Souvenirs de 1986, « la défense dans la ville ».

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La semaine dernière, grâce aux réseaux sociaux j’ai retrouvé avec plaisir, Jean Pucci, c’est lui qui, en 1986, avait réalisé la série télé « La défense dans la ville ». Entre nous le courant était tout de suite passé et sans prétention, je crois que nous avions fait du bon travail. Ces retrouvailles m’ont donné l’idée de consacrer un billet à cette aventure.

Cela se passait en 1986 et au sein de la FFJDA la mise en place de la revalorisation du ju-jitsu portait ses fruits. Les stages de formations des professeurs se succédaient à un bon rythme, j’avais eu l’honneur et le plaisir d’encadrer les premiers, notamment à Chamonix en 1982. Une commission technique fédérale avait été créée et de nombreuses sections ju-jitsu voyaient le jour avec chacune d’elles un nombre impressionnant de nouveaux adhérents. L’idée avait germé de proposer une série destinée à « vulgariser » le ju-jitsu en le présentant sous sa forme très utilitaire et je me suis vu confier la conception de vingt-six clips de six minutes chacun destinés à passer à une heure de bonne écoute sur une grande chaine de télé. Grâce à Christian Quidet, éminent journaliste sportif, c’est « Antenne 2 » devenu ensuite « France 2 » qui avait accepté le projet.

A chaque épisode était présentée une agression en extérieur, puis l’étude technique de sa riposte en dojo. Enfin nous retournions en extérieur pour voir l’agressé venir à bout de son agresseur.

Le tournage s’était étalé sur environ six mois, de septembre 1986 jusqu’à février 1987. Les épisodes devaient être diffusés pendant l’émission « Stade 2 » que l’on pouvait voir tous les samedis après-midi. A l’occasion du lancement de la série, une émission spéciale en direct avait été prévue, c’était au mois de mars 1987. Une bonne demi-heure de direct, plus la diffusion du premier épisode, ça commençait bien.

Sur le plan purement pratique, l’idée était de montrer diverses formes d’agressions et différents profils « d’agressés ». Défenses sur coup de poing et coup de pied, sur saisies, au sol, contre armes. Tout cela présenté par des hommes, des femmes, des jeunes et moins jeunes. Les séquences se déroulaient dans la rue, mais aussi en pavillon, en appartement, au DAB d’une banque, dans un square, à la terrasse d’un café, etc. Sans oublié des scènes tournées dans le métro, sans les autorisations nécessaires, mais il doit y avoir maintenant prescription.

Malheureusement les téléspectateurs n’ont pu assister à la totalité des épisodes, la diffusion s’est arrêtée brutalement après le sixième épisode, pour des raisons qui restent obscures, sans doute le succès remporté par l’émission ne plaisait pas à tout le monde.

Jean Pucci et son équipe de techniciens de l’image et du son avaient vraiment bien assurés, ces semaines de tournage ont permis de tisser quelques liens, je suis très heureux d’avoir pu le retrouver.

la photo d’illustration est extraite d’un numéro de « Karaté-Bushido » de l’année 1987

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Abandon

tai-otoshiA chaque début de saison ce sont malheureusement plus de 50 % d’élèves qui ne renouvellent pas leur adhésion et ne reprennent plus le chemin du dojo. Ce chiffre émane de sondages effectués il y a quelques années mais il y a peu de chance qu’il ait évolué favorablement. Cela signifie que pour conserver le même effectif et « a fortiori » l’augmenter, il faut recruter la saison suivante un nombre équivalent de débutants, sinon plus. Il s’agit d’un challenge colossal et si ce n’était pas le cas, l’équilibre de la structure serait menacé.

S’agissant d’une moyenne, cela signifie que certains clubs conservent davantage d’adhérents, mais à l’inverse, d’autres en perdent beaucoup plus.

Avant de savoir comment attirer de nouveaux élèves, il serait judicieux de faire en sorte d’avoir moins d’abandons !

