Un « o-goshi à la bordelaise ».

BJJ%20O%20Goshi« Un o-goshi à la bordelaise » (et mes rapports avec le judo).

Pour le judo, les Jeux Olympiques sont terminés et le bilan est finalement bon, bien davantage que l’on pouvait le redouter à mi-parcours. Teddy Riner n’a pas failli, il faut reconnaitre qu’il possède une marge de sécurité par rapport à ses adversaires, et une belle surprise nous a été faite grâce à Emilie Andéol. N’oublions pas les autres médaillés. Les judokas français nous ont rarement déçus dans les grandes occasions.

J’ai pensé que c’est le bon moment pour évoquer mes rapports avec le judo. En effet, certains sont étonnés que bien que ju-jitsuka (et à l’extérieur de la FFJDA), je me passionne pour cette discipline (le judo), notamment au travers de partages réguliers – sur le célèbre réseau social – de belles phases techniques réalisées en compétition et que – par exemple – j’évoque les J.O. Autre étonnement lorsque l’on constate que je pratique et enseigne un ju-jitsu que certains appellent « très judo » et cela en étant également en dehors de la fédération…de judo ! La vie n’est pas avare en paradoxe.

Avec un père judoka au palmarès et aux états de services conséquents, il ne pouvait pas vraiment en être autrement. C’est donc par le judo que j’ai commencé ma pratique des arts martiaux à l’âge de cinq ans. Par la suite je me suis spécialisé en ju-jitsu, tout en ayant jamais cessé d’être judoka. D’abord par plaisir. Ensuite pour l’intérêt que représente la finesse de certaines techniques. Mais aussi grâce à la stratégie qu’il faut mettre en place lors des combats ou des randoris (exercices d’entraînement). Enfin parce que dans ce « sport de combat » il n’y a aucune atteinte à l’intégrité physique, la violence en est bannie. Cela n’empêche pas, loin de là, un véritable engagement physique.

Ju-jitsu et judo sont de la même famille, l’un a donné naissance à l’autre. Ils ne sont pas adversaires, ils sont complémentaires. Ils ne se nuisent pas l’un l’autre, bien au contraire. Certes, Il existe des différences dont la principale réside dans le fait que le premier est un art martial et le second un sport de combat. Au début des années 1970, lorsque la méthode « atémi-ju-jitsu » a été mise au point, c’était précisément l’objectif que de proposer une « voie » différente de l’aspect compétition en offrant une forme de retour aux sources et à l’aspect self-défense. Cette méthode était « calquée » sur la progression du judo, afin de faciliter la tâche des enseignants. Les élèves pouvant pratiquer l’un ou l’autre des deux aspects, ou encore en changer sans difficulté. Cela permettait de conserver « tout le monde à la maison ». Ce n’était pas très compliqué à comprendre, mais malheureusement certains ont vu dans le ju-jitsu une concurrence au judo, ce qui était stupide dans la mesure où les objectifs n’étaient pas les mêmes. Par contre, développer l’aspect compétition en ju-jitsu a été une double erreur . Premièrement cela dénature l’art martial, celui-ci devant rester à but non-compétitif et deuxièmement, pour le coup, cela a créé une vraie concurrence avec les compétitions de judo !

Pratiquer les deux est souhaitable, pas indispensable, mais inévitablement un bon enseignement du ju-jitsu permettra de découvrir et de se perfectionner dans toutes les projections qui composent le patrimoine du judo.

En restant dans ce domaine et en rapport avec le titre de cet article, dernièrement on a beaucoup parlé de « l‘o-goshi de la jeune femme bordelaise ». En effet, celle-ci a réussi à projeter un agresseur avec cette technique qui signifie grande bascule de hanche. Preuve en est que les projections ont une efficacité redoutable, cela accrédite le billet publié sur ce blog il y a une quinzaine de jour. Qui pouvait d’ailleurs en douter ? J’émettrai deux réserves concernant les commentaires qui ont fait suite à ce fait divers. D’abord, certains ont critiqué l’agressée qui n’aurait pas été capable de se maîtriser en projetant son agresseur(?!). Deuxièmement, la jeune femme déclare que de ce fait, elle va se remettre à la pratique du judo ou plutôt d’une autre discipline qui revendique la simplicité dans l’apprentissage des techniques de survie, mais dans laquelle… o-goshi n’existe malheureusement pas. Dommage !

