Nage Waza

Rédhibitoire pour certains à cause des chutes, le « nage-waza » (technique de projections) offre beaucoup d’intérêts, comme nous le verrons un peu plus loin. D’autres font des choix différents ou ne s’y intéressent pas, à moins qu’une mauvaise expérience soit à l’origine de ce désintérêt.

C’est pour cette raison que l’apprentissage des projections va de paire avec celui du « savoir chuter ». Si mon partenaire ne maîtrise pas les chutes, je ne peux pas pratiquer les projections. Cet apprentissage doit être progressif pour ne pas décourager.

Apprendre à bien chuter sera utile dans un dojo, mais aussi dans la vie de tous les jours, (sans forcément que ce soit tous les jours, on ne passe pas nos journées à tomber).

Des différences existent dans les opportunités et les finalités, selon que l’on pratique le judo ou le ju-jitsu, mais la forme de corps est la même et les méthodes d’entraînements sont proches.

Sur le plan purement utilitaire, il serait dommage de s’en passer, sur certaines formes d’agressions, l’utilisation du nage-waza est redoutable, sur des saisies par exemple, mais pas que.

Le nage-waza demande beaucoup de travail, de répétitions et donc de patience (c’est peut-être pour cela que certains s’en désintéressent), mais en supplément de la plus-value en termes d’efficacité, on découvrira une véritable science du combat, une science qui répond à des principes techniques très fins, à une utilisation des déséquilibres qui nécessite une parfaite coordination. La fluidité dans « le geste juste au moment  juste » sera déterminante; soit en utilisant directement l’énergie du partenaire (ou de l’adversaire) ou après l’avoir fait réagir, avec un coup (en ju-jitsu), ou avec le principe « action réaction » (principalement en judo) .

Tous ces mécanismes qui entrent en jeu sont plus naturels que l’on croit, simplement tant que nous ne les avons pas utilisés, nous l’ignorons, il faut juste les mettre au grand jour à l’aide d’un révélateur. Ce révélateur, c’est le professeur et ses qualités de pédagogue.

Enfin, on découvrira un monde dans lequel la recherche de la finesse technique, l’esthétisme et l’expression corporelle ont toutes leurs places. Elles seront autant de plaisirs procurés. Certaines projections sont magnifiques dans leur exécution.

N’oublions pas les bienfaits physiques procurés par une pratique régulière de ce secteur : un développement musculaire naturel, une bonne condition physique et bien d’autres qualités.

Il est faux d’affirmer que tout le monde ne possède pas la capacité d’exceller dans ce domaine, c’est davantage le manque d’envie et/ou de volonté qui limite les progrès.

Au travail !

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Une démonstration convaincante

Comme à chaque période durant laquelle certains ont la chance de profiter de quelques jours de repos, en lieu et place de mon billet hebdomadaire, je propose une petite histoire. Issue du savoureux livre « contes et récits des arts martiaux de Chine et du Japon ». Des histoires qui ont été réunies par Pascal Fauliot aux éditions Albin Michel.

Plusieurs chapitres le compose, avec chacun un thème particulier. Celui de ce jour appartient à « l’art de vaincre sans combattre ». . Il s’agit d’un conte, mais allez savoir…

Une démonstration convaincante.

« Un ronin rendit visite à Matajuro Yagyu, illustre Maître de l’Art du sabre, avec la ferme intention de le défier pour vérifier si sa réputation n’était pas surfaite.

Le Maître Yagyu tenta d’expliquer au ronin que le motif de sa visite était stupide et qu’il ne voyait aucune raison de relever le défi. Mais le visiteur, qui avait l’air d’être un expert redoutable avide de célébrité, était décidé d’aller jusqu’au bout. Afin de provoquer le Maître, il n’hésita pas à le traiter de lâche.

Matajuro Yagyu n’en perdit pas pour autant son calme mais il fit signe au ronin de le suivre dans son jardin. Il indiqua ensuite du doigt le sommet d’un arbre. Etait-ce une ruse pour détourner l’attention ? Le visiteur plaça sa main sur la poignée de son sabre, recula de quelques pas avant de jeter un coup d’œil dans la direction indiquée. Deux oiseaux se tenaient effectivement sur une branche. Et alors ?

Sans cesser de les regarder, le Maître Yagyu respira profondément jusqu’à ce qu’il laisse jaillir un Kiaï, un cri d’une puissance formidable. Foudroyés, les deux oiseaux tombèrent au sol, inanimés.

« Qu’en pensez-vous » ? demanda Matajuro Yagyu à son visiteur.

« In… incroyable… », balbutia le ronin, visiblement ébranlé comme si le kiaï l’avait lui aussi transpercé.

« Mais vous n’avez pas encore vu le plus remarquable… »

Le second Kiaï du Maître Yagyu retentit alors. Cette fois, les oiseaux battirent des ailes et s’envolèrent.

Le ronin aussi. »

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