Les 16 techniques et compagnie !

Les 16 techniques, les 16 bis, les 16 ter, les 16 contrôles, les 16 atémis. Certains se demandent s’il existe une signification autour du chiffre 16 !  Au risque de décevoir les personnes fétichistes, il n’y a  aucune raison particulière. Il s’agit du fruit du hasard, celui-ci possède malgré tout son histoire.
Pour les besoins d’une démonstration à l’occasion des deuxièmes championnats du monde de judo féminins en 1982 à Paris, la FFJDA  ?  à laquelle j’appartenais à cette époque  ?, avait accepté l’idée de proposer une démonstration de ju-jitsu effectuée par une femme et je m’en étais vu confier la responsabilité. J’avais préparé un enchaînement dans lequel j’étais Uke (le méchant), pour le rôle de Tori (la gentille) j’avais choisi Marie-France Léglise, une élève ceinture noire.
Nous avions mis au point deux parties, une première très technique, avec ralenti et vitesse normale pour chaque mouvement et une deuxième très rapide dans laquelle nous enchaînions treize techniques comme « bouquet final » de notre prestation.
Nous étions à l’époque où ça bougeait un peu en matière de ju-jitsu en France, avec notamment la création d’une commission nationale. Même s’il existait déjà la progression par ceinture et d’autres supports techniques tels que les katas, la nécessité de proposer de nouveaux enchaînements se faisait ressentir. À la fois pour étoffer les programmes mais aussi pour signifier le renouveau. C’est ainsi que j’ai proposé les « 13 techniques » qui avaient déjà fait leur preuve. Il manquait des défenses contre armes qui, lors de la démonstration, n’existaient pas dans la partie rapide. C’est ainsi qu’en rajoutant les trois défenses contre armes, les « 16 techniques » ont été finalisées.
Par la suite, j’ai pensé qu’il serait utile de créer de nouveaux enchaînements, mais afin de limiter les problèmes de mémorisation, qu’il serait opportun de travailler à partir d’attaques déjà existantes.  C’est ainsi que sont nées les 16 bis, les 16 ter et les 16 contrôles. Quant aux 16 atémis, le but était   simplement de rester dans une forme de cohérence et de fidélité.
Pour conclure et pour satisfaire, quand même, les fétichistes évoqués plus haut : 1 + 6 = 7 (chiffre magique).

Site du club de ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com
D’autres enchaînements sont en gestation, je ne manquerai pas de vous informer sur leur avancée.

Contradiction

Il y a quelque temps, lors d’un cours, j’annonçais : « Nous allons travailler une technique et puis ensuite, nous verrons sa contre-prise. » Ce à quoi un élève me répondit : « Ça sert à quoi, alors, si on travaille une technique et qu’après on étudie une parade afin de faire en sorte qu’elle ne fonctionne pas ? » Il y a du bon sens dans cette réflexion qui était formulée avec malice. Cela s’appelle une contradiction. Et je ne résiste pas à l’envie de faire partager l’histoire que vous trouverez ci-dessous. Bonne lecture.
Il y a bien des années, en des temps très reculés, deux guerriers s’étaient rendus chez un forgeron pour acquérir des armes. L’un était à la recherche d’une arme blanche, l’autre d’un bouclier.
L’artisan faisait valoir les qualités des articles de sa fabrication auprès de ses deux clients.
Au premier, il vantait la force et le tranchant de la lame, sa robustesse, sa maniabilité et son efficacité contre n’importe quelle armure ou protection. L’homme auquel il s’adressait se voyait déjà couronné de succès lors de ses prochains combats. A l’autre, il faisait remarquer la résistance de la matière malgré la légèreté du bouclier, sa forme enveloppante qui en faisait une garantie de protection contre toute arme blanche. Son interlocuteur se voyait résister à toute attaque.
Les deux guerriers qui s’étaient rapprochés l’un de l’autre entendaient les propos adressés à chacun par l’artisan qui continuait à faire l’éloge de sa production.
Mais que penser d’un bouclier dit invulnérable qui résiste à tout, opposé à une arme à laquelle rien ne résiste ?  Cela demande réflexion, n’est-ce pas d’une grande contradiction ?
Hé bien en japonais, l’idéogramme représentant le mot contradiction est composé de deux parties  – l’une représente une arme l’autre un bouclier – et se dit Mujun. Un peu compliqué, mais bien imagé !
Cette contradiction, on la retrouve partout. L’enseignement des arts martiaux n’y échappe pas. On enseigne des techniques, debout et au sol pour que, bien appliquées, l’adversaire puisse être contrôlé et vaincu.
D’un autre côté, on nous enseigne des parades et des défenses contre ces techniques afin d’éviter la défaite. Ici apparaît la contradiction, puisque dans chaque cas l’une des actions est faite pour neutraliser l’autre.
Cependant ces acquisitions sont toutes nécessaires, valables et efficaces pour celui qui veut les employer avec succès. Il doit simplement avoir la volonté et la patience suffisantes pour apprendre à les maîtriser et à les comprendre mieux que son adversaire afin de vaincre ce dernier en connaissance de la situation à laquelle il est confronté.
Miyamoto Musashi disait : « Si tu apprends à te connaître et si tu connais ton adversaire, alors cent fois sans risque tu vaincras ! »