Il y a ceux contre lesquels nous ne pouvons rien : la maladie, le changement de situation professionnelle ou encore familiale. De même, dans certaines régions, les sollicitations sont plus nombreuses dans des domaines diverses. Ou bien encore, une vie dans laquelle beaucoup de temps sera perdu dans les transports facilitera l’irrégularité qui débouche fatalement sur l’abandon. Enfin, il y a ceux qui pensent, souvent à tord, que finalement ces activités ne sont pas faites pour eux et ceux qui n’y trouvent plus d’intérêt. Déjà à partir de ces deux derniers états de fait le rôle du professeur est essentiel. C’est lui qui va donner – ou pas – l’envie de continuer.

J’évoquais dernièrement sur ce blog la dévalorisation de cette fonction de professeur. Ne serait-elle pas en lien direct avec la forte baisse d’adhésions dans certains dojos ? Les professeurs (pas tous) ne seraient-ils pas devenus des entraîneurs ne s’intéressant qu’à l’élite du club en stigmatisant ceux qui, pour différentes raisons, n’adhérent pas à la compétition ! Beaucoup de personnes intéressées, soit par le côté utilitaire (la self-défense) ou bien par d’autres aspects attachés aux arts martiaux traditionnels se dirigent vers des disciplines dans lesquelles ne leur seront pas imposés des choix qui ne sont pas les leurs !

Donner l’envie de commencer passe par un programme attractif et abordable, mais pour donner l’envie de continuer il faut éviter la lassitude en proposant un programme varié avec une solide pédagogie, mais aussi un enseignement adapté à toutes les conditions physiques et encadré de façon à éviter les grosses blessures. Tout cela doit se dérouler dans une ambiance où la violence sera proscrite. Enfin, il faudra définir des objectifs (en dehors de l’inévitable « compète » réservée surtout aux plus forts) qui permettront la réalisation de progrès, et qui représentent encore la meilleure incitation à persévérer. Appliquer ces théories est souvent plus compliqué que « lâcher » l’effectif en randoris libres dans lesquels seuls les plus costauds s’expriment (et survivent). La formation pédagogique de certains professeurs (et le temps que ceux-ci peuvent y consacrer) n’est peut-être pas assez adaptée à des aspirations qui ne cessent d’évoluer.

Ne pas renouveler chaque année un nombre important d’élèves est préjudiciable de deux façons. D’abord pour ceux que l’on perd, mais aussi parce que – de fait – on se prive du meilleur ambassadeur qui soit, à savoir un élève à l’enthousiasme fédérateur. Celui-là ne cessera de parler de son activité autour de lui (parfois un peu trop d’ailleurs). Pour illustrer ces lignes, finissons sur une autre statistique : 50 % des nouvelles adhésions se réalisent par… relation. Lorsqu’un club perd deux élèves il risque donc de se priver d’un nouveau potentiel, du coup il en perd trois. Et comme l’année suivante l’effectif est moindre, le pourcentage de nouveaux inscrits par « relation » s’en trouvera d’autant plus affecté.

Il n’est pas possible de finir cet article sans évoquer la qualité de l’ambiance générale qui devra régner au sein du dojo, en n’oubliant pas qu’il s’agit d’une activité qui s’inscrit aussi dans le domaine du loisir, même si le respect du code moral, composé de valeurs éducatives pour toutes les générations, devra être respecté.

Quant à capter de nouvelles adhésions cela pourra faire l’objet d’un nouveau billet.

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Les 16 atemis

L’enchaînement des « 16 atemis » démontré dans la vidéo ci-jointe (réalisée en 1992) a été mis au point au début des années 1980. Les techniques qui le composent ont largement été inspirées par le « travail des coups » que l’on retrouve dans le kime-no-kata et le goshin-jitsu-no-kata.

L’objectif était de mettre en avant ce secteur important que représente l’atémi-waza. Les techniques ne sont pas spectaculaires, essentiellement utilitaires (ce qui n’implique pas que ce qui est spectaculaire n’est pas efficace). Le perfectionnement dans ce secteur devra d’ailleurs être renforcé par d’autres méthodes d’entraînement sur lesquelles nous pourrons revenir ultérieurement.

