillé. Puis vient le problème oh combien délicat de l’hygiène. Pour certains cela va de soi et cela va sans dire, pour d’autre cela va mieux en le disant. Les corps et les kimonos doivent être propres, les ongles coupés courts. Tout comme sera banni le fait de marcher pieds nus en dehors du tatami. Enfin, et cela touche directement l’enseignement, la régularité dans la pratique assurera les progrès.
Bonne saison 2013/2014 et vive le ju-jitsu.
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Le marronier de septembre

Une « mini-rentrée » le 20 août, puis la vraie le 2 septembre. Certains savent déjà ce qu’ils feront comme activité durant la saison à venir. Soit parce qu’aucune hésitation ne leur effleure l’esprit : ils continueront et persévéreront dans la discipline commencée la saison passée ou il y a plusieurs années. Soit parce que la décision a déjà été prise avant les vacances.
Mais, pour beaucoup, ce n’est pas encore le cas et dans le but de leur prodiguer quelques conseils, je peux leur apporter ma modeste contribution.
Pour les personnes qui habitent l’Île-de-France, il est vrai que je serai naturellement enclin à leur proposer de venir chez nous en ventant, à juste titre, les mérites d’une discipline complète. Mais, de toutes les façons, notre dojo ne peut accueillir tous les pratiquants d’arts martiaux franciliens et puis on ne peut pas satisfaire tout le monde. Enfin, la neutralité et l’objectivité ne sont  pas des valeurs superflues.
Je sais qu’en terme journalistique, cet article  s’appelle un « marronnier », c’est-à-dire un sujet qui revient chaque année à la même époque sur le même thème. Pour les anciens, l’aspect redondant pourra être lassant, mais pensons aux futurs pratiquants.
Plus que le choix d’une discipline, ce qui compte, c’est le choix d’un professeur, d’une pédagogie, d’un club et d’un état d’esprit.
Les disciplines ne sont pas aussi éloignées les unes des autres sur le plan technique, c’est davantage ce que l’enseignant va en faire qui sera important. Il faut se méfier de ceux qui prétendent enseigner la meilleure discipline, surtout s’ils l’enseignent mal.
Les phénomènes de mode vont conduire vers tel ou tel art qui bénéficie d’un phénomène d’entraînement médiatique (un peu comme si on venait de découvrir l’eau tiède) et bien souvent le néophyte se laissera influencer par cette couverture.
Ce qui est certain, c’est qu’il faut se fier à sa première impression et pour cela ne pas hésiter à demander à faire un essai, et en cas de refus (méfiance), au moins assister à une séance. Même si on ne se sent pas apte à porter un jugement sur le plan technique, l’ambiance générale qui se dégagera du cours sera une indication précieuse. Plus précisément regarder le comportement des anciens entre eux, mais surtout vis-à-vis des novices. Constater si la condescendance est plus forte que l’entraide. Regarder si la tranche d’âge à laquelle ont appartient est représentée. En clair : est-ce pour tous ou bien réservé à une élite ? Etudier le comportement durant ce que l’on appelle les « randoris » (les combats d’entraînement) et se demander si l’on est en osmose avec. Est-ce plus une impression de violence gratuite qui suinte que des exercices ou la maîtrise sera incontournable. Le ressenti à l’issue de la première séance est assez révélateur.
Et puis, il y a des éléments purement pratiques, tels que la proximité, l’accessibilité, les horaires adaptés à son emploi du temps, etc. Ils influenceront notre choix.
Enfin, n’oublions pas la motivation première, celle-ci doit évidemment être prise en compte : compétition ou pas, self-défense ou entretien physique, etc. Il est vrai que certaines disciplines sont plus spécialisées dans tel ou tel domaine. Mais il faut être objectif et réaliste, la compétition dans un sport de combat n’est pas forcément accessible à tous. Quant à l’aspect utilitaire, il n’est pas superflu de rappeler que l’efficacité vient avec le temps et qu’il n’existe pas de formule magique du genre « j’apprends à me défendre en 10 leçons », même s’il est vrai que chaque séance apporte un « capital-défense » qui peut s’avérer opérationnel immédiatement. Cet aspect est important, mais il y a aussi beaucoup d’autres facettes passionnantes à découvrir dans les arts martiaux.
Maintenant, il faut savoir que bien souvent, c’est sur la recommandation d’un ami qu’un grand nombre de nouveaux adhérents franchissent la porte d’un dojo. Rien n’empêche de constater par l’intermédiaire d’une séance d’essai que l’on est bien sur la même longueur d’ondes que notre ami !
Et puis se souvenir avant toute chose que l’essentiel s’inscrit dans la durée et qu’à ce titre, une pratique « très engagée » laissera fatalement des séquelles sur le long terme !
Pour résumer : se fier à notre première impression, discuter avec les personnes qui fréquentent l’établissement, puis avec le professeur pour constater, ou pas, que nos attentes sont en phase avec son projet pédagogique.
Je souhaite à toutes et à tous une excellente saison 2013/2014.

