Quelques dates

SAMOURAIDans les semaines à venir, j’aurai le plaisir de me déplacer pour encadrer plusieurs stages de fin de semaine. D’abord les 19 et 20 novembre à Mirecourt dans les Vosges, puis le 27 à Carqueiranne dans le Var et enfin le 11 décembre à Niort dans les Deux-Sèvres.

Ces déplacements sont sources de rencontres, d’échanges et de satisfactions. Depuis plusieurs décennies, j’ai eu l’occasion de quadriller régulièrement notre pays, mais aussi d’exporter notre ju-jitsu à l’étranger. Pour différentes raisons, ces dernières années j’ai été contraint de limiter considérablement ces interventions, aujourd’hui davantage de disponibilité me permet de renouer avec elles.

Toujours bien reçu lors de ces stages, j’apprécie de pouvoir exercer mon métier et partager ma passion en faisant de nouvelles rencontres et ainsi faire la connaissance de férus de ju-jitsu qui n’hésitent pas à mettre de coté leurs habitudes dominicales durant quelques heures. C’est aussi l’occasion de « retrouvailles » que les distances rendent malheureusement trop rares. Et puis il est toujours agréable de partager ses connaissances et son expérience avec un nouveau public.

Alors, que ce soit sur la Ligne bleue des Vosges, près de la Grande Bleue ou bien dans le Marais Poitevin, j’espère avoir le plaisir de retrouver les aficionados du ju-jitsu pour quelques belles heures de partage.

Renseignements : eric@pariset.net

Les méthodes d’entraînement

harai-goshiLes « méthodes d’entraînement » sont un ensemble d’exercices destinés à améliorer une technique en particulier ou encore un thème bien précis. Dans le déroulement d’une séance elles peuvent être placées entre l’étude technique et les randoris (exercices libres), bien que ceux-ci fassent partie de cet ensemble. Elles peuvent également faire l’objet de séances spéciales. Elles prennent généralement la forme de répétitions, statiques ou en déplacement.

Très codifiées et conventionnelles, ces méthodes d’entraînement sont indispensables, leur pratique ne doit pas être négligée, même si certaines, tels que les uchi-komi en statique sur une projection (bien connues des judokas), ne sont pas considérées par les étudiants comme la partie la plus agréable d’une séance. La récompense viendra des progrès qui en découleront.

En ju-jitsu, Il en existe un nombre important, dans tous les domaines, aussi bien debout qu’au sol, dans le travail des coups et dans celui des projections.

Les plus connues, sont les fameux « uchi-komis » (déjà évoqués en amont). Ce mot est difficilement traduisible en français – le principal sens que l’on peut lui attribuer est « d’entrer » -, il s’agit de répéter une technique de projection juste dans sa première partie, de préférence en soulevant son partenaire, par série de dix ou de vingt et même davantage. L’exercice pourra être pratiqué en déplacement, sans oublier les répétitions tout seul, « dans le vide » selon une formule connue des adeptes.

Ensuite, il y a les exercices à thème, que l’on peut appeler également « exercices pré-arrangés ». Un exemple, en atemi-waza où Tori travaille ses coups et Uke ses défenses. Cela s’appelle kakari-geko (un sur deux qui attaque). Ce travail peut aussi être proposé avec les projections. Autre exemple avec le ne-waza (travail au sol) : dans une position de défense adoptée par Uke, Tori œuvre dans le but de finaliser, il peut ainsi progresser dans son système d’attaque sans craindre le contre et de fait se renforcer dans le domaine étudié.

On l’aura compris, du moins je l’espère, ces méthodes permettent de se concentrer sur une technique ou un thème particulier et par la répétition… progresser. L’objectif de ce billet n’est pas de toutes les présenter (loin de là), mais d’insister sur leur utilité et de ne pas passer directement de l’étude technique aux randoris traditionnels.

Cela ne m’empêchera pas de proposer par la suite d’autres exercices de ce type, fruits de l’expérience et de l’imagination d’un passionné !