Site du club ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com

Carton plein

Même si régulièrement sur ce blog je relativise l’importance que certains attachent aux grades, il n’empêche qu’un professeur ne reste pas insensible lorsque ses élèves obtiennent un succès dans ce domaine et franchissent ainsi un palier. Il s’agit de la concrétisation de progrès liés à la fois à des compétences et surtout au travail. Sur ce dernier point, il y a une certaine forme de sacrifice, car il est indispensable d’y consacrer du temps, beaucoup de temps. Et quel que soit le résultat, c’est déjà louable. Ce n’est d’ailleurs pas donné à tout le monde, dans la mesure où nous menons, pour certains, une vie compliquée, surtout dans les grandes agglomérations. Cela se conçoit parfois au détriment d’autres activités. Et là, il s’agit de choix que certains ne peuvent pas faire et que d’autres ne veulent pas faire. Il est incontestable que certaines contraintes familiales, professionnelles et d’éloignements ne sont pas compatibles avec un tel investissement. Mais ce n’est pas le cas pour tout le monde et un effort pourrait être fourni. Déjà dans la mesure où les répétitions ne sont pas éternelles. Ensuite je reste persuadé qu’un petit peu d’organisation temporaire permettrait de trouver le temps utile à la préparation du grade supérieur. Encore une fois, il s’agit de choix personnels et je ne me permettrai que de proposer et non d’imposer, ni même de stigmatiser. Peut-être juste d’influencer ! 
Bref, dimanche dernier, à Nantes, l’EAJJ (rattachée à la FEKAMT) organisait un passage de ceinture noire 1er et 2e dan « atémi-ju-jitsu ». Le club présentait quatre candidats : trois pour la ceinture noire et un pour le deuxième dan. Je suis très heureux de pouvoir annoncer qu’il s’agit d’un « carton-plein ». Quatre sur quatre, rien à dire. Les autres élèves du club l’ont appris dès dimanche après-midi sur les réseaux sociaux, mais ceux qui ne sont pas partisans de ces formes de communication ne sont peut-être pas en possession de l’information et puis il est bon aussi d’y revenir un peu plus en détail. Les nouveaux promus sont Marine Gérard, Marianne Thévin et Dimitri Opotchinski pour la ceinture noire et Philippe Cerchiario pour le deuxième Dan. On ne peut mieux faire, félicitations à tous les quatre. Cela va mettre juste un peu plus de pression pour les prochains candidats au mois de juin à Léognan.
À plusieurs reprises, j’ai fait état de la forme d’engagement que revêt le port de cette ceinture noire. D’une certaine façon, et pour reprendre une formule bien connue, elle confère davantage de devoirs que de droits. Exemplarité, transmission, entraide, etc. Et surtout le droit d’être modeste.
Site du club ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com