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Ju-jitsu et plaisir

La dernière phrase du précédent billet publié sur ce blog faisait état de la simple joie que peut apporter la pratique. Sans contestation, les arts martiaux sont accompagnés d’une certaine rigueur si l’on souhaite évoluer dans de bonnes conditions, mais l’humeur estivale est propice à rappeler que notre passion s’inscrit aussi dans le domaine des «?loisirs?». Nous ne foulons pas les tatamis uniquement obsédés par des challenges et pour se faire mal. «?Le bonheur n’est pas au bout du chemin, mais c’est le chemin.?» Cette belle phrase ? qui n’est pas de moi ? peut s’adapter aux heures consacrées aux entraînements.

A l’évidence, les différentes étapes qui jalonnent notre  parcours, les grades par exemple, sont des instants de forte émotion, mais le simple temps passé dans le dojo doit être un moment heureux. Certes des efforts existent, mais ne seront-ils pas récompensés par la satisfaction de se prouver que nous sommes capables de nous surpasser et de constater la réalisation de progrès. Lorsqu’une technique nous paraissait inaccessible, la satisfaction est immense le jour où nous l’avons assimilée.

On trouvera le plaisir de s’instruire, de réfléchir, de progresser, de peaufiner, d’échanger, de s’affronter en y incluant la notion de jeux (très importante dans le cadre d’une pratique où toute violence doit être bannie). Par exemple, certains établissent un parallèle entre le travail au sol et le jeu d’échec. Sans condescendance aucune vis-à-vis d’un partenaire inférieur, le petit jeu du «?chat et de la souris?» est un moment où nous ne boudons pas notre plaisir (à charge de revanche), et puis le bien-être ressenti après une inévitable transpiration suite à un randori, par exemple, est tout simplement une sensation irremplaçable. Seuls les initiés savent de quoi il s’agit.

Après les vacances, il y aura le plaisir de préparer son sac, avec une tenue toute propre (du moins, je l’espère et qui d’ailleurs ne devra pas l’être uniquement ce jour-là), de reprendre le chemin du dojo et de retrouver ses partenaires. Certes, il y aura les courbatures le lendemain pour cause de reprise, mais ce sera le lendemain.

Alors, au plaisir de se retrouver.

