16 techniques, la suite…

Les 16 techniques

Elles ont été créées en 1982 pour les besoins d’une démonstration de ju-jitsu proposée à l’occasion des deuxièmes championnats du monde de judo féminins qui se déroulaient à Paris.

Pendant un bon moment, elles ont fait partie du programme des grades judo-ju-jitsu « option ju-jitsu », au sein de la FFJDA. En 1995, elles ont été remplacées.

Pour ma part, elles existent toujours dans  mon enseignement. Pour plusieurs raisons.

D’abord, elles sont efficaces. Ensuite elles sont l’expression du lien indéfectible entre le ju-jitsu et le judo ; techniquement et historiquement. Comme l’avait écrit Christian Quidet, éminent journaliste sportif, dans la préface qu’il avait gentiment signée pour un de mes livres : « Je félicite Eric Pariset de s’être intéressé et de s’être spécialisé dans le ju-jitsu qui est le meilleur complément à la pratique du judo ». C’est vrai que dans cet enchaînement on retrouve les principales grandes projections du judo.

Apprendre o soto gari sur une attaque qui peut survenir dans la réalité et ensuite découvrir tous les enchaînements qui appartiennent au judo sera dans l’ordre des choses. A l’inverse un judoka pourra s’adapter facilement aux applications du ju-jitsu.

Cet enchaînement démontre aussi une forme de travail dans laquelle je me suis épanoui en tant qu’élève, comme professeur et dans les nombreuses démonstrations effectuées dans notre pays et au-delà de ses frontières. Une forme de travail basée sur la fluidité et sur la souplesse.

L’abandonner serait une sorte de reniement, d’autant qu’elle satisfait bon nombre de pratiquants. C’est un travail dans lequel on retrouve les principes fondamentaux d’utilisation de la force de l’adversaire, de la non-opposition, de bascule autour du centre de gravité, bref d’une utilisation optimale des mécanismes corporels.

Que l’on ne me parle pas d’un manque de volonté d’évolution, il y a des règles et des phénomènes physiques qui ne s’abandonnent pas, sauf à se renier et à renier les bases techniques et les principes fondamentaux. Cet enchaînement est porteur de traditions mais aussi de principes immuables.

En plus des acquisitions techniques, cette suite permettra d’acquérir la fluidité indispensable entre les différentes composantes du ju-jitsu.

Ses répétitions affûtent les réflexes et la condition physique. Il s’agit aussi d’une belle démonstration dans laquelle efficacité et beauté du geste se marient parfaitement.

Enfin, les 16 techniques offrent au professeur une base de travail considérable. Par exemple en proposant des réponses différentes à chaque attaque, avec des thèmes variés. On peut aussi les travailler à droite et à gauche, avec plusieurs partenaires, étudier les contre prises qui permettent de renforcer chaque technique, etc.

En conclusion et en résumé, les 16 techniques présentent un ju-jitsu dynamique, efficace, spectaculaire, mais aussi une méthode de self défense, d’éducation physique et mentale, en restant fidèle à une  histoire, à des principes et à ses convictions, ce qui n’est pas la moindre des choses pour un pratiquant d’arts martiaux.

La vidéo proposée a été réalisée en 1991.

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Code moral

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Le Code moral est plus particulièrement attaché au judo, mais d’autres disciplines se le sont approprié, avec raison.

Élaboré en 1985 par Bernard Midan, un des pionniers du judo en France, ce Code souligne les valeurs attachées à une pratique éducative dans tous les sens du terme, pas simplement sur le plan physique.

Quelques esprits railleurs le surnomment le « code mural », soulignant ainsi que, parfois, dans certains dojos son utilisation se limiterait à un simple affichage de « bonne conscience ».

Ce Code moral représente des valeurs qui doivent être respectées, au delà du dojo d’ailleurs.

Elles sont principalement véhiculées par celui qui est le « Maître des lieux », c’est-à-dire le professeur, garant de leur application. C’est une de ses missions.

Dans ces valeurs on y retrouve, entre autres, des petites choses – sur lesquelles je reviens régulièrement. Enfoncer le clou n’est jamais inutile.