Stade Pierre de Coubertin

coubertin-ca818Avant de se dérouler dans la salle de Bercy, évoquée la semaine dernière sur ce blog, les grandes manifestations avaient lieu au stade Pierre de Coubertin dans le XVIe arrondissement parisien, Porte de Saint-Cloud exactement. Du nom du rénovateur des Jeux olympiques, ce stade inauguré en 1937 pour l’exposition universelle, et reconstruit en 1946, recevait les grandes compétitions de judo, de karaté et les galas d’arts martiaux, mais aussi bien d’autres sports comme l’escrime, le tennis, le basket, le hand, la boxe, etc. De taille bien plus modeste, il accueille environ 4 000 spectateurs contre 14 000 pour Bercy. Les « gladiateurs » bénéficient  d’une meilleure communion avec le public.
Le stade existe toujours, il a même été agrandi et rénové en 1991 et des manifestations, plus modestes, mais néanmoins importantes, continuent d’y être programmées.
J’ai un peu la nostalgie de cet endroit. Est-ce parce qu’il correspond au début de ma carrière, ou pour les raisons de proximité avec le public, évoquées plus haut. Peut-être un peu les deux. Et puis, je crois surtout que cet endroit est chargé de belles histoires. Des exploits qui correspondaient au début du sport et que l’on ne retrouvera peut-être plus quand trop de professionnalisme tue une certaine spontanéité. Cependant, il faut se rendre à l’évidence et ne pas sacrifier une évolution indispensable sur l’autel des souvenirs. A l’inverse, il ne faudrait pas oublier les moments qui ont compté, autant que les lieux dans lesquels ils s’y sont déroulés.
Coubertin, pour les pratiquants parisiens, c’était aussi l’endroit où se passaient les compétitions départementales. Etant licenciés dans la capitale, nous avions cette chance. Certes, c’était le plus souvent dans l’un des deux courts annexes, mais quand même, c’était Coubertin. Et puis, encore bien plus loin, c’est là où mon père a réalisé de grands exploits dans les années 1950, entre autres sa fameuse victoire sur Anton Gessink, en finale des championnats d’Europe toutes catégories, en 1955. Pour moi et de façon plus anecdotique, il  y eut cette fois où, tout gamin, je m’étais perdu dans les méandres du stade qui me semblait être un labyrinthe bien plus grand que l’univers. Moins loin, dans les années 1970, j’ai assisté à un nombre impressionnant de compétitions nationales et internationales. Notamment le premier tournoi de Paris de judo en 1971. Et puis, c’est là que j’ai réellement commencé ma carrière de démonstrateur, en 1977. C’était en septembre, les championnats du monde de judo devaient se dérouler à Barcelone au pays Basque espagnol. Les événements politiques du moment ont amené les organisateurs à les annuler. La fédération française de judo, pour pallier l’absence de promotion que représente une telle compétition, surtout en début de saison,  avait décidé d’organiser une soirée de remplacement en proposant un France-Japon. Pour étoffer le programme, quelques démonstrations avaient été prévues. C’est à cette occasion que j’ai effectué ma première grande prestation. Et c’était donc au stade Pierre de Coubertin. Autant d’excellents souvenirs, tant professionnels que personnels. Pour finir sur un autre registre, tout en restant dans l’activité sportive, il est quand même intéressant de noter qu’au début du siècle dernier, au moment du grand mouvement en faveur du sport qui se dessinait un peu partout, c’était plutôt dans les quartiers « favorisés » de la capitale qu’avaient été construis les principaux lieux de rencontres sportives. Coubertin, Roland-Garros. Comme quoi le sport semblait, dans un premier temps, réservé à une élite. Les choses ont heureusement évolué.
Site du club de ju-jitsu Eric Pariset  www.jujitsuericpariset.com

