Deuxième lettre ouverte

Le 12 novembre dernier, j’adressai une lettre ouverte (et par voie postale) au Ministre de l’Economie pour lui faire remarquer que les bons chiffres de la croissance dont il se félicitait ne bénéficiaient pas à tous et que certaines catégories avaient été sévèrement sacrifiées.

M’étonnant que ce courrier soit resté sans réponse et étant décidé à continuer le combat, je récidive.

Ci-dessous le courrier de ce jour, et plus bas la copie de celui envoyé précédemment le 12 novembre 2021.

Niort le 5 janvier 2022
Deuxième lettre ouverte à l’attention de Monsieur le ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance
Monsieur le Ministre,

Le 12 novembre dernier, je vous avais adressé une lettre ouverte, expédiée aussi par voie postale.

Sans doute par naïveté, je pensais recevoir une réponse, ce ne fût pas le cas.  Ce courrier avait pour but de vous indiquer que certaines déclarations sont difficiles à entendre, mais aussi pour que vous portiez une attention particulière à des situations aux conséquences catastrophiques, à l’instar de celle qui est la mienne.

Je me permets donc de vous adresser copie du courrier en question. En espérant, cette fois, avoir davantage de chance. Je vous remercie par avance et je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma très haute considération.
Éric Pariset Professeur d’arts martiaux

Courrier envoyé le 12 novembre 2021
Niort le 12 novembre 2021
Lettre ouverte à l’attention de Monsieur le ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance
Monsieur le Ministre,

Vous évoquez la belle croissance d’après crise, mais vous semblez oublier une catégorie de gens qui regroupe ceux qui ont été laissés au bord du chemin ! La croissance en question à laquelle vous faites référence ne profite pas à tout le monde, loin s’en faut.

En 2015, j’avais décidé de quitter la capitale pour m’installer en province en espérant pouvoir y exercer mon activité qui viendrait en complément de l’inconsistance de la retraite des indépendants ! Malheureusement, ne trouvant pas de solutions dans mon secteur d’activité, en juillet 2019 je décidais de revenir à Paris pour y ouvrir un dojo privé.

Je n’ai pas hésité à traverser la moitié du pays pour recréer une petite entreprise. Quelques mois après, en raison de la crise sanitaire, j’étais contraint de fermer cette entreprise.

Tout le monde n’a pu bénéficier pleinement des aides ; les critères d’éligibilité n’étant accessibles qu’à certaines conditions. Comme je ne pouvais pas me permettre de lutter contre une propriétaire qui exigeait ses loyers, j’ai, selon l’expression consacrée, mis « la clé sous la porte ».

Je sais que je ne suis pas un cas unique, une partie de la population a été sacrifiée dans une certaine indifférence. Pour résumer, j’ai perdu mon outil de travail, mon travail, l’investissement engagé dans l’ouverture de l’entreprise et tout espoir de reconstruction, faute de moyens. Et quand bien même je pourrais le faire, le climat anxiogène dans lequel nous nous trouvons n’incite pas à l’investissement, surtout lorsqu’on a déjà été floué une première fois !

Ce courrier a pour but de porter à votre attention que certaines déclarations sont difficiles à entendre et à accepter. Aujourd’hui, je suis retourné en province avec la farouche volonté de rebondir, cependant dans certaines circonstances elle ne suffit pas, je le constate amèrement.

En espérant que ces quelques lignes retiendront votre attention, je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma très haute considération.

Éric Pariset
Professeur d’arts martiaux

ERIC@PARISET.NET  06 14 60 18 25

Petite rétrospective 2021 (dans notre domaine).

A titre personnel, l’événement le plus douloureux de cette année aura été la disparition d’Henri Courtine en février dernier. Sur mon blog, je lui ai consacré de nombreux articles.
Compétiteur au palmarès exceptionnel, magnifique technicien, dirigeant exemplaire, il a marqué l’histoire du judo.
Mais pour moi il aura été plus que ça. En effet, grâce à une belle complicité entretenue avec mon père tout au long de leurs carrières respectives, j’ai eu la chance de le connaître personnellement et d’apprécier l’homme !

Sinon, cette année aura été marquée, comme la précédente, par le fameux « stop and go » de cette pandémie briseuse de vies et de métiers et qui n’en finit pas, mais aussi par une gestion assortie de décisions parfois surprenantes.

