Bloc-notes post rentrée

A mi-parcours du premier trimestre de la saison en cours, voici quelques réflexions et constats.

La rentrée.
Après les dégâts  causés par la crise sanitaire, l’année dernière j’ai pu renouer avec une (petite) activité régulière à l’IME de Niort. Ce mois de septembre célébrait le premier anniversaire d’une nouvelle aventure. La rentrée, c’est le plaisir de retrouver ceux qu’on appelle « les anciens ». Ils ont envie de continuer, je ne peux que les remercier pour leur fidélité et saluer leur détermination.  Malheureusement, comme chaque année, on constate des abandons. Les raisons sont diverses, parfois on ne fait pas ce que l’on veut. Il n’est pas toujours facile de tout concilier. Par contre, lorsqu’on a arrêté, il n’est pas impossible, ni interdit  « de reprendre », même si ce n’est pas évident de remettre le pied à l’étrier. On ne sera jamais déçu d’avoir fait preuve de détermination.

La rentrée, c’est aussi le moment d’accueillir de nouveaux élèves. Accueillir est le bon mot. Le rôle du professeur est important, mais celui des élèves déjà inscrits, l’est aussi. La tradition qui consiste à aider ceux qui débutent doit perdurer, ne serait-ce qu’en souvenir d’un temps où nous étions des novices bien contents de bénéficier de l’aide des « anciens » que nous allions d’ailleurs devenir. Dans certaines disciplines, les débuts ne sont pas toujours évidents, parfois il faut se « discipliner » pour ne pas lâcher.

Self défense
Déjà évoquées dans un précédent long article, voici quelques réflexions sur un thème qui est source de débats, entre ceux qui pensent que cela ne sert à rien d’apprendre à se défendre et ceux qui ne sont pas avares d’auto satisfactions et bien d’autres façons de penser. Je reviendrais juste sur le fait que nul n’est invincible, mais qu’à l’inverse, il existe beaucoup d’exemples de personnes qui se sont sorties d’affaires grâce à une pratique régulière dans un dojo. Affirmer que ce que l’on apprend dans ce lieu ne sert à rien, c’est remettre en question des siècles d’étude et de pratique des « sciences du combat ». Et puis, il y a plusieurs sortes d’agressions et de situations, on ne tombe pas toujours sur des « professionnels » de la bagarre, souvent il s’agit d’embrouilles qui peuvent dégénérer. D’autre part, n’y a pas deux situations identiques. L’invincibilité n’existe pas, mais apprendre à se défendre est loin d’être inutile. A la condition d’être avec les bonnes personnes.

La « Rue des Martyrs ».
Chaque semaine je propose un article qui traite d’un sujet, d’une technique, d’une personnalité, d’un événement, ou encore d’un lieu particulier.  Ces dernières semaines, c’est l’article consacré au dojo mythique de la rue des Martyrs qui a connu le plus grand succès. Rien d’étonnant et je me range forcément du côté de tous ceux qui ont connu directement ou indirectement ce lieu que l’on ne peut oublier et qui s’en souviennent avec une certaine nostalgie. Il a marqué plusieurs générations.

Stages
Les stages occupent une partie importante de mes activités. Depuis la reprise en septembre dernier, il y en a eu deux. D’abord à Paris, le 24 septembre avec un groupe de fidèles à ces rendez-vous réguliers, mais aussi avec quelques nouveaux visages que l’on accueille toujours avec plaisir. Et puis, le week-end dernier, il y a eu une « première » à Blagnac, proche de Toulouse. Une première édition qui va sans doute en appeler d’autres, dans la mesure où ce stage a connu un beau succès. Il était magistralement organisé conjointement par le « Blagnac Arts Martiaux » et le « Club de Nailloux »  et leurs responsables : Jean-Louis Mourlan, Agnès Francastel et Pascal Toudouze. Merci à eux et à tous ceux qui nous ont rejoints. Le prochain stage se déroulera le 12 novembre aux Pays-Bas, où je suis une nouvelle fois invité. Prochainement il y aura Paris le 19, Fontenay-le-Comte le 26 novembre et Léognan le 10 décembre.