Sa présentation comporte quelques particularités :

En premier lieu, il se pratique sans se mettre « en garde », partant du principe que devant un effet de surprise, on doit être capable de réagir à partir d’une attitude naturelle. En second, il s’exécute systématiquement à droite et à gauche. Tori et Uke (le gentil et le méchant !), changent de place entre chaque technique par rapport au joseki (le jury, lors d’un examen) jusqu’à la 5ème ; puis entre l’exécution à droite et à gauche à partir de la 6ème, exception faite pour la 9ème et la 10ème. Ces changements de place permettent une remise à distance harmonieuse pour que – et c’est le troisième point -, Tori et Uke avancent l’un vers l’autre avant chaque attaque. Bien que lors d’un examen ce ne soit pas rédhibitoire en cas d’oubli, le kiaï devra être utilisé ; il s’agit d’une expiration forcée qui se matérialise par un cri.

En complément de cet enchaînement et afin que ce travail reste dans l’esprit et la forme du ju-jitsu, le professeur devra proposer des finalités en projections et/ou contrôles.

A l’époque de la création des « 16 Atemis », cet enchaînement venait compléter une liste dans laquelle figurent « les 16 techniques », « les 16 Bis », « les 16 Ter », « les 16 contrôles » et les « 24 techniques ». Ces enchainements que j’ai eu le plaisir de créer venaient en complément du programme par ceintures debout et au sol et des deux katas cités plus haut.

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Du dojo à la rue…

tori-2Dernièrement un internaute se demandait si les professeurs de ju-jitsu testaient leurs techniques « en situation », c’est-à-dire dans la rue, pour être tout à fait précis. Cette question pourrait être posée plus largement à tous ceux qui enseignent une méthode de défense. Mais peut-être y avait-il un peu de malice dans cette interrogation ? Ceci étant, tester chaque technique dans la rue avant de l’enseigner n’est pas vraiment possible. D’abord parce que c’est interdit ; il existerait un problème de droit (et de conscience) s’il s’agissait de provoquer une telle situation.

Certes, travailler dans le confort d’un dojo et se retrouver confronté à la violence de la réalité, ce n’est pas pareil. Mais la crédibilité d’un enseignant et l’efficacité des élèves ne peuvent pas passer par la rue. Il est vrai que certaines méthodes sont plus crédibles que d’autres, mais en grande partie, cela dépend de l’enseignant, et malheureusement il y a de l’incompétence partout ! Parfois aussi une certaine forme d’abus (pour employer une formule polie), quand certains n’hésitent pas à « surfer » sur des évènements dramatiques.

Apprendre à éviter les « situations à risque » fait  partie de l’éducation inhérente aux arts martiaux et plus largement à toutes les disciplines se réclamant de la self-défense. L’aspect psychologique, sur lequel certains insistent avec raison ne doit pas être à sens unique ; être préparé mentalement est préférable, mais il faut aussi mettre en garde sur toutes les conséquences d’un combat de rue. Cet aspect psychologique se renforcera par une pratique régulière, ne serait-ce que par la confiance acquise au fil du temps, ce qui est plus sain qu’un conditionnement permanent dans l’état de stress propre à une agression. Et puis, l’essentiel reste l’apprentissage technique et les nombreuses répétitions. La régularité que l’on s’imposera renforcera aussi la condition physique et les automatismes. Ces derniers étant incontournables, à fortiori pour ceux qui pensent ne pas être encore trop affutés mentalement.

Durant ma carrière, j’ai recueilli un nombre important de témoignages de la part de personnes ayant pu se sortir de mauvaises situations grâce à leur pratique, sans jamais avoir eu besoin de se tester « en situation réelle» au préalable.

