J comme « Ju ».

Nous arrivons à la lettre J de mon dictionnaire : J comme Ju-Jitsu et Judo, mais tout simplement comme Ju, « la souplesse ».

Il s’agit là de souplesse comportementale, d’un état d’esprit, bien plus que de souplesse physique ; qualité que l’on ne reniera pas, bien au contraire. C’est cette souplesse comportementale qui donne son originalité et sa valeur ajoutée à nos deux arts martiaux, aussi bien en matière d’efficacité dans d’éventuels affrontements qu’en matière d’éduction, à la condition que ces disciplines soient enseignées dans l’esprit qui était celui du fondateur.

De la « technique (ou l’art) de la souplesse » que représentait le ju-jitsu, Jigoro Kano a voulu élargir le champ d’action de l’art martial avec le judo « voie de la souplesse » (jitsu = technique, art ; do = voie). Il souhaitait ainsi démontrer que cette « souplesse » était aussi bien un principe à adopter en opposition lors d’un affrontement physique, que dans le cadre des relations sociétales, professionnelles, familiales ; bref il souhaitait un quotidien rendu harmonieux grâce à l’application de ce précepte. Il ne s’agissait plus d’un simple principe de combat, mais aussi d’une règle de vie.

Ne pas s’opposer à la force brutale en pliant, évitant ainsi de rompre, comme dans « Le chêne et le roseau » est un principe intelligent, mais faire en sorte que cette force, cette puissance de l’adversaire se retourne contre lui, l’est encore davantage ; cela ne relève pas du miracle mais d’une technique, et même d’une technologie de pointe. L’appliquer dans les relations humaines est parfois plus difficile, et pourtant n’est-ce pas essentiel de faire en sorte d’anticiper pour « gérer » au mieux d’éventuels désaccords de façon à éviter les conséquences toujours désastreuses d’un conflit. C’est en cela que cette souplesse d’esprit est d’une inestimable valeur.

Cette souplesse comportementale ne doit pas être considérée comme un signe de faiblesse, bien au contraire ; n’y a-t-il pas plus belle victoire que celle remportée sans combattre, sans blessure physique ni mentale ?

Jigoro Kano n’hésitait pas non plus à évoquer l’utilité de ce principe dans le cadre professionnel, une sorte de « gagnant/gagnant ». N’y a-t-il pas meilleur accord que celui qui satisfait les deux parties ?  Lorsque le plus fort écrase le plus faible, dans la rue, dans les conflits familiaux, dans le monde du travail : est-ce vraiment une heureuse issue ?

L’acquisition de cette souplesse comportementale ne peut se faire que par l’éducation, la transmission. Cela nous ramène une fois de plus au rôle capital de l’enseignant. Dans les arts martiaux, celui-ci ne doit pas se limiter à être un distributeur de techniques, ni (quant il s’agit de l’aspect sportif) à celui d’un « brailleur » le week-end sur les bords d’un tatami de compétition. Le professeur remplira son rôle par l’apprentissage des techniques de combat, auxquelles seront attachées les valeurs morales inculquées de la façon la plus naturelle possible, en premier lieu par l’exemplarité.

Cette souplesse, ce « Ju », qui différencie l’art martial de la simple activité physique, n’est-il pas aussi et même tout simplement « une forme de philosophie » ? Cette philosophie qui doit permettre de conduire son existence avec sagesse, pour la quête du bien-être… du bonheur, tout simplement.

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Ippon Seoi Nage

C’est un article plus technique que je propose aujourd’hui avec la lettre I de mon dictionnaire, I comme Ippon Seoi Nage.

Mon but n’est pas de développer une étude approfondie, mais d’expliquer simplement les raisons de mon engouement pour cette projection qui est l’une des plus emblématiques du ju-jitsu et du judo. Elle est utilisée aussi bien en self-défense qu’en compétition. J’ai une affection particulière pour elle, et cela pour plusieurs raisons.