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Ju-jitsu : devoirs de vacances

Les kantsetsu-waza.
Un article un peu décalé pour le cœur de l’été, sous la forme d’une petite réflexion technique. Il permettra de garder le contact sans transpiration excessive !  Des devoirs de vacances en quelque sorte !
Parmi les grands groupes de techniques que nous propose le ju-jitsu, il y en existe un particulièrement riche, utile et intéressant : les kantsetsu-waza ou travail des contrôles. Les clefs, les étranglements et les immobilisations composent cette famille. Affirmer qu’il s’agit d’une richesse inestimable s’apparente à une sorte de pléonasme. Leur efficacité s’avère redoutable en matière de self-défense, tout en permettant d’apporter une riposte mesurée, si besoin est. En judo, c’est la victoire qu’il n’est pas possible de contester. Certes, leur étude et leur parfaite maîtrise réclame beaucoup de temps et donc de patience, davantage que d’autres groupes. Mais malgré tout, ils ont toute leur place dans une méthode complète. D’abord ils se pratiquent debout et au sol, ils offrent une variété considérable de solutions, sur différentes formes d’attaques. Ils sont bien souvent la finalité d’un enchaînement. Ensuite, ils ont l’avantage de permettre une maîtrise sans forcément mettre les jours de l’attaquant en péril. Toutes les situations ne nécessitent pas forcément une réponse ultime. En considérant aussi bien l’aspect légitime défense que celui du simple respect de la vie. Lorsqu’il s’agit de dispute qui dégénère, par exemple, leur utilité s’impose. C’est un « paradoxe positif » que de constater qu’ils sont à la fois redoutables et gérables. Enfin, un budoka appréciera que leur parfaite maîtrise soit le fruit de la patience et de nombreuses répétitions. Et puis, il y a le simple plaisir de l’entraînement.

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Nouvel(le) élève

 Maître Guy Pelletier, éminent judoka et surtout excellent professeur de judo, disait : «  Je préfère accueillir une bonne ceinture blanche, plutôt que d’hériter d’une mauvaise ceinture noire. » (D’ailleurs, une ceinture noire peut-elle être mauvaise ?  C’est un autre débat.) Ce qu’il voulait dire par là c’est qu’il est préférable de s’occuper de l’ensemble de la construction d’une maison – des fondations jusqu’au grenier – que d’en bâtir une sur de mauvaises bases, ou pire, être contraint d’hériter  d’une construction dont l’ensemble ne ressemble à rien. Mieux vaut, alors tout démolir et reconstruire. Que de temps de perdu !
Il en est de même pour les élèves. Chaque année, malheureusement c’est un constat qui est fait. C’est pour cette raison qu’à titre personnel, je m’enquiers toujours de savoir, premièrement quelle discipline la personne a pratiquée au préalable (si elle n’est pas novice en arts martiaux), mais surtout, dans quel club et avec qui ? Le professeur, c’est celui qui formera, façonnera  techniquement, physiquement son élève. Mais c’est surtout lui qui  inculquera les valeurs morales et mentales indispensables à une pratique sérieuse, efficace, intelligente, sécuritaire, et soucieuse du respect des valeurs morales. Ce sont celles-ci qui conditionnent une pratique saine et harmonieuse. C’est pour cela que quelquefois, à une personne qui souhaite faire une séance à l’essai, et qui vient d’un club dont je me méfie des « résultats » en matière d’éducation martiale, je lui donne quand même sa chance (il y a toujours des exceptions) et je lui indique que le cours à l’essai va lui permettre de voir si notre club lui plaît, mais plus encore, si lui-même convient à notre dojo !  Et c’est cela qui déterminera son adhésion…ou pas ! Il est clair que lorsque quelqu’un me fait part de ses origines de budoka(te), et que je connais le professeur (de réputation, ou mieux, personnellement), je me trompe rarement sur l’attitude qui sera la sienne dès la première séance. J’en ai eu encore très récemment la confirmation. Mais, comme expliqué un peu plus haut, il y a également des repentances exprimées qui ont abouti à d’exemplaires reconversions au niveau comportemental. Chacun à droit à une seconde chance. Même si mentalement ce sera plus facile (avec de la bonne volonté) que techniquement. L’esprit étant, normalement, plus souple que le corps !

