Le 9 février dernier, la chaîne L’Equipe 21 proposait un sujet sur le ju-jitsu brésilien et plus précisément sur le MMA (mixed martial arts). S’ensuivait un débat avec des combattants et ex-combattants de quelques disciplines de combat et le secrétaire d’Etat aux Sports.
Cette discipline regroupe des techniques de coups, de projections et de soumissions. Elle ne se pratique pas en judogi et propose des combats dans lesquels le règlement est assez relatif. Les spectacles, très médiatisés, connaissent un engouement certain depuis quelques années. En France, l’organisation de telles rencontres n’ait pas autorisée. C’est également le cas pour la Suède ou la Norvège. Les combattants sont issus de différentes disciplines, principalement du ju-jitsu brésilien dont la spécialité réside dans le travail au sol.
L’émission était proposée par Lizarazu, l’ancien international de foot ; il a été aussi champion d’Europe de ju-jitsu brésilien en vétéran.
Dans un premier temps, nous avons pu bénéficier d’une belle carte postale venue de Rio et visiter quelques dojos. Les qualités physiques et techniques des pratiquants ne peuvent être mises en cause, tout comme l’engouement qu’ils manifestent pour leur art. Même s’il est incontestable que nous sommes dans une ambiance différente de celle d’un dojo traditionnel.
S’en est suivie une galerie de portraits de combattants, tous aussi impressionnants, et pas simplement au niveau des biceps, mais aussi à propos de leurs oreilles. Nous avons bien évidemment visionné des scènes de combat, mais certaines n’ont pas pu être proposées, parce que trop violentes. D’ailleurs, l’émission était interdite au moins de 10 ans.
Le problème du MMA n’est pas le fond, mais la forme. Ce n’est pas moi qui apporterai des critiques quant à la pratique d’une discipline aux multiples facettes (notre ju-jitsu). Bien que je sois un ardent défenseur du kimono, pour des raisons déjà développées dans un précédent billet. Non, le souci se situe dans le règlement et dans l’environnement. Le fait que les combats se déroulent dans une cage interpelle quelque peu. Quant au règlement, il est assez large, pour le moins et surtout, l’autorisation de frappes au sol, qui portent atteinte à l’intégrité humaine, se révèle être son principal handicap. Le secrétaire d’Etat, présent sur le plateau, s’est montré très ferme sur ce point et je ne peux que l’approuver. On ne peut pas mettre en cause sa volonté de faire avancer le dossier, sa présence l’attestant. Tout comme est incontestable la passion qui anime les représentants de cette discipline. Bien que plus largement et ce n’est que mon avis, il faille, dans beaucoup de domaines, se méfier d’une passion trop forte qui peut conduire à certains excès.
Pour conclure, cette émission a eu le mérite de poser le problème – une nouvelle fois -, mais je ne pense pas qu’elle ait pu vraiment faire avancer le débat, puisque chacun – les pour comme les contre – sont restés campés sur leurs positions. Il n’est pas non plus certain que la présentation – totalement élitiste – s’apparente à la définition de « sport pour tous ». Ce n’est pas vraiment l’idée que je me fais d’une pratique martiale, mais évitons tout sectarisme ! Chacun est libre…
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Trois mouches
Les arts martiaux ne se contentent pas de nous apprendre la science du combat, mais ils doivent également nous transmettre un art de vivre dans lequel chacun pourra s’épanouir. Avec certaine qualité comme le contrôle de soi. En sachant, ou en rappelant, que – comme l’illustre le récit proposé ci-dessous – la plus belle des victoires est incontestablement celle que l’on obtient sans combattre. Le récit proposé ci-dessous est issu du superbe petit ouvrage publié par Albin Michel, Contes et récits des arts martiaux de chine et du Japon, dans lequel Pascal Fauliot nous en propose bien d’autres tout aussi savoureux et riches en philosophie.
