Lundi 30 mars
Le lundi.
Dans la suite de mon tour de la semaine du dojo, nous en sommes donc au lundi. Mais ce jour là, tout du moins cette saison, il n’y a pas de séance au planning. De ce fait, aujourd’hui, j’ai pensé proposer un article technique sur les ukemis (les chutes). Un article sur ce que l’on pourrait appeler « un fondamental ».
Dans la pratique de la plupart des arts martiaux et en premier lieu en ju-jitsu, apprendre à chuter est une nécessité absolue. C’est également utile dans la vie courante. C’est une sorte d’assurance. Certes, nous ne tombons pas à longueur de journée, mais beaucoup de fâcheuses conséquences pourraient être évitées avec un minimum de maîtrise du « savoir se rétablir » ; sur de la neige, de la glace ou tout simplement après s’être « emmêlé les crayons ».
Lors des entraînements, les « brises chutes » (les ukemis en japonais) permettent l’étude et les répétitions des projections sur un partenaire qui pourra chuter sans dommage. Sans cette maitrise les progrès sont forcément impossibles dans le domaine des projections. Par conséquent il ne faut pas les négliger. Certains y sont réfractaires, mais peut-être faut-il appliquer un apprentissage progressif ? Tout en sachant que malgré tout la meilleure façon d’appendre à chuter, c’est de…chuter.
On distingue les chutes sur l’arrière et les chutes sur l’avant.
Dans chacune de ces catégories, il y a la chute qui se pratique sur un tatami et celle « de situation », c’est à dire en extérieur, si par malheur elle survient sur un sol dur, par accident, maladresse ou causée par une agression. Dans cette dernière situation il faudra tout à la fois se relever sans dommages et être opérationnel immédiatement.
Dans les deux cas de figure (dojo et « situation) il faudra préserver deux parties essentielles, la tête et les articulations. Pour la tête il suffira de « la rentrer », menton dans la poitrine. Pour les bras, sur un tatami on frappera au sol « bras tendus » paumes de main vers le sol, pour à la fois protéger les articulations et repartir l’onde de choc. Sur un sol dur on se limitera à ce que les bras soient tendus, à ce moment là on évitera de frapper. Si nous sommes bousculés et que l’on perd l’équilibre sur l’arrière, on essaiera de rouler sur une épaule en ayant préalablement pliée une jambe, pour se retrouver le plus vite possible debout face à un éventuel adversaire (photo 1).
Concernant la chute avant, il faudra se servir du bras avant comme d’une roue et d’un amortisseur. Là aussi il sera indispensable de protéger la tête avant tout et ensuite les articulations et notamment l’épaule. En dojo après avoir roulé, on se réceptionnera jambes tendues et parallèles. Dans la réalité à la réception, on pliera une jambe pour se retrouver face à l’endroit d’où l’on vient, face à un agresseur qui nous aurait poussé dans le dos (photo 2).
Tout cela est un peu technique, rien ne remplace le tatami à condition de pouvoir y accéder. Ce qui, nous l’espérons tous, arrivera le plus rapidement possible.
(Les photos sont extraites du livre « ju-jitsu-Défense personnelle ». Édition parue en 2000.)
Mardi 31 mars
Mardi
En attendant la reprise d’une activité qui commence sérieusement à nous manquer, nous continuons notre tour de la semaine en évoquant, jour par jour, les temps forts du dojo. Aujourd’hui nous abordons tout naturellement le mardi.
Dans beaucoup de dojos, le mardi est traditionnellement un jour de fréquentation importante. Je l’ai constaté tout au long de ma carrière, sans jamais pouvoir fournir une explication rationnelle. Peut-être que le lundi permet de se « remettre » du week-end et que le mardi est le véritable premier jour de la semaine.
Durant cette journée là, notre dojo propose trois séances. Une le midi et deux le soir. Cette saison, il faut l’admettre, les cours de la mi-journée ne rassemblent pas encore énormément d’élèves. Par contre, comme indiqué plus haut, les séances du mardi soir connaissent un beau succès.
A 19 h 00, ce sont plutôt les bases du ju-jitsu qui sont abordées. Le cours rassemble beaucoup de ceintures de couleur.
A 20 h 00, les ceintures foncées forment le « gros de la troupe ». Ce cours est dédié à tout ce qui touche la partie « corps à corps » du ju-jitsu, debout et au sol. Au sol on approfondit le travail à partir d’une situation, debout on décortique une grande technique. Les semaines d’avant le confinement nous avions passé sur le grille ippon-seoi-nage, tai-otoshi, uchi-mata et harai-goshi. Je fêterai le premier mardi en revenant sur deux de mes techniques préférées : ippon-seoi-nage, un « monument » du ju-jitsu et du judo et ko-uchi-gari, une technique tout en précision.