Open Taekwondo de Poitiers
Dimanche prochain, je suis invité pour assister à une compétition de Taekwondo à Poitiers. Je remercie Sylvie Marchais, coorganisatrice de l’évènement, pour cette attention et c’est avec grand plaisir que je m’y rendrai. Mon ouverture d’esprit et l’esprit de partage seront satisfaits.

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Randori

Il y a quelques semaines j’avais consacré un article aux méthodes d’entraînement. Parmi elles, il y a le randori, l’équivalent, en boxe, de l’assaut que l’on nommait aussi « l’assaut courtois », il y a un certain temps.

Le randori, ou l’assaut, c’est un peu la récompense de fin de séance. C’est le moment où l’on peut tester nos techniques dans un système d’affrontement très codifié et axé sur l’initiative, c’est-à-dire sur l’attaque ; l’aspect ludique ne doit jamais être absent de ces joutes respectueuses  avec lesquelles on perfectionne aussi la défense, puisqu’il est nécessaire de tenter d’esquiver les initiatives du partenaire.

Malheureusement, trop souvent le randori  est quelque peu dénaturé et confondu avec le « shai », c’est-à-dire le combat, la compétition (en judo, par exemple). C’est dommage. Ceci étant tout dépend des objectifs, ceux-ci ne sont pas les mêmes selon que l’on se situe dans une pratique loisir ou bien à l’occasion d’entraînements  de haut-niveau ; même si à ce stade là il devrait -aussi – être indispensable de ne pas négliger cet exercice.

En ju-jitsu on peut le pratiquer dans le domaine des coups (atemi-waza), des projections (nage-waza) et du sol (ne-waza).

Le but du randori est avant tout de se perfectionner et d’essayer (en fonction du secteur dans lequel on souhaite le faire) de « passer » des techniques, d’aboutir et de résoudre différentes situations d’opposition ; pour les projections, de tenter de faire tomber un partenaire qui s’oppose intelligemment. C’est volontairement que j’utilise le mot de partenaire et non pas d’adversaire. Du latin par (avec) et ad (contre). C’est-à-dire que dans le randori, le partenaire travaille avec moi et non pas contre moi, il m’aide à progresser en proposant une opposition raisonnée, m’obligeant à travailler ma vitesse d’exécution, ma réactivité, ma condition physique, mais aussi – fatalement –  un système de défense axé exclusivement sur les esquives et non pas à l’aide de blocages qui annihilent toute initiative et par conséquent tout progrès. Imaginons deux joueurs de tennis à qui on « confisque » la balle !

Dans certains randori de projections ont peut même exclure toute technique de « contre direct » et n’autoriser que les contres répondant à l’appellation « go-no-sen » (l’attaque dans l’attaque). Le contre peut faire des dégâts physiques, mais aussi phycologiques en  limitant les initiatives de peur de subir un contre ravageur ; ce qui limitera obligatoirement les progrès.

Il y a très longtemps je bénéficiais de l’enseignement d’un professeur de boxe française, Marcel Le Saux, qui comparait l’assaut poing-pied à une conversation. Chacun s’exprimant à tour de rôle en développant ses arguments, évitant de parler en même temps et trop fort, pouvant couper la parole poliment si l’opportunité se présente, mais surtout en ne proférant ni invective, ni grossièreté. Belle métaphore.

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Mars et martial

Mars et martial

L’adjectif martial se rapporte au combat, au Dieu Mars, le Dieu romain de la guerre ; les arts martiaux sont donc bien les arts du combat (même si ce sont des disciplines d’affrontement qui visent aussi bien au développement externe qu’interne du pratiquant). Peut-on en conclure que le mois de mars est celui des arts martiaux ? En tout cas, c’est dans le courant de ce mois de mars que se tient à l’hôtel Accord Aréna, l’ex-Bercy, le festival des arts martiaux. Quel malheur d’avoir remplacé un nom qui évoquait un quartier historique parisien par une appellation purement commerciale. Bref, comme chaque année depuis 35 ans, le magazine « Karaté-Bushido » propose un rendez-vous auquel presque tous les experts nationaux et internationaux ont participé et où tous les arts martiaux et toutes les disciplines de combats ont pu se produire, dans un lieu qui devient, le temps d’une soirée, le plus grand dojo du monde.