D’abord, c’est une des premières projections que l’on apprend, bien qu’elle ne se réalise pas aussi facilement que l’on puisse l’imaginer lorsque nous la regardons exécutée par un spécialiste. Mais, répondant à des principes naturels, si elle est bien expliquée, son apprentissage se fait assez rapidement ; elle offre une des premières satisfactions aux nouveaux étudiants. De plus, Tori (celui qui exécute), même s’il est encore balbutiant, ne rencontre pas de difficultés particulières pour bien retenir Uke (celui qui subit) dans la chute, ce qui est rassurant et sécurisant. L’aspect spectaculaire ne retire rien au plaisir de la réaliser ou de la voir bien exécutée.

Son principe de base consiste tout simplement à faire passer le partenaire « par-dessus nous », en se servant de son déséquilibre avant. Celui-ci étant obtenu de différentes manières, selon que l’on se situe en ju-jitsu ou en judo. Comme dans toutes les techniques il existe des variantes, elles sont fonction du gabarit, mais aussi de l’influence du professeur.

En ju-jitsu, elle est utilisée aussi bien sur des attaques venant de face, comme un coup « en marteau » en direction de la tête, que sur des saisies arrière, à la gorge ou au dessus des bras. En judo le nombre des opportunités, combinaisons, contres, liaisons debout-sol est colossal.

Ippon Seoi Nage, en règle générale, est pratiqué par des plus petits sur des plus grands, puisque passer sous le centre de gravité est la première des conditions. Bien exécutée, cette projection ne demande pas d’efforts physiques particuliers, ce qui par ailleurs doit être la condition de toutes les techniques, puisqu’à l’origine la non-opposition, l’utilisation de la force de l’adversaire et l’utilisation la plus rationnelle de notre propre énergie, sont les fondements du ju-jitsu. On pourrait facilement prendre Ippon Seoi Nage comme modèle pour expliquer des principes parfois négligés et même oubliés.

Enfin, si j’apprécie particulièrement cette technique c’est aussi parce qu’elle était l’un des redoutables « spéciaux » de mon père qui, lors de ses exploits sportifs, a « terrassé » plus d’un « grand » grâce à elle. Par atavisme, mimétisme et avec un excellent apprentissage, elle est devenue l’une de mes projections favorites.

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H comme Honneur

Nous arrivons à la lettre H de mon dictionnaire, H comme Honneur.

Pour les samouraïs il s’agissait d’une valeur qui n’avait pas de prix ; presque systématiquement sa perte les conduisait à l’acte ultime, le hara-kiri ou seppuku. Il est vrai que leur rapport à la mort était différent de celui qui est le nôtre. Il n’empêche, l’honneur est une des plus fortes valeurs que nous nous devons de défendre, à fortiori pour un pratiquant d’arts martiaux. Elle est inestimable et ne pas la respecter, surtout pour un éducateur, c’est commettre une faute inqualifiable.

Même dans notre beau pays, et jusqu’au siècle dernier, lorsque l’on estimait qu’il était bafoué, il était fréquent (et autorisé) de demander réparation à l’occasion d’un duel à l’épée ou au pistolet.

La définition qu’en donne le Larousse est la suivante : « Ensemble de principes qui incitent à mériter l’estime de soi et des autres ». Quels sont ces principes ? Et quelle est l’estime la plus précieuse, entre celle que l’on a de soi et celle que les autres nous portent ?

Les principes, d’abord. Dans le code moral du judo-ju-jitsu affiché dans tous les dojos (mais pas toujours appliqué) on peut lire à propos de l’honneur : « C’est être fidèle à la parole donnée ». Cela m’inspire trois remarques. D’abord l’honneur devrait figurer en première place et non pas en quatrième, comme c’est le cas, ensuite il pourrait tout simplement s’appeler le Code d’honneur, il existe bien le Code d’honneur des samouraïs ! Enfin, même si la fidélité peut englober un ensemble de principes, on peut être plus généreux dans l’énumération des qualités qui correspondent à l’idée que l’on se fait de l’honneur. L’honneur, c’est aussi le respect des autres (ceux qui le mérite), de son métier, de ses convictions, du gout de l’effort et de la rigueur. Parfois il s’agit d’un dépassement de soi lorsque cela est nécessaire, notamment face à l’adversité. Effectivement, c’est aussi le respect de la parole donnée, un comportement dans lequel est exclue toute traitrise ou lâcheté.