« Dans une auberge isolée, un samouraï est installé à dîner, seul à table. Malgré trois mouches qui tournent autours de lui, il reste d’un calme surprenant. Trois rônins (guerriers vagabonds, sans maître) entrent à leur tour dans l’auberge. Ils remarquent aussitôt avec envie la magnifique paire de sabres que porte l’homme isolé. Sûrs de leur coup, trois contre un, ils s’assoient à une table voisine et mettent tout en œuvre pour provoquer le samouraï. Celui-ci reste imperturbable, comme s’il n’avait même pas remarqué la présence des trois rônins. Loin de se décourager, les rônins se font de plus en plus railleurs. Tout à coup, en trois gestes rapides, le samouraï attrape les trois mouches qui tournaient autour de lui, et ce, avec les baguettes qu’il tenait à la main. Puis, calmement, il repose les baguettes, parfaitement indifférent au trouble qu’il venait de provoquer parmi les rônins. En effet, non seulement ceux-ci s’étaient tus, mais pris de panique, ils n’avaient pas tardé à s’enfuir. Ils venaient de comprendre à temps qu’ils s’étaient attaqués à un homme d’une maîtrise redoutable. Plus tard, ils finirent par apprendre, avec effroi, que celui qui les avait si habillement découragés était le fameux maître Miyamoto Musashi. »
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Vidéos à tout-va
Internet, cet outil de communication – que vous êtes d’ailleurs, tout comme moi, en train d’utiliser – est bien capable du meilleur comme du pire.
La capacité que possède l’homme à engendrer de merveilleuses inventions qui peuvent parfois se retourner contre lui, comme une bête immonde incontrôlable, ne lasse pas d’étonner.
L’actualité ne démentira pas ces propos.
Pour ce qui concerne les arts martiaux, le problème n’est pas aussi grave, mais préoccupant !
Beaucoup se font plaisir au travers de vidéos postées, montrant leurs exploits ou bien ceux de leurs proches. Certaines, présentant de jeunes enfants, sont parfois plus dérangeantes, surtout lorsqu’il s’agit de combats ressemblant à des bagarres de chiffonniers aux interdits très relatifs.
Le danger se situe aussi dans l’apprentissage que certains essaient d’expérimenter au dojo dans les jours qui suivent la découverte d’images.
En effet, ceux qui désirent appliquer en combat des techniques trouvées sur Internet, présentées sans mise en garde, doivent être informés quant à la dangerosité de telles initiatives. Surtout que parfois, ce qui est proposé, émane de pratiques plus ou moins reconnues et souvent dangereuses. Tout le monde n’est pas en capacité d’appliquer ou de subir n’importe quelle technique. Ensuite, chaque discipline possède ses interdits et tenter d’appliquer quelque chose de non autorisé (en connaissance de cause ou pas) n’est pas raisonnable et peut entraîner de graves blessures.
Concernant les katas, ou exercices imposés, l’élève s’y perd quelque peu et certains accros du Web reviennent chaque semaine avec la dernière version trouvée en ligne au risque de remettre en question celle de la semaine passée et surtout l’enseignement du professeur à qui l’on doit faire confiance et qui reste la référence ! Et puis, l’internaute peut être désorienté face à une multitude de conceptions et d’approches sur des techniques pourtant basiques. De quoi y perdre son japonais !
Enfin, la propagation de vidéos aux images parfois choquantes ne participe pas à la lutte contre la violence et pourtant !
Cependant, à l’inverse, il n’est pas non plus exclu de pouvoir se régaler en visionnant de belles séquences techniques ou de beaux combats au travers desquels les acteurs feront partager un haut niveau ainsi qu’un état d’esprit exemplaire.