J’ai eu le plaisir d’y démontrer le ju-jistu à douze reprises. C’était à chaque fois un honneur, beaucoup de responsabilités et bien sûr un inévitable stress avant d’entrer dans cet endroit qui réserve des sensations uniques ; mais une fois la prestation terminée, c’était alors la satisfaction du devoir accompli, et sans doute relativement bien accompli, si j’en crois les commentaires qui suivaient. Ceci étant, rien n’était laissé au hasard ; c’est trois mois avant que commençaient les répétitions. Parmi les douze prestations, j’ai une préférence pour l’année 1995 ; c’est d’ailleurs la vidéo de cette édition qui est proposée pour illustrer cet article.

Au fil des années le festival a évolué. Je me souviens de la première édition, en 1986, quand toutes les démonstrations se faisaient sans musique et avec un éclairage unique. L’aspect spectacle, pour ne pas dire « show » s’est davantage imposé ; comme dans tout changement, il y a du positif et du moins positif, avec parfois des prestations légèrement décalées, parfois folkloriques et avec des personnes qui n’ont pas forcément leur place. On peut regretter que certaines disciplines (disons, plus traditionnelles) ne soient pas (ou plus) représentées. Quoiqu’il en soit cette « soirée arts martiaux », dont le plus grand mérite réside dans son institutionnalisation, est devenue un rendez-vous auquel – en tant que pratiquant – on doit se rendre au moins une fois dans sa vie. Je note et regrette que, une fois encore, le ju-jitsu ne soit pas de la fête. Un jour peut-être !

Le festival des arts martiaux 2020 se déroulera le samedi  21 mars. Renseignements directement sur le site du journal Karaté-Bushido.

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Un peu de tenue…

Ce que l’on appelle par facilité le kimono n’est pas une tenue pour pratiquer, mais plus exactement un vêtement. Chaque art martial possède sa propre appellation pour désigner ce que l’on endosse dans un dojo ; parmi les plus répandues on trouve le judogi, le karategi, le keikogi. On évoque très peu le « jujitsugi », sans doute parce que le ju-jitsu est amalgamé au judo. Problème d’identité propre à cet art dans notre pays, mais c’est un autre débat. Il n’empêche que quel que soit son nom, cette tenue est importante et ne saurait être négligée ; j’y vois plusieurs raisons.

D’abord, chaque discipline sportive possède son « uniforme » et il ne viendrait pas à l’idée d’un footballeur de se rendre sur un terrain de foot en judogi. Ensuite, grâce à sa texture cette tenue est pratique et hygiénique. Elle est résistante aux différents assauts et autres sévices qu’on lui fait subir. Elle permet d’absorber les litres de sueur produits lors des entraînements. Cette uniformité possède également comme vertu d’effacer toute distinction sociale. On ne frime pas vraiment dans un « gi ». Et puis, dans le combat rapproché elle évite une proximité et une intimité qui peuvent  rebuter certains et certaines.

Malheureusement lorsque je vois des entraînements se dérouler avec une multitude de tenues : short, t-shirt, survêtement et judogi, je ne peux m’empêcher d’être peiné. Je ne pense pas que cette réaction puisse être qualifiée de « vieux jeu ». Le respect et la tradition me paraissent indispensables. Sans respect, sous quelque forme que ce soit, il n’y a plus rien. S’affranchir de toutes les traditions au nom d’une prétendue modernité ou même d’une soi-disant liberté pourra être sans limite. Si on ne respecte pas un symbole tel que la tenue, pourquoi ne pas ignorer le salut, et puis tout simplement de dire bonjour et merci et ainsi de suite, jusqu’à manquer de respect aux personnes. Sans un minimum de rigueur et d’effort, il n’y a plus ni progrès, ni évolution, ni vie sociale digne de ce nom !

Dans cet article j’évoque bien sûr les arts martiaux ; d’autres sports de combats possèdent leur propre tenue (boxe, lutte, etc.) et continuent à l’arborer fièrement. Pourquoi serions-nous les seuls à refuser une règle basique ?

Enfin, l’utilisation de la « tenue de ville » (adaptée) pourra être considérée comme un complément à l’étude de la self-défense, ou encore comme une approche et une étape pour ensuite entrer dans le monde des budos.

Alors, un peu de tenue !

