Quelques réflexions (acides)…

SAMOURAI DOREL’allongement des congés scolaires est une bonne chose pour les enseignants et les élèves, ça l’est aussi pour le secteur du tourisme…C’est moins vrai pour la réalisation de progrès dans la pratique des arts martiaux. Rares sont les dojos ouverts durant ces périodes de vacances et à raison d’une fréquentation d’une fois ou deux par semaine sur huit mois, la régularité – une des sources de progression – s’en trouve indiscutablement impactée.

La compétition et ses travers : lorsque l’on impose, ou même simplement persuade, une gamine de douze ans de « faire le poids » pour la prochaine « compète » et que pour y parvenir elle doit s’astreindre à un régime alors qu’elle est en pleine croissance, cela surprend, pour le moins. Tout ça pour la satisfaction éphémère d’un possible podium de district, mais qui permettra au professeur et au président d’avoir leur photo dans le quotidien régional le lundi matin ; on tourne radicalement le dos à la mission d’éducation dévolue, entre autres, à l’activité physique, et bien plus encore. Il reste à espérer que cet exemple, qui n’est pas le fruit d’une affabulation, mais réellement entendu, n’ait pas valeur de généralité mais reste une exception.

Que la fédération de judo réfléchisse à un programme de self-défense laisse songeur. Pour autant, ce n’est pas critiquable, on ne peut que saluer cette initiative, mais la présentation (compliquée) qui est faite du projet retiendra-t-elle l’attention des professeurs et de quelle formation bénéficieront-ils ? Auront-ils du temps et la volonté de s’y consacrer ? N’existait-il pas déjà une méthode facilement assimilable par les judokas ?

Le code moral est en bonne place dans la plupart des dojos, mais est-il appliqué ? Peut-être faudrait-il commencer par le respect de signes de politesse basiques. Le salut du tatami, celui du dojo, dès que l’on y pénètre et que l’on en sort, saluer son partenaire dans une tenue correcte, ne pas marcher pieds-nus en dehors du tatami, ne pas parler pendant les explications du professeur, communiquer à voix basse avec son partenaire, etc. Voici quelques règles de respect, de politesse et d’hygiène qui ne sont pas forcément appliquées dans tous les dojos. A qui la faute ?

Ces quelques remarques (et notamment la dernière) n’ont pas vocation à plomber le retour sur les tatamis cette semaine, mais d’insister sur le fait que l’étude des arts martiaux dans un dojo est aussi une « Ecole de vie ». Certes nous sommes dans une époque où pour certains les loisirs et la recherche du plaisir immédiat sont devenus prioritaires, au détriment de règles qui peuvent paraître insignifiantes. Si celles-ci ne sont pas appliquées dans un dojo, où le seront-elles ?

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Les portes du paradis

samourai-dore-3Le 2 novembre est une fête particulière et j’ai pensé qu’il serait opportun de proposer un conte en rapport, à la fois avec cette date et avec la philosophie des arts martiaux. Cette histoire, très courte, est extraite des « contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon ».

Un samouraï se présenta devant le maître zen Hakuin et lui demanda :
— Y a-t-il réellement un paradis et un enfer ?
— qui es-tu ? demanda le maître.
— Je suis le samouraï…
— Toi, un guerrier ! s’exclama Hakuin. Mais regarde-toi. Quel seigneur voudrait t’avoir à son service ? Tu as l’air d’un mendiant. 
La colère s’empara du samouraï. Il saisit son sabre et le dégaina. Hakuin poursuivit :
— Ah bon, tu as même un sabre ? ! Mais tu es sûrement trop maladroit pour me couper la tête. 
Hors de lui, le samouraï leva son sabre, prêt à frapper le maître. A ce moment celui-ci dit : 
—  Ici s’ouvrent les portes de l’enfer.
Surpris par la tranquille assurance du moine, le samouraï rengaina son sabre et s’inclina. 
— Ici s’ouvrent les portes du paradis, lui dit alors le maître…
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La loi de l’équilibre

couverture-contes-et-legendesA l’occasion des premières vacances scolaires de la saison, certains dojos s’offrent une première pose. C’est sans aucun doute un moment propice pour un peu de lecture et de réflexion. Découvrir, ou redécouvrir une belle leçon de patience grâce à un extrait de l’excellent ouvrage « Contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon », participera à l’étude de nos chers arts martiaux. Bonne lecture.