Il ne faut pas confondre honneur et héroïsme. Se montrer héroïque mérite les honneurs, mais le bon accomplissement de notre vie quotidienne, sans faillir, est aussi « tout à notre honneur », comme l’accomplissement d’une mission qui nous a été confiée. L’honneur, c’est tout simplement pouvoir se regarder dans la glace en toute sérénité. Personne ne peut revendiquer la perfection, tout le monde a sa part d’ombre et ses défauts, mais il y a des actes et des agissements qui font baisser le front.

Ensuite, entre l’estime que l’on a de soi et celle des autres vis-à-vis de nous, quelle est la plus importante ? Sans hésiter, celle envers soi-même. Traiter avec sa propre conscience est difficile. Quant à l’estime des autres, cela dépend de « qui sont les autres » ; une simple remarque d’une personne que l’on respecte est mille fois plus importante que les déblatérations d’un individu que l’on méprise et/ou qui n’a rien accompli de convenable, ce qui va souvent de paire.

Pour conclure, je pense que la défense de son honneur ou de celle d’une personne que l’on aime, que l’on admire et que l’on respecte est un devoir.

Le but de cet article est de donner en quelques lignes mon avis sur une valeur qui mérite davantage de développement, ce qui ne manquera pas d’être fait à l’occasion de la parution future – du moins je l’espère – de « mon dictionnaire (complet) des arts martiaux ».

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Geesink, un géant avec un grand G

Dans mon dictionnaire la lettre G ne pouvait être consacrée qu’à Anton Geesink. Pour moi, il représente un géant en 3 G. Géant par sa taille, par sa carrière et pour l’enfant que j’étais.

Un géant par sa taille d’abord. Un mètre quatre vingt dix huit ! Pour un hollandais, ce n’est pas exceptionnel, mais son mètre quatre vingt dix huit à lui, l’était. Ce ne sont pas uniquement des prédispositions naturelles qui lui ont donné ce corps d’athlète hors-normes, mais aussi un travail de Titan, une appellation qui lui sied très bien, par ailleurs. C’est aussi le résultat de séances d’entraînement monstrueuses sur les tatamis, mais également en extérieur avec une musculation faite à l’aide d’éléments naturels, comme avec les troncs d’arbres du Massif des Maures en été. Un gabarit de poids lourds, mais avec la rapidité d’un poids léger et tout en haut de ce corps une volonté de fer.

Un géant par son œuvre. Une carrière phénoménale ; il a eu tous les titres, dont le plus prestigieux : champion olympique à Tokyo en 1964 en clouant au tapis le japonais Kaminaga. Ce jour là, c’est toute une nation qu’il a fait pleurer. Il a bien sûr été champion du Monde, en signant un autre exploit lors de la troisième édition de ces « mondiaux » à Paris en 1961 en battant à la suite, les trois meilleurs poids lourds japonais du moment ; en ¼ de finale, ½ finale et finale. Il s’agissait de Kaminaga (déjà), Koga et Sone. Par ippon, s’il vous plait. Il possédait toutes les qualités requises : une parfaite technique debout et au sol, une rapidité exceptionnelle, une puissance surnaturelle et une volonté indestructible.

Enfin, un géant pour l’enfant que j’étais. La première fois que j’ai vu Anton Geesink, j’avais quatre ans et c’était au Camp du Golf bleu à Beauvallon-sur-mer, en face de Saint-Tropez. Chaque été, dans les années 1950, 1960 et jusqu’en 1990, les meilleurs judokas mondiaux s’y rassemblaient. Mon père avec Henri Courtine et Anton Geesink assuraient l’encadrement au tout début de l’aventure de ce club qui alliait «vacances et judo ». Ceux qui l’ont fréquenté, ne serait-ce qu’une seule fois, ne peuvent l’oublier. Donc, nous passions presque les trois mois d’été dans le Var et c’est là que pour la première fois j’ai approché Anton Geesink. L’enfant de quatre ans que j’étais n’avait aucune idée de ce que représentait un palmarès de judoka, par contre ce géant l’impressionnait, par sa taille bien sûr, mais aussi par sa musculature, par un visage volontaire, un timbre de voix très grave, bref, il était fascinant . Comme beaucoup de néerlandais il parlait plusieurs langues dont un français presque parfait, avec cet accent et cette voix qui raisonnent encore dans ma tête aujourd’hui.