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Dernier article de l’année : tel armurier, telle arme…

Comme la semaine dernière,  c’est une petite histoire issue du savoureux livre « contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon » que je propose aujourd’hui en guise d’article. Dans celle qui suit, il est question de l’esprit (le shin). L’aboutissement de notre travail semble, en effet, être le reflet de notre âme. Que cette lecture entraîne une réflexion positive à l’aube d’une nouvelle année.

« Le sabre est l’âme du samouraï », nous dit l’une des plus vieilles maximes du Bushido, la Voie du guerrier. Symbole de virilité, de loyauté et de courage, le sabre est l’arme favorite du samouraï. Mais dans la tradition japonaise, le sabre est plus qu’un instrument redoutable, plus qu’un symbole philosophique : c’est une arme magique. Il peut être maléfique ou bénéfique selon la personnalité du forgeron et du propriétaire. Le sabre est comme le prolongement de ceux qui le manient, il s’imprègne mystérieusement des vibrations qui émanent de leur être.
Les anciens Japonais, inspirés par l’antique religion Shinto, ne conçoivent la fabrication du sabre que comme un travail alchimique où l’harmonie intérieure du forgeron est plus importante que ses capacités techniques. Avant de forger une lame, le maître armurier passait plusieurs jours à méditer, puis il se purifiait en procédant à des ablutions d’eau froide. Revêtant des vêtements blancs, il se mettait alors au travail, dans les meilleures conditions intérieures pour donner naissance à une arme de qualité.
Masamune et Marasama étaient d’habiles armuriers, qui vivaient au début du XIVe siècle. Tous deux fabriquaient des sabres d’une très grande qualité. Murasama, au caractère violent, était un personnage taciturne et violent. Il avait la sinistre réputation de forger des lames redoutables qui poussaient leurs propriétaires à de sanglants combats ou qui, parfois, blessaient ceux qui les manipulaient. Ces armes, assoiffées de sang, furent rapidement tenues pour maléfiques. Par contre, Masamune était un forgeron d’une très grande sérénité qui se livrait à un rituel de purification pour forger ses lames. Elles sont considérées aujourd’hui comme les meilleures du pays.
Un homme, qui voulait tester la différence de qualité entre les modes de fabrication des deux armuriers plaça un sabre de Marasama dans un cours d’eau. Chaque feuille dérivant à la surface, qui touchait la lame, fut coupée en deux. Ensuite, un sabre fabriqué par Masamune fut placé dans le cours d’eau. Les feuilles semblaient éviter la lame. Aucune d’elles ne fut coupée, elles glissaient toutes, intactes, le long du tranchant comme si celui-ci voulait les épargner.
L’homme rendit alors son verdict : « La Murasama est terrible, la Masamune est humaine »

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Une démonstration convaincante

Comme à chaque période durant laquelle certains ont la chance de profiter de quelques jours de repos, en lieu et place de mon billet hebdomadaire, je propose une petite histoire. Issue du savoureux livre « contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon ». Des histoires qui ont été réunies par Pascal Fauliot aux éditions Albin Michel.

Plusieurs chapitres le compose, avec chacun un thème particulier. Celui de ce jour appartient à « l’art de vaincre sans combattre ». . Il s’agit d’un conte, mais allez savoir…

Une démonstration convaincante.

« Un ronin rendit visite à Matajuro Yagyu, illustre Maître de l’Art du sabre, avec la ferme intention de le défier pour vérifier si sa réputation n’était pas surfaite.

Le Maître Yagyu tenta d’expliquer au ronin que le motif de sa visite était stupide et qu’il ne voyait aucune raison de relever le défi. Mais le visiteur, qui avait l’air d’être un expert redoutable avide de célébrité, était décidé d’aller jusqu’au bout. Afin de provoquer le Maître, il n’hésita pas à le traiter de lâche.

Matajuro Yagyu n’en perdit pas pour autant son calme mais il fit signe au ronin de le suivre dans son jardin. Il indiqua ensuite du doigt le sommet d’un arbre. Etait-ce une ruse pour détourner l’attention ? Le visiteur plaça sa main sur la poignée de son sabre, recula de quelques pas avant de jeter un coup d’œil dans la direction indiquée. Deux oiseaux se tenaient effectivement sur une branche. Et alors ?