Des petites choses qui sont parfois négligées et même oubliées, comme saluer le tatami avant d’y monter et en le quittant, saluer son partenaire à chaque changement et dans une tenue correcte. Communiquer à voix basse, pas de cris, pas de vociférations, le dojo n’est pas une cour de récréation. On ne parle pas pendant les explications du professeur. La tenue doit être celle de la discipline que l’on pratique et elle doit être propre. On essaie d’arriver à l’heure, si ce n’est pas le cas on attends un signe de la part du professeur avant de monter sur le tatami. L’entraide mutuelle sur les tatamis et en dehors, la rigueur dans une pratique régulière, etc.

Dans le visuel qui illustre cet article on trouve ce Code moral. Il doit devenir au fur et à mesure une seconde nature. Chacune de ces valeurs pourrait faire l’objet d’un développement approfondi.
On ne peut pas évoquer ce Code moral, sans évoquer le Code du bushido et de les « croiser ». Ce dernier était celui des samouraïs. Forcément, on trouve des similitudes entre les deux. Si les termes ne sont pas les mêmes, le fond se confond. Ce Code d’honneur, vieux de plusieurs siècles ,se compose de sept vertus qui sont toujours d’actualité.

Gi : justice, sincérité.

Yu : courage.

Jin : compassion.

Rei : courtoisie.

Makoto / Shin : vérité – sincérité.

Meiyo : honneur.

Chugi : fidélité et engagement.

Bonne continuation dans le monde des arts martiaux.

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La ceinture noire

On a coutume de dire que la véritable pratique commence avec la ceinture noire. Certes, il s’agit d’une formule, mais elle n’est pas vide de sens.

Au fil des décennies, cette « ceinture noire » a sans doute perdu un peu de son originalité et de sa superbe, elle s’est quelque peu banalisée.

Et puis elle est associée à des traditions qui sont moins dans l’air du temps. Ces traditions ayant pourtant un lien intime avec l’éducation.

Jeunes pratiquants nous attendions l’âge de 16 ans avec une impatience assumée.

Il n’empêche qu’elle marque encore la vie d’un pratiquant. On n’y accède pas par hasard.

Si la ceinture noire est à la fois le reflet de nombreuses années de pratique et de fidélité,  la validation d’acquis techniques indiscutables et le plaisir d’avoir atteint un objectif, elle n’est en aucun cas une finalité aux allures de consécration.

Avec l’obtention de ce grade, qui procure légitimement un grand bonheur, c’est aussi un nouveau regard que l’on porte sur notre pratique passée et sur notre avenir. Sur ce que nous avons fait et sur ce qu’il nous reste à découvrir.

Elle représente une étape importante, même s’il ne s’agit pas d’un aboutissement, mais d’un accomplissement.

C’est la prise de conscience que le chemin à venir est infiniment plus long que celui que nous venons de parcourir. Mais quel enthousiasme que celui de savoir qu’il reste tant à apprendre.

Toutefois il faut rassurer le néophyte qui voit en la ceinture noire une sorte de graal inaccessible, ou en tout cas accessible à un horizon lointain. Il pourrait légitimement se demander que si la vraie pratique commence à la ceinture noire, alors que fait-il  en gravissant les échelons de couleurs ? Et bien tout simplement son apprentissage.

La ceinture noire est une véritable satisfaction personnelle, mais elle confère à son porteur des devoirs envers lui-même et les autres, elle lui impose des responsabilités. De celui qui regardait les ceintures noires avec une certaine fascination, il devient celui que l’on regarde. A son tour de devenir une référence, un exemple. Il ne doit jamais l’oublier.

Enfin, il doit se faire le serment de ne jamais abandonner la pratique ! « Ceinture noire un jour, ceinture noire toujours ». Formule facile, mais adaptée à ce statut.

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La meilleure méthode de self défense ?

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Quelle est la meilleure méthode de self défense ? Voilà une question qui me rappelle un temps lointain où, dans la cour de récréation du collège, la question était de savoir, entre le judo et le karaté, quel était le plus fort.

Première réflexion : la meilleure méthode de self défense, si tant est qu’il y en ait une, mal enseignée et de fait mal pratiquée, et bien elle n’est plus la meilleure méthode.