Et puis, en matière d’agression, comme pour certains évènements de la vie, il existe une part d’imprévu dans laquelle la chance et des circonstances particulières peuvent jouer un rôle non négligeable. Pour illustrer cette affirmation, j’évoquerai deux exemples véridiques. Le premier met en scène un ex-champion du Monde de boxe, mis KO dans un bar par un « pochtron ». Le second un élève, pas du tout sportif et plus très jeune, qui à la sortie de sa première séance de ju-jitsu a pu se défaire d’un agresseur qui tentait de lui arracher sa sacoche, tout simplement en lui appliquant un coup de pied appris et répété une demi-heure auparavant. Comme quoi tout peut arriver, le pire comme le meilleur ! Il n’est donc pas possible de répondre avec sincérité à une question souvent posée par des néophytes : « Au bout de combien de temps, je pourrai me défendre ? ».  Chacun possède en lui un potentiel défensif, plus ou moins important. Celui-ci augmentera au fur et à mesure de la pratique. Il n’existe ni solution miracle ni invincibilité, seulement un enseignement sérieux et un  entraînement régulier.

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Un exemple

teddy-rinerCe qu’a réalisé Teddy Riner le week-end dernier est tout simplement exceptionnel. Je suis loin d’être pour le « tout compétition » et pour les excès qui y sont parfois attachés, notamment lorsque certains sportifs sont encensés au point de ne plus leur faire toucher terre. Mais là, avec Teddy Riner il faut se réjouir d’être en présence, non seulement d’un champion d’exception, mais aussi et surtout d’une personne au comportement exemplaire, ce qui n’est pas forcément le cas d’autres sportifs au palmarès moins éloquent. Cet homme rassemble des qualités techniques, physiques et mentales. En fait, il personnifie le fameux « Shin-ghi-taï » (l’esprit, la technique et le corps) cher à Jigoro Kano. Avec Teddy Riner, le sportif de haut-niveau retrouve une de ses fonctions : l’exemplarité ! Peut-être la plus importante aux yeux d’un éducateur.

Dix années de haut-niveau, sept ans d’invincibilité ! Arriver au sommet est fantastique, y rester est autrement plus exceptionnel. Dans ce cas de figure, Il ne s’agit pas seulement de qualités propres à une discipline en particulier, mais il est question d’un mental à toute épreuve, un mental de guerrier dans le sens noble du terme, un mental forgé à coups de volonté, de sacrifices et de rigueur. Ceci étant, cet ogre de victoires est largement récompensé par celles qu’il collectionne.

A certains qui se permettraient de faire la fine bouche il faudrait répondre qu’on ne peut reprocher à notre champion le fait que ses adversaires ne trouvent pas les solutions pour le faire tomber (en tentant certains principes de base, par exemple). Lui, trouve bien celles qui lui permet de ne pas chuter !

Enfin, ses propos d’après combat sont toujours plein de sagesse, notamment lorsqu’il répond que sa principale recette se trouve dans le travail, démontrant ainsi que la modestie est aussi l’une de ses qualités.

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Quelques réflexions (acides)…

SAMOURAI DOREL’allongement des congés scolaires est une bonne chose pour les enseignants et les élèves, ça l’est aussi pour le secteur du tourisme…C’est moins vrai pour la réalisation de progrès dans la pratique des arts martiaux. Rares sont les dojos ouverts durant ces périodes de vacances et à raison d’une fréquentation d’une fois ou deux par semaine sur huit mois, la régularité – une des sources de progression – s’en trouve indiscutablement impactée.

La compétition et ses travers : lorsque l’on impose, ou même simplement persuade, une gamine de douze ans de « faire le poids » pour la prochaine « compète » et que pour y parvenir elle doit s’astreindre à un régime alors qu’elle est en pleine croissance, cela surprend, pour le moins. Tout ça pour la satisfaction éphémère d’un possible podium de district, mais qui permettra au professeur et au président d’avoir leur photo dans le quotidien régional le lundi matin ; on tourne radicalement le dos à la mission d’éducation dévolue, entre autres, à l’activité physique, et bien plus encore. Il reste à espérer que cet exemple, qui n’est pas le fruit d’une affabulation, mais réellement entendu, n’ait pas valeur de généralité mais reste une exception.

