Samedi 27 juin à 12 h 45 : cela faisait déjà un quart d’heure que la séance était terminée. La plupart des élèves étaient déjà rhabillés. Une ambiance particulière régnait dans le dojo en cette fin de saison. Il s’agissait aussi et surtout de mon dernier cours au dojo de la Bastille ! Un peu éreinté par tant d’événements qui avaient marqué ces dernières semaines et par cette ultime matinée de cours, je m’étais assis sur le banc devant l’accueil et de là j’échangeais avec les élèves des propos quelque peu empreints d’une certaine nostalgie, mais non dénués d’espoir ! A ce moment un monsieur fit son entrée dans le dojo. Il devait avoir environ une soixantaine d’années. Il jeta d’abord un regard sur sa gauche en direction de l’accueil, puis dans la mienne. Il me semblait connaître ce visage, mais impossible spontanément de lui donner un prénom, ni un nom.
« Bonjour Éric, Jean Hess ! Comment vas-tu ? »
Incroyable ! Il s’agissait tout simplement de mon premier partenaire de judo avec qui j’avais commencé la pratique au dojo de la rue des Martyrs sous la férule de mon père. C’était en 1960 et nous avions tous les deux six ans. C’est tout à fait par hasard qu’il avait choisi ce samedi pour me rendre une petite visite, c’est-à-dire le jour où je cessais mon activité dans mon dojo du 11e arrondissement parisien. La dernière fois que nous nous étions vus, ce devait être en 1990. Espérons qu’il ne faudra pas, à nouveau, attendre vingt-cinq ans. Ce fut donc une matinée chargée d’émotion, les élèves présents ce matin-là n’apporteront pas de contradiction à cette affirmation.
Et puis, quelques jours après, le mardi 30 en matinée, alors que je sortais du dojo, un monsieur qui empruntait le passage, s’écria en me croisant : « Eric Pariset ! Jacques Durant, nous étions ensemble à Saint-Michel de Picpus et nous faisions du judo sous la direction d’Henri Courtine ! » Troublant, pour le moins !