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Résolutions
Le dernier billet daté de 2014 pour souhaiter à nouveau de belles fêtes ainsi qu’une très heureuse nouvelle année. Ce peut être aussi l’occasion de proposer une petite réflexion sur ce qui nous rassemble, à savoir les arts martiaux et plus précisément sur la place qu’ils occupent dans la vie de chacun. Pour les enseignants, qu’ils soient appelés maître, senseï, professeur, tout simplement monsieur, ou encore par leur prénom, l’implication est totale. Comment pourrait-il en être autrement. Bien qu’existent deux cas de figure. Ceux qui exercent à temps complet et ceux qui le font partiellement. Avoir la possibilité et la chance d’en faire son unique métier n’est pas évident. Pour beaucoup, c’est en complément d’une autre qualification professionnelle qu’ils s’adonnent à la transmission du trésor des samouraïs. Cela ne retire aucune qualité à leur prestation, sauf que l’implication générale n’est pas forcément identique. Même si, sur le plan de la passion, n’existent pas de différences. Maintenant, côté élèves, celles-ci se font davantage ressentir. Entre les mordus qui ne rateront pas une séance quelle que soit l’invitation qu’il leur sera faite et celui qui, au contraire, prépare sa tenue au dernier moment et encore quand il la prépare, puis se rend au dojo, un soir où il n’y a pas mieux à faire ; pas de copain disponible pour un apéro, ni pour un ciné. Bref, une soirée où l’on va en profiter pour effectuer une petite transpiration qui ne permettra pas de réaliser de réels progrès, mais donnera bonne conscience en éliminant quelques toxines. Malgré tout, un effort existe et il est peut être dans les attributions de l’enseignant de tenter d’insuffler une motivation plus importante. Non pas pour devenir un «?ultra?», il n’y a pas que les arts martiaux dans le vie, mais pour gravir la colline et réaliser des objectifs qui seront autant de sources de progrès et de satisfactions génératrices de bonheur. J’avais déjà dessiné, sur ce blog, les contours d’une bonne implication qui devraient entourer notre pratique. Un minimum de rigueur matérialisée par certains faits. En tout premier, une régularité. Venir même une seule fois par semaine, mais toutes les semaines. Être sur le tatami au moment du salut. Question de respect par rapport aux autres élèves et au professeur. Préparer avec attention son sac, en prenant soin de ne rien oublier, et que la tenue qui s’y trouve présente toutes les garanties d’hygiène. Se faire un peu violence un soir de petite fatigue, alors que l’on se dit que l’on serait bien mieux au chaud devant la télé et pourquoi pas en se gavant de spectacles de combats. Attention, il n’est pas question non plus de faire n’importe quoi, lorsque l’on est vraiment malade ou blessé. Faire souffrir son corps au-delà du raisonnable ne l’est pas ! Et puis comme évoqué plus haut, se fixer des objectifs. Par exemple, même si elle ne représente pas une finalité, la ceinture noire est une excellente motivation. Une fois acquise, il ne faut pas bouder le plaisir qu’offre une fierté légitime. Nous entrons dans un cercle privilégié. Citons un de mes élèves : «?La ceinture noire n’est pas un aboutissement, mais un accomplissement.?» Il se reconnaîtra au travers de cette belle formule. À l’aube de cette nouvelle année, et parmi ces quelques lignes, il y a déjà matièreà fabriquer quelques très bonnes résolutions… et à s’y tenir !
Très bonne année 2015.
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Entraide
Nous voilà arrivés à ces fameuses fêtes de fin d’année. Est-ce vraiment une période de joie pour tous ? Évidement non. Voilà un moment où les gens habituellement heureux le sont souvent davantage et au cours duquel les gens malheureux le sont parfois encore bien plus. Quel rapport avec le ju-jitsu et les arts martiaux, me direz-vous ? Tout simplement la solidarité et l’entraide, chères au fondateur du judo, Jigoro Kano. Ce petit homme par la taille, mais immense par la connaissance et l’humanité, souhaitait que la pratique des arts martiaux ne développe pas uniquement des principes techniques et des qualités physiques, mais suscite aussi une ouverture d’esprit faite d’entraide qui se vérifierait en dehors des tatamis. L’entraide au sein d’un dojo, du plus haut gradé vers le novice, par exemple, n’a rien d’extraordinaire, quoique parfois dans certains clubs, le souffle de Kano n’y soit plus vraiment. Finalement, la planète ne pourrait-elle pas être un immense dojo au sein duquel les règles de ce lieu seraient ainsi appliquées à son échelle. Utopie, naïveté, etc. Peu importe, en cette période de l’année, il n’est pas interdit de rêver. Au cours des autres non plus, d’ailleurs ! De l’abbé Pierre à Coluche, ils sont nombreux à avoir dénoncé une certaine forme d’égoïsme qui entraîne une exclusion imméritée et inhumaine. Le message de ce billet ne se veut pas moraliste mais réaliste et il n’est pas superflu, en tant qu’éducateur, de sortir parfois de sa simple zone de compétence technique pour encourager et pour faire progresser ? également ? l’esprit et le cœur.
Bonnes fêtes à tous.