Sans cesser de les regarder, le Maître Yagyu respira profondément jusqu’à ce qu’il laisse jaillir un Kiaï, un cri d’une puissance formidable. Foudroyés, les deux oiseaux tombèrent au sol, inanimés.

« Qu’en pensez-vous » ? demanda Matajuro Yagyu à son visiteur.

« In… incroyable… », balbutia le ronin, visiblement ébranlé comme si le kiaï l’avait lui aussi transpercé.

« Mais vous n’avez pas encore vu le plus remarquable… »

Le second Kiaï du Maître Yagyu retentit alors. Cette fois, les oiseaux battirent des ailes et s’envolèrent.

Le ronin aussi. »

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Palmarès 2019

Chaque semaine j’ai le plaisir de proposer un article, à la fois sur le blog et sur la page Facebook du club. Du coté « administrateur », je bénéficie d’un compteur qui me permet de connaitre le nombre de personnes « touchées » par ce billet hebdomadaire.

Cette année trois articles se détachent largement avec environ 10.000 visites. En premier arrive celui consacré à la self-défense, en deuxième celui qui évoque le triste anniversaire de la disparition de mon père en 2004 et en troisième l’ouverture du nouveau dojo en juillet dernier.

Ce classement prouve que la self-défense est un sujet brulant, qu’il intéresse et passionne beaucoup de monde, même si ce n’est pas toujours avoué. Cet intérêt est assez logique, dans la mesure où la défense de notre intégrité et – dans certaines circonstances – de notre vie, mais aussi de celle d’une personne lâchement agressée, nous est logiquement chère. De tout temps ce sujet a attiré un large public, qui parfois s’est laissé abuser par quelques charlatans. Il a également déclenché beaucoup de débats et de polémiques. Certains n’hésitant pas à affirmer qu’ils possédaient la meilleure méthode, d’autres affirmant que pour être efficace dans la rue, il fallait s’entraîner…dans la rue ! Heureusement, il existe des experts qui, en plus d’une technique efficace, dispensent des conseils empreints de bon sens et de sagesse.

En second, se place l’article consacré à la disparition de mon père, Bernard Pariset, il y a quinze ans. A cette occasion j’avais publié un extrait de mon dictionnaire des arts martiaux. La belle place de cet hommage, je pense qu’elle est due au respect pour une personnalité qui a marqué le monde du judo et des arts martiaux, mais aussi à l’expression de l’admiration et de la reconnaissance d’un fils pour son père et celle d’un élève à l’intention de son professeur. Sur ce dernier point, je suis assez bien placé pour savoir que ce n’est pas toujours le cas. Le devoir de mémoire, perd souvent…la mémoire.

En troisième position, on trouve le sujet qui évoque l’ouverture du nouveau dojo. Ce n’est pas un petit évènement, tout au moins à titre personnel. Manifestement pour beaucoup de personnes aussi ; cela a marqué les esprits. Quelles que soient les raisons de cet engouement, elles me touchent et m’encouragent. Peut-être que ce large partage salue une volonté de rebondir et une certaine capacité à franchir les obstacles que la vie place devant nous. Peut-être tout simplement, s’agit-il du plaisir provoqué par la naissance d’un lieu d’apprentissage et de partage autour d’un art martial efficace et qui défend de fortes valeurs éducatives.

Vous pouvez retrouver ces trois articles à l’aide des liens ci-dessous.

Les deux semaines à venir seront marquées par les fêtes de fin d’année ; comme à chaque fois lors de ces périodes de vacances, c’est une belle histoire que je proposerai  à la place des billets hebdomadaires ; un conte qui offre une douce méditation salvatrice.

Joyeuse fêtes de fin d’année à tous. A bientôt, « ici où là ».

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Quinze ans déjà…

Il y a quinze ans, le 26 novembre 2004, mon père nous quittait. Pour lui rendre hommage à l’occasion de ce bien triste anniversaire et pour ne pas oublier qui il était, j’ai pensé tout simplement publier à nouveau l’article que je lui avais consacré pour illustrer la lettre P de mon « dictionnaire des arts martiaux » il y a un an.