Il faut réunir plusieurs éléments pour avoir une chance de se sortir d’une mauvaise situation. En tout premier faire preuve d’humilité, que ce soit en tant que pratiquant ou/et en tant que professeur.  D’abord l’humilité de ne jamais se croire invincible et ne jamais proclamer que la méthode que nous enseignons est infaillible.

Ensuite, pour être efficace, une méthode doit rassembler le plus de réponses possibles à un maximum de situations éventuelles.

Mais aussi, comme indiqué plus haut, que le professeur maîtrise ces ripostes et surtout que sa pédagogie permette de les transmettre. Cela semble évident, et pourtant…

Il est aussi indispensable que l’élève soit assidu, ce qui ne dépend pas toujours du professeur. La meilleure des méthodes de self défense s’inscrit dans la régularité, et dans le « temps long ». Pas de « méthode miracle », mais du travail !

Apprendre les techniques, c’est une chose, pouvoir les appliquer dans les situations de violence extrêmes que sont les conditions d’une agression, c’est autre chose. Il est indispensable d’acquérir des automatismes aux allures de seconde nature. On ignore quelles seront nos capacités réactives dans ces moments. Ce n’est pas pour ça qu’il faut conseiller de se tester dans la réalité ! Il y en a pourtant qui affirment que sans cette expérience, celle de la rue, aucune efficacité ne sera acquise.  C’est un peu « particulier », pas très éducatif et répréhensible !

Il est aussi nécessaire que le professeur mette en garde sur certains aspects, comme éviter les endroits et les situations à risque, que la négociation est la première «arme»  et que même pour un motif minime, une bagarre a de fortes chances de mal finir pour un des protagonistes et plus sûrement pour l’ensemble.

Maintenant, il y a deux sortes d’agressions. La simple embrouille qui dégénère au motif d’une queue de poisson ou d’une place de parking et l’agression directe avec différents objectifs tous plus violents les uns que les autres : vol avec violence, agressions sexuelles, etc. Les réponses ne devront pas être les mêmes, à condition de pouvoir faire la nuance et de se maîtriser. La légitime défense est une notion qui ne doit pas être ignorée, même si dans l’état de stress engendré par une agression, il ne sera pas toujours facile de doser la riposte, surtout quand on sauve sa vie ou celle d’un tiers.

Ne pas oublier que pour être efficace il faut être en possession de tous nos moyens, être en bonne forme physique et donc éviter les entraînements extrêmes au motif de faire comme dans la réalité. On ne peut pas faire comme dans la réalité deux ou trois fois par semaine. Cela me rappelle une réflexion d’une personne à propos d’entraînement « spéciaux », qu’il avait subi : « Je me demande s’il ne faut pas mieux se faire « casser la gueule  » une fois ou deux par an, plutôt que subir ce genre d’entraînement deux fois par semaine ». Voilà une réflexion frappée au coin du bon sens.  La réalité c’est la réalité, l’entraînement c’est l’entraînement. Comme son nom l’indique « on s’entraîne », on s’améliore, on s’élève.

Et puis, être fréquemment blessé, c’est la meilleure façon de ne pas souvent s’entraîner et donc de ne pas progresser.

Tout comme il est plus sain que les séances se déroulent entourées d’une ambiance dénuée de stress et de violence. Apprendre à se défendre en travaillant sérieusement n’empêche pas de passer un moment agréable en évitant d’ajouter de la violence là où nous sommes pour la combattre.

Pour finir sur une note positive, j’aime à rappeler que je compte parmi mes élèves et anciens élèves des exemples de situations qui ont pu se régler sans dommage pour la personne agressée, grâce a l’application de techniques apprises et répétée lors des séances. C’est aussi cela être utile.

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La tenue

« L’habit ne fait pas le moine », un peu quand même !

Au moins une fois par an j’évoque un vêtement qui me tient à cœur, celui qu’on appelle familièrement le kimono, bien que ce nom désigne plus spécifiquement une tenue  d’intérieur.

Dans les arts martiaux, il existe plusieurs appellations qui définissent ce que l’on revêt dans un dojo ; parmi les plus répandues on trouve le judogi, le karategi, le keikogi. Le « jujitsugi » est très peu évoqué. Pour les principaux arts martiaux japonais on peut le nommer tout simplement « dogi ». En Taekwondo, art martial coréen, c’est le dobok.