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Petite histoire des 24 techniques

Durant tout le mois de juillet, les élèves présents le mardi soir ont pu découvrir ou redécouvrir les « 24 Techniques ». Une présentation historique et technique de cet enchaînement ne sera pas inutile, aussi bien pour les présents et peut-être davantage pour les autres.
C’est en 1992 que j’avais élaboré cet enchaînement. Un candidat au 5e dan technique de la FFJDA m’avait sollicité afin que je l’aide dans la présentation de l’unité valeur ju-jitsu de son programme « judo-jujitsu ».  À cette époque j’appartenais à cette institution au sein de laquelle était encore pratiqué un ju-jitsu en adéquation avec mes convictions.
Le postulant devait présenter une démonstration de ju-jitsu d’environ cinq minutes. Il restait peu de temps, il fallait parer au plus pressé et donc, agir avec méthode. Premièrement, la mémorisation ne devait pas poser un problème supplémentaire. La maîtrise du candidat dans le domaine à travailler étant assez « relative ». D’où l’établissement de séries de trois techniques. Deuxièmement, il fallait faire état d’un nombre important de situations d’attaques : Tentatives de saisies, coups de poing et de pied, saisies et armes. Troisièmement, il était nécessaire de montrer une variété de techniques, tant sur le plan de la diversité que sur celui des schémas de riposte.
Une fois l’enchaînement créé, répété et peaufiné, il ne restait plus qu’à le présenter le jour de l’examen. Cela s’est passé sans problème pour le candidat ;  l’unité de valeur a été validée.
Peu de temps après, je me trouvais dans la préparation du programme d’un stage que je devais encadrer en province sur un week-end.  J’ai repensé  à cet enchaînement,  je me suis dit qu’il pourrait  à nouveau être d’une utilité incontestable. Vu sa physionomie, il me semblait parfaitement représentatif de notre ju-jitsu. Il avait toute sa place dans un tel rassemblement. Dans sa première partie, il pouvait éclairer les néophytes et dans la seconde, satisfaire les plus aguerris en proposant des techniques un  peu plus élaborées. Cela n’a pas été la dernière fois que j’ai eu le plaisir de le présenter et de le faire apprécier par un nombre important de ju-jitsukas, tant en France qu’à l’étranger.
Suite et fin mardi prochain.
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Zapping-jitsu

Il y a quelque temps, à l’occasion d’un remplacement que j’effectuais dans un club dont je tairai le nom, deux élèves se présentent avec un bon quart d’heure de retard. Comme je leur faisais remarquer qu’il était indispensable d’être ponctuel, telle n’a pas été ma surprise en écoutant leur explication : « Comme il y avait trop de monde à la salle de musculation, on s’est dit que l’on allait trouver deux kimonos et faire un peu de ju-jitsu. » Rigoureux, mais ouvert d’esprit, je les ai laissés s’intégrer au groupe. Au bout d’une demi-heure, je les vois s’apprêter à quitter le tatami. Je m’approche et les interroge sur leurs intentions. La seconde réponse m’a laissé encore plus pantois : «Finalement, on va voir s’il y a de la place maintenant à la musculation. » Je leur ai fait remarquer que cela sera indispensable pour eux !
Cette petite anecdote est révélatrice de l’évolution de certaines mentalités, même si bien  heureusement cette histoire, absolument véridique, relève de l’exceptionnel (quoique). D’abord, ce n’est pas tant de leur faute que celle du professeur habituel. Puisque, renseignement pris auprès des élèves, il ne s’agissait pas d’une habitude exceptionnelle. Ensuite, on pourrait assimiler cette façon d’agir à du « zapping sportif », reflétant un comportement sociétal contemporain. Enfin, et cela va avec, on peut apparenter ce genre de réaction à une façon de  rejeter systématique toute contrainte. Ce dernier point étant paradoxale dans la mesure où – insidieusement, ou pas – on nous en impose chaque jour davantage. Ceci explique peut-être cela !
Sans vouloir jouer les pères fouettards ou même les arriérés, il me semble que ce genre de comportement n’est pas compatible avec ce que l’on nomme les « disciplines » sportives. A fortiori, les nôtres. Ensuite, une telle façon d’être est-elle compatible avec la réalisation de progrès. A moins que ceux-là ne soient absolument pas recherchés et qu’il s’agisse d’une consommation « plaisir jetable », ce qui est encore plus navrant. Une séance de ju-jitsu peut-elle se classer dans le même registre qu’un tour de manège ?
Heureusement, il ne s’agit que d’une anecdote ! Mais, soyons vigilants, ce qui est sans conteste le cas de la grande majorité des enseignants d’arts martiaux.
Dans un prochain billet et en prévision de la rentrée prochaine, il ne sera pas inutile de rappeler quelques règles essentielles à respecter dans un dojo. A l’attention des futurs nouveaux adhérents… et de quelques anciens, victimes d’une mémoire parfois vacillante.
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Stages d’été