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Compétition et ju-jitsu
Le week-end dernier se déroulaient à Paris les championnats du monde de ju-jitsu, organisés par la F.F.J.D.A. (Fédération française de judo et disciplines associées). À plusieurs reprises, au cours de ces dernières années, j’ai donné mon opinion sur ces compétitions et il n’a pas changé. Certains avanceront qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, mais s’il suffisait de renier ses convictions les plus profondes pour ne plus l’être (imbécile), cela se saurait. Non, effectivement, je n’ai pas changé de point de vue.
Les participants à ces combats d’affrontement direct font preuve de belles qualités dans une discipline qui, à mon sens, n’est pas du ju-jitsu. Certes, cela est très encadré, assez spectaculaire et n’a rien de « barbare » dans la pratique, mais appelons cela plutôt judo–boxe ou karaté-judo. Le ju-jitsu est un art martial dans lequel sont travaillées toutes les techniques que le corps peut utiliser dans un but de survie. À ce titre, notre art, d’une extrême richesse technique, ne peut être pratiqué en affrontement direct sans risque, sauf à perdre sa principale raison d’être à savoir sa pluralité. Puisque systématiquement le règlement qu’impose toute compétition dans un sport, qui se veut civilisé, réduira le panel technique afin d’en interdire les techniques les plus dangereuses, retirant ainsi les plus efficaces. Et puis, et c’est ainsi, lorsqu’il y a compétition dans une discipline, lors des séances d’entraînement, les enseignants et les pratiquants privilégient uniquement les techniques autorisées lors des affrontements, mettant systématiquement au rebut celles bannies de la compétition. Voilà pour l’aspect combat, dans lequel, d’autre part, est proposé un arbitrage assez compliqué, tout du moins pour les novices.
Quant à l’expression technique, le « duo-system », affrontement en couple par prestations techniques interposées, à l’instar de la gymnastique et du patinage artistique, je ne suis pas opposé à la forme, bien au contraire, mais ce sont les attitudes qui posent problème. Outre une robotisation parfois dérangeante, elles ne sont pas en phase avec le ju-jitsu ancestral. Que l’on ne me parle pas là non plus de manque d’ouverture d’esprit, d’adaptation et d’évolution, c’est tout le contraire. Avons-nous vu quelqu’un se battre que ce soit dans la réalité, sur un ring ou un tatami avec de telles postures, qui de surcroît ne sont pas compatibles avec les principales projections. C’est d’ailleurs un paradoxe que de constater que c’est au sein de la fédération de judo qu’existent des gardes absolument inadaptées à ce qui fait la substance même du judo, à savoir l’art de la projection.
Comme indiqué au début de cet article, rien ne remet en question les qualités des participants et ils n’y sont pour rien ! Maintenant, chacun est libre de pratiquer ce qu’il veut, et plus encore d’être en phase avec une certaine idée de son Art dans le souci de ne pas trahir ses racines. Enfin, loin de moi de me situer comme « anti-compétition » en général, bien que nous puissions disserter et débattre sur les dérives et les excès qu’engendre parfois une championnite aiguë. Mais ça, c’est une autre histoire.
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?Animations
L’activité d’un club comme le nôtre se résume principalement dans la dispense de cours, durant lesquels les élèves essaient de s’imposer une régularité et où les professeurs s’attellent à leur mission d’apprentissage et de progrès, le tout accompagné d’un épanouissement personnel.
Mais, le fait de proposer des animations ponctuelles réservées soit à l’ensemble des élèves, ou bien à telle ou telle catégorie ne peut que renforcer l’investissement des adhérents par une implication supplémentaire source de nouvelles motivations. Ainsi, dans les semaines à venir seront programmées des séances aux thèmes particuliers s’adressant, pour la plupart, à des groupes précis. Le samedi 18 octobre, un entraînement regroupant les ceintures marron et noires a fédéré encore davantage un groupe qui a valeur d’exemple. Au mois de novembre, un stage de renforcement à l’attention de tous les niveaux permettra de subir une sorte de formation accélérée. Dans le même mois, une séance particulière proposera aux ceintures noires et marron de se sensibiliser à l’assistanat durant les cours et pourquoi pas susciter des vocations. Enfin, au mois de décembre une séance spécifiquement féminine offrira la possibilité de se retrouver entre gabarits approchants pour aborder certains thèmes qui nécessitent un apprentissage plus progressif que d’autres. Par exemple le travail au sol.