Ayant l’occasion de séjourner au Japon au début du siècle dernier, un européen avait décidé d’y apprendre le ju-jitsu qui lui paraissait être une méthode de combat redoutable. Il commença donc à suivre les cours d’un Maître renommé.

Mais quelle ne fut pas sa surprise quand, au bout de la troisième séance, il n’avait toujours appris aucune technique de combat ! Il s’était seulement exercé à des mouvements très lents, en décontraction. A la fin de la séance, il décida d’aller trouver le Maître.

« Monsieur, depuis que je suis ici, je n’ai rien fait qui ressemble à des exercices de lutte.

– « Asseyez-vous, je vous prie », déclara le Maître.

L’européen s’installa négligemment sur le tatami et le Maître s’assit en face de lui.

« Quand commencerez-vous à m’enseigner le ju-jitsu ? »

Le Maître sourit et demanda :

– « Etes-vous bien assis ? »

– «  Je ne sais pas…Y a-t-il une bonne façon de s’asseoir ? »

Pour toute réponse, le Maître désigna de la main la façon dont il s’était lui-même assis, le dos bien droit, la tête dans le prolongement de la colonne vertébrale.

– « Mais écoutez, reprit l’Européen, je ne suis pas venu ici pour apprendre à m’asseoir. »

– « Je sais, dit patiemment le Maître, je sais, vous voulez apprendre à lutter. Mais comment pouvez-vous lutter si vous ne cherchez pas l’équilibre ? »

– « Je ne vois vraiment pas le rapport entre le fait de s’asseoir et le combat.»

-« Si vous ne pouvez rester en équilibre quand vous êtes assis, c’est-à-dire dans l’attitude la plus simple, comment voulez-vous garder l’équilibre dans toutes les circonstances de la vie et surtout, dans un combat ? »

S’approchant de son élève étranger qui restait perplexe, le japonais le poussa légèrement. L’européen tomba à la renverse. Le Maître, toujours assis, lui demanda alors d’essayer de le renverser à son tour. Poussant d’abord timidement d’une main, puis y mettant les deux, l’élève finit par s’arc-bouter vigoureusement contre le Maître, sans succès. Soudain, ce dernier se déplaça légèrement et l’autre bascula en avant, s’étalant de tout son long sur les tatamis.

Esquissant un sourire, le Maître ajouta :

– « J’espère que vous commencez à comprendre l’importance de l’équilibre. »

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Duel !

kodokan-atemi-wazaDans les années 1960, la bataille faisait rage entre les deux principaux arts martiaux de l’époque et jusque dans les cours de récréation une question revenait fréquemment : «Quel est le plus fort : le judo ou le karaté ? ». A l’heure actuelle cette question saugrenue existe toujours, sauf qu’il y a pléthore d’arts (plus ou moins) martiaux et autres disciplines de combat. La question n’a que peu de sens, en effet, puisque avant tout cela dépend de « qui pratique quoi ?». Sans aucun doute Teddy Riner serait bon dans n’importe quelle discipline de combat ! En plus de qualités techniques et physiques, un combattant de haut-niveau (judoka, boxeur, etc.) possède ce que l’on appelle le « sens du combat ». Il se transpose aussi bien dans le corps à corps que dans le combat à distance. Esquiver un crochet ou empêcher l’adversaire d’imposer son kumi-kata, porter un direct ou réussir à placer sa main sur le judogi, être dans le bon « timing » pour entrer une attaque en «  poing-pied » ou une tentative de projection, porter le contre au bon moment, autant d’exemples qui demandent des qualités similaires et transposables. Quant au mental, ce que l’on peut appeler populairement « l’œil du tigre », il est identique quel que soit l’affrontement. Comme pour le choix d’un art martial, pour lequel le professeur importe autant que l’art auquel on va se consacrer, l’efficacité dépendra aussi et surtout du combattant.

