Nous sommes au milieu des années 1980, à Paris dans le dojo mythique de la Rue des Martyrs.
Ça se passe pendant le cours de 12 h 30. Dans ce quartier qui mélange habitations et bureaux, il y a beaucoup de monde à l’heure du déjeuner.
Je démontre une technique de défense sur saisie arrière à la gorge, avec coup de coude et ippon seoi nage. Je la démontre plusieurs fois avec les explications nécessaires.
Entre deux exécutions, alors que les élèves forment un cercle autour de moi, d’un seul coup je sens un avant bras qui vient se placer sur la gorge, exactement comme dans l’attaque dont je montrais la défense.
Sans réfléchir, et d’ailleurs sans l’atemi du coude, juste en basculant le haut du corps sur l’avant, en moins de temps qu’il faut pour le dire, voilà qu’une ceinture blanche (qui faisait un essai) se retrouve à deux mètres devant moi, assis les jambes écartées après avoir fait une sorte de ricochet sur le tatami, tout ça sous le regard médusé des autres élèves. Qui a été le plus surpris ? Sans doute celui qui débutait ce jour-là.
Je lui demande spontanément pourquoi il a fait ça ? Il me dit « pour voir ». A quoi je lui réponds « et bien, vous avez vu ! ».
Ce jour-là j’ai eu la confirmation, si besoin était, que les automatismes fonctionnaient à merveille. Il faut dire que le jeune homme – un peu inconscient – jouait de malchance, dans la mesure où ippon seoi nage était « mon spécial ».
L’individu en question s’est excusé et… s’est inscrit.