Quel que soit son nom, cette tenue est importante, elle ne doit pas être négligée ; j’y vois plusieurs raisons.

D’abord, chaque discipline sportive possède son « uniforme » ; il ne viendrait pas à l’idée d’un footballeur de se rendre sur un terrain de foot en judogi.

Ensuite, grâce à sa texture, cette tenue est pratique et hygiénique. Elle est résistante aux différents assauts qu’on lui fait subir. Elle est hygiénique, elle permet d’absorber les litres de sueur produits lors des entraînements.

Elle possède également comme vertu celle d’effacer toute distinction sociale. On ne frime pas vraiment dans un « gi ». Nous sommes tous égaux pour ces moments d’étude et de partage. Dans certains cas elle permet d’oublier quelques complexes physiques.

Enfin, dans le combat rapproché, notamment au sol, elle évite une proximité qui peut être parfois gênante et même rebutante pour certains et certaines.

Enfin sur le plan de la self défense, donc de l’efficacité, et à ceux qui affirment avec raison que dans la rue nous ne sommes pas en judogi, on peut répondre que dans la rue nous ne sommes pas non plus torse nu, ou très rarement et qu’un morceau de tissu peut remplacer celui du judogi pour appliquer certaines techniques. D’autres pouvant d’ailleurs se réaliser avec ou sans vêtement, quel qu’il soit.

Cette tenue, je la respecte au plus haut point ; n’est-elle pas mon principal « outil de travail » ? Elle est aussi devenue au fil des années ma « deuxième peau ». Parfois elle a même été mon « bleu de travail ».

Certains s’en affranchissent, c’est dommage, surtout dans des disciplines dites « à traditions ».

Lorsque je vois des entraînements (d’arts martiaux) se dérouler avec une multitude de tenues : short, t-shirt, survêtement, je ne peux m’empêcher d’être peiné. Je ne pense pas que cette réaction puisse être qualifiée de « vieux jeu ». Le respect et la tradition me paraissent indispensables. Sans respect, sous quelque forme que ce soit, il n’y a plus rien.

S’affranchir de toutes les traditions au nom d’une prétendue modernité ou même d’une soi-disant liberté pourra être sans limite. Si on ne respecte pas un symbole tel que la tenue, pourquoi pas, tant que nous y sommes, ignorer le salut, le bonjour et le merci et ainsi de suite, jusqu’à manquer de respect aux personnes.

Sans un minimum de rigueur et d’effort, il n’y a plus ni progrès, ni évolution, ni vie sociale digne de ce nom !

Que ne soit pas masqué un manque de rigueur et de respect à l’égard de notre histoire et de notre identité au nom d’une soi-disant modernité.

Au début des années 1970, à l’initiative de l’immense champion de judo néerlandais Anton Geesink, il y eut une tentative de kimonos de couleurs (de toutes les couleurs), qui n’a pas vraiment connu le succès. Ensuite, au début des années 1990, le kimono bleu est apparu lors des compétitions de judo, dans le but de faciliter la compréhension des combats. Dans le même esprit, j’ai moi-même opté pour cette couleur dans mes démonstrations et dans des ouvrages. Ça m’arrive encore pour des photos au sol, notamment.

Quelques professeurs l’utilisent à l’occasion de leurs cours, cela a été mon cas durant un temps, pour « aérer » mes ju-jitsugis de démonstration, à l’époque où j’en faisais. Une fois cette époque passée, je suis revenu à la pure tradition. Et puis un enseignant doit pouvoir se distinguer davantage par son savoir et son aura que par la couleur de sa tenue.

Dans cet article j’évoque les arts martiaux, mais d’autres sports de combats possèdent leur propre équipement (boxe, lutte, etc.), les pratiquants l’arborent fièrement.

Enfin, l’utilisation de la « tenue de ville » (adaptée) pourra être considérée comme un complément à l’étude de la self défense, dans des cours spécifiques. Ce pourra être aussi une approche et une étape avant de rejoindre le monde des budos. Alors : un peu de tenue !

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La « forme de corps »…

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Voilà une expression connue des pratiquants d’arts martiaux, lorsqu’il s’agit de projections et de travail au sol, bien qu’on puisse aussi trouver cette qualité dans les techniques de percussions. C’est la capacité à bien adapter son corps à toutes les situations d’initiative et de défense.