Que la fédération de judo réfléchisse à un programme de self-défense laisse songeur. Pour autant, ce n’est pas critiquable, on ne peut que saluer cette initiative, mais la présentation (compliquée) qui est faite du projet retiendra-t-elle l’attention des professeurs et de quelle formation bénéficieront-ils ? Auront-ils du temps et la volonté de s’y consacrer ? N’existait-il pas déjà une méthode facilement assimilable par les judokas ?

Le code moral est en bonne place dans la plupart des dojos, mais est-il appliqué ? Peut-être faudrait-il commencer par le respect de signes de politesse basiques. Le salut du tatami, celui du dojo, dès que l’on y pénètre et que l’on en sort, saluer son partenaire dans une tenue correcte, ne pas marcher pieds-nus en dehors du tatami, ne pas parler pendant les explications du professeur, communiquer à voix basse avec son partenaire, etc. Voici quelques règles de respect, de politesse et d’hygiène qui ne sont pas forcément appliquées dans tous les dojos. A qui la faute ?

Ces quelques remarques (et notamment la dernière) n’ont pas vocation à plomber le retour sur les tatamis cette semaine, mais d’insister sur le fait que l’étude des arts martiaux dans un dojo est aussi une « Ecole de vie ». Certes nous sommes dans une époque où pour certains les loisirs et la recherche du plaisir immédiat sont devenus prioritaires, au détriment de règles qui peuvent paraître insignifiantes. Si celles-ci ne sont pas appliquées dans un dojo, où le seront-elles ?

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Haut les cœurs aux Pays-Bas

imafCe week-end, en Hollande, on fêtait les quarante ans de l’International Martial Art Fédération (l’IMAF) dans sa « Branche Europe ». Cette organisation regroupe des arts martiaux traditionnels, elle permet de véhiculer et surtout de conserver un état d’esprit et une conception des arts martiaux qui est à l’opposé du « tout compétition ».

L’événement se passait donc en Hollande, le siège de l’institution étant dans le pays des tulipes. Je m’y étais déjà rendu en 2002 pour le vingt-cinquième anniversaire.

Je suis un habitué de ce genre de week-ends au cours desquels le plaisir des rencontres et celui de transmettre n’a d’égal que la fatigue qui nous envahit à la fin de ces deux journées. Mais c’est d’une bonne fatigue dont il s’agit.

En plus de son objectif principal qui est de transmettre et d’échanger, ce séjour permet de retrouver d’anciennes connaissances et d’en nouer de nouvelles, chez les élèves mais également auprès d’autres experts.

Pour cela il y aussi les repas pris en commun et les discussions en dehors des tatamis.

Durant le séjour, on n’échappe pas à de nombreux déplacements en voiture, de l’aéroport (ou de la gare) à l’hôtel, de l’hôtel au dojo, du dojo à l’endroit où l’on mange, etc. Bref, pas une minute ne nous appartient. Et puis, lorsque l’on est à l’étranger et que l’on ne maitrise pas la langue, il faut un supplément d’organisation. En effet, même si nos disciplines sont très visuelles, leur enseignement ne saurait se passer d’explications orales. Bien heureusement, j’ai pu bénéficier de l’assistance d’interprètes performants qui réussissaient même l’exploit de traduire les quelques inévitables « blagues » qui ne manquent pas de pimenter mon enseignement.

Donc, le principe de ce stage était de proposer quatre disciplines sur quatre tatamis différents, animés par les experts invités. M.M. Bertoletti, La Salendra, Jansen, Kutter et votre serviteur. Ainsi étaient représentés l’Italie, l’Allemagne, la Belgique et notre beau pays. Les stagiaires se répartissaient sur ces ateliers dans lesquels ils pouvaient travailler du karaté, du ken ju-jutsu, du « rapid system » et bien-sûr du ju-jitsu. A l’issue de chaque intervention d’une heure, nous faisions « tourner les groupes ». Cela permet un échange technique et culturel intéressant, même si le temps qui nous est réservé nous empêche d’approfondir complètement les thèmes abordés.

