S comme Samouraï

Pour la lettre S de mon dictionnaire c’est tout naturellement que je me suis arrêté à « Samouraï ».

Comme pour chaque personnage ou élément qui compose ce dictionnaire, l’objectif n’est pas de faire un exposé sur le sujet, mais d’exprimer ce qu’il a représenté et représente pour moi.

Samouraï : ce mot je l’ai lu, entendu et prononcé un nombre de fois incalculable ; peut-il en être autrement dans la vie d’un pratiquant d’arts martiaux ? Ces valeureux guerriers sont indissociables d’une carrière consacrée aux disciplines de combat ; presqu’au point de souhaiter leur ressembler, non pas dans leur « métier », mais pour leur esprit ; acquérir cette farouche volonté, cette rigueur, cette efficacité et ce sens du raffinement dans le combat, et cet attachement à de belles valeurs, autant d’éléments qui ont participé à leur gloire et à leur histoire. Encore maintenant, Il n’y a pas plus beau compliment que celui de recevoir le qualificatif de samouraï. Non pas pour le maniement du sabre que nous ne portons plus, mais pour les valeurs exprimées ci-dessus.

Ceci étant, ne nous méprenons pas, ces hommes n’étaient pas des tendres et les combats qu’ils se livraient se finissaient par la mort d’un des deux protagonistes. Nous n’en sommes plus là, bien heureusement.

Pour ma part, deux mots me viennent spontanément à l’esprit pour les qualifier (et qualifier un « samouraï des temps modernes ») : courage et respect.

Le plus célèbre d’entre eux est incontestablement Miyamoto Musashi (1584-1645), grâce à son parcours, ses combats et ses écrits. On ne peut qu’encourager la lecture du « Traité des cinq roues ». Dans ce recueil, le samouraï philosophe fait état des cinq éléments qui représentent la nature entière : Terre, Eau, Feu, Vent, Vide. Il invite à transposer l’art de l’épée ; de l’appliquer à la vie quotidienne et qu’il devienne un art de vivre.

Je conclurai par une petite histoire : « Trois mouches » (déjà publiée sur mon blog). Réalité ou légende ? Peu importe, elle est savoureuse et démontre que parfois on peut vaincre sans combattre.

Trois mouches.

Dans une auberge isolée, un samouraï est installé, seul à une table. Malgré trois mouches qui tournent autour de lui, il reste d’un calme surprenant. Trois rônins entrent à leur tour dans l’auberge. Ils remarquent aussitôt avec envie la magnifique paire de sabres que porte l’homme isolé. Sûrs de leur coup, trois contre un, ils s’assoient à une table voisine et mettent tout en œuvre pour provoquer le samouraï. Celui-ci reste imperturbable comme s’il n’avait pas remarqué la présence des trois rônins. Loin de se décourager, les rônins se font de plus en plus railleurs. Tout à coup, en trois gestes rapides, le samouraï attrape les trois mouches qui tournaient autour de lui, et ce, avec les baguettes qu’il tenait à la main. Puis calmement, il repose les baguettes, parfaitement indifférent au trouble qu’il venait de provoquer parmi les rônins. En effet, non seulement ceux-ci s’étaient tus, mais pris de panique, ils n’avaient pas tardé à s’enfuir. Ils venaient de comprendre à temps qu’ils s’étaient attaqués à un homme d’une maitrise redoutable. Plus tard, ils finirent par apprendre, avec effroi, que celui qui les avait si habilement découragés était le fameux Miyamoto Musashi.  

eric@pariset.net  www.jujitsuericpariset.com

Encore une très belle leçon…

A l’occasion de cette semaine, sans doute très calme en matière d’activité, je me permets de proposer à nouveau un conte que j’aime tout particulièrement. Il est dans la ligne de ma croisade contre la violence. Bonne lecture ! (Histoire issue des « Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon » aux éditions Albin Michel.)

Un samouraï se présenta devant le maître zen Hakuin et lui demanda :
— Y a-t-il réellement un paradis et un enfer ?
— qui es-tu ? demanda le maître.
— Je suis le samouraï…
— Toi, un guerrier ! s’exclama Hakuin. Mais regarde-toi. Quel seigneur voudrait t’avoir à son service ? Tu as l’air d’un mendiant. 
La colère s’empara du samouraï. Il saisit son sabre et le dégaina. Hakuin poursuivit :
— Ah bon, tu as même un sabre ? ! Mais tu es sûrement trop maladroit pour me couper la tête. 
Hors de lui, le samouraï leva son sabre, prêt à frapper le maître. A ce moment celui-ci dit : 
—  Ici s’ouvrent les portes de l’enfer.
Surpris par la tranquille assurance du moine, le samouraï rengaina son sabre et s’inclina. 
— Ici s’ouvrent les portes du paradis, lui dit alors le maître…
eric@pariset.net    www.jujitsuericpariset.com