Entre deux ponts

Cette semaine marque le retour des enfants après quinze jours de vacances de printemps. A cette occasion, il m’est revenu à l’esprit une remarque émanant d’un parent : « On se sent moins seul lorsque l’on vous confie nos enfants. » Bien naturellement cette remarque est réconfortante, bien que notre vocation de professeur d’arts martiaux soit avant tout la dispense d’un savoir à l’aide d’outils pédagogiques, mais un minimum de discipline et donc de respect des consignes est indispensable. Et puis, nous possédons un code moral qui peut et devrait également se retransposer dans la vie, en dehors du dojo. A l’inverse, j’ai eu droit à une réflexion beaucoup moins amène, après avoir été obligé d’élever la voix sur un très jeune élève ? son père tentant de le disculper avec le prétexte qu’il s’agissait d’un enfant (dans le cas où je ne m’en serais pas aperçu). A ce titre, il faudrait donc être « compréhensif » et laisser faire, tout et parfois n’importe quoi, y compris en face de comportements qui peuvent être dangereux, quitte à être cloué au pilori en cas d’accident par les mêmes personnes. Ces deux exemples sont intéressants ; dans le premier, l’enfant est un élève sans problème de discipline, mais il n’en est pas de même pour le second. Ceci explique vraisemblablement cela !
Comme il est courant de le dire : sans transition, nous passons au deuxième sujet de ce billet. Il porte sur le record de personnes atteintes sur la page Facebook du club, à l’occasion de l’article publié la semaine dernière. Plus de 1 000 personnes s’y sont intéressées. Il faut rappeler que je traitais de la fameuse rivalité du moment, à savoir celle du MMA et du judo. Comme quoi le sujet passionne. Il existe un emballement médiatique, aussi intéressant qu’étrange, même des quotidiens de prestige s’emparent régulièrement du sujet.
Rendez-vous la semaine prochaine pour un « entre le deuxième et le troisième pont » !
Site du club de ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com

Le dojo

Dans quelques jours certains vont troquer le maillot de bain pour le kimono et il n’est pas inutile de faire quelques rappels. Aujourd’hui, intéressons-nous au dojo, cet endroit quelque peu particulier dans lequel nous assouvirons notre soif de progresser tout au long de la saison à venir.

Littéralement dojo signifie le « lieu où l’on trouve la voie », ou le chemin. Mais quelle voie, quel chemin ? Et s’il s’agissait tout simplement de la voie de la sagesse ? Et si l’enseignement dispensé dans ce lieu était un prétexte à cette recherche ? De toute évidence, on y enseigne et on y pratique des techniques particulières. Apprendre à nous servir de nos « armes naturelles » n’est pas banal. Aboutir à la maîtrise d’une personne, soit pour lui prouver (de façon prétentieuse, parfois et même souvent) notre supériorité, soit tout simplement pour ne pas se laisser faire, c’est-à-dire se défendre, n’est pas un apprentissage sans conséquences, pour peu qu’il ne soit pas entouré de sages précautions. L’on pourra revenir prochainement, plus en détail, sur le contenu de ce qui est enseigné dans un dojo et surtout sur la manière et le but. Aujourd’hui, l’objectif est de rappeler les quelques règles qui doivent et devront y être observées, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité. Une certaine forme d’indiscipline est synonyme d’un manque de concentration, celui-ci pouvant être fortement « accidentogéne ». Et puis il s’agit bien souvent d’une tradition empreinte de règles de politesse élémentaires.

Ainsi, lorsque l’on pénètre dans le dojo (et que l’on en sort), il est de coutume de saluer en inclinant le buste sur l’avant (à la japonaise pour simplifier). Et pas simplement lorsque l’on monte sur le tatami. Il est demandé d’en faire de même à chaque changement de partenaire, avant et après et qui plus est dans une tenue correcte. Quand le professeur démontre une technique, il est malvenu de sortir du tatami, pour quelque prétexte que ce soit ! Imaginons un seul instant que l’ensemble des élèves aient simultanément un comportement identique ! Idem, quand l’enseignant démontre, il est demandé d’éviter de changer de place au risque de lui donner le tournis et surtout de masquer l’explication aux autres élèves. Le professeur prend soin de démontrer la technique ou l’enchaînement sous différents angles. C’est la raison pour laquelle pour certaines disciplines les élèves sont en « seïza » (à genoux) durant les démonstrations et explications. En principe, si l’on doit quitter le tatami, en dehors des explications, on avertira le professeur. Il ne s’agit pas de demander la permission, mais simplement d’informer. On ne doit pas non plus parler fort lors de l’étude technique (on peut communiquer à voix basse avec son partenaire) et encore moins interpeller quelqu’un. Enfin, une règle très peu respectée : la bise sur le tatami est proscrite ! Et puis, après avoir salué son partenaire dans la coutume du pays d’origine de l’art pratiqué, il est tout à fait superflu d’ajouter un autre signe de politesse.

Que cela ne rebute pas les débutants qui pourraient trouver ces remarques trop « rigides ». Ces habitudes ne sont pas trop difficiles à mettre en place et à respecter. Elles sont les conditions d’une pratique sécuritaire, empreinte de politesse et de respect.

Un petit post-scriptum sur les règles d’hygiène élémentaires ne sera pas superflu. Celles-ci imposent une tenue parfaitement propre (les corps devront l’être aussi). De plus, il est absolument proscrit de marcher pieds nus en dehors du tatami. Enfin, pour finir, il est n’est pas inutile de rappeler l’importance de la ponctualité. Un cours n’est pas un self-service !

Je ne suis pas sans ignorer que ces recommandations ne sont pas forcément appliquées dans tous les dojos, mais est-ce une raison pour accepter l’envahissement d’un laisser-aller qui n’aura plus de limites ?

Site du club ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com