Aujourd’hui c’est de la lettre P de mon dictionnaire dont il est question. Pouvait-elle être consacrée à une autre personne que celle évoquée dans les lignes qui suivent ?
P comme Bernard Pariset
En 1947, un jeune homme de dix-sept-ans se présente devant le 11 de la rue des Martyrs, dans un des quartiers les plus attachants de la capitale, le IXème arrondissement. Sur le mur, à coté de la porte d’entrée, une plaque porte l’inscription : « Club français de jiu-jitsu ».
Le jeune homme s’appelle Bernard Pariset ; il a été mon professeur, mon mentor, mais aussi – et surtout – mon père.
Il était né à la fin de l’année 1929 à Pantin, en Seine Saint-Denis et a passé son enfance dans le XIIème arrondissement. Sa préadolescence a été marquée par la seconde guerre mondiale et des difficultés à tenir en place.
Très vite s’est imposé le fait que rester assis toute la journée n’était pas vraiment pour lui ; il préférait les activités physiques, les randonnées dans la campagne, le camping sauvage, les baignades en rivière, c’était un amoureux de la nature. Doté d’une curiosité naturelle, toutes ces activités plutôt physiques, ne l’empêchaient pas de nourrir un esprit très vif. Cet amour de la nature a sans doute été une des raisons de son rapprochement avec une matière noble : le bois. En effet, il est devenu apprenti dans une ébénisterie. Il possédait un certain talent dans la sculpture. Les figurines de samouraïs et autres judokas et ju-jitsukas créées dans la dernière partie de sa vie, en attestent. Mais sa véritable passion c’était bien évidemment le judo.
D’un gabarit modeste et d’un tempérament bouillonnant, il avait entendu parler de « ce judo », cette lutte un peu particulière dans laquelle les petits pouvaient faire tomber les grands. Par la suite il ne s’est pas gêné pour prouver que c’était possible, et de quelle manière !
Dans ce dojo de la rue des martyrs, il franchit rapidement les échelons et il en devient très vite la référence. En 1954, au décès de son professeur, Roger Piquemal, il en prend les commandes et cela jusqu’à sa disparition en 2004.
A ses débuts, de son propre aveu, sa technique était assez rudimentaire. Les règles d’arbitrage étant beaucoup plus « libres », les combats d’entraînement (les randoris) offraient une physionomie différente de celle qui existe actuellement. Attraper la jambe de l’adversaire et pousser jusqu’à ce qu’il chute lui plaisait beaucoup et lui convenait tout à fait. Le problème, qui n’en était pas un, c’est que très vite il n’y avait plus un combattant au club pour résister à cette technique rustre, mais incontestablement ravageuse. Ensuite, sa technique s’est adaptée à sa morphologie et aux besoins du « toutes catégories », avec ses redoutables « mouvements d’épaules » (comme on disait à l’époque pour désigner les seoi nage), et puis elle s’est très vite affinée dans tous les domaines. Le travail au sol est notamment devenu un secteur dans lequel il faisait référence.
Ses « spéciaux » et un tempérament de combattant hors du commun lui ont permis de se constituer un palmarès exceptionnel. Champion de France et d’Europe, une place de demi-finaliste aux premiers championnats du Monde qui se déroulaient à Tokyo en 1956, autant de titres conquis en  « toutes catégories » ce qui leur confèrent davantage de saveur et un incontestable respect, surtout lorsqu’on mesure à peine un mètre soixante dix.
Mais il n’a pas été qu’un champion d’exception, il a occupé aussi différentes fonctions au sein de la fédération de judo : conseiller technique, entraîneur national, directeur des équipes de France, membre de la commission nationale de grades. On lui doit aussi la remise en valeur du ju-jitsu au début des années 1970, ce qui n’est pas rien ! Il a aussi publié différents ouvrages sur le judo et évidemment sur le ju-jitsu.
On ne peut évoquer ce fantastique parcours sans rappeler qu’avec Henri Courtine ils ont été les premiers 6ème dan en 1968. Il en a été de même du 7ème au 9ème dan. Ils étaient les « meilleurs adversaires » sur les tatamis de compétition et les meilleurs amis dans la vie. Leurs styles différents et leurs caractères aux antipodes ont été d’une exceptionnelle complémentarité, pour servir et marquer de leurs empreintes le judo français.
Durant toute sa carrière il ne s’est jamais détaché de la base, puisqu’il n’a cessé de s’occuper de son club de la rue des Martyrs (que l’on ne peut s’empêcher de lui associer totalement). Ce qui a permis à des centaines de pratiquants de profiter d’une pédagogie aussi pragmatique qu’efficace. Sous sa houlette le « Club Français » s’est constitué un palmarès impressionnant par équipe ; l’équipe première étant à plusieurs reprises confrontée à l’équipe B en finale du championnat national ; le club est aussi devenu champion d’Europe par équipe. Le dojo n’a pas manqué non plus de produire de belles individualités.
Le fait de ne jamais quitter cette base que représente un club dans lequel se côtoient des pratiquants de tous âges et de toutes conditions sociales, de s’occuper aussi bien des ceintures blanches que des plus hauts gradés, tout cela lui permettait d’être à l’écoute de tous et d’observer ainsi l’ensemble des motivations. Faire le constat, par exemple, que si les titres glanés apportaient du prestige, ce n’était pas forcément ce qui intéressait le « samouraï de base ». Celui-ci étant souvent, par exemple, attiré par l’aspect self-défense.
En dehors des tatamis, il n’était pas dénué de passion. L’équitation était son deuxième centre d’intérêt, à tel point que dans ce département de l’Yonne qu’il aimait particulièrement, il s’est occupé durant de nombreuses années d’un centre équestre.
Dans la vie, beaucoup de choses l’intéressaient, même s’il posait sur les soubresauts de notre société un regard circonspect et parfois navré. Il était pourvu d’un bon sens désarmant et sa liberté d’action était son bien le plus précieux ; il a toujours refusé les contraintes que pouvaient imposer des organisations trop rigides dans leur fonctionnement. Il avait aussi comme caractéristique un « esprit de conquête » qui le faisait toujours aller de l’avant.
Diminué physiquement en avançant en âge, il « payait » les excès d’une carrière sportive durant laquelle il ne s’était jamais ménagé, il n’a pas voulu envisager de finir sa vie sans pouvoir vraiment la vivre… Il était parfois excessif ! Il l’a prouvé malheureusement une dernière fois le 26 novembre 2004, avant de rejoindre « le jardin du souvenir » des samouraïs.
Ci-dessous, quelques citations que nous lui devons. Humoristique : «Les catégories de poids ont été inventées pour mettre les poids lourds à l’abri des plus légers ». Compatissant (s’adressant à une personne de grande taille) : «Vous êtes grand, mais ce n’est pas de votre faute ». Il était aussi très bavard et dans les réunions, c’était très drôle de l’entendre demander à ses interlocuteurs, qui ne pouvaient pas « en placer une », de bien vouloir le laisser s’exprimer.
Il avait aussi un sacré caractère, je suis bien placé pour le savoir, cela n’a pas été tous les jours facile d’être le fils unique de Bernard Pariset, mais est-ce possible de faire une telle carrière sans caractère ?
En janvier 2005, la fédération de judo lui a rendu un bel hommage lors de la cérémonie des vœux. A cette occasion « l’immense » (dans tous les sens du terme) Anton Geesink s’était déplacé et avait pris la parole pour un discours des plus émouvants. En 2006 le ministère des sports l’a promu       « Gloire du sport». Hommage et récompense amplement mérités.
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Traditions

