Vers le Sud

306594_198429053616735_801135129_nUne page s’est tournée en juin dernier avec la cession du club de la Bastille. Les mois ont passé – très vite – et nous voilà presque à la fin d’une saison qui fut pour moi la première sans activité depuis plus de quarante années. Enfin, pas vraiment, il y a quelques stages, la préparation et la parution d’un livre, un nouveau site Internet, la reprogrammation et l’organisation des stages d’été, les articles hebdomadaires du blog, mais aussi de la réflexion, des tergiversations, de la prospection, des hésitations, des déceptions, et… un (tout) petit peu de repos.

A quelques mois d’une nouvelle rentrée, il fallait prendre une décision pour que se matérialise enfin un nouveau projet.

Ce sera donc une installation dans le Var. Les habitués du blog, mes anciens élèves et les fidèles stagiaires connaissent mon attachement à ce beau département qui, par ailleurs, accueillera deux stages cet été. On ne peut donc pas vraiment parler de surprise. Un nouveau projet dans la capitale a bien évidemment été envisagé, mais aucune opportunité raisonnable ne s’est présentée. Et puis une nouvelle aventure, ce n’est pas déplaisant. Aventure mesurée, puisqu’elle se passera dans un lieu que je connais parfaitement.

Dans un premier temps on me propose de reprendre la section ju-jitsu de Saint-Tropez. Certes, ce village ne doit pas sa notoriété aux arts martiaux, mais en dehors des activités festives, il existe une vie « normale » sur la célèbre presqu’île et ses alentours. Et puis, dispenser mes connaissances auprès de nouvelles personnes, leur faire profiter de mon expérience et ainsi continuer, comme c’est le cas depuis plus de quarante ans, à développer le ju-jitsu, me semble former un bel objectif.

Pour certains fidèles qui souhaitaient ma réinstallation dans la capitale, nul doute que cette information ne sera pas une bonne nouvelle. Comme indiqué plus haut cette éventualité a été travaillée, elle n’a pu se concrétiser. Pour moi aussi ce n’est pas facile. Quitter Paris, où des racines profondes existent n’est pas évident. On ne se passe pas aisément de cette ville que beaucoup d’étrangers nous envient, sans que nous puissions leur donner tort. Les stages et autres évènements me permettront de la revoir régulièrement. Mais aussi et surtout cela sera l’occasion de retrouver des amis et des élèves avec qui des liens se sont créés. La relation d’élève à professeur peut aussi déboucher sur de fidèles amitiés.

N’oublions pas les nombreux moyens de communication qui nous permettent de garder le contact. A ce propos, les messages de sympathie via les réseaux sociaux (en privés ou publics), les commentaires sur le blog et les courriels ont été nombreux depuis l’arrêt de mon activité l’année dernière. Ils m’ont sincèrement touché. J’ai fait en sorte de remercier les auteurs. Si – malencontreusement et malheureusement – certains ont été oubliés qu’ils acceptent mes excuses et reçoivent enfin ces remerciements.

Je n’oublie pas le projet – plusieurs fois évoqué – de création d’une amicale de mes anciens élèves et peut-être aussi plus largement des adeptes de mon enseignement.

Je souhaite à tous une très bonne fin de saison et donne rendez-vous aux fidèles lecteurs de ce blog, dès la semaine prochaine à l’occasion du prochain billet.

Site ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com

Trois mouches…

A cette période durant laquelle certains prenne06cad30e00d5b6ef2e59f9e88094c720nt un peu de vacances méritées et propices à la réflexion, découvrir – ou redécouvrir – une « petite histoire », comme celle que je vous propose ci-dessous, ne peut qu’être bénéfique. Bonne lecture.

Trois mouches

Dans une auberge isolée, un samouraï est installé, seul à une table. Malgré trois mouches qui tournent autour de lui, il reste d’un calme surprenant. Trois rônins entrent à leur tour dans l’auberge. Ils remarquent aussitôt avec envie la magnifique paire de sabres que porte l’homme isolé. Sûrs de leur coup, trois contre un, ils s’assoient à une table voisine et mettent tout en œuvre pour provoquer le samouraï. Celui-ci reste imperturbable, comme s’il n’avait même pas remarqué la présence des trois rônins. Loin de se décourager, les rônins se font de plus en plus railleurs. Tout à coup, en trois gestes rapides, le samouraï attrape les trois mouches qui tournaient autour de lui, et ce, avec les baguettes qu’il tenait à la main. Puis calmement, il repose les baguettes, parfaitement indifférent au trouble qu’il venait de provoquer parmi les rônins. En effet, non seulement ceux-ci s’étaient tus, mais pris de panique, ils n’avaient pas tardé à s’enfuir. Ils venaient de comprendre à temps qu’ils s’étaient attaqués à un homme d’une maîtrise redoutable. Plus tard, ils finirent par apprendre, avec effroi, que celui qui les avait si habilement découragés était le fameux Miyamoto Musashi.