Côté positif, toujours dans notre domaine, nous ont été offerts de beaux moments avec les résultats des jeux olympiques, ce qui a permis d’oublier, quelque temps, le sort réservé à nos disciplines.

A titre personnel, remettre le judogi à partir de septembre aura été une délivrance, après un an et demi d’arrêt forcé. Même si, comme cela a déjà été souligné, ce n’est pas suffisant, loin de là. Surtout dans la mesure où le bout du tunnel n’est peut-être pas encore là.

Pas beaucoup d’autres souvenirs positifs me viennent à l’esprit quand je repasse le film d’une année qu’il nous faudra vite oublier, si toutefois c’est possible, tant elle aura été destructrice dans bien des domaines.

Même si les dernières informations, dont nous sommes bombardés en permanence, ne vont pas dans le bon sens et que persiste un climat anxiogène de plus en plus insupportable, espérons quand même une nouvelle année sous des cieux plus favorables et adressons-nous les meilleurs vœux de bonheur.

Commentaire approprié

La semaine dernière, l’article dans lequel j’évoquais un premier bilan de l’année écoulée, avait suscité le commentaire suivant : « quand même dommage de vous avoir à Niort et de ne pas pouvoir pratiquer faute de salle ». A quoi je répondais : « à qui le dites vous » ! (L’entraînement à l’extérieur, si agréable soit-il, a ses limites !)

Ce n’est pas faute d’avoir essayé de trouver une solution. D’abord auprès de la mairie, avec des demandes restées sans réponse. J’ai envisagé alors la création d’une structure privée, mais d’une part les loyers sont excessifs et d’autre part, en termes d’investissement j’ai déjà donné au mois de juin 2019. De retour à Paris, j’avais ouvert un dojo privé que j’ai été obligé de fermer quelques mois après pour les raisons que nous connaissons, perdant l’intégralité de l’investissement !

Quand on entend les informations alarmistes – et parfois contradictoires – de ces derniers jours, l’inquiétude et la réflexion sont légitimes. En attendant cela fait exactement vingt et un mois sans travail, exception faite de quelques petits stages, excellents pour le moral, mais insuffisants.

Qui supporterait d’être dans une situation  où ni la volonté, ni les compétences, ni l’énergie ne sont utiles pour s’en extraire ?

Manifestement dans les jours qui viennent, certains secteurs risquent à nouveau d’être « sanctionnés ». Pénalisé davantage, c’est impossible pour moi, mais contrarié dans un début de reconstruction, c’est probable. Malgré tout cela, la combativité ne disparaît pas et ne disparaîtra pas !

Pour être complet et objectif, je dois signaler la mise à disposition du club de taekwondo de Manuel Baptista à Niort, pour un stage qui s’est déroulé le dimanche 5 décembre. Je le remercie infiniment, comme je remercie tous ceux qui étaient présents ce matin-là, faisant preuve d’une belle ouverture d’esprit et d’une envie de partage !

Malheureusement, le planning de ce club réputé est bien rempli et les interventions de ce type ne peuvent qu’être ponctuelles et limitées.

Cette publication ne m’empêche pas de vous souhaiter de très bonnes fêtes !

2021 : quelques mots…

2021 : quelques mots et des photos souvenirs (à retrouver sur la page Facebook du Club Jujitsu Eric Pariset) !
Très prochainement un bilan plus étoffé concernant cette année.

Les 1ers janvier 2020 et 2021 nous nous souhaitions une bonne année…c’est en repensant à ces moments là que l’on s’aperçoit qu’il ne suffit pas toujours de vouloir pour pouvoir ! Encore une année qui s’achève et qui ne laissera pas de bons souvenirs pour une grande partie de la population. Nous avons continué à subir une crise commencée en 2020. Et malgré les efforts et les sacrifices consentis, les maux subis au cours de ces deux années sont de plus en difficiles à supporter, inévitablement ils laisseront des traces, c’est déjà le cas. D’autant que sans vouloir être défaitiste, si l’on en croit les dernières informations aussi alarmistes qu’anxiogènes, dont nous sommes quotidiennement bombardés, ce n’est malheureusement pas terminé.