Site ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com

Le pari du vieux guerrier

06cad30e00d5b6ef2e59f9e88094c720C’est avec beaucoup de plaisir que je publie de temps à autres une histoire issue du recueil de Pascal Fauliot « Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon ». Ces petites histoires nous offrent une belle matière à réflexion et nous rappellent que nos disciplines ne sont pas que de simples activités physiques.

 

Le pari du vieux guerrier.

Le seigneur Naoshige déclara un jour à Shimomura Shoun, l’un de ses vieux samouraïs : « La force et la vigueur du jeune Katsushige sont admirables pour son âge. Quand il lutte avec ses compagnons il bat même les plus âgés.

Bien que je ne sois plus tout jeune, je suis prêt à parier qu’il ne parviendra pas à me vaincre », affirma le vieux Shoun.

Naoshige se fit un plaisir d’organiser la rencontre qui eut lieu le soir même dans la cour du château, au milieu d’un grand nombre de samouraïs. Ceux-ci étaient impatients de voir ce qui allait arriver à ce vieux farceur de Shoun .

Dès le début de la rencontre, le jeune et puissant Katsushige se précipita sur son frêle adversaire et l’empoigna fermement, décidé à n’en faire qu’une bouchée. A plusieurs reprises, Shoun décolla du sol et faillit aller rouler dans la poussière ; cependant, à la surprise générale, il se rétablissait à chaque fois au dernier moment.

Exaspéré, le jeune homme tenta à nouveau de le projeter en y mettant toute sa force mais, cette fois, Shoun profita habillement de son mouvement et c’est lui qui réussit à déséquilibrer Katsushige et à l’envoyer au sol.

Après avoir aidé son adversaire à demi inconscient à se relever, Shoun s’approcha du seigneur Naoshige pour lui dire : «Etre fier de sa force quand on ne maîtrise pas encore sa fougue, c’est comme si on se vantait publiquement de ses défauts. »    

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Préférences

SAMOURAISelon une étude publiée dans le quotidien Le Parisien le 18 octobre dernier, la compétition arrive en dernier quant aux motivations qui conduisent à la pratique d’une activité physique. Cette étude, réalisée auprès des franciliens, englobe tous les sports ; les disciplines de combat ne doivent pas échapper à cette analyse, si ce n’est que pour les arts martiaux l’aspect utilitaire doit être en bonne place dans les critères de motivation. Que la compétition arrive en dernier est une raison supplémentaire pour se demander ce qui amène certains arts martiaux traditionnels « à but non-compétitif » à se tourner vers un aspect contre-nature (la compétition) et qui n’intéresse donc que peu de monde ? On peut aussi se demander pourquoi, dans les sports où la compétition existe déjà, dans certains clubs (pas tous), celle-ci est souvent rendue incontournable, provoquant ainsi une stigmatisation à l’encontre de ceux qui ne souhaitent pas forcément s’y adonner, soit par manque de moyens techniques et physiques, soit tout simplement par manque d’envie ?

Dans cette étude, il ressort que la détente et le loisir arrivent en premier, en deuxième la santé, en troisième les rencontres, en quatrième le contact avec la nature et en dernier la compétition. Concernant le contact avec la nature, les arts martiaux se contenteront de la «nature humaine».

Que l’on ne se méprenne pas, je ne suis pas contre la compétition, je me suis souvent exprimé sur ce sujet (preuve en est le partage de nombreuses vidéos sur me page Facebook), simplement, dans les disciplines où la compétition est possible, celle-ci doit être une étape (non obligatoire) mais sûrement pas une finalité. Certes il s’agit là d’une bonne expérience, développant de belles qualités, et pour le sport en question, cela tient lieu de vitrine. Cependant, existe aussi le «revers de la médaille », c’est un autre sujet qu’il sera intéressant de développer ultérieurement.