La rivalité entre judo et karaté n’existait pas uniquement sur le plan technique, elle se plaçait aussi sur un plan « comptable ». Tout au début des années 1970 le judo se développait considérablement sur le plan sportif ; il augmentait de façon importante le nombre de ses licenciés, notamment chez les enfants ; sa valeur éducative et – il faut l’avouer – son coté « pratique » en étaient les principales raisons. En même temps, il perdait de sa magie, il n’était plus l’art qui permettait au petit de faire tomber le grand. Avec l’instauration des catégories de poids, les petits se retrouvaient entre eux, les grands aussi. En privilégiant l’aspect sportif, le judo se défaisait de son aspect utilitaire. Dans les dojos, le ju-jitsu, que certains appelaient aussi « la self », n’était plus enseigné et encore moins l’atemiwaza, qui, à l’origine, faisait partie intégrante du patrimoine, tel que le concevait son fondateur, Jigoro Kano, comme en témoigne l’image qui accompagne ce billet. De ce fait, de plus en plus d’adultes se tournaient en nombre vers cette discipline qui venait d’arriver en France et qui utilisait l’art du travail à distance, son efficacité semblait redoutable, il s’agissait du karaté. C’est pour cette raison que la remise en valeur du ju-jitsu (au sein de la fédération de judo), à l’initiative de mon père Bernard Pariset, devait inévitablement passer par la réhabilitation du secteur délaissé qu’était celui de l’atemi-waza. Cela commençait par le nom. C’est ainsi que celui d’atemi-ju-jitsu a vu le jour. Sur le plan purement technique les atémis (les coups) avaient été proposés en compléments du travail debout et du travail au sol (compatibles dans l’esprit et dans la forme). Il permettait à l’enseignant qui souhaitait conserver les adultes non intéressés par la compétition de lui faciliter la tâche en transposant, tel un calque, des techniques de défense sur le programme de la méthode française d’enseignent du judo de l’époque. Cela ne demandait pas un grand effort de remise à niveau, ceux qui n’avaient pas hésité à le faire ne le regrettaient pas, de très belles sections ju-jitsu voyaient le jour, regroupant un nombre impressionnant d’adhérents. Avec cette initiative il n’était pas question de couper l’herbe sous le pied d’une discipline respectable comme le karaté, mais tout simplement de rendre au ju-jitsu ce qui lui appartenait en réhabilitant l’atemi-waza. Vingt cinq années plus tard, en 1995, la fédération délégataire emportait le ju-jitsu sur d’autres voies (pas celles de la souplesse, en tout cas !). Peut-être que cela était volontaire, par crainte d’une remise en valeur trop importante et qui aurait pu – notamment – apporter à la toute première question (judo ou karaté, quel est le plus « fort » ?) la réponse suivante : « le ju-jitsu, puisqu’il possède les techniques des deux » !

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Crise chez les profs…

samourai-dore-3Curieuse coïncidence : mercredi matin je mettais en ligne un billet sur mon blog dans lequel j’évoquais la déprofessionnalisation et la dévalorisation du métier (qui à mes yeux n’en n’est plus un) de professeur de judo (et accessoirement de ju-jitsu), le lendemain dans le journal Le Parisien, paraissait un article qui annonçait une grève – pas banale – des athlètes de l’équipe de France de judo : « bientôt la grève dans le judo français».

L’article mis en ligne et cette action (!) sont nés d’un même constat, celui des mauvais résultats de l’équipe de France de judo masculine lors des derniers championnats du Monde.