Vivement la reprise.
Mercredi 1er avril
Le mercredi…
On poursuit le tour de la semaine du dojo.
Le mercredi, dans tous les dojos de France c’est la journée des enfants. S’agissant de notre première saison, il n’y a – pour le moment – qu’un seul cours à leur intention dans cette journée qui coupe la semaine et qui permet aux plus jeunes de se reposer de l’école pour se consacrer à une pratique physique dans le sport de leur choix (ou de celui de leurs parents). C’est la tranche d’âges des 7 à 10 ans que nous accueillons ce jour là. On peut déjà leur faire pratiquer beaucoup de techniques et la diversité du ju-jitsu leur convient parfaitement. Travail des « atemis » avec les gants, projections, travail au sol, mais aussi construction d’enchaînements qu’ils adorent étudier et démontrer. Et bien évidemment, les randoris, c’est à dire un travail d’opposition très codifié et strictement encadré, dans lequel l’aspect ludique n’est jamais absent. Depuis le mois de septembre les progrès sont là, c’est indiscutable. Une fois cette funeste période passée, il nous faudra rattraper le temps perdu. Il n’y aucune raison de ne pas y parvenir.
Le mercredi il y a aussi une deuxième séance ; celle-ci s’adresse principalement aux préados et adolescents, mais aussi à quelques adultes. Il s’agit d‘un cours de « boxe défense ». Travail tout en souplesse des membres supérieurs et inférieurs, pour un renforcement de la souplesse, de la tonicité, de la précision et du cardio. Après un bon échauffement assez ludique, on aborde une technique, puis des enchaînements « poings-pieds » ; enfin, quelques assauts pour un indispensable travail d’opposition codifiée et en déplacement. La séance se termine avec quelques défenses très simples sur différentes types de agressions. Tout cela dans une ambiance au travers de laquelle se marient l’indispensable concentration attachée à la
pratique d’une discipline de combat et la bonne humeur liée à un moment de loisir et de plaisir.
Jeudi 2 avril
Le jeudi
Aujourd’hui, c’est le dernier jour de notre « tour de la semaine du dojo » commencé vendredi dernier. Vous pouvez retrouver les autres journées dans les articles précédents.
Le jeudi, au dojo c’est le jour plus particulièrement consacré à l’atemi-waza, le travail des coups (exception faite pour la séance du midi).
Pour cela et durant une partie du cours on met un peu les gants ; de simples gants « toutes boxes ». Non pas pour se taper dessus, mais pour taper dessus (sur les gants), ce qui permet de travailler la précision et un léger contact pour quelques bonnes sensations.
Des petits assauts uniquement à base de poings permettent de s’échauffer d’une façon un peu différente, afin de mettre le corps dans de bonnes dispositions pour la suite de la séance. C’est aussi l’occasion, si cela se pratique intelligemment, d’inclure un agréable aspect ludique.
Ensuite, toujours en déplacement, un exercice « d’appel des coups », poings et pieds. Uke place ses gants en cible pour que Tori puisse répéter différents atemi. C’est à Uke de « mener la danse » en diversifiant ses demandes, afin que Tori puisse répéter et diversifier ses techniques de percussion. Uke fera en sorte d’imposer des enchaînements cohérents.
Ensuite, en statique c’est le moment d’étudier, d’approfondir et de répéter une technique en particulier. Au restaurant il y a « le plat du jour », au dojo, c’est « la technique du jour ». En épluchant tel ou tel atemi, cela permet d’en travailler d’autres avec les enchaînements qui lui sont attachés.
Puis, sans les gants, on passe au travail de l’atemi du jour dans le cadre du ju-jitsu, en étudiant les enchaînements qui sont possibles avec les autres composantes ; projections et contrôles, différentes défenses, contre prises, etc.
Pour terminer la séance on remet les gants pour s’adonner à quelques assauts courtois (comme on disait dans le temps). Façons de travailler les enchaînements, les défenses, la vitesse, le rythme et le cardio. Chacun a sa propre conception de cet exercice, me concernant, la priorité est donnée à la maîtrise, au contrôle, partant du principe que nous ne sommes pas là pour se faire mal, mais pour apprendre à ne pas se faire mal. Éducateur et non pas destructeur.