Et puis, entre lui et mon père, il y avait toute une histoire sur laquelle je ne manquerai pas de revenir plus tard. On peut juste dire que les deux hommes – adversaires sur les tatamis – s’appréciaient et se respectaient au-delà de l’imaginable. En 2000, dans un entretien publié dans le journal l’Equipe, Geesink déclarait que, hors japon, l’adversaire qu’il redoutait le plus s’appelait Bernard Pariset. Autre hommage que je n’oublierai jamais, en janvier 2005 il avait tenu à être présent lors de la cérémonie organisée par la fédération française de judo pour rendre hommage à mon père, disparu tragiquement quelques semaines avant. Il avait pris la parole pour lui rendre un vibrant hommage, avec gravité, émotion, mais aussi avec humour. Un humour particulier qui me plaisait énormément.

Lors d’une suite à cet article consacré à ce géant, je reviendrai sur des impressions, des sentiments et des anecdotes plus personnelles.

Anton Geesink était né en 1935 à Utrecht, une rue porte son nom dans cette ville, il nous a quittés en 2010.

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F comme être le Fils, ou la Fille, de…

Nous arrivons à le lettre F de mon dictionnaire, F comme être le Fils de…Bernard Pariset.

Etre le fils ou la fille de quelqu’un, cela arrive à tout le monde. Etre le fils ou la fille d’une personnalité, même dans un petit cercle comme celui du judo de l’époque, c’est singulier ! A fortiori quand le chemin emprunté est identique à celui du parent en question.

Personnellement, dès la plus jeune enfance, se manifestait un sentiment de fierté, ensuite s’imposait la nécessité de faire mes preuves.

Ce n’était pas banal d’avoir un père champion de judo, surtout à un moment de l’histoire où cette discipline était moins connue dans notre pays, que les catégories de poids n’existaient pas et que sa réputation était celle du « petit qui faisait tomber les grands ». Dans le milieu sportif et même au-delà il était presque considéré comme un héros, en tout cas il l’était pour moi. Ensuite, qu’il devienne mon professeur, me faisant ainsi profiter d’un enseignement exceptionnel, était une chance. Comme cela en a été une autre, qu’il m’apprenne mon métier.

Le parcours de mon père et sa forte personnalité ajoutés au fait que je sois fils unique m’ont placé parfois dans des situations difficiles ; en fonction de certaines circonstances dans lesquelles sévit la jalousie, par exemple.

Comme indiqué plus haut en introduction, cette situation impose de « faire ses preuves », la comparaison ne peut être évitée de la part de certains. Lorsque l’on est un peu plus « affuté » dans la réflexion, on admet que « comparaison n’est pas raison » et que les époques ne sont pas les mêmes, les disciplines et les arts évoluent, la société aussi. Et puis, il y a les circonstances, les hasards et les nécessités, les aspirations personnelles, etc. Par exemple, je me suis tout de suite passionné par la remise en valeur du ju-jitsu (initiée justement par mon père, ancien compétiteur et pourtant fervent défenseur de l’aspect utilitaire et traditionnel du ju-jitsu). Cette belle croisade m’a permis, tout en construisant quelque chose, de me faire connaitre et reconnaitre avec des actions différentes, mais en restant dans le même milieu.

Mon père ne considérait pas comme un aboutissement le fait que je me constitue un palmarès important en judo, il estimait que l’essentiel était que j’apprenne bien mon métier et que je l’exerce tout aussi bien. Il connaissait parfaitement les conséquences en termes de séquelles physiques engendrées par le haut niveau dans les sports de combats ainsi que les aléas de la victoire.

Quant on appartient au même milieu, les responsabilités sont importantes. Elles vous obligent à continuer à faire briller le nom qui vous a été légué. Je pense ne pas avoir démérité grace à quelques actions en faveur du ju-jitsu.

Maintenant, il faut être franc, le besoin de s’affranchir existe, comme celui de faire ses preuves pour être reconnu – par et pour son travail – bref, tout en assurant la pérennité du patronyme on ressent le besoin de « se faire un prénom ».