A la déprofessionnalisation et à la dévalorisation de cette belle mission qui est celle d’enseigner un art martial on peut ajouter la déconsidération. Cela fait beaucoup ! Certes les conséquences sont différentes selon qu’il s’agisse de celles qui impactent un athlète de haut-niveau dont l’objectif est de rapporter des médailles et de celles qui touchent un professeur qui a pour mission de donner des bases à un futur champion, mais aussi et tout simplement d’enseigner une méthode d’éducation physique et mentale, ou apprendre à ses élèves à se défendre (encore faut-il lui fournir une bonne méthode) ou bien encore et tout simplement donner du plaisir au travers d’une pratique intéressante.

Je pense qu’il est bon de rappeler qu’au début, notamment dans les années 1950, ce sont les profs qui ont fait le judo. Ces personnes ne vivaient que de leur enseignement, ils étaient passionnés, compétents, ils étaient « professionnels ». Ils s’appelaient Jean De Hert, Roger Piquemal, Bernard Pariset, Henri Courtine, Guy Pelletier, etc. Que la mémoire d’autres illustres senseï  qui ne sont pas cités me pardonne mais aussi celle de maitres moins connus et qui n’ont pas manqué d’œuvrer avec passion. Ils ont tous formés des centaines de ceintures noires et beaucoup de champions. Ils ont donnés au judo Français ses lettres de noblesse.

Il ne faut jamais oublier que tout champion du monde ou champion olympique a d’abord été une ceinture blanche à qui ont donné l’envie de s’inscrire dans un dojo et surtout le goût de continuer, que ce soit pour devenir d’illustres champions ou simplement des pratiquants heureux. Ce distributeur de motivation et de technique s’appelle « le professeur », sans lui…

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16 Techniques, suite.

harai-goshiCet article fait suite à celui de la semaine dernière qui était consacré aux « 16 Techniques ».

Si cet enchainement est un exercice d’apprentissage et de perfectionnement (pouvant aussi servir de démonstration) qui va développer bon nombre de qualités, il est aussi une base de travail importante permettant aussi d’aborder différents thèmes. Il offrira au professeur une grande diversité de méthodes de perfectionnement dans les nombreux domaines qui constituent le ju-jitsu. Le but de ce billet étant d’aborder quelques unes de ces méthodes.

Première possibilité, proposer des réponses différentes aux attaques ; soit en conservant un schéma de riposte identique, en utilisant les mêmes groupes de techniques : exemple, sur la première technique, remplacer o-soto-gari par ko-soto-gari. Ou bien adapter une autre composante, une clef ou un étranglement. Deuxième possibilité, pour les techniques qui n’en n’ont pas, mettre une finalité au sol : conclure avec juji-gatame après ippon-soie-nage pour la 3ème, par exemple. Ensuite travailler dans l’éventualité d’une réaction du partenaire : si, sur la 1ère technique Uke recule la jambe droite pour ne pas subir o-soto-gari, on pourra enchaîner avec o-uchi-gari. Si en se dégageant en chute-avant il esquive o-uchi-gari dans la 4ème, on gardera le contact avec la cheville pour lui appliquer une clef de jambe, lorsqu’il sera sur le dos. On pourra aussi aborder le thème des contre-prises. Certes, en matière de self-défense, apprendre des techniques permettant de « mettre à mal » les ripostes peut apparaître curieux sinon immoral, mais prendre en considération les failles possibles d’une technique est indispensable afin de la renforcer.

Dans le cadre d’un perfectionnement propre aux « 16 techniques », il existe des méthodes d’entraînements qui éviteront une éventuelle lassitude et surtout qui renforceront des points précis. Exécuter l’enchaînement entièrement à gauche, ou bien faire chaque mouvement systématiquement à droite puis à gauche. Travailler avec plusieurs partenaires. Répéter les techniques en séquençant l’enchaînement : on exécute les quatre premières vite et fort afin de se concentrer sur celles-ci. Travailler chaque technique en uchi-komi (répétition sans chute), idem par groupe de quatre techniques, puis avec l’ensemble de l’enchaînement, ceci pour la mémorisation et pour affûter les automatismes de la toute première phase de la riposte.