Allons-nous continuer longtemps à assister en toute impuissance aux dommages collatéraux, c’est-à-dire à la dégradation – et même à la disparition de nombreux secteurs ? Mais aussi à la mise à mal de la santé physique et mentale de beaucoup d’entre nous. Autant de catastrophes engendrées collatéralement, les faits sont là.

Certes, depuis vingt et un mois, nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne, certains sont plus chanceux que d’autres, tant mieux pour eux. N’étant pas dans la bonne catégorie, pour me consoler, on me dit que l’essentiel reste la santé ; ce qui est vrai. Mais des mois sans travail et sans perspectives positives dans ce domaine, est-ce un bon moyen pour la conserver ? Et puis, est-ce que vivre, c’est juste se contenter de ne pas être malade ?

Certes, on peut apprendre à se satisfaire de peu, mais on est en droit de s’interroger et de s’agacer quand ces remarques sortent de la bouche de gens nantis pour lesquels la crise n’a rien retirer : ni les moyens de vivre correctement, ni ceux  de satisfaire les principaux besoins et principales envies.

Loin de moi de vouloir exprimer un sentiment de jalousie envers ces épargnés, mais de la part de certains, un comportement emprunt d’un peu de retenue serait plus acceptable. Mais il y a pire encore avec les donneurs de leçons ; là c’est insupportable !

Beaucoup de gens dans ma situation n’ont pas besoin de leçons, la plupart savent ce qu’ils ont à faire, c’est-à-dire reconstruire sur un champ de ruine. Et pour reprendre une expression largement utilisée depuis presque deux ans, ils ne « lâchent rien ». Heureusement, il y a beaucoup d’encouragements qui vont droit au cœur.

A titre personnel, depuis presque deux ans, ce ne sont ni la volonté, ni l’énergie qui me font défaut. On me dit tu vas rebondir ! Oui, mais de quelle manière, dans un des secteurs d’activité les plus pénalisés ? Alors quelles sont les opportunités qui s’offrent à moi ? Premièrement, ouvrir un nouveau dojo ? Dans le climat actuel et avec les annonces qui nous sont faites, cela serait irresponsable, j’ai déjà largement donné ! Et puis il faut en avoir les moyens. Deuxièmement, trouver des créneaux horaires dans les équipements municipaux ?  Il n’est pas évident de se faire accepter, pour ne pas dire impossible. Troisièmement, faire des stages ? J’ai commencé, mais pour faire des stages il faut… des stagiaires. D’une part, les sections rassemblant des adultes ont beaucoup souffert depuis vingt et un mois. Et puis, n’ayant plus de dojo je n’ai plus d’élèves, exception faite de quelques irréductibles fidèles. Enfin, les querelles de chapelle n’ont pas disparu. Elles éloignent un peu plus chaque jour les beaux principes et préceptes d’entraide mutuelle prônés par le fondateur du judo. (qui ne manque pas d’être cité en référence, par ailleurs !). Enfin, certains ont une solide mémoire sélective, en oubliant facilement une partie du passé.

Heureusement, il y a quelques belles surprises émanant de personnes qui se reconnaîtront et que je remercie, mais ce n’est pas suffisant.

Pour la nouvelle année, je souhaite simplement pouvoir exercer mon métier, un métier qui m’est indispensable, que j’aime et dont l’utilité n’est plus à démontrer.

Certaines situations ne sont pas simplement dues à de la malchance, comme on pourrait le croire, mais à une forme d’injustice que l’on se doit combattre en la dénonçant, les mots peuvent être des armes de combat et la manifestation de la colère saine et légitime. Dans certains cas, il n’y qu’à voir ce dont sont capables des gens confrontés à la désespérance engendrée par de telles situations. Tout cela n’empêche pas d’agir positivement dans l’espoir d’une reconstruction, sans doute longue et chaotique.

Cela n’empêche pas non plus de souhaiter de bonnes fêtes de fin d’année, même avec Papy et Mamie dans la cuisine, toutes fenêtres ouvertes.

Quelques mots sur les grades

Dans les arts martiaux, les grades occupent une place importante. Cependant, il ne faut ni les surévaluer, ni les négliger.
Essentiellement, ils permettent de situer le niveau de maîtrise technique du pratiquant, cela en fonction de la couleur de la ceinture qu’il porte autour de la taille.