 

Les 16 bis, suite et fin

Aujourd’hui, nous finissons l’étude des 16 bis entreprise il y a quelques semaines. Le principal objectif de cet exercice est de mettre en exergue les points importants et les plus intéressants. Vous pouvez retrouver l’intégralité de cet enchaînement dans une vidéo sur ce blog en date du 2 mars 2016.

Dans la treizième technique, UKE tente une saisie arrière. TORI, l’arrête avec un USHIRO-GERI-KEAGE (fouetté) au niveau du bas-ventre et il enchaîne avec UCHI-MATA. Une fois de plus la fluidité dans la liaison « coup-projection » sera déterminante. A noter le parallèle indiscutable qui existe dans la façon de lancer la jambe dans USHIRO-GERI-KEAGE et dans UCHI-MATA. Preuve de l’indiscutable compatibilité entre les composantes du JU-JITSU.

A partir de la quatorzième technique, ce sont trois défenses contre armes qui sont abordées. Dans la quatorzième, il s’agit d’une menace avec un couteau tenu dans la main droite d’UKE. TORI porte MIKAZUKI-GERI à droite, dans la main armée, de l’intérieur vers l’extérieur. A l’aide de la même jambe, il enchaîne avec YOKO-GERI au niveau du genou droit. Il vient au contact pour appliquer TAI-OTOSHI. Le point essentiel sera, pour la projection, la capacité à se « glisser » sous UKE dans un mouvement qui rappelle une vague venant se placer sous le centre de gravité. (Il est important de spécifier que la projection ne pourra s’appliquer que si l’arme a été lâchée grâce au premier ou au second ATEMI.)

Pour la quinzième technique, UKE porte un coup de bâton en pointe dans la direction de l’abdomen. TORI esquive en reculant la jambe droite et saisit l’arme à deux mains. La droite sur l’extrémité la plus proche et la gauche entre celles de UKE. TORI tire l’arme vers lui pour obtenir une réaction de la part de l’adversaire. A ce moment et dans un mouvement circulaire, il monte l’arme en direction du visage et sans la lâcher il engage sa jambe gauche derrière celle d’UKE, pour lui appliquer O-SOTO-GARI. Le point important se trouve dans le principe « action-réaction » qui permet d’obtenir le déséquilibre indispensable à la projection.

Enfin, pour la seizième et dernière technique, UKE est derrière TORI et le menace à l’aide d’un revolver en lui mettant l’extrémité du canon dans le dos. TORI, mains en l’air, descend vivement son bras droit et enroule le bras armé d’UKE. Il prend soin de bien placé son tranchant de main dans la saignée du coude. En exécutant cette action, il effectue un demi-tour en avançant le pied gauche. Ensuite, avec sa main gauche il saisit la main armée (paume en direction d’UKE). En effectuant un retour en arrière qui consiste à reculer la jambe gauche, il applique une variante de KOTE-GAESHI. Une fois UKE au sol, il le désarme. L’efficacité résidera (entre autres) dans les deux TAI-SABAKI (déplacements).

Cette étude que j’ai eu le plaisir de vous proposer depuis plusieurs semaines n’a de sens que si elle est accompagnée d’un travail sur un TATAMI. Surtout dans la mesure où l’une des spécificités de cet enchaînement se trouve dans le nombre important de projections qui le compose. Et non des moindres. On y trouve des techniques emblématiques. UCHI-MATA, TAI-OTOSHI, O-SOTO-GARI, YOKO-GURUMA, pour n’en citer que quelques-unes, appartenant aux principales familles.

Site Internet d’Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com

 

Les 16 bis, troisième…

L6-Ju-jitsu-Travail-au-solAujourd’hui, nous attaquons le troisième carré de l’étude des 16 bis commencée il y a un mois. Vous pouvez trouver l’intégralité de cet enchaînement en vidéo, sur ce même blog à la date du 2 mars. Il est également présent dans le livre « Tome 6″ paru en 1995 et toujours disponible.