Avec un peu d’imagination, de temps et d’expérience il n’est pas impossible de trouver d’autres formes d’entraînement qui permettent d’aborder un nombre impressionnant de techniques, de situations, de combinaisons, mais aussi de parfaire condition physique et automatismes, tout en offrant un enseignement dans lequel la lassitude ne pourra s’installer.

En espérant que ces quelques lignes puissent être utiles à certains.

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Les 16 techniques

Plusieurs articles ont déjà été consacrés aux « 16 techniques » sur ce blog. Cet enchaînement étant un des piliers de la méthode Atémi-ju-jitsu, il n’est pas inutile d’y revenir en lui consacrant à nouveau quelques lignes.

Créé en 1982 pour les besoins d’une démonstration produite lors des deuxièmes championnats du Monde de judo féminin à Paris, cet enchaînement est un concentré des techniques appartenant aux composantes du ju-jitsu, en réponse aux différentes attaques, ou agressions, que l’on peut subir. Il présente également les fondamentaux de ce que l’on appelle les principes de base. Etant l’auteur de cet enchaînement qui peut être considéré aussi comme un « kata moderne » je suis en mesure de le présenter en le disséquant quelque peu.

Sont proposées les principales techniques de projections et ceci dans chaque « grande famille ». Les techniques de jambe avec o-soto-gari (1ère, 8ème et 15ème), o-uchi-gari (5ème) et ko-soto-gari (12ème). Les techniques de hanche avec o-goshi (10ème) et harai-goshi (13ème). Les techniques d’épaule et de main avec ippon-seoi-nage (3ème et 6ème) et te-guruma (5ème). Les sacrifices avec tomoe-nage (2ème). On y retrouve les contrôles en étranglement avec hadaka-jime (13ème) et kata-juji-jime (7ème), en clef au bras et au poignet avec ude-gatame (10ème), kote-gaeshi (14ème) et deux variantes de torsion de poignet (9ème et 16ème). Enfin, le travail au sol n’est pas oublié (7ème et 11ème).

Différents principes fondamentaux sont représentés. Celui de l’utilisation de la force de l’adversaire dans les deux premières techniques, de bascule par dessus le centre de gravité dans la 3ème et la 5ème, d’utilisation de la dynamique du déplacement avec la 6ème, d’action-réaction dans la 11ème et la 12ème. Enfin, nous trouvons en bonne place la liaison des principales composantes de ju-jitsu (coup, projection, contrôle) avec la logique d’enchaînement en fonction du déséquilibre obtenu par « le coup porté ».

Coté attaques, les principales sont proposées : à mains nues ou bien armées, poussées, saisies, coups de poing, coups de pied et défense contre armes (couteau, bâton et menace de revolver).

Outre l’apprentissage et le perfectionnement technique, l’étude et la répétition de cette suite développera les réflexes et les automatismes, le rythme et la condition physique. Ensuite, et c’est important, on éprouve un réel plaisir dans la présentation de cet enchainement lorsque l’on a atteint une bonne maîtrise et que son exécution se fait avec la fluidité qui caractérise notre discipline (l’art de la souplesse).

Je n’oublie pas le côté esthétique qui émane de cet enchaînement lorsqu’il est bien présenté. Certains considèrent cet aspect comme superflu, même inutile, mais une technique n’est pas forcément inefficace parce qu’elle est agréable à l’œil, et, à contrario, ce n’est pas parce qu’elle n’est pas spectaculaire, sans aucun style et juste d’aspect violent qu’elle est efficace.

Certains reprocheront aux « 16 techniques » d’être « trop judo », ce qui est cocasse lorsque cette remarque vient justement du milieu du judo. Historiquement et techniquement le lien entre judo et ju-jitsu est on « ne peut plus étroit », nous n’y pouvons rien (heureusement), si ce n’est pratiquer une autre discipline. Faute de le faire, certains ont préféré dénaturer le ju-jitsu, mais ceci est une autre histoire.