Durant la coupure du midi, en plus d’un « casse-croute » revitalisant, nous avons pu bénéficier de démonstrations et de remises de diplômes.

Lorsqu’à la fin du dimanche, le retour « à la maison » s’effectue avec le sentiment d’avoir apporté des connaissances et du bonheur, d’avoir pu défendre et démontrer une discipline dans laquelle on croit et qui, manifestement, a satisfait les personnes présentes, bref lorsque le sentiment d’avoir fait son métier le plus rigoureusement possible, la fatigue s’efface.

Merci aux organisateurs de cette belle journée. A tous, je donne rendez-vous prochainement pour de « nouvelles aventures » !

 

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La loi de l’équilibre

couverture-contes-et-legendesA l’occasion des premières vacances scolaires de la saison, certains dojos s’offrent une première pose. C’est sans aucun doute un moment propice pour un peu de lecture et de réflexion. Découvrir, ou redécouvrir une belle leçon de patience grâce à un extrait de l’excellent ouvrage « Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon », participera à l’étude de nos chers arts martiaux. Bonne lecture.

Ayant l’occasion de séjourner au Japon au début du siècle dernier, un européen avait décidé d’y apprendre le ju-jitsu qui lui paraissait être une méthode de combat redoutable. Il commença donc à suivre les cours d’un Maître renommé.

Mais quelle ne fut pas sa surprise quand, au bout de la troisième séance, il n’avait toujours appris aucune technique de combat ! Il s’était seulement exercé à des mouvements très lents, en décontraction. A la fin de la séance, il décida d’aller trouver le Maître.

« Monsieur, depuis que je suis ici, je n’ai rien fait qui ressemble à des exercices de lutte.

– « Asseyez-vous, je vous prie », déclara le Maître.

L’européen s’installa négligemment sur le tatami et le Maître s’assit en face de lui.

« Quand commencerez-vous à m’enseigner le ju-jitsu ? »

Le Maître sourit et demanda :

– « Etes-vous bien assis ? »

– «  Je ne sais pas…Y a-t-il une bonne façon de s’asseoir ? »

Pour toute réponse, le Maître désigna de la main la façon dont il s’était lui-même assis, le dos bien droit, la tête dans le prolongement de la colonne vertébrale.

– « Mais écoutez, reprit l’Européen, je ne suis pas venu ici pour apprendre à m’asseoir. »

– « Je sais, dit patiemment le Maître, je sais, vous voulez apprendre à lutter. Mais comment pouvez-vous lutter si vous ne cherchez pas l’équilibre ? »

– « Je ne vois vraiment pas le rapport entre le fait de s’asseoir et le combat.»

-« Si vous ne pouvez rester en équilibre quand vous êtes assis, c’est-à-dire dans l’attitude la plus simple, comment voulez-vous garder l’équilibre dans toutes les circonstances de la vie et surtout, dans un combat ? »

S’approchant de son élève étranger qui restait perplexe, le japonais le poussa légèrement. L’européen tomba à la renverse. Le Maître, toujours assis, lui demanda alors d’essayer de le renverser à son tour. Poussant d’abord timidement d’une main, puis y mettant les deux, l’élève finit par s’arc-bouter vigoureusement contre le Maître, sans succès. Soudain, ce dernier se déplaça légèrement et l’autre bascula en avant, s’étalant de tout son long sur les tatamis.

Esquissant un sourire, le Maître ajouta :

– « J’espère que vous commencez à comprendre l’importance de l’équilibre. »

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Un dimanche « en ju-jitsu »

saint-palais-logoCertes, il n’y avait pas énormément de ju-jitsukas sur les tatamis du magnifique dojo du club de Saint-Palais-sur-Mer en Charente-Maritime à l’occasion du stage que j’ai eu le plaisir de diriger dimanche dernier. Cela n’a rien de bien extraordinaire dans la mesure où il s’agissait d’une « première ». De plus, il est vrai que perdurent certains « blocages » ainsi qu’un sectarisme d’un autre âge. Et puis, existe la crainte de quelques réprimandes venant « d’en haut » en faisant la promotion d’un stage dirigé par une personne n’appartenant pas au « sérail » (et qui d’ailleurs n’appartient à aucun sérail, si ce n’est à celui des enseignants et défenseurs du ju-jitsu). Dommage, surtout lorsque ce sont les pratiquants que l’on prive d’un partage des connaissances.