Toutes ces animations permettent à la fois de progresser techniquement, physiquement et « relationnellement ».
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Carnets de rentrée (2)
Toujours l’éducation
Deux nouveaux exemples de mauvaise éducation sont venus mettre un peu de contrariété dans ces semaines qui ont marqué le début de ce que l’on appelle une saison. Un chez les enfants (les parents, plus exactement) et un autre chez les adultes. Le lien entre ces « péripéties » est évident, il s’agit d’éducation, bien souvent dispensée par l’exemplarité et les mauvaises habitudes.
Premier cas, un mercredi. Alors que le cours des tout petits enfants était terminé et qu’ils avaient rejoint le vestiaire accompagnés des mamans ou des nounous, un des « petits samouraïs », qui n’acceptait pas de devoir se rhabiller dans cette pièce, le manifestait de façon très bruyante, trop bruyante et rendait difficile la tâche du professeur du cours suivant ! En effet, il est aisé de comprendre qu’un minimum de calme et de silence sont indispensables pour ce que l’on appelle la prise en main d’une séance. Je me suis donc empressé d’aller fermer la porte de ce vestiaire en me justifiant, notamment auprès de la maman en question. De fait, en quittant le dojo, elle n’a pas daigné dire au revoir ! Bel exemple pour son enfant, en l’occurrence pour un futur citoyen « responsable ». Deuxième cas, celui d’un adulte qui vient faire une séance à l’essai. Il avait déjà pratiqué une autre discipline, ce n’est pas elle qui est en cause, mais bien l’enseignant qui devait être le responsable d’une attitude parfaitement contraire à celle qui doit être adoptée dans un dojo. Durant les explications il ne tenait pas en place et ne pouvait s’empêcher de communiquer avec son partenaire sur ce qui était démontré. Sans compter qu’il s’avérait indispensable de le surveiller lors des randoris. Et, cerise sur le gâteau, il nous a laissé dans le vestiaire le kimono que je lui avais prêté en « tapon » et, lui aussi est parti sans dire au revoir et sans se donner la peine de nous remercier de l’avoir accueilli.
Ces deux exemples ne sont pas des généralités, bien heureusement, mais ils démontrent une fois de plus l’importance de l’éducation, soit des parents, soit des enseignants et les fâcheuses conséquences engendrées par un manquement de la part, justement, des parents et/ou des enseignants.
Après quelques remarques qui pourraient paraître sévères à l’attention des parents, que ceux- ci se rassurent, je n’ai rien contre la majorité d’entre eux, mais simplement envers une minorité, qui parfois gâche des moments qui ne devraient pas l’être.
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La roulette japonaise
Cette semaine le thème du vendredi éponyme sera consacré aux méthodes d’entraînement. Il s’agit, au travers de multiples exercices, de se perfectionner et de se renforcer dans des domaines où l’acquisition technique est déjà plus ou moins réalisée. Le but n’est pas d’apprendre, mais d’essayer de faire encore mieux, en renforçant ou en affinant ses acquis.
Répétitions seul ou bien avec un ou plusieurs partenaires, exercices d’opposition codifiés servant au perfectionnement d’un mouvement ou d’une phase bien précise, ou plus largement encore d’un domaine qui compose notre art. Ainsi nous trouvons les uchi-komis (inlassables répétitions d’un mouvement ou d’une partie), les exercices d’opposition dans un domaine très précis et les randoris (sortes de combat avec de solides règles). Ces derniers constituant la phase ultime de ces fameuses méthodes. Mais toujours avec le souci du respect de la codification et par conséquent d’une opposition qui permet de s’affronter avec le moindre risque possible. Aujourd’hui intéressons-nous à cette catégorie. Il y a des randoris au sol, d’autres debout, dans le domaine des coups et dans celui des projections. Enfin, il y a le « randori de self-défense ». Celui-ci pouvant se pratiquer contre un ou plusieurs adversaires. Mais là encore ce sera la sécurité qui devra primer. Certains regrettent qu’il ne puisse pas y avoir une sorte d’affrontement total ; « comme dans la réalité », disent-ils. Je pense que pour la majorité, c’est en toute bonne foi qu’ils soutiennent cette hypothèse. Mais le problème est que la réalité, c’est la réalité ! Et l’entraînement sert à s’en approcher, mais en aucun cas à la remplacer ! Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il serait indispensable que les deux protagonistes soient dotés d’une bonne foi qui ne doit pas exister ? ou que très rarement ? chez le genre humain. Certes, les animaux arrivent à s’entraîner entre eux sans se faire mal et sans les interdits dont nous devons inévitablement nous affubler afin que les assauts et autres randoris ne tournent pas au massacre. Mais nous ne sommes que des humains et sans de stricts interdits les limites du raisonnable sont vite franchies. Tout cela pour répondre aux protagonistes du randori-où-tout-serait-permis, qui ne peut exister sans risques de graves blessures qui hypothèqueront la longévité d’une carrière que chacun espère la plus pérenne possible ! Le facteur chance aurait aussi un rôle â jouer dans des oppositions entre combattants de valeurs approchantes ; une sorte de « roulette japonaise ».