Au début, les ceintures de couleur n’existaient pas, seules la blanche, la marron et la noire « tenaient » la veste du judogi. C’est à l’initiative de Maître Kawaishi , lorsqu’au milieu du siècle dernier il prit en main le judo français, que les ceintures de couleur ont fait leur apparition. Il avait bien compris l’esprit européen (et français en particulier) toujours friand de reconnaissances à arborer.

Jigoro Kano, fondateur du judo en 1882, avait tenu à hiérarchiser les valeurs pour l’accession à ces différents niveaux avec le fameux « Shin-Ghi-Tai » ! Ce qui signifie : l’esprit, la technique et le corps. L’ordre établi n’est pas le fruit du hasard. L’esprit (le mental) arrive en premier, il nous habite jusqu’à la fin de notre aventure sur terre.
Ensuite, il avait placé la maîtrise technique, que l’on peut démontrer assez longtemps et enseigner tout le temps.
C’est assez logiquement que le corps (le physique) arrive en dernier ; malheureusement avec l’âge même si on en prend soin, le déclin est inéluctable.

Il est vrai que mis à part les « grades compétitions » décernés à l’issue de combats qui favorisent malgré tout l’aspect physique des candidats, la délivrance des grades techniques est forcément subjective puisque c’est du jugement humain qu’elle dépend.

L’expérience qui m’anime me fait dire qu’il y a deux ceintures très importantes dans la vie d’un budoka : la ceinture jaune et la ceinture noire. La ceinture jaune, tout simplement parce que c’est la première et la ceinture noire parce que, malgré les années et un nombre sans cesse plus important de 1er dan, elle représente toujours un symbole très fort. Une sorte de graal !

Cependant, il ne faut pas oublier qu’elle n’est pas une finalité, simplement une étape très importante. Elle est une belle récompense, la preuve d’une pratique qui s’est inscrite dans la durée, synonyme de rigueur.

Mais elle doit être aussi une sorte de contrat signé avec l’art martial que l’on pratique et… avec soi-même. Un engagement qui signifie, qu’à partir de ce moment-là, s’impose le devoir de ne  jamais abandonner les tatamis, sauf cas de force majeur.

Les grades sont des encouragements à ne pas lâcher la pratique et même à la renforcer dans la dernière ligne droite de chaque préparation.

Certains les assimilent à des hochets et les négligent. (C’est vrai que parfois des questions s’imposent quant à la générosité avec laquelle ils sont distribués : grades de copinage, de soumission, monnayés ou d’entre-soi.)

Cependant nous sommes dans un système où ils existent et nous nous devons de les accepter. Peut-être que leur valeur prend vraiment son sens par rapport à l’organisme ou la personne qui les décernent.

L’obtention d’un grade (mérité) est de toutes les façons une grande satisfaction pour l’ensemble des pratiquants d’arts martiaux.

Lettre ouverte…

Lettre ouverte à l’attention de Monsieur le Ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance

Monsieur le Ministre,

Vous évoquez la belle croissance d’après crise, mais vous semblez oublier une catégorie de gens qui regroupe ceux qui ont été laissés au bord du chemin ! La croissance en question à laquelle vous faites référence ne profite à tout le monde, loin s’en faut.

En 2015, j’avais décidé de quitter la capitale pour m’installer en province en espérant pouvoir y exercer mon activité qui viendrait en complément de l’inconsistante retraite des indépendants ! Malheureusement, ne trouvant pas de solutions dans mon secteur d’activité, en juillet 2019 je décidais de revenir à Paris pour y ouvrir un dojo privé. Je n’ai pas hésité à traverser la moitié du pays pour recréer une petite entreprise.

Quelques mois après, en raison de la crise sanitaire, j’étais contraint de fermer cette entreprise.

Tout le monde n’a pu bénéficier pleinement des aides ; les critères d’éligibilité n’étant accessibles qu’à certaines conditions. Comme je ne pouvais pas me permettre de lutter contre une propriétaire qui exigeait ses loyers, j’ai, selon l’expression consacrée, mis « la clé sous la porte ». Je sais que je ne suis pas un cas unique, une partie de la population a été sacrifiée dans une certaine indifférence.