La dernière édition du stage d’été de Soulac-sur-Mer remonte à 2010. Vous êtes assez nombreux à manifester votre regret quant à l’interruption de cet événement annuel. Au fil des années, il était devenu une véritable institution, et cela depuis le premier rendez-vous en 1986. Il y avait eu préalablement trois années au village du Temple-sur-Lot dans le département du Lot-et-Garonne. Le besoin de « bord de mer » se faisant ressentir auprès des stagiaires, mais aussi auprès des accompagnateurs et accompagnatrices, cap a été mis sur les plages de l’Atlantique. 
Avant de revenir sur les raisons de cette interruption, il serait intéressant d’évoquer l’histoire et l’utilité de ces rassemblements dont l’institutionnalisation s’opère  principalement au cœur de l’été.
En quelque sorte, nous poursuivons notre série d’articles qui concernent le moment que nous vivons : l’intersaison.
Il y a pas mal d’années (et encore actuellement pour certains clubs), la coupure estivale était longue, très longue. Tout comme maintenant pour certaines structures, la fermeture ? aussi bien pour les enfants que les adultes ? coïncidait avec les vacances scolaires. Or, celles-ci duraient presque trois mois.
Des budokas bien inspirés ont donc eu l’idée de proposer un palliatif à une interruption décidément trop importante. C’est ainsi que  certains stages historiques ont  vu le jour, c’est le cas du stage du golf bleu à Beauvallon-sur-Mer en face de Saint-Tropez. Stage internationalement connu, il suffira de se rendre sur ce blog à la date du 27 juin 2008 pour constater à quel point ce rassemblement a pu marquer les esprits (le mien en particulier).
Beauvallon n’a pas été le seul spécimen. Dans de nombreuses disciplines et à de nombreux endroits,  des stages qui permettaient non seulement de continuer l’entraînement, mais aussi de subir un traitement particulièrement intensif ont été proposés aux aficionados de leur sport ou de leur art.
Une telle expérience est riche à bien des égards. D’abord, pour ceux qui sont dans une structure fermée deux mois durant, elle réduit cet arrêt. Ensuite, elle permet d’aborder et de pratiquer sa discipline de façon assez différente par une immersion totale pendant une semaine (ou plus). Techniquement, physiquement et mentalement, cela apporte une plus-value incontestable. Et puis, aucune contrainte professionnelle ne vient obstruer le challenge dans lequel nous nous sommes lancés. Enfin, les rencontres avec des pratiquants venus d’autres horizons permettent des échanges  intéressants. On peut aussi remarquer que les stagiaires reviennent galvanisés et encore plus motivés pour la nouvelle saison. Est-ce grâce au stage qu’ils sont motivés, ou est-ce parce qu’ils sont motivés qu’ils participent à un stage ? Une version martiale de la poule et l’œuf.
Certains, à raison, pourront alors se demander pourquoi, après avoir évoqué ces rassemblements de façon aussi positive, les stages à Soulac ont cessé ?
Plusieurs raisons à cela. D’abord, il n’y a rien de définitif et il ne faut rien exclure. Mais il est vrai qu’après 25 éditions, il était peut-être utile de faire une petite pause. Ensuite, il est des périodes de la vie, où la nécessité d’un « recentrage » ou « recadrage » sur  certains points ne sont pas inutiles, pour ne pas dire indispensables. Et puis de « vraies » vacances ne sont pas superflues, ne serait-ce que pour attaquer une nouvelle saison dans des conditions optimales au service des adhérents du club. Gageons qu’avec une organisation nouvelle, la possibilité de renouer avec cette habitude n’appartiendra pas au domaine de l’utopie.
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Retrouvez l’article consacré au Golf-bleu à la date du 27 juin 2008.