A ce sujet, il y a une anecdote que j’aime beaucoup et que je n’ai aucun scrupule à raconter dans la mesure où c’est mon père lui-même qui me l’avait rapportée.

Cela se passait au milieu des années 1980. Louis Renaudeau, professeur en Vendée, à La Roche-sur-Yon et aux Herbiers, avait souhaité que ce soit mon père (le plus haut gradé du judo français avec Henri Courtine) qui vienne lui remettre son 5ème dan.

Avant de continuer, il faut souligner que j’étais venu à de multiples reprises dans le bocage vendéen pour y animer des stages et participer à des galas magistralement organisés par Louis Renaudeau. Au début de la cérémonie, et avant la remise du grade, la personne qui officiait au micro faisait état du palmarès exceptionnel de mon père : champion de France et d’Europe toutes catégories, demi-finaliste aux championnats du Monde toutes catégories, ainsi que des titres de toutes les fonctions qu’il avait occupées : entraîneur national, directeur des équipes de France, membre de la Commission nationale des grades, etc. Puis, il marqua un temps avant de conclure cette présentation par : « et papa d’Eric Pariset ». C’est à ce moment qu’une clameur venue de l’assistance s’est manifestée, ainsi que des applaudissements, qui pouvaient laisser à penser qu’enfin… on leur annonçait une référence ! Je le répète, si ce n’avait été mon père lui-même qui m’en avait fait part, jamais je ne me serais permis d’évoquer cette séquence. J’avoue avoir été touché par celle-ci qui prenait d’autant plus de saveur qu’elle était rapportée par mon père lui-même. Il l’avait fait avec un humour emprunt d’une certaine fierté, du moins il me semble.

Ses connaissances, son parcours, mais aussi son caractère, son charisme, sa rapidité de réaction (pas seulement sur les tatamis) et bien d’autres qualités, même si parfois il n’était pas tendre dans ces principes éducatifs, forment un ensemble qui me permet d’affirmer que je ne suis pas le « fils de personne ».

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E comme Enchaînement (2ème partie)

Comme promis voici le deuxième des trois volets consacrés à la lettre E de mon dictionnaire des arts martiaux. C’est le mot enchaînement que j’avais retenu ; les lignes qui suivent sont la continuité de celles parues il y a deux semaines sur ce blog. Aujourd’hui c’est l’histoire de l’enchaînement le plus connu que j’ai eu le plaisir de réaliser qui est proposée, je veux parler des « 16 techniques ».

Les « 16 techniques » ont été créées pour les besoins d’une démonstration présentée à l’occasion des championnats du Monde de judo féminin qui se déroulaient à Paris en 1982. A l’époque les championnats masculins et féminins étaient dissociés.

Pour un nombre important d’élèves, j’enseignais déjà le ju-jitsu depuis presque dix années dans le dojo parisien de la rue des Martyrs ; puis grâce au pouvoir de persuasion de mon père, la fédération de judo se décida à (re)mettre en valeur cet art martial au niveau national. La méthode « atemi-ju-jitsu » était déjà créée, il restait à la diffuser par différents moyens parmi lesquels il y avait les démonstrations. On m’avait confié en grande partie la responsabilité de ce secteur et notamment celle de présenter une prestation dans laquelle le rôle de Tori (celui qui fait « le gentil ») serait tenu par une femme, puisqu’il s’agissait de démontrer le ju-jitsu lors du rendez-vous mondial évoqué plus haut. J’avais parmi mes élèves une personne qui possédait les qualités requises ; elle s’appelait Marie-France Léglise. Pour l’occasion, j’avais endossé le rôle d’Uke (celui qui subit, « le méchant »). Il est utile de rappeler que dans l’étude et la pratique des arts martiaux, les rôles de Tori et d’Uke sont d’importance égale : sans Uke, pas de Tori (le contraire s’impose aussi).

Donc, j’avais mis au point une démonstration en deux parties. Une première « très technique », une seconde plus dynamique, en « guise de final ».