En souhaitant que ce billet participe à la valorisation de cet enchaînement qui appartient à un ensemble d’exercices permettant de progresser dans les nombreux domaines qui composent notre discipline.

La vidéo qui accompagne cet article a été réalisée en 1992, mon partenaire du moment s’appelait Jean Rodriguez.

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Régularité, persévérance et fidélité

SAMOURAIUne fois l’inscription concrétisée dans un dojo, les principales bonnes résolutions seront la régularité et la persévérance.

Tout d’abord il faudra définir le nombre de fois que l’on va consacrer à la discipline choisie et s’y tenir. Etablir cette fréquentation hebdomadaire en fonction de nos disponibilités personnelles liées à la famille, au travail et à l’éloignement, mais aussi par rapport à notre âge, à notre forme et à notre passé sportif. L’idéal sera de venir deux fois par semaine, mais que contrairement à ce que certains pensent, il est malgré tout préférable de s’entraîner une fois par semaine plutôt que… zéro fois I En matière de progrès, c’est la régularité qui prime, quels que soient les objectifs : apprendre à se défendre, s’épanouir physiquement et mentalement, progresser dans l’art, tout simplement.

Il ne sera pas nécessaire de commencer, ou de reprendre de façon trop intensive. Il incombera au professeur la tâche de freiner un enthousiasme parfois débordant. Il sera préférable de pratiquer raisonnablement mais régulièrement, plutôt que de commencer de façon excessive et de s’arrêter au bout d’un mois.

Quelle que soit la fréquence définie, il faudra s’y tenir et si possible à jour fixe, question de rigueur et d’efforts. Cela peut paraitre curieux et même rébarbatif d’utiliser ces mots dans le cadre d’un loisir, mais entrer dans le monde des arts martiaux dans lequel existe un code moral n’est pas anodin. Rester dans cet univers se mérite. Aussi les cours seront en bonnes places sur notre agenda et ne devront pas passer après un ciné, une sortie entre amis, etc. Bref ne pas se dire que l’on ira au dojo « faute de mieux… »

Si pour un cas de force majeure, l’impasse est faite durant une semaine ou deux, il sera souhaitable de rattraper la ou les séance(s) perdue(s) de façon à conserver « une moyenne hebdomadaire ».

Il ne faudra pas faire preuve d’impatience, même si on ne le ressent pas comme tel, chaque séance permet de progresser. Parfois nous envahit la sensation de stagner, tout simplement parce que c’est par palier que nous constatons nos progrès.

Au travers de cette pratique régulière on prendra du plaisir dans la satisfaction d’avoir fait preuve de ténacité et de rigueur, prouvant ainsi que nous sommes un peu maitre de notre vie ! Les progrès en auront que davantage de saveur.

Sur le plan des satisfactions personnelles, je n’oublie pas celle que procurera l’évolution dans les grades. Ils ne sont ni des hochets pour personnes en mal de récompenses, ni à l’inverse des finalités. Ils valident et sont la reconnaissance d’un parcours. « Ils sont un accomplissement et non pas un aboutissement ».

On ne peut clore ce billet sans évoquer la fidélité, celle que l’on doit à sa discipline, à son dojo et à son professeur, elle aussi fait partie de l’ADN des arts martiaux….On ne pratique pas les arts martiaux pour six mois, ou pour une saison (même si quelques fois des situations nous éloignent des tatamis), on ne change pas de discipline au gré du vent, il en est de même pour le professeur, sauf en cas de déménagement, bien sûr. Par contre, en toute légitimité, la curiosité et le besoin de faire évoluer notre pratique pourra se faire sentir, sans pour cela renier nos origines, ni être avare de reconnaissance.