Dans la neuvième technique, UKE saisit TORI au niveau du revers de la veste avec sa main droite. Celui-ci contrôle immédiatement le poignet d’UKE avec ses deux mains. Il porte MAE-GERI KEAGE (fouetté) au bas-ventre et en pivotant sur sa droite, à partir du bassin, il vient placer son aisselle gauche sur le coude d’UKE. Il applique WAKI-GATAME en continuant l’action jusqu’au sol. Pour cela, il glisse sa jambe gauche devant lui. Il amène ainsi UKE à plat ventre. L’efficacité – redoutable – de cette technique réside dans le pivot effectué à partir des hanches immédiatement après le MAE-GERI.

Pour la dixième technique UKE saisit TORI à l’aide de sa main gauche au niveau de l’épaule droite. TORI porte URA-UCHI au visage avec le dos du poing droit et effectue un demi-tour sur sa droite. Il enchaîne avec un SHUTO de l’intérieur de sa main gauche au niveau de la gorge et place sa jambe gauche derrière celle d’UKE. Il peut ainsi lui appliquer O-SOTO-OTOSHI. Il accompagne l’action jusqu’au sol. Le point important sera de fixer UKE en déséquilibre arrière à l’aide de sa main gauche placée au niveau de la gorge et de sa main droite au niveau de la manche (ou du poignet) gauche.

Dans la onzième, UKE fait face à TORI. Il le pousse et le déséquilibre ainsi jusqu’au sol. Sur l’avancée d’UKE, TORI place ses pieds au niveau de la poitrine et ses mains derrière les pieds d’UKE. D’une action coordonnée des jambes qui poussent et des mains qui tirent, UKE est renversé sur le DOS. Le point essentiel sera dans la simultanéité des actions des mains et des jambes.

Pour la douzième technique UKE porte un double crochet (droite-gauche) en direction du visage. TORI effectue un double blocage et « plonge » immédiatement dans les jambes pour appliquer MOROTE-GARI. Pour cela il place son épaule contre l’abdomen d’UKE et les mains derrière les jambes. Une fois qu’UKE est au sol, TORI effectue un contrôle au niveau des chevilles. Il passe « à cheval » en pivotant sur sa droite, il conduit UKE sur le ventre et lui inflige une clef au niveau de la colonne vertébrale. Pousser avec l’épaule et tirer avec les mains simultanément seront l’assurance d’une parfaite efficacité au moment de la projection qui consiste à faucher en même temps les deux jambes de l’adversaire.

Il est indispensable de réitérer la mise en garde qui est de ne pas travailler ces techniques en dehors d’un dojo habilité et sous le contrôle d’un professeur (qui doit l’être tout autant.)

La suite et la fin de cet enchaînement dans quinze jours.

Site ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com

L’état du ju-jitsu…

L’état du ju-jitsu

En regardant le programme du prochain festival des arts martiaux qui se déroulera le 26 mars prochain à l’ex-Bercy, à savoir AccorHotels Arena etc., c’est avec dépit que l’on constate qu’une fois de plus, le ju-jitsu n’y figure pas !

A qui la faute ? Aux organisateurs ? A la fédération officiellement en charge de sa gestion (et de sa promotion) ? Aux différentes écoles qui s’en réclament ? Un peu à tous, sans doute. Voyons cela. Ce qui suit n’est que mon avis.

Les organisateurs recherchent des disciplines susceptibles d’intéresser un large public. Au niveau de la qualité de la prestation et/ou pour le nombre de spectateurs potentiels qu’elles peuvent attirer ou encore pour son originalité. Le ju-jitsu – actuellement – ne remplissant apparemment aucun de ces critères, on ne peut leur en vouloir. Nous ne connaissons pas le nombre exact de ju-jitsukas en France et on ne peut pas parler de nouvelle discipline (sortie de je ne sais quel chapeau), puisqu’il s’agit de l’une des plus anciennes, si ce n’est la plus ancienne. Et puis, il faut effectivement une démonstration de bon niveau. Les qualités des démonstrateurs ne suffisent pas, il faut aussi beaucoup de travail, beaucoup de répétitions.