Ne pas respecter certaines traditions dans le jujitsu dit « traditionnel » pourrait être surprenant. Or, parmi ces traditions existe le port de notre tenue appelée, par facilité, le kimono. J’avais consacré un article sur le sujet le 22 janvier dernier, donc je n’y reviendrai pas, si ce n’est pour confirmer ce qui y est écrit et enfoncer un peu plus le clou. Tant pis si ce n’est pas dans l’air du temps, mais il existe certaines habitudes et rites sur lesquels il ne me semble pas raisonnable de transiger. Sans pour autant jouer les pères fouettards, mais tout simplement en tant que « gardien du Temple », de façon à prévenir trop de dérives, surtout lorsque le curseur bascule à l’extrême en proposant une pratique avec des tenues diverses et variées, peu adaptées et parfois avec des chaussures sur un tatami. Vouloir se rapprocher de la réalité n’est pas forcément le bon argument à mettre en avant, la réalité étant la réalité, surtout si c’est pour bannir certaines règles, notamment sécuritaires et hygiéniques. Tout comme il est dommage, toujours au même titre, d’assister à des regroupements dans lesquels fleurissent également différentes tenues. J’ai moi-même pratiqué bon nombre d’arts martiaux, afin de satisfaire mon besoin de découverte, mais c’était à chaque fois dans la tenue de l’art martial en question, par principe.
Les traditions sont l’émanation du respect de règles et de dates, elles sont des points de repère. Elles imposent un devoir de mémoire et de rigueur. Pouvons-nous nous permettre de nous en passer ? Dans nos dojos, notre mission n’est-elle pas de les maintenir ?
Enfin, je pense que la tradition n’est pas dépassée ? et sans doute davantage à notre époque ? lorsqu’il s’agit de pratiquer dans des conditions entourées d’une certaine rigueur. Celle-ci favorise la concentration pour la recherche du détail et du geste précis, afin que la finesse technique prédomine, ce qui est un principe fondamental de notre art !
Site du club de ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com