Dans les disciplines de combat qui pratiquent les compétitions d’affrontement direct, il a été indispensable d’établir un règlement excluant les techniques les plus dangereuses, donc les plus efficaces, celles qui sont le fondement d’un art de combat. Etant interdites en compétition, bien souvent elles ne sont plus enseignées dans les cours, par une fâcheuse manie qui consiste à faire la part belle uniquement à celles autorisées, reléguant au second plan un enseignement s’inscrivant dans une pratique traditionnelle, complète, efficace, ouverte à tous les gabarits et toutes les conditions physiques, mais aussi à tous les âges. Sans oublier l’aspect formateur sur un plan mental, apportant un bien-être personnel, mais aussi collectif.

Là aussi, tout comme pour le sujet de la semaine dernière sur la « tenue », mes propos ne sont pas l’émanation d’un refus d’évoluer, mais tout simplement du respect d’une identité et d’une forme de logique. Enfin, la complémentarité entre un judo, – dans lequel existe des compétitions – et un ju-jitsu traditionnel – sans compétition d’affrontement direct -, permettait à chacun de pratiquer en fonction de ses aspirations. De plus, cette complémentarité offrait de belles passerelles entre deux formes de travail aux racines communes.

J’ai bien souvent abordé le sujet, mais la publication de l’étude évoquée plus haut m’a paru être une bonne occasion d’y revenir. Et puis, nous sommes encore en début de saison et ceux qui viennent de rejoindre la grande famille des arts martiaux, n’ont peut-être pas le loisir de remonter le temps sur ce blog.

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Un peu de tenue…

kimono-jigoroPar facilité on l’appelle « kimono », bien que ce nom soit plus particulièrement réservé à un vêtement d’intérieur. Peu importe, que ce soit le judogi, le karatégi, le kékogi, et même le ju-jitsugi, il s’agit de la tenue d’entraînement de nos disciplines japonaises et il me semble souhaitable de la conserver. Non pas pour des raisons s’apparentant à un conservatisme psychorigide et encore moins de façon ostentatoire, tout simplement parce qu’il s’agit notre tenue traditionnelle liée à notre histoire. Même si elle a un peu évolué au niveau de sa coupe, de son épaisseur, parfois de sa couleur, il n’empêche que l’on ne peut déroger à la veste au pantalon et à la ceinture.

(En illustration, le fameux kimono d’entraînement de Jigoro Kano)

J’avais déjà évoqué ce dossier, mais devant une certaine tendance qui se voudrait évolutive et libertaire, ou même négligente, je trouve utile d’y revenir.

Tout d’abord l’uniformité de la tenue d’entraînement existe dans la plupart des sports et des activités. Nous n’allons pas à la piscine en judogi et les footballeurs ne s’adonnent pas à leur sport en tenue de ski. Cette uniformité appartient au patrimoine de chaque discipline, elle fait partie de son identité, elle a ses raisons d’être. A sa manière elle permet aussi d’abattre les barrières sociales. C’est également le cas dans les sports de combat, la tenue des boxeurs n’est pas identique à celle des lutteurs ni à celle des judokas. Cela pour insister sur le fait qu’il n’est pas question de remettre en cause les différentes façons de se vêtir, à chacun son identité et ses traditions. A ce titre, je ne vois pas pour quelles raisons nos disciplines qui se réclament de l’appellation « traditionnelle », ne respecteraient pas ces us et coutumes.

Que chaque méthode particulière au sein des disciplines défende sa tenue, rien de plus normal, mais il n’est pas nécessaire de le faire avec des arguments non crédibles d’efficacité, ceux liées à l’identité propre et à la singularité suffisent. La pratique en kimono n’est pas moins efficace que les autres. Si l’objectif est de coller au plus prêt à la réalité il faudra non seulement abandonner le kimono, mais aussi le T-shirt, le pantalon de survêtement (ou short/bermuda) et choisir le jean blouson baskets, ou encore opter pour le costume pardessus et chaussures de ville, même parfois pour le tailleur et les chaussures à talons. On ne trouve aucune de ces tenues dans les salles d’entraînement ni dans les dojos.

