Curieuse coïncidence : mercredi matin je mettais en ligne un billet sur mon blog dans lequel j’évoquais la déprofessionnalisation et la dévalorisation du métier (qui à mes yeux n’en n’est plus un) de professeur de judo (et accessoirement de ju-jitsu), le lendemain dans le journal Le Parisien, paraissait un article qui annonçait une grève – pas banale – des athlètes de l’équipe de France de judo : « bientôt la grève dans le judo français».
L’article mis en ligne et cette action (!) sont nés d’un même constat, celui des mauvais résultats de l’équipe de France de judo masculine lors des derniers championnats du Monde.
A la déprofessionnalisation et à la dévalorisation de cette belle mission qui est celle d’enseigner un art martial on peut ajouter la déconsidération. Cela fait beaucoup ! Certes les conséquences sont différentes selon qu’il s’agisse de celles qui impactent un athlète de haut-niveau dont l’objectif est de rapporter des médailles et de celles qui touchent un professeur qui a pour mission de donner des bases à un futur champion, mais aussi et tout simplement d’enseigner une méthode d’éducation physique et mentale, ou apprendre à ses élèves à se défendre (encore faut-il lui fournir une bonne méthode) ou bien encore et tout simplement donner du plaisir au travers d’une pratique intéressante.
Je pense qu’il est bon de rappeler qu’au début, notamment dans les années 1950, ce sont les profs qui ont fait le judo. Ces personnes ne vivaient que de leur enseignement, ils étaient passionnés, compétents, ils étaient « professionnels ». Ils s’appelaient Jean De Hert, Roger Piquemal, Bernard Pariset, Henri Courtine, Guy Pelletier, etc. Que la mémoire d’autres illustres senseï qui ne sont pas cités me pardonne mais aussi celle de maitres moins connus et qui n’ont pas manqué d’œuvrer avec passion. Ils ont tous formés des centaines de ceintures noires et beaucoup de champions. Ils ont donnés au judo Français ses lettres de noblesse.
Il ne faut jamais oublier que tout champion du monde ou champion olympique a d’abord été une ceinture blanche à qui ont donné l’envie de s’inscrire dans un dojo et surtout le goût de continuer, que ce soit pour devenir d’illustres champions ou simplement des pratiquants heureux. Ce distributeur de motivation et de technique s’appelle « le professeur », sans lui…