Parents et ceintures

A l’approche des congés scolaires de février, avant lesquels les premiers passages de ceinture de la saison pour les enfants vont avoir lieu, je suis une nouvelle fois amusé de constater que ce sont les parents les premiers à s’en inquiéter. En ce moment, les questions tournent essentiellement autour de ce sujet. Curieusement, les enfants eux-mêmes semblent beaucoup moins sensibles à ce qu’ils ressentent peut-être comme une pression supplémentaire. Ils ne sont pas complètement détachés de ce système, loin s’en faut ; ils sont très fiers d’arborer une nouvelle ceinture plus foncée, mais finalement une certaine relativité les habite. Ils ressentent peut-être le besoin de laisser les challenges à  l’école et souhaitent tout simplement se diversifier et s’amuser. Réaction on ne peut plus saine, d’ailleurs. Ceci étant, on ne peut en vouloir aux parents d’être rassurés quant aux progrès de leurs enfants et d’être fiers de leurs exploits. Je ne peux qu’inviter les personnes intéressées par ces fameux grades à retrouver un article que j’avais consacré au sujet le 21 novembre dernier sur ce blog. Je rappellerai que chez nous, l’obtention des ceintures est basée sur un ensemble de critères tels que l’assiduité, le comportement général au sein du dojo, les progrès en habileté et bien sûr  la connaissance globale des grandes techniques. En résumé, il s’agit davantage d’un contrôle continu que d’un examen couperet.

Site du club de ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com

Jigoro Kano

JIGOROIl ne sera fait offense ni aux  judokas ni aux ju-jitsukas en leur épargnant le récit de la vie de Jigoro Kano, que chacun pourra retrouver sur Internet.
La vocation première de ce billet consiste à faire partager le sentiment que j’éprouve à propos de cet homme qui a su, par l’intermédiaire de la restauration d’un art martial tombé en désuétude, nous proposer à la fois une discipline physique et mentale, une méthode de défense, mais plus encore une école de vie ; à savoir le ju-jitsu moderne qu’il a appelé « judo ». Certains vont se demander pourquoi en tant que ju-jitsuka, je fais l’apologie du judo et de son créateur ? 
Le judo imaginé et créé par Kano était un peu différent du sport qu’il est essentiellement devenu. Jigoro Kano n’était d’ailleurs pas opposé aux compétitions, seulement il les considérait comme une étape dans la vie d’un budoka. Passer de l’appellation ju-jitsu à celle de judo répondait à deux nécessités. La première, parce que le mot ju-jitsu était usé et qu’il n’était pratiqué que par quelques personnes peu recommandables. La seconde motivation résidait dans la volonté d’élargir le champ d’actions en passant de technique (jitsu) à voie (do). A propos d’appellation, l’histoire « repasse les plats », puisque dans les années 1970, la remise à l’honneur de notre méthode est passée par une appellation originale (atémi ju-jitsu) loin du mot judo, catalogué sport de compétition. Mais, ce qui est intéressant, ce n’est pas le flacon, mais le contenu. Poursuivre le travail sur les principes que Kano a su mettre en avant et sous quelque appellation que ce soit reste l’essentiel.
Concrètement, les réalisations que je retiens, et dans l’ordre d’importance, sont les suivantes : tout d’abord, d’un gabarit plutôt frêle, il a forcément conservé et développé les premiers principes de base, à savoir la non-résistance, l’utilisation de la force de l’adversaire et l’addition de forces, sans oublier le principe d’action-réaction. Ensuite, il a procédé à l’épuration des anciennes techniques en ne conservant que celles qui correspondaient à deux critères : efficacité et sécurité. Il a tout de suite compris que la première règle pour pouvoir progresser, c’est d’être en capacité de pratiquer, ne pas être continuellement blessé par des entraînements sauvages. Il était soucieux de préserver l’intégrité physique. Et puis, sa grande idée a été de ne pas se satisfaire d’une simple méthode de combat ou de défense, mais de proposer, par son intermédiaire, une élévation du corps et de l’esprit, une méthode d’éducation globale, avec une rigueur, dans la tenue à respecter au dojo, dans l’exécution de certains rites, dans le respect mutuel, etc. Faire du judo était pour cet homme un principe, un précepte. Cela ne se limitait pas à évoluer physiquement sur un tatami. Pour Kano, l’on pouvait faire du judo dans la vie de tous les jours. Dans la conduite de ses affaires, dans ses relations familiales et sociales. Tout comme dans un combat de judo, l’affrontement force contre force reste stérile, un parallèle est aisément transposable dans nos relations quotidiennes. De bonnes relations doivent être accompagnées de souplesse comportementale. Ensuite, ne surtout pas oublier l’un de ses « slogans » : « Entraide et prospérité mutuelles », celui-là reste intemporel ! Enfin sa définition du grade : Shin-gi-tai. Elle n’est pas le fruit du hasard. Shin l’esprit, la réflexion, c’est ce que nous conservons le plus longtemps. Gi la technique, nous pouvons la pratiquer de façon relativement durable, surtout lorsqu’elle est « intelligente ». Enfin, tai le corps (le physique, en fait), ce qui est le plus éphémère.
Certes, tous ce qui est énoncé ci-dessus peut paraître banal à l’heure actuelle, puisque beaucoup de disciplines sportives ont tenté de s’en inspirer. Mais à l’époque, cela était sacrément novateur. Et puis, aujourd’hui ces principes sont-ils vraiment appliqués par tout le monde, dans tous les sports et à commencer par le premier concerné ?
Site du club ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com

