Bien qu’ayant pris depuis longtemps mes distances avec la fédération de judo-ju-jitsu pour des raisons connues de désaccord sur la gestion du jujitsu en son sein, (refusant de renier mes convictions, même si cela a un prix) je m’intéresse toujours à cette institution ainsi qu’à ses travaux et à son évolution. D’abord, parce qu’il s’agit de la fédération qui est en charge «officiellement » de la gestion du ju-jitsu et tout simplement parce que j’aime le judo, aussi ! Et puis la complémentarité entre le ju-jitsu et le judo est évidente à condition d’être pourvu d’un peu de bon sens et que les deux soient respectés. Malheureusement, j’ai appris, sans trop de surprise malgré tout, que le programme des passages de grades allait changer et que pour le 1er dan, la ceinture noire, les candidats de moins de trente ans auront l’obligation de passer par une épreuve de compétition (appelée épreuve d’efficacité).Ce sera également valable pour les trentenaires, mais dans une moindre mesure. Seuls les plus de quarante ans, qui représentent un infime pourcentage, seront complétement exemptés de confrontation.
Dans les années 1980, au moment du renouveau du ju-jitsu et devant l’impossibilité – par peur d’une dissidence – de mettre en place un grade purement ju-jitsu, faute de mieux, la commission technique, à laquelle j’appartenais avait réussi à obtenir un grade judo-ju-jitsu sans compétition à partir de 16 ans. Laissant ainsi la possibilité aux personnes, même jeunes, de ne pas se voir imposer des combats de judo pour l’obtention d’un grade dans un art martial à but non-compétitif. Tout comme pour certaines disciplines dans lesquelles il est possible de franchir les échelons sans pour cela être dans l’obligation de faire de la compétition. En équitation, par exemple, il est possible de passer les degrés sans confrontation.
Certes, la proportion de ju-jitsu se réduisait un peu plus à chaque remaniement, mais là c’est un vrai retour en arrière. auquel on assiste. Ceci étant, par une absence de volonté et/ou de savoir faire, la forme du ju-jitsu traditionnel n’est plus très vaillante au sein de cette fédération. Et ce ne sont pas ces nouvelles mesures qui pourront capter des adhésions venant d’une population qui serait, de toutes les façons, déçue de se voir imposer des épreuves qui n’ont pas grand-chose en commun avec les motivations qui lui font franchir la porte d’un dojo. Cela ne pourra que les inciter à se tourner vers d’autres disciplines.
La logique de l’association et de la complémentarité entre judo et ju-jitsu est d’une telle évidence qu’il est surprenant qu’elle n’ait pas pu – ou voulu – être comprise par certains. Dommage !