On dit d’un pratiquant qu’il a une bonne « forme de corps ». De quoi s’agit-il exactement ?  Est-ce un don du ciel, ou bien le fruit du travail ?

C’est déjà une belle appréciation. Cette bonne forme de corps permet, au moment de l’exécution d’une technique, de ne faire qu’un avec la technique en question, de l’épouser pleinement. C’est la parfaite adaptation du corps à la technique.

Pour posséder cette qualité, on peut être doté de quelques prédispositions, mais ce sont surtout les inlassables répétitions qui permettent d’obtenir un tel résultat. On doit « sculpter », «  modeler » son corps, un peu comme l’artiste travaille « la masse » pour produire une belle sculpture. (Toujours la valeur travail !)

D’ailleurs, à propos d’artistes, ceux qui pratiquent les arts martiaux n’en sont-ils pas ? Ne sommes-nous pas admiratifs devant la beauté d’un geste qui associe efficacité et esthétisme ?

Cette forme de corps rassemble plusieurs qualités : principalement la précision, la souplesse, la tonicité et la vitesse. Je ne parle pas de force physique, mais d’une utilisation optimale de l’énergie dont chacun est pourvu, tout en utilisant dans certains cas celle de l’adversaire. On est dans le principe du « maximum d’efficacité avec le minimum d’effort (physique) ».

Pour revenir aux prédispositions, il y a des morphologies plus adaptées à telle ou telle pratique martiale, il y a des personnes plus talentueuses, mais quelques soient ces prédispositions, il faudra les révéler, les renforcer et les conserver. Les révéler grâce au professeur, les renforcer et les conserver avec l’entraînement.

Cette forme de corps utilise nos armes naturelles dans un ensemble où sont réunis plusieurs éléments qui s’enchaînent, ou s’associent et s’imbriquent avec naturel, mais aussi avec un bon déplacement qui offre le bon placement : le bon geste au bon moment. Une bonne forme de corps, qui n’est pas utilisée au bon moment, ne sera pas utile.

Quoiqu’il en soit, c’est toujours et encore la volonté et le travail qui permettent de trouver et de renforcer cette qualité. Il faudra bénéficier d’un professeur qui offrira un bon apprentissage et les bonnes méthodes d’entraînement pour affûter et ciseler un ensemble qui conduira à une finesse technique, synonyme d’une indiscutable efficacité dans tous les domaines.

Pour acquérir cette « forme de corps », il faut d’abord le vouloir (le pouvoir presque tout le monde le peut, le vouloir c’est autre chose). On se doit d’être sans cesse à la recherche de l’amélioration, non pas de la perfection qui n’existe pas, mais tout simplement de l’élévation : aller plus haut !(Illustrations de l’article avec les figurines réalisées par Bernard Pariset (1929-2004) Champion de judo et sculpteur à ses temps perdus)

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La loi du plus fort ?

En sport, cela peut paraître étrange d’affirmer que lorsque c’est le plus fort qui gagne et que l’échelle des valeurs est respectée, un manque d’intérêt pourrait se manifester. Mais finalement, pas tant que cela.

D’abord, assister au renversement de l’ogre par le « le Petit Poucet » est toujours sympathique, et pour ce qui concerne les disciplines de combat comme le judo, que les principes de bases et les techniques affutées permettent à David de triompher de Goliath, l’est tout autant et même davantage.

Avant l’instauration des catégories de poids, le petit qui projetait le grand participait à la « magie du judo ». Ces catégories ont eu aussi comme conséquences ( la compétition dénature forcément quelque peu l’art martial ) de déshabituer les pratiquants les plus petits à utiliser des techniques et des stratégies permettant de se défaire des plus grands et des plus lourds.

Même si les catégories de poids ont permis à davantage de combattants de pouvoir s’exprimer, elles ont retiré un peu de l’exaltation que procurait le fait de voir le moins fort (physiquement) triompher.

Cependant, il n’était pas question de magie, mais de techniques affûtées, ciselées et surtout de principes dans lesquels était offerte la possibilité que la force de l’adversaire se retourne contre lui. Et plus cette force était importante, plus le « retour » était efficace.