En France, la fédération en charge officiellement du ju-jitsu est aussi – et surtout – celle qui s’occupe du judo. Or, si rien n’a changé depuis mes dernières participations au célèbre festival, il me semble que cette instance ne souhaitait pas s’afficher dans ce rassemblement annuel, et cela pour des raisons qui déjà m’échappaient. C’est bien dommage. Si le judo, en tant que sport, n’est pas en mal de médiatisation puisqu’il bénéficie d’un nombre important de manifestations, il n’en est pas de même pour le ju-jitsu. Une présence régulière dans un grand festival comme celui que je continue à appeler « Bercy » ne serait pas superflue. Mais, l’institution en question possède-t-elle un véritable « désir de ju-jitsu » ?

Quant aux multiples écoles qui sont autant de groupes et groupuscules éparpillés, elles n’ont jamais vraiment réussi à s’entendre afin de former un rassemblement cohérent et représentatif. Il est vrai qu’existent quelques différences sur le plan technique, mais aussi des personnalités à la gestion parfois difficiles. Si elles ne l’étaient pas, sans doute ne seraient-elles pas à l’extérieur d’un système dans lequel la tolérance est relative et où les voix discordantes ne sont pas forcément appréciées et acceptées. Enfin, au sein de ces différentes petites structures règne parfois un certain amateurisme.

Opérer un regroupement des forces vives du ju-jitsu n’est pas du domaine de l’irréalisable. Selon la formule : « Là où il y a une volonté il y a un chemin. » Mais parfois cela ne suffit pas, il faut aussi des moyens directs ou indirects. En premier lieu il y a besoin de temps, beaucoup de temps, donc de la disponibilité de la part des dirigeants qui devront occuper le terrain sans relâche après avoir mis en place une structure. Sans moyens (financiers, parce qu’il faut bien employer ce mot qui est souvent tabou dans notre pays), le ju-jitsu ne pourra jamais bénéficier d’une gestion appropriée. Pourtant, de par sa richesse technique et l’intérêt qu’il ne manque pas de susciter, lorsqu’il est bien présenté, il le mérite.

Il n’est pas bon de finir un billet sur une touche négative, par conséquent on peut se dire et espérer que peut-être, un jour, il se passera quelque chose. Mais il ne faudrait pas trop tarder !

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Les 16 Bis


Créé quelque temps après les 16 techniques, l’enchaînement appelé « 16 bis » est venu compléter un panel technique ayant pour objectif d’offrir des outils d’études – donc de progrès – et d’épanouissement complémentaires. Proposant, à peu de chose près, les mêmes situations d’attaques, il offre des ripostes d’un niveau supérieur.

Les attaques sont semblables dans le but de faciliter la mémorisation, prouvant par la même occasion, si besoin est, qu’existent différentes ripostes sur la même attaque. Ripostes complémentaires et évolutives.

Dans cette suite de techniques se trouve un grand nombre de projections tout aussi efficaces que spectaculaires, ce qui ne gâche rien. Pour ceux qui font l’effort de ne pas se contenter d’une étude à minima, qui n’apporte pas grand-chose sur bien des plans et, contrairement à ce que d’autres affirment, n’est pas porteuse d’une réelle efficacité, ils prendront un réel plaisir à étudier cet enchaînement qui fait également office de belle démonstration. En 2000, une séquence de la prestation de Bercy  mettait en scène les huit premières techniques effectuées en parfaite synchronisation par deux couples. (C’était à l’époque où il y avait du ju-jitsu à Bercy !)

De la même manière qu’il y a quelques semaines, j’avais proposé de « décortiquer » les 16 techniques, mouvement par mouvement, j’ai pensé en faire de même pour les 16 bis. Cette étude, à pour objectif d’apprendre ou bien de se perfectionner dans cet enchaînement, mais surtout de mettre en exergue le ou les points essentiels ainsi que les spécificités du ju-jitsu.

Aujourd’hui, concentrons-nous sur le premier carré.

Dans la première technique, Uke tente de venir saisir Tori par le revers ; celui-ci ne se laisse pas approcher, il porte mae-geri en direction du visage et enchaîne avec o-soto-gari. Nous sommes en présence de deux techniques de base ; l’intérêt et l’efficacité résident dans la fluidité de leur liaison. La rapidité pour passer du travail à distance à celui du corps à corps sera déterminante.

Pour la deuxième technique dans laquelle Tori applique uki-waza sur une poussée aux épaules d’Uke, il y a là l’illustration parfaite de l’utilisation de la force de l’adversaire. Le principe prédominant de notre discipline. Il faut souligner, puisqu’il s’agit d’une technique de sacrifice (un sutemi) que celles-ci doivent être utilisées en dernier recours, à savoir lorsque l’on est fortement déséquilibré et qu’il ne reste plus que la solution de sacrifier son corps afin de renverser celui de l’adversaire. En matière de self-défense, il est toujours préférable de ne pas se retrouver au sol.