En première partie étaient démontrées des techniques de défense, d’abord au ralenti puis à vitesse réelle. Nous proposions plusieurs situations d’agressions face auxquelles étaient présentées une variété importante de schémas de ripostes, de composantes et de techniques.

La deuxième et dernière partie était une sorte de « cascade» d’attaques et de défenses dans laquelle les mouvements choisis étaient aussi importants que la vitesse à laquelle ils devaient être exécutés et enchaînés. J’avais retenu deux critères essentiels : la diversité, bien sûr, mais aussi faire en sorte qu’il y ait le moins de perte de temps possible entre chaque mouvement et pour cela il fallait éviter les déplacements trop importants.

Très vite, cette fin de démonstration a été retenue pour devenir les « 16 techniques » et a été inclue dans les programmes de grades. Cela en faisait aussi une excellente méthode d’entraînement. Une simple analyse montrerait que par l’intermédiaire de ces grandes techniques sont démontrés aussi les principes de non-opposition, d’utilisation de la force de l’adversaire ainsi que des principes mécaniques de bascules et de suppression de point d’appui, bref, un ju-jitsu fidèle à son histoire et à ses fondamentaux.

Dans le troisième et dernier article, je proposerai un résumé des autres créations.

L’enchaînement dont il a été question aujourd’hui étant le plus important, il m’a paru indispensable de lui consacrer une page entière.

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E comme Enchaînements (1ère partie)

A la lettre E beaucoup de noms méritent une place dans mon dictionnaire des arts martiaux. Par exemple, E comme éducation. L’Education physique et mentale chère à Jigoro Kano qui, grâce à sa méthode de ju-jitsu devenue judo, proposait une « science du combat » mais aussi une « Ecole de vie » qui harmoniserait les rapports humains, améliorant ainsi la vie en société. Dans le même esprit il y a aussi E comme Educateur, ou Enseignant ; deux mots qui occupent une place prépondérante dans ma vie. Il est possible aussi d’évoquer le E d’Exigence, celle que l’on doit imposer à soi-même (avant de l’imposer aux autres). Mais aussi le E d’Excellence, vers laquelle chacun doit tendre, dans son métier et dans ses actes ; non pas dans un systématique esprit de compétition, mais simplement pour s’améliorer.

Après ces quelques beaux exemples, j’aborde le mot que j’ai finalement choisi de développer, à savoir «  Enchaînement ». Dans sa « coquille », ce mot peut d’ailleurs regrouper ceux évoqués plus haut. Puisque répéter des enchaînements contribue à l’éducation physique et mentale, ils sont transmis par un enseignant, ils sont éducateurs techniquement ; de plus on recherche l’excellence dans leur pratique et leur présentation, pour cela il ne faut pas être avare d’exigence.

Au travers de ce beau métier qui est le mien, j’ai toujours eu le souci d’apporter ma contribution à l’évolution qui doit être dévolue à toute science, mais – et j’insiste sur ce point – sans jamais trahir ni l’esprit, ni la forme, ni encore moins les traditions attachées à nos arts martiaux et en particulier à la sagesse de Jigoro Kano. Pour participer très activement à la diffusion de la méthode de ju-jitsu, au début des années 1980, j’ai ressenti le besoin de créer des enchaînements, sans avoir la prétention de rivaliser avec des « monuments » tels que les katas traditionnels, mais pour offrir une complémentarité.

Comme précisé plus haut, j’ai toujours été scrupuleux quant au fait de ne jamais trahir les fondamentaux, il n’a jamais été question non plus d’inventer des nouvelles techniques (ce serait prétentieux), ni remettre en cause les principes sur lesquels notre discipline a batti ses spécificités. Cependant il est possible de peaufiner ce patrimoine en lui apportant le fruit de recherches personnelles.

Ainsi, grâce à une pratique intensive, mais aussi à la mission de transmission, j’ai eu le plaisir d’élaborer plusieurs enchaînements. Des créations qui s’apparentent à de véritables compositions, au même titre qu’un musicien assemble les notes pour créer une mélodie, et un écrivain les mots pour rédiger un roman.

A l’époque cela répondait à un réel besoin et permettait à la fois de proposer des méthodes d’entraînement novatrices, une forme de classification, des moyens d’évaluation et pour certains de ces enchaînements des démonstrations « clefs en main ».