Deux journées particulières

Il n’y a pas de séance sans importance. Pour les élèves, c’est à chaque fois l’occasion de transpirer, d’apprendre, de se divertir, pour le professeur c’est toujours un grand moment de transmission. Mais il est vrai que certaines séances ont une saveur particulière et qu’elles laisseront de profonds souvenirs. Bien souvent, grâce un thème particulier ou bien parce qu’il s’y passait un événement rare ou exceptionnel. Encore faut-il qu’elles soient réussies pour que le souvenir soit bon.

La semaine dernière, deux séances sont entrées dans le cadre de cette particularité.

Tout d’abord celle réservée aux ceintures marron et noires. Une fois de plus était au rendez-vous la joie de constater que la fidélité reste une valeur sûre dans certains cercles. Ensuite, loin du désir d’élitisme, l’intérêt de se retrouver quelquefois entre « haut gradés » est indéniable, en l’occurrence sur le plan technique. Cela permet également de renforcer la cohésion dans un groupe privilégié, qui bénéficie de cet avantage que grâce à une pratique régulière. En aucun cas ce privilège est usurpé.

C’est aussi souvent l’occasion de marquer un événement, en l’occurrence lundi 9 décembre, nous remettions la ceinture noire à deux nouveaux promus : toujours un grand moment.

Ensuite, également la semaine dernière – vendredi 13 -, il y eu la séance consacrée aux 16 techniques. À « nos 16 techniques ». Il est intéressant et rassurant de constater à quel point elles restent mobilisatrices et aussi de s’apercevoir, au travers de cet enchaînement intemporel, des progrès effectués par les élèves qui suivent assidûment les cours.

En lisant ces lignes, ceux qui ne peuvent s’astreindre à une pratique régulière vont sans doute culpabiliser et peut-être se sentir stigmatisés. Qu’ils se rassurent, il est toujours préférable de pratiquer un peu que pas du tout. Mais ces deux exemples seront peut-être source de motivation pour une implication plus importante !