Concernant notre fameux kimono, il possède un avantage hygiénique non négligeable dans la mesure où il permet d’absorber des litres de sueur, il limite aussi quelque peu une proximité parfois gênante avec le partenaire et enfin grâce à son ampleur il offre la possibilité de s’entraîner dans de bonnes conditions. Ce qui présente une garantie de progrès et par conséquent d’efficacité.

Ne perdons ni notre identité, ni notre histoire, encore moins nos traditions. Respectons toutes les autres disciplines, mais commençons par respecter la notre !

Site du club ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com

 

Les trois familles

webkanjiAu printemps dernier, le 19 mai exactement, sur ce même blog, j’avais mis en avant l’importance que représente la maîtrise des liaisons entre les différentes composantes du ju-jitsu. Bien gérer chacune de ces familles est essentiel, les enchaîner avec une parfaite fluidité l’est tout autant.

Aujourd’hui, l’objectif est de revenir sur chacun de ces groupes en les « explorant » un peu plus profondément. Je rappellerais qu’il s’agit de l’atemi-waza (le travail des coups), du nage-waza (le travail des projections) et du katame-waza (le travail de contrôles).

L’atemi-waza regroupe les coups qu’il est possible de donner avec les bras et avec les jambes, (moins glorieux, mais existant quand même, ceux portés avec la tête). Ils sont principalement utilisés debout, mais peuvent l’être également au sol. En ju-jitsu (j’évoque ici l’art martial et non pas la version combat sous forme d’affrontements directs) il existe deux spécificités. D’abord – s’agissant aussi d’une méthode de self-défense – les coups interdits dans les boxes traditionnelles sont étudiés. Ils le sont avec contrôle, heureusement. Ensuite, les atemi ne représentent pas une finalité, à l’inverse des disciplines qui se limitent aux techniques dites « poings-pieds ». Dans notre art, les coups ont pour rôle d’arrêter l’adversaire, de le déséquilibrer favorablement au profit d’une projection, d’un contrôle ou bien des deux. Cela signifie qu’ils doivent être utilisés avec des attitudes (des gardes) compatibles avec les autres composantes du ju-jitsu. Ils peuvent servir, le cas échéant, de « contrôle final », même s’il ne semble pas souhaitable d’abuser de l’image d’un adversaire frappé à terre. L’étude de l’atemi-waza, permet de progresser dans l’art de donner des coups, mais aussi et – même surtout – dans l’art de ne pas en recevoir. Par conséquent la maitrise de l’esquive ne devra pas être négligée. Si l’atemi-waza est pratiqué avec contrôle, et donc avec un bon état d’esprit dans lequel le contrôle sera la priorité, il permettra – en plus d’acquérir de l’efficacité dans le travail à distance -, de parfaire sa souplesse, sa tonicité et sa vélocité, sans oublier sa précision, essentielle dans bien des domaines, mais peut-être encore plus particulièrement dans celui-ci.

Le nage-waza, par définition se pratique debout, puisque son but est de projeter, de faire chuter, de mettre à terre quelqu’un qui est…debout. C’est le domaine le plus vaste en nombre de techniques. Régit par des principes dans lesquels la technique prime, il demandera beaucoup de patience et participera ainsi activement à une bonne formation mentale. Ce qui n’est jamais inutile. Sur le plan de l’efficacité, le nage-waza est redoutable dans le domaine du corps à corps. Soit après un déséquilibre obtenu par un atemi, soit sur une attaque directe, opportunité au cours de laquelle la force de l’adversaire sera utilisée (le principe de base du ju-jitsu dont la traduction signifie « technique de la souplesse » dans le sens de l’adaptabilité physique et mental), mais aussi en cas d’attaque surprise telle qu’une saisie par l’arrière. Sur le plan corporel ce secteur développera de multiples qualités, dont une bonne coordination entre les membres supérieurs et les membres inférieurs.