1er juillet

La fin de saison est toujours un moment d’émotions particulières. Abordé dans les deux derniers billets de ce blog, sous des aspects un peu différents, le sujet qui concerne la période de l’année que nous vivons vaut la peine d’être complété. Même si notre club propose encore un peu d’activité en juillet, il n’empêche que le commencement de ce mois sonne le début d’une période très calme dans nos disciplines et possède un goût bien à lui. D’abord, le 1er juillet est sans conteste plus agréable que le 1er décembre. C’est l’été et surtout pour beaucoup, ce sont les vacances. Une sensation bien agréable nous envahit à l’idée de bénéficier de temps pour se reposer et se divertir. Tout simplement s’octroyer un emploi du temps sur mesure. Sur le plan relationnel, ce moment de l’année n’est pas dépourvu de sentiments. Les enseignants connaissent bien ce mélange de sensations. La joie de faire un break et de retrouver des personnes que seule cette période nous autorise et un peu de tristesse face à l’assurance d’être séparé de certains élèves que l’on ne reverra plus en septembre. Je n’ignore pas qu’il s’agit du lot annuel des professeurs des écoles, du collège, etc. Mais pour nous, les enseignants d’arts martiaux, c’est un peu différent, aucune obligation structurelle nous impose de renouveler systématiquement chaque année tout ou une partie de notre effectif. Seules les raisons évoquées dans le précédent billet nous l’imposent. Nous n’irons pas jusqu’à parler d’un déchirement quand la certitude (ou même juste, l’éventualité) que des personnes dont nous sommes occupées  et – pour certaines – avec qui le courant passait très bien, ne seront plus parmi nous à la rentrée. La banalité d’une réponse telle que : « C’est la vie » suffira-t-elle ? Il le faudra bien.
Il y a ceux dont nous sommes sûrs et certains qu’ils ne seront plus sur nos tatamis et ceux pour qui plane un doute, mais qui vous assurent que « normalement », si tout va bien, vous pourrez compter sur eux à l’issue de la rentrée prochaine. C’est ce «normalement » qui vous met la puce à l’oreille. Votre expérience vous laisse à penser qu’il faudra sans doute faire sans eux. Et puis, il faut être sincère, il existe une toute petite catégorie de personnes dont l’absence ne sera pas dommage. Il y en a peu, effectivement, mais les réfractaires au savon et à la lessive, les violents, les inciviles, bref, tous ceux, qui, par l’inconvenance de leur comportement, ne vous manqueront pas. Si toutefois vous ne leur avez pas déjà signalé « formellement » l’incompatibilité de leur comportement avec un dojo digne de ce nom.
Comme il est toujours de bon ton de terminer sur une note positive, il faut se dire que premièrement, nous allons profiter de l’été et que deuxièmement la rentrée nous réservera de belles surprises. Elle sera l’occasion de retrouver une très grande majorité d’anciens et d’accueillir de nouveaux élèves dont l’appétence à la découverte et à l’apprentissage redonnera, une nouvelle fois, tout son sens à notre mission et au plaisir qui l’accompagne.

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