« Le chemin des dans »

« La ceinture noire n’est pas un aboutissement, mais un accomplissement. » Cette réflexion émanant d’un de mes élèves, et que je me plais à citer régulièrement, me semble une évidence, encore fallait-il trouver les mots justes pour l’exprimer. Cependant, lorsque l’on analyse les chiffres et que l’on constate le peu de candidats aux dans supérieurs, comparativement au premier, on s’interroge. La belle expression prendrait alors la forme d’un vœu, mais elle ne reflète malheureusement pas la réalité. Comment se fait-il qu’une fois la ceinture noire atteinte, la majorité des pratiquants renoncent à gravir les autres échelons, alors que pourtant la  plupart continuent à s’adonner régulièrement à leur passion ?
J’y vois quelques raisons.
D’abord, pour le 2e dan, la couleur de la ceinture ne change pas. Elle restera noire jusqu’au 6e. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’à une époque florissaient des barrettes sur les ceintures, équivalentes au nombre de dans. Un peu comme à l’armée (!). Ensuite, dans les grades d’expression technique, nous proposons un programme chargé qui demande des sacrifices en matière de temps. Cela n’est pas forcément compatible avec la vie parfois compliquée de notre époque. Le souvenir d’incalculables heures de répétition, à peaufiner le moindre détail, à bachoter le programme par ceinture, à amortir les innombrables chutes, etc., tout cela nous hante quelque peu. L’on se dit que nous sommes repartis pour plusieurs mois. Et puis parfois, le partenaire avec lequel nous nous étions bien entendus lors des répétitions et avec qui nous avions partagé la liesse de la réussite, et bien ce partenaire a déménagé ! Alors la nécessité de repartir à la recherche du parfait binôme s’impose à nous. Et ce n’est pas si simple. Nous l’avions déjà évoqué sur ce même blog.
Et enfin, pour certains, la ceinture noire représente ? malgré tout ? une sorte de « bâton de maréchal ». Non pas un aboutissement signifiant l’arrêt des visites au dojo, mais le sentiment  (souvent inexact) que nous ne pourrons mieux faire, que nous avons atteint notre maximum. Des problèmes de santé peuvent aussi contraindre au renoncement.
A l’inverse, décider de passer les grades supérieurs, c’est se remettre en question, c’est s’astreindre à un entraînement encore plus régulier, donc à réaliser des progrès. C’est s’imposer de la rigueur en adoptant un rythme de répétions et c’est aussi s’assurer une bonne dose d’adrénaline à l’approche de l’examen (se faire un peu peur). Et enfin, en cas de succès, l’assurance de la satisfaction du travail accompli contribuera à notre bonheur. S’il y a échec, on mesurera notre taux de volonté à nous remettre très vite au travail.
En guise de conclusion, je dirai que dans les arts martiaux existe un système de grades, alors pourquoi ne pas se prendre au jeu, si la santé nous le permet ! Quoi qu’il en soit, passer les grades, ou pas, l’essentiel reste de pratiquer, d’être présent au dojo, ne serait-ce que pour aider les moins gradés. C’est une tradition propre à nos disciplines et il est indispensable que cela reste ainsi. Et puis, nous avons toujours à apprendre et à découvrir, quels que soient notre niveau et notre âge.
Site du club de ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com