Pour résumer, j’ai perdu mon outil de travail, mon travail, l’investissement engagé dans l’ouverture de l’entreprise et tout espoir de reconstruction, faute de moyens. Et quand bien même je pourrais le faire, le climat anxiogène dans lequel nous nous trouvons n’incite pas à l’investissement, surtout lorsqu’on a déjà été floué une première fois !

Ce courrier a pour but de porter à votre attention que certaines déclarations sont difficiles à entendre et à accepter.

Aujourd’hui, je suis retourné en province avec la farouche volonté de rebondir, cependant dans certaines circonstances elle ne suffit pas, je le constate amèrement.

En espérant que ces quelques lignes retiendront votre attention, je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de ma très haute considération.

Éric Pariset
Professeur d’arts martiaux

Trois mouches…

Voilà une petite histoire que j’ai déjà maintes fois publiée sans en éprouver la moindre lassitude, la preuve ! La dissuasion est une arme redoutable !

« Dans une auberge isolée, un samouraï est installé, seul à une table. Malgré trois mouches qui tournent autour de lui, il reste d’un calme surprenant. Trois ronins  entrent à leur tour dans l’auberge. Ils remarquent aussitôt avec envie la magnifique paire de sabres que porte l’homme isolé. Sûrs de leur coup, trois contre un, ils s’assoient à une table voisine et mettent tout en œuvre pour provoquer le samouraï. Celui-ci reste imperturbable, comme s’il n’avait même pas remarqué la présence des trois rônins. Loin de se décourager, les rônins se font de plus en plus railleurs. Tout à coup, en trois gestes rapides, le samouraï attrape les trois mouches qui tournaient autour de lui, et ce, avec les baguettes qu’il tenait à la main. Puis calmement, il repose les baguettes, parfaitement indifférent au trouble qu’il venait de provoquer parmi les rônins. En effet, non seulement ceux-ci s’étaient tus, mais pris de panique, ils n’avaient pas tardé à s’enfuir. Ils venaient de comprendre à temps qu’ils s’étaient attaqués à un homme d’une maîtrise redoutable. Plus tard, ils finirent par apprendre, avec effroi, que celui qui les avait si habilement découragés était le fameux Miyamoto Musashi.

Quelques mots et des maux…

Je n’ai jamais coûté « un pognon de dingue » à la société, j’ai souvent « traversé la rue » pour trouver du travail, plus exactement pour créer mon entreprise ou la déménager, je me suis toujours battu pour ne pas rester comme les gens « qui ne sont rien » et pour ne pas être « illettré ». Un peu d’humour (grinçant) ne gâche rien.

A l’inverse, tout au long de ma vie, j’ai largement participé à la solidarité nationale en m’acquittant d’importantes cotisations sociales, d’impôts, de droits de succession et autres taxes multiples, comme beaucoup d’entre nous, ce qui devrait permettre de pouvoir améliorer, entre autres, notre système hospitalier et éviter un blocage du pays, à l’instar de celui qui nous a été imposé.

Aujourd’hui, on nous dit que l’activité économique reprend, on nous parle d’embellie, on nous serine avec la reprise, on loue la croissance, tout cela est très bien, mais « en même temps » on subit une inflation extraordinaire et on oublie  tous ceux qui ont été jetés dans le fossé par la crise sanitaire ! Le « quoi qu’il en coûte » et les différentes aides n’ont pas profité à tout le monde de la même façon : une inégalité de plus. La fameuse expression « mettre la clef sous la porte », a pris tout son sens pour un nombre important de petites entreprises.

Mon entêtement à reconstruire, lorsque c’était nécessaire, ne m’a jamais fait défaut. En juillet 2019 j’ai même traversé davantage que la rue, la moitié du pays, pour retrouver de l’activité, après avoir constaté que là où j’étais il n’était pas facile d’exercer mon métier.

Malheureusement, quelques mois après, en mars 2020, comme beaucoup, j’ai été sommé de fermer mon établissement parisien, sans aucun dédommagement (les assureurs n’assurant pas !). Cela est d’autant plus terrible que je m’étais fixé cette ouverture de dojo comme un dernier combat. Certains s’en étaient d’ailleurs étonnés, au regard d’un âge qui est davantage celui de la retraite. Mais il faut savoir que les retraites consentis aux travailleurs indépendants sont insignifiantes, qu’elles n’offrent pas d’autre possibilité que celle de poursuivre une activité.