Dans la troisième phase, Tori est saisi à la gorge, par-derrière. En descendant le genou droit au sol, il applique kata-seoe, une variante d’ippon-seoe-nage. L’efficacité s’obtient par le vide créé et dans lequel va être projeté Uke.

Enfin (pour aujourd’hui) dans la quatrième, sur un coup de pied circulaire en forme de mawashi-geri, Tori pare l’attaque à l’aide de son bras gauche, saisit la jambe de Uke, se protège avec sa main droite à l’aide de laquelle il porte shuto en revers au niveau du visage. Il conclut avec un fauchage – ou un balayage – du pied resté au sol. Ici, c’est le principe de la suppression du point d’appui qui permet la réalisation de la projection. Celle-ci pouvant être ko-soto-gari ou un « ashi-barai. »

Une mise en garde s’impose quant au risque d’exécuter les techniques présentées sans le contrôle d’un professeur dûment breveté.

En accompagnement de cette première phase de présentation, vous trouverez la vidéo de cet enchaînement, réalisée en 1992. Lors d’une démonstration, l’exécution doit se faire sans temps d’arrêt entre chaque technique.

La suite au prochain numéro, selon la formule consacrée.

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Le Club français

sans-titre (2)Le 28 mars 1945, le professeur de judo et de ju-jitsu Roger Piquemal déposait les statuts d’une association régie par la loi du 1er juillet 1901, dénommée « Club français de jiu-jitsu ». Dans les années 1950 et au début des années 1960, ce club allait devenir l’un des plus titrés du judo français, mais aussi et surtout une « école » qui a permis à des centaines de ju-jitsukas, de judokas, mais aussi de karatékas, aikidokas et autres « tireurs » (pratiquants de boxe) de tenter de percer le mystère des arts martiaux, d’apprendre, de se perfectionner, de transpirer, mais aussi de s’épanouir.

Au travers de l’article consacré à la « rue des Martyrs », paru sur ce même blog le 1er octobre 2015, les lecteurs ont déjà pris connaissance de l’histoire de ce lieu et partiellement de ce club. Tous les deux sont forcément liées et – pour moi – inoubliables.

Aujourd’hui, c’est davantage au club en tant que « personne morale » à qui je consacre cet article, par rapport à l’aspect disons plus géographique abordé dans le billet indiqué ci-dessus.

Roger Piquemal a fait l’acquisition d’un vaste local situé au 11 de la rue des Martyrs dans le bouillant et attachant quartier du IXe arrondissement de Paris. Il a créé une association qu’il a appelée « Club français de jiu-jitsu ». Ensuite, avec la prédominance de l’aspect sportif, cette « personne morale » est devenue « Club français de judo ». Enfin, avec la multiplicité des disciplines venues d’Orient, « Club français d’arts martiaux ». Mais en fait, pour plus de simplicité, on disait « le Club français ».

Différents présidents se sont succédé, mais seulement deux directeurs techniques ont animé cette association. Roger Piquemal depuis la création jusqu’à sa disparition en 1954, puis Bernard Pariset à partir de cette date jusqu’à son décès en 2004.

Roger Piquemal, professeur de « culture physique » de son état, avait commencé le judo et le jiu-jitsu avant la Seconde Guerre mondiale avec Maître Kawashi, il portait la ceinture noire numéro 7 et avait conquis un titre national en 1943.

Bernard Pariset (aussi et surtout – pour moi – mon père) a commencé en 1947 à l’âge de 17 ans sous la férule du maître des lieux. Ensuite, il s’est fabriqué l’un des plus beaux palmarès du judo français, qui plus est en toutes catégories, avec – entre autres – un titre européen et une médaille de bronze aux championnats du monde de Tokyo en 1958.

Quant au club par lui-même, il conquit en judo de nombreux titres individuels nationaux et internationaux, avec une kyrielle de champions. Mais aussi, grâce à ses judokas, il brilla dans les compétitions par équipe, glanant les titres nationaux et européens, allant jusqu’à offrir au public de Coubertin des finales « Club français 1 » contre « Club français 2 ».