Site du club ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com

Sondage de novembre

Pour cette semaine, je vous propose deux billets. Un premier aujourd’hui et un second jeudi. Le premier tente de commenter le dernier sondage et le second  s’intéressera aux deux temps forts de la semaine dernière.
Dans le sondage du mois dernier, la question portait sur les souhaits des élèves adultes ainsi que sur  leurs préférences en matière de programme. Le résultat est le suivant : 1er le travail au sol avec 23 %, 2e les défenses contre armes avec 21 %, 3e ex-æquo le travail debout et le travail des coups avec 18 % chacun, en 5e  position viennent les randoris avec 15 % et en dernière place, les katas avec seulement 5 %.
Que le travail au sol se situe à la première place n’est pas très étonnant. Pas surprenante non plus  l’homogénéité entre les différents secteurs. Finalement, chacune de ces familles remporte un nombre de suffrages à peu près équivalents.
Une certaine mode (justifiée, mais peut-être un peu exagérée) s’étant emparée d’un secteur qui existe depuis des lustres explique la première place du ne-waza (travail au sol).
Par contre, que les katas arrivent en dernière position avec seulement 5 % des suffrages peut paraître  surprenant. En effet,  s’agissant d’un art martial traditionnel à but non compétitif, du moins pour ce qui concerne notre École, l’aspect traditionnel et technique que véhiculent ces exercices est capital. De plus, ce résultat est un paradoxe, puisque dans le sondage actuellement en ligne, la totalité des votants estiment indiscutable leur utilité. Rassurant, d’une certaine façon ! Ceci étant, les katas n’avaient peut-être pas leur place dans ce sondage, les votants ayant exprimé leur préférence pour tel ou tel secteur technique. Le kata n’étant pas vraiment une famille de techniques, mais un enchaînement de techniques, appartenant souvent aux familles précitées. Et puis, après tout, ils peuvent sembler, à juste titre, indispensables sans pour autant posséder une grosse cote d’amour. 
La deuxième place occupée par les défenses contre armes souligne l’intérêt de l’aspect utilitaire. L’égalité parfaite entre le travail debout et le travail des coups démontre qu’aucune des familles du ju-jitsu ne semble susciter un désintérêt ! Les 15 % des suffrages remportés par les randoris prouvent qu’il existe un besoin de pratiquer les exercices d’affrontements codifiés. Ils sont, d’une certaine manière, un excellent  moyen pour tester notre efficacité !
Mis à part la sévère dernière place infligée aux katas, ce résultat est essentiellement caractérisé par un engouement assez égal pour tous les secteurs. Preuve que les composantes du ju-jitsu ont chacune leur place et leur importance dans notre discipline.
Le prochain sondage, celui du mois de janvier, sera inédit. 
Site du club ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com

Plus dure sera (parfois) la chute

Sortir quelque peu du ju-jitsu et des arts martiaux pendant cette période où quelques-uns prennent du repos ne peut pas faire de mal. Cela pour aborder un sujet qui m’a souvent étonné.
Il est effectivement surprenant que certains athlètes de haut niveau, une fois leur carrière terminée, arrêtent brutalement toute activité physique, même d’entretien. Heureusement il ne s’agit pas d’un cas général, mais il existe une frange d’anciens sportifs qui ne veut plus du tout entendre parler de ce qui  pourtant a fait leur notoriété et leur a donné les plus grandes émotions et les plus grandes joies sur les stades ou dans les gymnases du monde entier.
Envie de tourner complètement la page par rapport à une activité synonyme de contraintes qui les ont privés – un bon moment durant – d’une existence normale. Hypersaturation, le corps et la tête rejettent massivement une overdose d’entraînement. Il y a sans doute un peu de tout cela.
Certains quittent complètement l’univers du sport, d’autres y restent en l’enseignant, mais ne « mouille » plus le maillot (ou le judogi), d’autres prennent des responsabilités de dirigeant au sein de leur club ou à un plus haut niveau dans leur fédération. Mais bien souvent, ils ne pratiquent plus. C’est ainsi que l’on peut voir d’anciens champions arrêter complètement ce qui a été un moment leur passion. Et cela au risque de se négliger physiquement en prenant un aspect dans lequel l’embonpoint se taille la part du lion. Outre les risques physiques, ils abandonnent ainsi le rôle d’exemplarité qui devrait être celui d’un ancien champion et deviennent parfois moins « bien conservés » (selon l’expression consacrée) que le commun des mortels qui n’aurait jamais fait de sport de sa vie.
Tout cela renforce mon opinion qui est que dans toute chose il faut éviter l’excès. La compétition de haut niveau, sans conteste, n’en est pas dénuée. Excès de sacrifices, d’entraînement, d’efforts. Elle ne laisse pas indemne la personne à la sortie de sa carrière, pour peu qu’elle ne soit pas accompagnée sur le plan psychologique et si, en plus, rien n’a été préparé au niveau de la reconversion ! À l’inverse, il est certain que le haut niveau apportera à l’athlète des satisfactions et des sensations que seules les grandes altitudes procurent. Il faut peut-être simplement être bien préparé à l’ivresse des sommets et à un retour normal sur terre.
Site du club ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com