Ensuite, dans l’enseignement des arts martiaux existe une passion dont il est difficile de se passer, d’autant plus lorsque l’on ressent un sentiment d’utilité. Je pense l’être encore un peu  (utile).

Bien que cette fermeture imposée ne m’ait pas laissé indemne, j’ai bien l’intention de continuer le combat – je n’ai pas le choix, sans cesser de dénoncer ce que je considère toujours comme une injustice.

Cependant, certaines situations sont plus compliquées à rétablir que d’autres. C’est le cas de celle à laquelle je suis confronté. D’abord à cause de la violence de l’événement inédit que nous avons connu (et de sa gestion), mais aussi par rapport à l’âge évoqué plus haut.

Mon intention n’est donc pas uniquement de dénoncer, mais d’agir. C’est ce que je fais en entamant une reconstruction laborieuse, dans un premier temps à l’aide de quelques stages qui me permettent de renouer avec mon métier et de retrouver avec un immense plaisir de fidèles pratiquants et de découvrir quelques nouveaux visages.

Cependant, cela ne suffit évidemment pas et cette reconstruction rencontre des difficultés surprenantes et une certaine passivité (parfois) en matière de solidarité.

J’avoue que cette épreuve a laissé des traces. Le virus ne m’a pas tué, mais il a sévèrement abîmé ma vie ! Il est des moments de l’existence où les blessures cicatrisent moins rapidement et où se relancer est plus délicat.  Malgré ce triste tableau, la volonté est toujours là !

Violence et non-violence…

En ouverture d’un modeste article consacré à la violence (écrit à l’aide de mots simples) et pour l’illustrer, j’ai pensé publier cette petite leçon.
« L’aîné d’une tribu indienne explique la vie à son petit fils : « tu vois, en chacun de nous, deux loups s’affrontent en permanence : il y a le loup de la haine, du pessimisme et de l’égoïsme ; et il y a aussi le  loup de l’amour, de l’optimisme et de la générosité ». L’enfant demande : « Et quel est celui qui l’emporte ? ». Le sage répondit : « celui que tu nourris » ! »

Cela va sans dire que, comme beaucoup, je milite pour l’éradication de la violence, ce fléau qui enlaidit notre société. Il n’a cessé d’exister, les racines du mal sont profondes et les raisons multiples. Cependant il n’est pas interdit d’espérer, tout comme il n’est pas question d’abdiquer.

Il ne s’agit pas d’un exposé sur les origines et les causes des différentes formes de violences, je me limiterai à mon domaine de compétence et à l’impact positif que mon métier se doit d’apporter à la société. J’en profite pour rappeler qu’il n’existe pas que la violence physique, certaines violences mentales peuvent parfois être aussi redoutables.

Chaque professeur, quelle que soit la discipline qu’il enseigne, a un rôle majeur à jouer. Dans cette lutte, l’éducation est fondamentale, elle permet de prendre le mal à la racine. Certes, cela s’inscrit sur du long terme, mais cet enjeu le mérite.

Les professeurs d’arts martiaux ont une responsabilité encore plus importante dans la mesure où ils enseignent des techniques de combat, certaines à l’issue pouvant être fatale. Elles devront donc être considérées et enseignées avant tout comme des armes de dissuasion et utilisées exclusivement en dernier recours.

C’est toute la difficulté de la transmission de nos disciplines ; elle doit se faire dans un but éducatif et non destructif (bien que, comme indiqué plus haut, ce soit la vocation de la plupart des techniques). On ne répond pas à la violence par la violence. Cette affirmation pourra être considérée comme une sorte de poncif par certains, mais elle est pourtant vraie. Je sais que cette phrase a été dite et écrite à de nombreuses reprises. Il n’est jamais inutile « d’enfoncer le clou ».

Certains pensent que de tels propos sont empreints d’un angélisme inadapté, d’une naïveté déconcertante ou même de laxisme. Ceux-là ne peuvent pas être considérés comme des éducateurs responsables.