Site ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com

5 réflexions sur « Un « o-goshi à la bordelaise ». »

  1. Bonjour Eric et cher ami
    Je partage en tant que votre ancien élève de l’AAJJ, votre analyse sur le jujutsu et le judo. C’est vrai qu’il y a des professeurs de ju jutsu (hors et dans la FFJDA) qui sont trés judo comme vous, d’autres sont plus karaté ou aïkido. Logique puisque, vous l’écrivez, ces trois arts martiaux découlent du premier (en gros).
    Par contre je suis moins enthousiaste quant à la victoire (par défaut : 1 pénalité contre 2 au Japonais) de Teddy Riner. Etre ainsi champion olympique sans avoir montrer du judo ça me dérange. Le problème vient du kumi kata et qu’on se satisfait du moindre mal avec la peur de la chute synonyme de défaite. Question : le kumi kata est-ce du judo ? Ca serait bien de faire un article là-dessus. Personnellement le kumi kata n’est pas du judo dans la mesure où les judokas passent leur temps à chercher à s’attraper le kimono. Faut-il revoir les règles ? Il existe des tas de parades et de techniques à partir de la saisie du judogi. Le kumi kata refuse le judo. Bien-sûr c’est important la manière de saisir mais y passer 5 minutes (la durée du combat) non, non. De plus les spectateurs n’auront pas vu ce qu’est le judo.
    Mes amitiés Eric et bravo pour votre blog qui plus est bien écrit.
    Daniel Roucous

  2. Bonjour Eric,
    Les commentaires sur les différents combats aux JO, je suis assez d’accord avec, le Kumi Kata fait parti bcp du combat et aujourd’hui essentiel ce qui est à déplorer, parce que pour un néophyte c’est incompréhensible.
    Pour ma part je n’ai pas fait une grande carriére en temps que compétiteur, car essentiellement je voulais gagner propre comme on dit (waza au moins ou ippon) c’est essentiellement ce qui m’a permis de ne pas être un grand compétiteur.
    J’aimerais quand même et je ne suis pas le seul (à lire un excellent article de YAMASHITA vice président de Fédération japonaise) que les régles s’améliorent à condition de voir un judo bcp plus offenssif comme on en voit sur les excellentes videos postées par vos soins, je sais que l’enjeu de la gagne à bcp d’importance sur l’avenir professionnel de certains combattants mai ils savent s’adapter .

  3. Bonsoir à tous et en particulier à Eric
    Tres interressant ton article mais je partage complément l’avis de Daniel Roucous.
    Nous sommes très loin de l’esprit judo, contrôler son adversaire avec son kumi kata pour provoquer une pénalité car l’adversaire ne peut attaquer et ensuite faire des fausses attaques pour gérer la victoire et nul, non sportif et anti judo. Nous sommes très loin du concept l’attaque dans l’attaque la vraie source créative du judo.( sen no sen)
    La fédération a des médailles et des subventions tous va très bien !!!!!!!
    Au plaisir de lire ton prochain article sur le kumi kata
    Daniel Garcia

  4. Bonjour Eric Sensei,
    je suis heureux que tu aies réagi concernant ce O-Goshi. Ceux qui ont déjà eu à se défendre contre un véritable agresseur sauront qu’il est difficile de rester lucide face à quelqu’un dont on ne sait pas jusqu’où il peut aller. De plus, seuls les réflexes instinctifs, les techniques réellement intégrées ressortent. O-Goshi n’est pas une technique dangereuse. Elle permet justement de maîtriser sans faire mal… ou pas trop selon la chute sur le macadam. Il est facile de critiquer mais voyons ce que chacun ferait dans la même situation. Je préfère que cette jeune femme ait mis au sol son agresseur plutôt qu’il ne lui soit arrivé malheur. Les critiques feraient mieux de penser à leurs mères, femmes, filles et amies et s’identifier.

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