Conservons les méthodes d’entraînement qui permettent de s’affûter à l’aide d’exercices conventionnels et laissons le « tout est permis » au combat que l’on devrait mener uniquement en cas d’agression et en souhaitant que cela ne se présente jamais. Il est vrai que certains proposent malgré tout ce genre d’entraînement, mais est-ce vraiment comme dans la réalité ? Il y a forcément quelques interdits. Suffisamment pour que ce ne soit pas la réalité, mais pas assez pour que ce ne soit pas dangereux. Je sais que dans des termes approchant, le sujet a déjà été abordé sur ce blog, mais dans le domaine de l’information et de la prévention, là aussi, il ne faut pas hésiter à faire des « uchi-komis », c’est-à-dire des répétitions, quitte à… se répéter !
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Vive les katas !
Le premier vendredi à thème de la saison consacré aux katas a tenu ses promesses en termes de fréquentation. Cela prouve, si besoin est et entre autres, que ces formes de travail ont une utilité. Certes on pourrait penser que la nécessité de devoir les maîtriser afin d’accéder aux grades supérieurs en est la principale raison, mais ce n’est pas mon sentiment. D’abord parce que les réfractaires à ces exercices imposés auraient choisi une discipline qui ne s’embarrasse pas avec ces exercices. Et puis, la présence de ceux qui n’en n’ont pas un besoin immédiat se révèle être une indication qui va dans ce sens. Enfin, les échanges que j’ai avec les élèves me renforcent dans mon opinion.
A plusieurs reprises j’ai consacré des billets sur le thème des katas, mais j’avais envie, aujourd’hui, d’insister plus particulièrement sur l’aspect rigoureux qui doit inévitablement accompagner leur exécution. Bien qu’ils appartiennent avant tout à des méthodes d’entraînements pratiquées dans le but de se perfectionner dans le domaine de l’efficacité, ils sont aussi des exercices de style. Ils permettent de « véhiculer » la science du combat au fil des années, mais ils se révèlent être également des exercices de rigueur que l’on pourrait qualifier d’intellectuelle. Rigueur dans l’obligation de fournir des efforts de mémorisation, de déplacement, de placement, de coordination et de tenue. Se concentrer sur tout cela lors de leur démonstration ne peut s’effectuer sans se servir un peu de sa tête. A l’inverse, l’évidence de ne pas se contenter de leur seule pratique s’impose à nous. Les enchaînements, disons, plus « modernes », les répétitions techniques, les autres méthodes d’entraînement et bien sûr les randoris sont indispensables. Mais je pense que se priver des katas dans la pratique d’un art martial serait une hérésie et pas seulement en fonction de leur poids historique. Et puis, pour avoir recueilli le sentiment de quelques jeunes qui découvraient ce travail vendredi dernier, j’ai été confirmé dans mon sentiment. Comme quoi, faire preuve d’une certaine rigueur, même dans le temps des loisirs, n’est pas inenvisageable, pour les pratiquants appartenant à une catégorie d’âge souvent montrée du doigt pour l’intérêt très relatif qu’elle porterait à tout ce qui se rapporte au mot « effort ». Certes, le professeur devra faire preuve d’originalité quant à la présentation de ces formes de travail en évitant de les servir comme une purge qu’il faudrait s’administrer avant les passages de ceintures !
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