Etre contre la violence n’est pas forcément faire preuve d’inconscience ; lorsque l’on est agressé violemment, il faut être capable de riposter efficacement, avec un niveau technique et mental qui permet d’agir rapidement, mais avec nuance – dans la mesure du possible, sans ignorer les notions de légitime défense et de respect de la vie.

Il est navrant de constater que certaines méthodes de combat peuvent être utilisées à de mauvaises fins, ou enseignées de façon brutale, violente. Heureusement, il s’agit du fait d’une minorité de personnes ne pouvant être considérées ni comme des budokas, ni comme des enseignants.

Dans leur immense majorité, les professeurs de nos belles disciplines sont conscients de l’enjeu, ils ne se comportent pas comme des destructeurs, mais comme des éducateurs.

D’abord s’amuser…

Encore une rediffusion qui ne me paraît pas superflue. Il s’agit juste de mon point de vue.

Je ne suis pas contre la compétition, mais contre les excès qui parfois l’accompagnent.
Avec un père au palmarès exceptionnel, il serait presque indécent de dénigrer cette forme d’expression, d’autant que, même si les circonstances ne m’ont pas permis de faire de même, j’ai pu apprécier le goût particulier de ces affrontements jusqu’au niveau national.

Ceci étant, il est dommage qu’un énorme pourcentage de l’enseignement dispensé, notamment dans les dojos, soit axé principalement et parfois exclusivement  sur ce que l’on appelle « la compète », au détriment des autres facettes offertes par nos disciplines et qui ont aussi et surtout une vocation éducative dans bien des domaines.

Me vient à l’esprit une scène banale dans laquelle la maman d’un enfant se renseigne auprès d’un responsable de club en vue d’une prochaine inscription. Le responsable en question lui fournit les renseignements et conclut : «nous ferons tout pour qu’il aille en compétition et qu’il rapporte des médailles ». Ce à quoi la maman répond : «non, il ne veut pas gagner, mais juste s’amuser ».  On oublie souvent cette notion de jeu, pourtant basique, chez les enfants mais aussi chez les adultes ! Tout comme on oublie qu’il n’est pas nécessaire de rajouter immédiatement une pression avec des objectifs à atteindre, l’école et la société en fournissent déjà.

Est-ce que tout est fait pour satisfaire ceux qui viennent  pour s’amuser, se défouler, s’exprimer physiquement, apprendre une technique juste pour le plaisir de la réaliser et de l’améliorer, passer les ceintures, maîtriser la défense personnelle,  tout en sachant se contrôler, connaître et respecter les règles de bonne conduite en société avec le Code moral, bref pratiquer un « loisir éducatif et récréatif » ?  Tout cela sans subir de pression ou encore  une sorte de stigmatisation qui pousse  à l’abandon si l’on n’adhère pas à cette  « championnite aiguë ».

Peut-être y aurait-il davantage de pratiquants si toutes les facettes des arts martiaux étaient systématiquement proposées.  C’est d’autant plus regrettable que cette course aux médailles   s’accompagne – parfois – d’excès et de l’absence de précautions  qui devraient être attachées à une pratique pour les enfants. Faire perdre du poids avant une compétition, par exemple.  Tout cela pour la photo d’un dirigeant dans la presse locale du lundi.

La compétition doit être proposée mais pas imposée, d’autant qu’elle ne peut être qu’une étape. Or, si on ne s’est  consacré qu’à cet aspect, une fois  que l’âge à partir duquel on ne peut plus participer à ces affrontements est atteint, c’est l’abandon qui survient inévitablement.

Il y aurait beaucoup à dire et à écrire sur ce que l’on pourrait appeler le « revers de la médaille », à savoir les conséquences néfastes de la compétition, mais comme il est toujours préférable de terminer sur une note positive, on peut le faire en affirmant que celle-ci apporte beaucoup de satisfactions (surtout à ceux qui gagnent) et qu’elle permet, à condition que le parcours soit bien encadré, de vivre une très belle expérience ! (J’évoque les disciplines dans lesquelles la compétition est possible.)

Maintenant, on me dira que le marché économique qui entoure le sport de haut-niveau  est important et générateur de richesses, d’emplois, etc., ce qui est vrai, mais ce qui est vrai aussi, c’est que dans ce domaine  les excès ne manquent pas ; ceci est un autre sujet à propos duquel nous pourrons débattre.