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L’heure du choix

judogiMasques et tubas, palmes et maillots de bain, crème solaire et serviettes de plage, sacs à dos et chaussures de randonnées, etc., autant d’accessoires qui doivent être remisés dans les placards pour y attendre l’été prochain. Tous ces vêtements et autres équipements qui évoquent les vacances, pour ceux qui ont la chance de pouvoir en prendre, vont être remplacés par des tenues différentes et adaptées à la discipline sportive que l’on va retrouver ou que l’on s’est promis de pratiquer durant la saison qui commence.

Pour les disciples des arts martiaux, il s’agira de ce que l’on appelle communément le kimono, sachant que cette appellation heurte les puristes qui n’ont pas vraiment tort puisque ce mot désigne un vêtement d’intérieur. C’est par facilité que nous l’utilisons.

Ce préambule pour venir au sujet de ce billet : « le choix d’une discipline », ce qui en terme journalistique se nomme un « marronnier », à savoir un sujet qui revient de façon récurrente à la même période de l’année comme le « coût de la rentrée scolaire », le « palmarès des hôpitaux », etc. A chaque début de saison, la question se pose pour des milliers de personnes désireuses d’assumer les bonnes décisions prises durant l’été : « cette fois, au mois de septembre, je m’y mets ! ».

Choisir l’art martial qui convient n’est pas facile, dans la mesure où  « l’offre » est importante. Dans les années 1950, le choix se faisait vite, puisqu’il n’y avait que le judo. (J’évoque les arts martiaux, en dehors des disciplines de combat existantes déjà dans notre pays, comme la lutte, la boxe et la boxe française.) Dans les années 1960, avec le karaté, puis l’aïkido, l’offre s’élargissait. C’est à partir des années 1970 que les arts martiaux connurent un développement phénoménal, Bruce Lee était passé par là, plus exactement par le grand écran. Sa disparition prématurée et le mystère qui l’entoura contribueront à construire une légende. Ses qualités techniques et physiques ainsi qu’un certain charisme n’avaient pas manqué de le faire connaitre. Le kung-fu faisait une entrée fracassante dans le paysage des arts martiaux et c’est aussi durant cette décennie que la boxe américaine, appelée aussi « full-contact », enrichissait le monde des disciplines de combat. Je n’oublie pas le taekwondo que l’on appelait le « karaté-volant » lorsqu’il est arrivé en France. C’est bien sûr aussi à cette époque que le ju-jitsu à but non-compétitif, qui tel le Phénix, renaissait de ses cendres sous l’appellation « atémi-ju-jitsu ».

Ensuite, à partir des années 1980, styles, et sous-styles, se développèrent de façon plus ou moins organisée, au grand dam des fédérations délégataires souvent animées d’une boulimie de réglementation bien française et du besoin de tout maîtriser. Parfois, ce n’est pas inutile face à quelques dérives, surtout lorsqu’il est question d’éducation et d’enseignement de techniques de combat, notamment en direction des enfants.

Donc, à l’heure actuelle, pour un néophyte, il n’est pas aisé de se décider. Souvent cela se fait en fonction de critères qui ne sont pas forcément ceux du cœur, mais de l’opportunité, comme la proximité d’un dojo, ou les conseils d’un ami.

Maintenant, il est dommage de se tromper de voie et certains critères ne devront pas être ignorés. Il faudra savoir si l’on est davantage attiré par un sport de combat ou un art martial à but non compétitif. Si l’on redoute le corps à corps, ou si c’est le travail des coups qui rebute. Certains (et ils sont nombreux, même s’ils ne l’avouent pas toujours) ne sont intéressés que par l’aspect utilitaire, d’autres par l’envie de s’exprimer au travers des arts du combat pour se «vider physiquement ». Pour d’autres encore, il s’agira de la recherche d’un travail plus interne offert par certains arts martiaux. Et puis il y a ceux qui souhaitent réunir plusieurs critères dans la même pratique. N’oublions pas non plus le simple aspect loisir, ô combien important dans une société quelque peu stressante.