A la fin des années 1960, d’autres clubs se sont livrés à une farouche politique de recrutement et ont ainsi constitué des écuries – souvent – à coups de débauches de talents issus de clubs formateurs tels que le « Club français » . ll devenait difficile de lutter contre un procédé qui n’allait pas manquer de se généraliser. Aussi, au sein du club, l’aspect compétition a été délaissé au profit d’une vocation purement éducative.

C’est à cette époque que j’ai commencé ma carrière de professeur,  après avoir enfilé mon premier kimono à l’âge de cinq ans, quelques années auparavant, en 1959 précisément !

Un nombre impressionnant de personnes ont participé au rayonnement de cette institution. Bénévoles et professionnels, occasionnels et permanents, célèbres et anonymes, pratiquants de base et champions, maîtres et disciples.

Depuis la fermeture de l’établissement en 2005, le « Club français » en tant qu’association n’avait plus de raison d’être. Celle-ci a été mise en sommeil. Mais aujourd’hui m’anime l’envie de la sortir de sa torpeur, avec une autre vocation. J’ai donc pensé la ressusciter officiellement ; l’objet serait différent de celui qui était justifié à sa création. Le CFJJ pourrait devenir un rassemblement – une sorte d’amicale – de personnes adeptes d’un ju-jitsu traditionnel, sans autre but que le plaisir de soutenir une forme de travail attachée à l’art martial emblématique que l’on appelle jiu-jitsu, ju-jutsu ou encore ju-jitsu. Ou bien, en deuxième option, un regroupement de pratiquants ayant été proches de cette association en son temps. Prenons le temps de la réflexion.

Site Internet du ju-jitsu Eric Pariset :  www.jujitsuericpariset.com

Une parution

sans-titreLa parution d’un livre est toujours un moment important pour celui qui l’a écrit. Certes, me concernant, il ne s’agit que d’un livre technique, bien que celui-là comporte une seconde partie composée uniquement de texte, mais quand même ! Il y a d’abord la satisfaction du travail accompli, d’un aboutissement, de quelque chose de concret, de réalisé. Quel que soit le sujet c’est un peu de soi que l’on propose. Et puis, et surtout, il y a l’espoir d’être utile, si tel est le cas, ce n’est pas la moindre des récompenses. Le livre qui sort cette semaine est un peu différent des autres puisqu’il est composé de deux parties. Une première avec un nouvel enchaînement de quinze techniques consacré à deux secteurs incontournables du ju-jitsu, à savoir le travail des coups (atemi-waza) et celui des contrôles (katame-waza.) Ensuite, une deuxième partie uniquement composée de texte, mais en rapport avec notre art, puisqu’il s’agit des billets postés sur mon blog au cours de l’année passée. Pour présenter ce livre et à l’occasion de l’article de ce jour, vous trouverez ci-dessous la première page de cette nouvelle parution qui, je l’espère, sera utile aux pratiquants de ju-jitsu et pourquoi pas aux autres budokas (et futurs).

(Extrait de « Atemi-waza et katame-waza. 2015, une année de blog »)

Le ju-jitsu, art martial ancestral élaboré par les fameux samouraïs, a su traverser les siècles. Il est aujourd’hui pratiqué sur toute la planète par des millions d’élèves. Il est aussi une méthode de self-défense d’une efficacité redoutable. À l’origine, les fameux guerriers japonais avaient mis au point une véritable « science du combat » permettant, lorsqu’ils se trouvaient désarmés ? privés de leur sabre ?, de continuer à faire face à un adversaire armé ou non. Au fil des années, les techniques ont évolué, certaines écoles ont choisi de favoriser tel ou tel domaine, au risque de dénaturer quelque peu l’art. Avec la méthode atemi-ju-jitsu, nous continuons à proposer l’étude de toutes les facettes de la discipline. À savoir le travail des coups (l’atemi-waza), le travail des projections (le nage-waza) et celui des contrôles (le katame-waza). Mais aussi les principes fondamentaux. Les trois composantes du ju-jitsu permettent de se perfectionner autant dans le travail à distance que dans celui du corps à corps. Par l’intermédiaire de cette parution, j’ai choisi de mettre en avant, sous la forme d’un enchaînement, l’atemi-waza et le katame-waza. L’objectif est double : se perfectionner dans ces deux aspects et dans leur liaison. Le jujitsu tient son efficacité dans la capacité à maîtriser, d’une part chaque famille qui le compose et d’autre part leurs liaisons dans une parfaite fluidité. Dans la seconde partie de ce livre, j’ai le plaisir de vous proposer « 2015, une année de blog». En plus de pratiquer, de démontrer, d’enseigner le ju-jitsu, je propose chaque semaine, depuis quelques saisons, un billet d’humeur sur mon blog. Actualité, coups de cœur ou de griffe, sujets techniques, histoires, anecdotes, etc. Les arts martiaux et le jujitsu, de par leur histoire et leur composition, offrent de multiples aspects et méritent de ne pas être traités simplement sur le seul plan technique. Et puis, les sujets abordés offrent parfois l’occasion de se divertir. Les réactions qui font suite à la parution de ces articles aux multiples sujets m’encouragent à continuer à alimenter très régulièrement ce blog. (ericpariset.com)