Enfin, le katame-waza. Il s’agit là aussi d’un domaine important et pour plusieurs raisons. D’abord, il est très souvent la finalité d’une défense, ensuite parce qu’il donne la possibilité de maîtriser une personne sans forcément mettre ses jours en danger (ce qui est à prendre en considération sur le plan de la légitime défense). Dans ce groupe, on y trouve trois « sous-groupes » : les clefs, les étranglements et les immobilisations. Lorsque l’on évoque les contrôles on pense assez naturellement au travail au sol (le ne-waza), ce qui est le cas en judo, mais dans le ju-jitsu bon nombre de clefs et d’étranglement s’appliquent également debout. Leur assimilation nécessitera aussi d’être armé de patience afin de saisir toutes les subtilités qui existent dans certaines clefs ; celles-ci demandant beaucoup de précision. C’est un secteur plus technique que physique, ceci étant les pratiquants qui connaissent les randori au sol dont le but est de faire abandonner son partenaire à l’aide de ces contrôles, savent de quoi il est question en matière de débauche d’énergie !

Lorsque vous avez assimilé ces trois groupes et que vous êtes en mesure de les enchaîner avec une parfaite fluidité, sans temps morts entre chaque secteur, vous êtes un parfait ju-jitsuka.

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Gilbert Gruss

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Je ne connaissais pas personnellement Gilbert Gruss. Mais depuis longtemps sa réputation dépassait largement le monde du Karaté. C’est avec tristesse que j’ai appris sa disparation la semaine dernière. Sans doute l’un des derniers Samouraïs, le monde des budos est en deuil.

Il avait commencé la pratique du Karaté dans les années mille neuf cent soixante à une époque où « l’art de la main vide » arrivait dans notre pays et provoquait une grande curiosité : « Quelle était donc cette discipline qui vient rivaliser avec le Judo ? » C’était l’époque où la question la plus posée était la suivante : « Du judo et du karaté, quel est le plus efficace ? » Ensuite l’intérêt qui lui a été porté n’a jamais faibli.

Ceinture Noire 9ème dan, Gilbert Gruss a participé très largement au développement de sa discipline, d’abord en tant que compétiteur, et de belle manière, puisqu’il a été champion d’Europe en individuel et champion du Monde par équipe. Equipe dans laquelle se trouvait un certain Dominique Valéra. C’était en 1972 à Tokyo. Ensuite, il consacra le reste de sa carrière à la divulgation de son art en défendant très fermement ses convictions personnelles. .

Bien que n’ayant pas eu la chance de le rencontrer directement et même lors de mon « passage » à la FEKAMT (Fédération européenne de karaté et d’arts martiaux traditionnels) , dont il était le directeur technique, en plus des compétences techniques, je retiendrai la passion qu’il avait mit au service de son art dans sa vie de compétiteur, de professeur, mais aussi pour son ouverture en direction des autres arts et tout simplement sa conception personnelle de « l’art martial ». Mes plus sincères condoléances à sa famille, ses proches, mais aussi à la grande famille du karaté.

 

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Le kumi-kata

KUMIKATA2Cet article fait suite à celui posté la semaine dernière sur ce blog ainsi qu’aux réactions engendrées.

A l’occasion des épreuves de judo des Jeux Olympiques de Rio, Il a beaucoup été question du kumi-kata et notamment durant la finale de Teddy Riner. Finale à l’issue de laquelle notre héros national est entré dans la légende et dans le club très fermé des judokas doubles médaillés olympiques.

Ce que l’on nomme kumi-kata, est tout simplement la saisie du judogi. La plupart des techniques du judo debout se réalisant à partir de ce que l’on appelle aussi « la garde » (Bien que certaines projections puissent se pratiquer « à la reprise ».) Il y a différentes façons de prendre ce kumi-kata ; chaque combattant ayant ses préférences, celles-ci correspondent aux techniques favorites et à son propre « système d’attaques ». Cela signifie qu’en judo on a tout intérêt à assurer sa prise de judogi favorite et à l’inverse d’empêcher l’adversaire d’imposer la sienne. Mais les règles d’arbitrage en vigueur sanctionnent certaines actions qui tendent à faire lâcher la garde de son adversaire, on comprend aisément l’importance que revêt cette première phase.