Lorsque l’on ne bénéficie pas de suffisamment de puissance, se servir de celle de l’adversaire semble être du bon sens. Encore faut-il savoir le faire, faut-il l’avoir appris ! C’est d’autant plus important que si ces préceptes permettent – aussi – de se sortir d’une mauvaise situation en cas d’agression, leur transposition dans la vie sociétale qui ferait que le chêne rompe, mais pas le roseau, que la force se retournerait contre celui qui l’utilise, l’espoir d’une société plus juste renaîtrait sans doute !

La compréhension de tels principes et l’assimilation des ces techniques réclament de la patience, cette qualité ne caractérise pas une époque dans laquelle l’immédiateté semble devenir la règle, et la patience obsolète.

La photo qui illustre cet article (extraite d’un magazine de l’époque) à été prise lors de la finale des championnats d’Europe toutes catégories à Paris en 1955. On peut traduire (approximativement) la légende de la façon suivante : Geesink en « Hollandais volant » contre son gré. Son adversaire qui le « travaille » si bien dans les airs est le très petit judoka français Bernard Pariset.

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Les inséparables Tori et Uke

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Retour sur deux personnages bien connus des pratiquants d’arts martiaux et notamment des jujitsukas. Pour les novices, afin de faciliter les présentations, nous pourrions expliquer que dans ce couple d’inséparables, Tori incarne « le gentil » et Uke « le méchant ».

Cette définition, même si elle facilite l’identification des rôles, est un peu simpliste dans la mesure où les deux protagonistes, dans ces positions interchangeables, sont complémentaires et non pas adversaires. Sans Uke, Tori n’existe pas. Dire que c’est Tori qui conclut une action est plus juste pour signifier les implications respectives.

Une traduction littérale nous révèle que Tori est celui qui « prend » ou « choisit » et Uke celui qui « reçoit » ou « subit ».

Dans la connivence qui unit ces deux personnages, il n’existe aucune rivalité, ils doivent être continuellement en quête d’une parfaite osmose.

Bien souvent c’est Tori qui attire davantage l’attention et le rôle d’Uke n’est  pas toujours considéré à sa juste valeur et parfois même il peut paraître ingrat. Or, son rôle est déterminant. C’est grâce à lui que Tori réalise ses progrès, qu’il peut ouvrir et élargir son champ des connaissances.

En plus d’une parfaite maîtrise de la chute,  Uke doit être capable d’adopter toutes les situations, les postures et les réactions qui peuvent se présenter à son partenaire. Il se doit d’être d’une disponibilité corporelle totale, malléable à souhait, dans le bon sens du terme. Il doit «jouer le jeu ».

Pour parfaitement maîtriser une technique ou un enchaînement, il est indispensable de pouvoir les répéter des dizaines, des centaines, des milliers de fois. Imaginons un seul instant le faire sur un mauvais partenaire, pire encore sur un partenaire qui résiste systématiquement ! Pas de répétition, pas de progrès.

Le rôle d’Uke étant déterminant, il serait presque préférable d’être d’abord un bon Uke avant de devenir un bon Tori.

Au-delà de cette constatation, somme toute assez logique, par l’intermédiaire de cet article, c’est l’occasion de rendre hommage à ces personnages et de rappeler qu’entre eux il n’y a ni vainqueur ni vaincu, mais une victoire commune, celle de la conquête du savoir.

(Illustration de cet article avec un dessin de l’inoubliable Claude Fradet)

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Le triple engagement

On ne fait pas toujours ce que l’on veut, il y a les imprévus, les impondérables, les cas de force majeure, etc. Mais parfois, l’absence à une séance (ou à plusieurs) est la conséquence d’une (ou plusieurs) « petite flemme ». Certes, on n’est obligé de rien, mais lorsqu’on cède à la facilité on rompt une sorte de triple engagement.

D’abord vis à vis du professeur. Celui-ci a préparé sa leçon, il compte sur son effectif et lui faire profiter de ce que lui-même a appris grâce à sa régularité lors de son apprentissage. Être professeur, quelque soit la discipline, c’est exercer un métier et faire évoluer ses élèves, c’est l’objectif. Il n’est pas simplement un diffuseur occasionnel de techniques (quand on n’a pas mieux à faire) et qui ne seront pas assimilées en quelques fois. Il y met du cœur et de la passion.