Ceux qui étaient présents manifestaient une belle motivation, et à un travail intensif sur le tatami, s’est ajoutée la joie de faire de nouvelles connaissances et de renouer avec d’anciennes. C’est aussi l’occasion de tester (si besoin en était) l’attractivité d’une méthode qui satisfait un large éventail de la population, des plus jeunes au moins jeunes et des plus affutés physiquement à ceux qui le sont moins (mais qui aspirent à le devenir).

Entre deux séances, c’est aussi l’occasion d’échanges de points de vue sur le ju-jitsu, les arts martiaux et divers sujets de société. C’est aussi parfois dans ces moments là que naissent de belles amitiés.

Enfin, dimanche dernier il y a eu ce bon moment, lorsque j’ai découvert avec plaisir, et en bonne place dans le dojo, la planche murale sur laquelle je présentais les 16 techniques et le Goshin-jitsu. Cette affiche a bien une trentaine d’années, la conserver et s’en inspirer encore maintenant est la preuve que « tout n’est pas perdu ».

Un grand merci aux dirigeants du club de nous avoir accueillis et des félicitations à Hervé Adam, qui ne s’est pas ménagé dans la préparation de cette belle journée. En attendant la prochaine….

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Crise chez les profs…

samourai-dore-3Curieuse coïncidence : mercredi matin je mettais en ligne un billet sur mon blog dans lequel j’évoquais la déprofessionnalisation et la dévalorisation du métier (qui à mes yeux n’en n’est plus un) de professeur de judo (et accessoirement de ju-jitsu), le lendemain dans le journal Le Parisien, paraissait un article qui annonçait une grève – pas banale – des athlètes de l’équipe de France de judo : « bientôt la grève dans le judo français».

L’article mis en ligne et cette action (!) sont nés d’un même constat, celui des mauvais résultats de l’équipe de France de judo masculine lors des derniers championnats du Monde.

A la déprofessionnalisation et à la dévalorisation de cette belle mission qui est celle d’enseigner un art martial on peut ajouter la déconsidération. Cela fait beaucoup ! Certes les conséquences sont différentes selon qu’il s’agisse de celles qui impactent un athlète de haut-niveau dont l’objectif est de rapporter des médailles et de celles qui touchent un professeur qui a pour mission de donner des bases à un futur champion, mais aussi et tout simplement d’enseigner une méthode d’éducation physique et mentale, ou apprendre à ses élèves à se défendre (encore faut-il lui fournir une bonne méthode) ou bien encore et tout simplement donner du plaisir au travers d’une pratique intéressante.

Je pense qu’il est bon de rappeler qu’au début, notamment dans les années 1950, ce sont les profs qui ont fait le judo. Ces personnes ne vivaient que de leur enseignement, ils étaient passionnés, compétents, ils étaient « professionnels ». Ils s’appelaient Jean De Hert, Roger Piquemal, Bernard Pariset, Henri Courtine, Guy Pelletier, etc. Que la mémoire d’autres illustres senseï  qui ne sont pas cités me pardonne mais aussi celle de maitres moins connus et qui n’ont pas manqué d’œuvrer avec passion. Ils ont tous formés des centaines de ceintures noires et beaucoup de champions. Ils ont donnés au judo Français ses lettres de noblesse.

Il ne faut jamais oublier que tout champion du monde ou champion olympique a d’abord été une ceinture blanche à qui ont donné l’envie de s’inscrire dans un dojo et surtout le goût de continuer, que ce soit pour devenir d’illustres champions ou simplement des pratiquants heureux. Ce distributeur de motivation et de technique s’appelle « le professeur », sans lui…

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