C’est ainsi que souvent, lors des compétitions et avant toute projection, on assiste à de belles empoignades, celle-ci ayant pour but d’imposer sa saisie favorite. Pour les non-initiés cela prend certaines fois des allures de « bagarres de chiffonniers ».

L’importance donnée à cette phase du combat induit quelques effets néfastes. Le premier consiste à ne plus utiliser ce que l’on appelle « l’attaque à la reprise » (évoquée plus haut.) En effet, la meilleure façon d’empêcher d’être verrouillé serait – aussi – d’attaquer immédiatement. Il existe des techniques adaptées à cette situation, même si, encore par la faute de nouvelles règles, l’arsenal en la matière se réduit ; interdiction du morote-gari et du kata-guruma, par exemple. Ensuite cela favorise inévitablement les plus forts physiquement : essayez donc d’imposer votre kumi-kata à Teddy Riner ! Quid du principe d’utilisation de la force de l’adversaire ? Et enfin comme nous avons pu le constater, la stratégie qui consiste à faire obtenir des pénalités à son adversaire en l’empêchant de prendre sa garde, – donc d’attaquer – est bien souvent abusive ! De tels comportements nous éloignent de l’esprit du judo qui doit être en priorité basé sur l’attaque. De plus, soit dit en passant, l’aspect self-défense, devient inexistant si l’on se doit d’imposer son kumi-kata avant de projeter son agresseur.

Les règles d’arbitrage dont il est question ci-dessus en vigueur de puis plusieurs saisons  et qui ont déjà fait couler beaucoup d’encre (et de sueur) avaient pour objectif de favoriser l’initiative, il n’est pas certain que celui-ci soit atteint. C’est pour cette raison qu’il ne faut pas trop en vouloir aux combattants, ils tentent de s’adapter. Les enjeux sont importants, ils récompensent, entre autres, des années d’efforts. Malheureusement, il n’y a pas que dans ce domaine où les athlètes sont victimes de systèmes qui les dépassent, mais ceci est une autre histoire…

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Un « o-goshi à la bordelaise ».

BJJ%20O%20Goshi« Un o-goshi à la bordelaise » (et mes rapports avec le judo).

Pour le judo, les Jeux Olympiques sont terminés et le bilan est finalement bon, bien davantage que l’on pouvait le redouter à mi-parcours. Teddy Riner n’a pas failli, il faut reconnaitre qu’il possède une marge de sécurité par rapport à ses adversaires, et une belle surprise nous a été faite grâce à Emilie Andéol. N’oublions pas les autres médaillés. Les judokas français nous ont rarement déçus dans les grandes occasions.

J’ai pensé que c’est le bon moment pour évoquer mes rapports avec le judo. En effet, certains sont étonnés que bien que ju-jitsuka (et à l’extérieur de la FFJDA), je me passionne pour cette discipline (le judo), notamment au travers de partages réguliers – sur le célèbre réseau social – de belles phases techniques réalisées en compétition et que – par exemple – j’évoque les J.O. Autre étonnement lorsque l’on constate que je pratique et enseigne un ju-jitsu que certains appellent « très judo » et cela en étant également en dehors de la fédération…de judo ! La vie n’est pas avare en paradoxe.

Avec un père judoka au palmarès et aux états de services conséquents, il ne pouvait pas vraiment en être autrement. C’est donc par le judo que j’ai commencé ma pratique des arts martiaux à l’âge de cinq ans. Par la suite je me suis spécialisé en ju-jitsu, tout en ayant jamais cessé d’être judoka. D’abord par plaisir. Ensuite pour l’intérêt que représente la finesse de certaines techniques. Mais aussi grâce à la stratégie qu’il faut mettre en place lors des combats ou des randoris (exercices d’entraînement). Enfin parce que dans ce « sport de combat » il n’y a aucune atteinte à l’intégrité physique, la violence en est bannie. Cela n’empêche pas, loin de là, un véritable engagement physique.