Alors, au moment du choix, et comme je le répète depuis des années, il faudra aussi faire confiance au ressenti personnel, et pour cela il ne faut pas hésiter à participer à une ou deux séances à l’essai que les dojos ne peuvent vous refuser, partant du principe que bien souvent la première impression est la bonne, surtout dans la mesure ou, comme je me plais à le répéter : « plus que le choix d’une discipline, c’est celui d’un club et surtout celui d’un professeur qui est déterminant ». La réputation du dojo et le parcours de l’enseignant doivent également être pris en compte, mais la séance d’essai permettra de constater, si oui ou non, nous sommes en osmose avec la façon de présenter l’art. Bref, si le courant passe !

Un dernier conseil : la pratique d’un art martial s’inscrit dans la durée et c’est là une raison supplémentaire pour qu’elle ne soit pas dangereuse. La préservation de l’intégrité physique est primordiale. Cette pratique se doit d’être éducative physiquement et mentalement. La sécurité l’entourant est déterminante. Les assurances ne classent pas les arts martiaux et les sports de combat dans les disciplines pour lesquelles les risques sont élevés, souhaitons qu’il en soit ainsi encore longtemps, mais lorsque l’on assiste à certaines dérives on peut se poser la question quant à la pérennité de ce jugement. Finissons positivement en affirmant que la sagesse l’emportera et que ces belles disciplines continueront à être aussi une belle Ecole de vie.

Bonne saison à tous !

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Encore une belle histoire

sabre

Voici encore une belle histoire de samouraï qui va dans le sens du sujet développé la semaine passée, à savoir l’art et la manière de se maîtriser. Ce n’est pas toujours facile, le climat de violence dans lequel nous vivons pourrait entraîner un certain découragement, mais : » il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer » (Guillaume d’Orange-Nassau) alors…

Le célèbre maître Tsukahara Bokuden traversait le lac Biwa sur un radeau avec d’autres voyageurs. Parmi eux, il y avait un samouraï extrêmement prétentieux qui n’arrêtait pas de vanter ses exploits et sa maîtrise au sabre. A l’écouter, il était le champion toutes catégories du Japon. C’est ce que semblaient croire tous les autres voyageurs qui l’écoutaient avec une admiration mêlée de crainte. Tous ? Pas vraiment, car Bokuden restait à l’écart et ne paraissait pas le moins du monde gober toutes ces sornettes. Le samouraï s’en aperçut et, vexé, il s’approcha de Bokuden pour lui dire :

— Toi aussi tu portes une paire de sabres. Si tu es samouraï, pourquoi ne dis-tu pas un mot ?

Bokuden répondit calmement :

– Je ne suis pas concerné par tes propos. Mon art est différent du tien. Il consiste, non pas à vaincre les autres, mais à ne pas être vaincu.

Le samouraï se gratta le crâne et demanda :

— Mais alors, quelle est ton école ?

— C’est l’école du combat sans arme.

— Mais dans ce cas, pourquoi portes-tu des sabres ?

— Cela me demande de rester maître de moi pour ne pas répondre aux provocations. C’est un sacré défi.

Exaspéré, le samouraï continua :

— Et tu penses vraiment pouvoir combattre avec moi sans sabre ?

— Pourquoi pas ? Il est même possible que je gagne !

Hors de lui, le samouraï cria au passeur de ramer vers le rivage le plus proche, mais Bokuden suggéra qu’il serait préférable d’aller sur une île, loin de toute habitation, pour ne pas provoquer d’attroupement et être plus tranquille. Le samouraï accepta. Quand le radeau atteignit une île inhabitée, le samouraï sauta à terre, dégaina son sabre, prêt au combat. Bokuden enleva soigneusement ses deux sabres, les tendit au passeur et s’élança pour sauter à terre, quand, soudain, il saisit la perche du batelier, puis dégagea rapidement le radeau pour le pousser dans le courant.

Bokuden se retourna alors vers le samouraï qui gesticulait sur l’île déserte et il lui cria :

— Tu vois, c’est cela, vaincre sans arme.

(Extrait de contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon, par Pascal Fauliot)

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