Site ju-jitsu d’Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com

L’essentiel

Parmi les pratiquants de longue date qui aspirent à occuper des fonctions de transmission, en clair qui souhaitent enseigner, il existe trois catégories. Ceux qui réunissent les qualités indispensables ; techniques et pédagogiques. Ceux qui en possèdent une et enfin, et c’est très ennuyeux, ceux qui n’en possèdent aucune. En étant plus direct, on pourrait affirmer qu’aux extrêmes il y a ceux qui sont bons en tout et d’autres… bons à rien !

Revenons sur ces atouts.

D’abord l’aspect technique. Parfois il s’agit de prédispositions naturelles, mais le plus souvent c’est grâce à un travail considérable. Le talent ne gâche rien, bien évidemment, mais « le talent sans le travail n’est qu’une sale manie ». Georges Brassens.

Ensuite, il y a l’aspect pédagogique ; la capacité à transmettre son savoir. Y compris pouvoir expliquer et enseigner des techniques que l’on ne maîtrise pas forcément.

L’idéal est évidemment de posséder ces deux qualités. Briller dans une seule n’est satisfaisant que s’il s’agit – pour les enseignants – de l’aspect pédagogique. J’ai connu des champions d’exception, absolument incapables de transmettre des principes et techniques de base et même leurs spécialités et à l’inverse, j’ai souvent fait le constat que de modestes pratiquants sont d’excellents professeurs et/ou entraîneurs. Cela me permet d’avoir le plaisir de rebondir avec une citation fétiche : « L’essentiel n’est pas ce que l’on enseigne, mais ce que les élèves apprennent. » Les fidèles de ce blog doivent penser qu’il y a un peu de répétition dans ces lignes qui citent une énième fois ce professeur et écrivain du nom d’André Giran. Cette affirmation est devenue pour moi une sorte de leitmotiv. Elle est comme une petite flamme permanente qui brille dans un coin de ma tête. Elle illustre tout à fait ma pensée et la conception que j’ai de ma tâche.

Pour revenir aux qualités, je connais aussi des personnes qui ne maîtrisent aucune de celles énoncées plus haut et là, on peut se demander ce qu’ils font, parfois, à certains postes de responsabilités. Il est vrai que bien souvent ils opèrent, ou même sévissent, dans des institutions d’Etat où les places sont attribuées en fonction de critères qui échappent totalement à la logique. En tout cas à celles des compétences. Il s’agit aussi parfois d’un bête « malentendu », mais en aucun cas du fruit de qualités indiscutables de transmission qui se concrétisent par des résultats probants, à savoir : le nombre d’élèves sur du long terme, de ceintures noires formées, de résultats en compétitions pour les disciplines à but compétitif, etc. Et tout simplement de personnes épanouies au travers d’une pratique adaptée. Heureusement que ces personnes n’exercent pas dans le privé !

L’éducation physique en général – et l’enseignement des arts martiaux en particulier – est un savant dosage d’explications du professeur et de répétitions de la part de l’élève. L’explication ne doit pas être trop longue et comporter l’essentiel, surtout si le public est néophyte. L’attention se relâche très vite et entrer dans le détail n’est absolument pas une nécessité, au contraire. J’aime à comparer le métier d’enseignant à celui d’artiste sculpteur, qui dans un premier temps va faire son « bloc » et qui au fur et à mesure affinera, pour ensuite finir par les détails. Dans cet art, nous ne concevrions pas le contraire ! Et puis, sans pour cela que la séance se transforme en show où l’enseignant confond parfois leçon et spectacle, il ne faut pas hésiter à montrer et démontrer sous différents angles en expliquant le minimum indispensable. Explications et démonstrations succinctes, quitte après quelques répétitions de la part des élèves à démontrer une nouvelle fois, en insistant sur les fautes décelées, celles-ci étant bien souvent redondantes. L’enseignement se conçoit par paliers, il est nécessaire de ne jamais l’oublier. Et le professeur doit toujours avoir à l’esprit que ce qu’il démontre pourra se diviser par dix et être encore dix fois trop compliqué pour le débutant à qui il s’adresse.