Ensuite, c’est un engagement vis-à-vis des autres élèves. On va peut-être manquer à ses partenaires, au collectif. Bien qu’il s’agisse d’un sport individuel, il ne peut se pratiquer seul. Une bonne ambiance dans les cours, c’est aussi le résultat de se retrouver de façon régulière, cela participe à l’élévation du groupe grâce à une saine émulation. C’est une aventure commune.

Enfin, et c’est peut-être le plus important, on rompt avec un engagement vis-à-vis de soi-même. L’estime de soi et la fierté personnelle, et bien ce n’est pas rien. Et puis, que l’on me contredise si j’ai tort, les fois où on s’est fait un peu violence pour venir s’entraîner, et bien ces fois-là, on ne l’a jamais regretté. Sans oublier que la récompense ultime sera de progresser, dans un domaine qui demande quelques efforts, mais en sont-ils vraiment ?

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Shime-waza, techniques d’étranglement

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Retour sur un secteur important, le shime-waza, les techniques d’étranglement.

Un secteur à l’efficacité redoutable qu’il faut entourer de précautions.

Pour les néophytes, le mot étranglement est souvent effrayant. C’est bien légitime, puisque cela signifie la perte de connaissance si la technique n’est pas maîtrisée. Ceci étant, toutes les techniques qui composent les disciplines de combat peuvent être fatales si elles ne sont pas contrôlées.

Les pratiquants ne ressentent pas la même crainte, puisqu’avec une parfaite maîtrise technique et le respect des signes d’abandons et surtout un encadrement « responsable », les étranglements peuvent être travaillés sans danger. Durant toute ma carrière de professeur, je n’ai jamais eu à déplorer d’accident.

S’ils sont d’une redoutable efficacité, il faudra du temps et de la patience pour les maîtriser, et c’est tant mieux. Effectivement il faut du temps et de la patience pour acquérir précision et finesse, ce n’est pas donné à tout le monde. Cela demande énormément de travail et de répétitions, un travail et une patience qui permettront d’acquérir le contrôle nécessaire à une pratique sans risque. Une fois de plus il sera question d’assiduité et de patience (des denrées de plus en plus rares).

L’étude des étranglements consiste à apprendre à les appliquer, mais aussi à s’en défendre. Que ce soit contre des étranglements « sommaires » ou très techniques. Aujourd’hui concentrons nous sur l’application.

Les étranglements se réalisent essentiellement à l’aide des membres supérieurs, mais lorsqu’on se trouve au sol, ils peuvent aussi  s’appliquer avec les jambes ; exemple, le fameux sankaku-jime. En judo ils se pratiquent au sol, en ju-jistu self défense debout et au sol. On peut les appliquer en étant de face ou placé derrière le partenaire (ou l’adversaire).

Il y a les étranglements sanguins et les étranglements respiratoires.

On trouve aussi deux groupes dans cette famille de techniques. Un premier dans lequel on applique l’étranglement « à mains nues » et un second où l’on utilise les revers d’une veste.

Il faut noter qu’il n’est pas nécessaire de posséder des « bras en acier » pour être efficace, au contraire la finesse des membres et des articulations seront des atouts indiscutables pour se « faufiler » autour du cou. Il sera essentiellement question de précision.

Il est indispensable que leur étude soit entourée de précautions et de mises en garde. Au signal d’abandon qui consiste à frapper deux fois au sol ou sur une partie du corps avec la paume de la main, ou avec le pied (kime-no-kata), Tori doit immédiatement arrêter son action.

Dans la réalité, il faudra être en mesure de « doser » l’action en question. Celle-ci consistant à mettre hors d’état de nuire l’agresseur, sans forcément que ses jours soient mis en danger, pour éviter de recourir aux techniques de réanimation : les techniques apprises lors des cours de secourisme ou dans l’étude des fameux « kuatsu ».

Pour information, ou pour rappel, les techniques d’étranglement (shime-waza) appartiennent à la famille des contrôles (katame-waza), dans laquelle on trouve les techniques de clef (kantsetsu-waza) et les techniques d’immobilisation (osae-waza).

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