Ju-jitsu et judo sont de la même famille, l’un a donné naissance à l’autre. Ils ne sont pas adversaires, ils sont complémentaires. Ils ne se nuisent pas l’un l’autre, bien au contraire. Certes, Il existe des différences dont la principale réside dans le fait que le premier est un art martial et le second un sport de combat. Au début des années 1970, lorsque la méthode « atémi-ju-jitsu » a été mise au point, c’était précisément l’objectif que de proposer une « voie » différente de l’aspect compétition en offrant une forme de retour aux sources et à l’aspect self-défense. Cette méthode était « calquée » sur la progression du judo, afin de faciliter la tâche des enseignants. Les élèves pouvant pratiquer l’un ou l’autre des deux aspects, ou encore en changer sans difficulté. Cela permettait de conserver « tout le monde à la maison ». Ce n’était pas très compliqué à comprendre, mais malheureusement certains ont vu dans le ju-jitsu une concurrence au judo, ce qui était stupide dans la mesure où les objectifs n’étaient pas les mêmes. Par contre, développer l’aspect compétition en ju-jitsu a été une double erreur . Premièrement cela dénature l’art martial, celui-ci devant rester à but non-compétitif et deuxièmement, pour le coup, cela a créé une vraie concurrence avec les compétitions de judo !

Pratiquer les deux est souhaitable, pas indispensable, mais inévitablement un bon enseignement du ju-jitsu permettra de découvrir et de se perfectionner dans toutes les projections qui composent le patrimoine du judo.

En restant dans ce domaine et en rapport avec le titre de cet article, dernièrement on a beaucoup parlé de « l‘o-goshi de la jeune femme bordelaise ». En effet, celle-ci a réussi à projeter un agresseur avec cette technique qui signifie grande bascule de hanche. Preuve en est que les projections ont une efficacité redoutable, cela accrédite le billet publié sur ce blog il y a une quinzaine de jour. Qui pouvait d’ailleurs en douter ? J’émettrai deux réserves concernant les commentaires qui ont fait suite à ce fait divers. D’abord, certains ont critiqué l’agressée qui n’aurait pas été capable de se maîtriser en projetant son agresseur(?!). Deuxièmement, la jeune femme déclare que de ce fait, elle va se remettre à la pratique du judo ou plutôt d’une autre discipline qui revendique la simplicité dans l’apprentissage des techniques de survie, mais dans laquelle… o-goshi n’existe malheureusement pas. Dommage !

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Le secret de l’efficacité

 

muso_attackVacances pour certains, reprise pour d’autres, de toutes les façons en ce moment l’activité est réduite (sauf à Rio) et l’ambiance reste estivale. Le corps se repose un peu, mais l’esprit peut continuer à fonctionner et la petite histoire que je vous propose y contribuera. Petite histoire toujours extraite du livre « contes et récits des arts martiaux ». Bonne lecture.

Le secret de l’efficacité

Devenu un expert et un professeur renommé dans l’Art du sabre, Ito Ittosai était cependant loin d’être satisfait de son niveau. Malgré ses efforts il avait conscience que depuis quelques temps il ne parvenait plus à progresser.

Dans son désespoir, il décida de suivre l’exemple de Bouddha. Les sutras rapportent en effet que celui-ci s’était assis sous un figuier pour méditer avec la résolution de ne plus bouger tant qu’il n’aurait pas reçu la compréhension ultime de l’existence de l’univers. Déterminé à mourir sur place plutôt que de renoncer, le Bouddha réalisa son vœu : il s’éveilla à la suprême Vérité. Ito Ittosai se rendit donc dans un temple afin de découvrir le secret de l’Art du sabre. Il consacra sept jours et sept nuits à la méditation.

A l’aube du huitième jour, épuisé et découragé de ne pas en savoir plus, il se résigna à rentrer chez lui, abandonnant tout espoir de percer le fameux secret.

Après être sorti du temple, il s’engagea dans une allée boisée. A peine avait-il fait quelques pas que, soudain, il sentit une présence menaçante derrière lui. Sans réfléchir il se retourna en dégainant son arme.

C’est alors qu’il se rendit compte que son geste spontané venait de lui sauver la vie : un bandit gisait à ses pieds, sabre en mains.    

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