Il y a quelque temps, à l’occasion d’un remplacement que j’effectuais dans un club dont je tairai le nom, deux élèves se présentent avec un bon quart d’heure de retard. Comme je leur faisais remarquer qu’il était indispensable d’être ponctuel, telle n’a pas été ma surprise en écoutant leur explication : « Comme il y avait trop de monde à la salle de musculation, on s’est dit que l’on allait trouver deux kimonos et faire un peu de ju-jitsu. » Rigoureux, mais ouvert d’esprit, je les ai laissés s’intégrer au groupe. Au bout d’une demi-heure, je les vois s’apprêter à quitter le tatami. Je m’approche et les interroge sur leurs intentions. La seconde réponse m’a laissé encore plus pantois : «Finalement, on va voir s’il y a de la place maintenant à la musculation. » Je leur ai fait remarquer que cela sera indispensable pour eux !
Cette petite anecdote est révélatrice de l’évolution de certaines mentalités, même si bien heureusement cette histoire, absolument véridique, relève de l’exceptionnel (quoique). D’abord, ce n’est pas tant de leur faute que celle du professeur habituel. Puisque, renseignement pris auprès des élèves, il ne s’agissait pas d’une habitude exceptionnelle. Ensuite, on pourrait assimiler cette façon d’agir à du « zapping sportif », reflétant un comportement sociétal contemporain. Enfin, et cela va avec, on peut apparenter ce genre de réaction à une façon de rejeter systématique toute contrainte. Ce dernier point étant paradoxale dans la mesure où – insidieusement, ou pas – on nous en impose chaque jour davantage. Ceci explique peut-être cela !
Sans vouloir jouer les pères fouettards ou même les arriérés, il me semble que ce genre de comportement n’est pas compatible avec ce que l’on nomme les « disciplines » sportives. A fortiori, les nôtres. Ensuite, une telle façon d’être est-elle compatible avec la réalisation de progrès. A moins que ceux-là ne soient absolument pas recherchés et qu’il s’agisse d’une consommation « plaisir jetable », ce qui est encore plus navrant. Une séance de ju-jitsu peut-elle se classer dans le même registre qu’un tour de manège ?
Heureusement, il ne s’agit que d’une anecdote ! Mais, soyons vigilants, ce qui est sans conteste le cas de la grande majorité des enseignants d’arts martiaux.
Dans un prochain billet et en prévision de la rentrée prochaine, il ne sera pas inutile de rappeler quelques règles essentielles à respecter dans un dojo. A l’attention des futurs nouveaux adhérents… et de quelques anciens, victimes d’une mémoire parfois vacillante.
Site du club ju-jitsu Eric Pariset : www.jujitsuericpariset.com
Bonjour cher Eric
Encore une fois bravo pour ton blog frais, bien écrit et pertinent… comme ton ju jitsu! A propos du « zapping jutsu », hélas, c’est de plus en plus courant et je vais jusqu’à considérer que c’est un manque de respect de nos valeurs mais aussi des autres… à l’image de notre société.
C’est aussi, des élèves qui pratique l’horaire mobile en judo ju jitsu, des dojos qui servent à tout en dehors des heures de pratique à cet effet (en privant celles et ceux qui veulent travailler un kata, réviser) , d’absence de salut des maîtres, des lieux, des partenaires etc.
Certes les maîtres doivent imposer un minimum et être tolérants mais ils sont contraints par les dirigeants surtout dans les dojos gymnases ou partagés.
Mes amitiés
Daniel Roucous, un ancien de tes élèves qui n’oublie pas son premier maître.