Légitime défense

À l’occasion du dernier sondage, une écrasante majorité de votants a déclaré que la self-défense avait été leur première motivation pour franchir les portes d’un dojo. Confirmant ainsi une aspiration bien naturelle, celle d’être en capacité de se prémunir d’éventuelles agressions physiques. Cependant cela n’est sans doute pas assimilé, pour une grande majorité d’entre eux, à l’intention de se faire justice soi-même.
La législation en matière de légitime défense est précise et il est n’est pas inutile d’en rappeler les éléments. La riposte doit être proportionnelle, justifiée, nécessaire et spontanée.
Sans aucun doute, en cas d’agression, il ne sera peut-être pas facile de bénéficier du temps nécessaire pour se réciter ces quatre termes. Ceci étant, une certaine logique les entoure et ne pas les oublier semble souhaitable, au regard des risques encourus pénalement et humainement !
La proportionnalité est vraisemblablement l’aspect le moins commode à respecter. L’agressé devant être pourvu d’une maîtrise parfaite de sa technique. Non seulement il doit être en capacité de riposter, mais de ne pas aller au-delà des éventuels dommages causés par l’attaque de l’agresseur. Il ne sera peut-être pas évident d’évaluer correctement les conséquences d’un coup de pied, par exemple. Selon l’endroit où il est porté et par qui ! Entre un coup donné sur un point vital et le même administré sur un endroit moins sensible, le résultat ne sera pas identique. De même l’impact ne sera pas pareil en fonction de la personne qui le porte. Et pourtant, il s’agit bien du même coup. L’évaluation du résultat, surtout dans ces circonstances, n’est pas aisée !
Justifiée et nécessaire sont des qualificatifs qui paraissent évidents en cas d’agression.
Quant à la spontanéité, elle  insiste sur l’interdiction de réaction « après-coup » ; en l’occurrence cela exclu toute idée de vengeance.
Certains diront que tout cela est bien gentil et que lorsque l’on sauve sa peau, on n’a que faire de cette législation, et puis, sommes nous certains d’être capables de la respecter.
Ils ont à la fois raison et tort. Sauver sa vie ou porter secours à une personne agressée est un acte qui coule de source. Mais une réglementation est un cadre indispensable pour éviter tout débordement et tomber dans un fâcheux engrenage.
D’où la nécessité, pour une parfaite efficacité – inscrite dans le respect de la loi –, de s’offrir une  pratique régulière au travers d’une discipline qui propose une pluralité de techniques qui permettront de graduer la riposte, si toutefois l’état de stress le permet. Mais encore une fois, la gestion des émotions passent aussi par l’assurance acquise à l’occasion d’une pratique inscrite dans la durée.
Et puis, il est dans la mission du professeur de ne pas se satisfaire d’un enseignement et d’une philosophie « jusqu’au-boutiste ». Son rôle est aussi de mettre en garde sur les risques encourus d’une part et de ne pas désespérer du genre humain, d’autre part ! Dans le cas contraire, il ne sera pas facile de revendiquer le titre d’éducateur, même sportif !
Site du club de ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com