Quant aux plus gradés, outre les détails qu’il faudra peaufiner, ce ne seront rien moins que d’inlassables répétitions, méthodes d’entraînement et autres randoris qui seront générateurs de progrès. Une autre citation que j’aime : « On ne peut rien contre l’entraînement. » Je ne me souviens plus de l’auteur, mais parmi les fidèles de ce blog, j’en connais au moins un qui pourra nous secourir ! Dans un prochain billet nous irons un peu plus en avant en évoquant  la motivation qu’il est utile de susciter, et surtout comment !

 

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Anatomie des 16 techniques, suite et fin.

Aujourd’hui, c’est un nouvel article très technique que je vous propose. Désolé pour les néophytes ! Nous finissons l’étude des « 16 techniques » entreprise en fin d’année dernière sur ce blog. Il nous restait à « décortiquer » les quatre dernières.

L’idée première de cette étude était de mettre en avant les éléments de déséquilibre permettant une exécution sans utilisation de force. Appliquant ainsi l’un des principes chers à Jigoro Kano : minimum d’effort et maximum d’efficacité.

Dans la 13e technique, qui est aussi la dernière défense sans armes de l’enchaînement, Uke attaque Tori sur l’arrière. Ce dernier arrête son agresseur avec ushiro-geri-kekomi au niveau de l’abdomen, le déséquilibrant ainsi sur l’avant. Après être venu au contact Tori enchaîne avec harai-goshi. Il prend soin de placer son bras droit derrière la tête d’Uke et sa main gauche en bout de manche ou de poignet du bras droit. Une fois au sol, Uke tente de s’échapper, il est arrêté dans la position assise par Tori qui le contrôle à l’aide d’hadaka-jime. Bel exemple d’enchaînement des trois composantes du ju-jitsu.

Lors de la 14e, Uke menace Tori avec un couteau placé dans sa main droite. Tori porte mikazuki-geri avec son pied gauche dans la main armée. Il enchaîne immédiatement avec ura-uchi à gauche et après avoir saisi la main d’Uke à l’aide des siennes, il lui applique kote-gaeshi. Le point essentiel pour obtenir un bon déséquilibre se situera dans la réalisation d’un parfait tai-sabaki circulaire sur l’arrière gauche.

Pour la 15e, Uke attaque Tori d’un large coup de bâton en direction de la tempe. Tori effectue à la fois une esquive rotative et un déplacement sur sa diagonale gauche. Après l’esquive, il se redresse et porte immédiatement yoko-geri au niveau du genou. Il enserre la tête d’Uke et le projette avec o-soto-gari. Il prend soin de le désarmer.

Dans la 16e et dernière technique, Uke menace Tori avec un révolver. Il vient au contact pour le fouiller. Simultanément, Tori effectue une esquive du bassin, une parade vers le bas avec sa main gauche et porte un atémi avec le poing droit (tsukkake ou uchi-oroshi). Il conclut avec une torsion de poignet, forme kote-gaeshi, en accompagnant cette action d’un fort déplacement sur l’arrière d’Uke. Il le désarme avec sa main droite. Dans cette technique, l’efficacité réside dans la capacité à effectuer les trois phases simultanément ; à savoir parade, esquive et coup au visage et dans le déplacement sur l’arrière d’Uke.

A propos de cette dernière technique il est bon d’insister sur le fait qu’il s’agit bien d’une menace avec l’agresseur qui est venu au contact.

Les « 16 techniques » permettent de travailler 16 ripostes sur 16 attaques différentes. Cet enchaînement est un exercice d’efficacité. Son apprentissage ainsi que les nombreuses répétitions auxquelles il sera bon de se soumettre développeront des qualités techniques, physiques ainsi que les automatismes indispensables. Mais il s’agit aussi d’une base de travail. Non seulement cet enchaînement en a engendré d’autres, à l’instar des 16 Bis, mais, pour un professeur imaginatif, il offrira un panel important de méthodes de travail basées sur des combinaisons, comme les enchaînements et les contre-prises.

Prochainement, nous ne manquerons pas d’aborder ces sujets passionnants.