Chaque enchainement possède son histoire et sa raison d’être. J’ai pu en élaborer personnellement six, et un autre en collaboration avec mon père (qui avait mis au point l’intégralité de la méthode « Atemi-ju-jitsu ». Il est toujours correct de rendre à César…).

L’histoire de ces créations a commencé avec les « 16 techniques », l’enchainement qui a connu un véritable succès et que je continue à faire pratiquer. Après il y a eu les « 16 Bis » et les « 16 Ter » dans lesquelles sont travaillées des ripostes plus élaborées en réponse aux attaques des « 16 de base ». Puis sont venues les « 16 contrôles » qui utilisent uniquement la famille des contrôle en clef sur les articulations, afin de proposer une maîtrise adaptée à certaines situations dans lesquelles il est souhaitable que l’issue ne soit pas « fatale ». Quant aux « 24 techniques » elles sont une présentation très concise et ordonnée des attaques les plus probables que l’on peut subir, avec comme réponses les principales techniques appartenant aux grands groupes. Dans cet enchaînement, que j’apprécie tout particulièrement, différents schémas et combinaisons de ripostes sont aussi évoqués. Enfin, en matière de création, il y a le « petit dernier » qui est une suite de quinze techniques, dans laquelle sont mis en exergue deux composantes de notre discipline : les atemi et les katame (les coups et les contrôles).  Je n’oublie pas les « 16 atemis », réalisés en collaboration avec mon père et dans lesquels l’accent est mis sur l’atemi-waza (le travail des coups), un secteur important en matière de défense, mais dans l’esprit du ju-jitsu, sachant que dans cette discipline les coups ne sont pas une finalité, mais le plus souvent une façon d’y parvenir.

D’autres enchaînements ont été déjà élaborés, bien qu’ils ne soient pas encore formalisés « sur papier » ou « en images » ; pour le moment ils sont «dans ma tête» ; il s’agit des « 16 enchainements» et des « 16 contres ». Il y en a aussi un autre que quelques élèves ont baptisé les « 16 extraordinaires » (en toute modestie).

Dans la seconde partie consacrée à cette lettre E, je reviendrai plus en détail sur l’ensemble de ces enchaînements.

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D comme mes Dojos préférés (troisième) le Stade Français

Le Dojo du Stade Français

Après avoir évoqué la Rue des Martyrs et le Central au cours des semaines précédentes, aujourd’hui je propose le troisième et dernier volet consacré à la lettre D, comme Dojos, ceux qui m’ont laissé les meilleurs souvenirs.

Nous sommes dans le 16ème arrondissement, près de la Porte de Saint-Cloud. Le complexe sportif Géo André, l’un des sites du Stade Français, propose des cours de tennis et de squash, entre autres activités, et un dojo depuis la fin des années 1970. La prestigieuse institution, créée en 1883 un an après le non moins réputé Racing Club de France, à une époque où l’on assistait à un formidable élan sportif dans notre pays, avait décidé d’accueillir le judo. En la personne d’Henri Courtine cette section s’offrait un président de renommée mondiale, mais aussi, avec Kyoshi Murakami, un professeur et un technicien exceptionnel, issu de la fameuse université de Tenri. Il dispensait deux cours d’ adultes par semaine. Les autres séances ainsi que les cours pour les enfants étaient donnés (et le sont encore) par Raymond-Yves Caraishi, un homme que j’apprécie tout particulièrement ; nous nous étions connus au Bataillon de Joinville en 1973.

La structure est totalement différente de celles des deux précédents dojos. D’abord de par l’environnement ; nous sommes dans un quartier aux larges avenues et aux immeubles bourgeois qui tranchent avec les rues étroites et les immeubles anciens de la rue des Martyrs et du Faubourg Saint-Denis. Concernant le dojo, il s’agit d’un vaste local aux grandes baies vitrées qui donnent directement sur de la verdure. Le site Géo André étant doté d’une petite piste d’athlétisme avec en son milieu une magnifique pelouse.

Personnellement entre les années 1979 et 1984, j’y avais pris ma licence sportive et durant cette période j’ai participé aux compétitions en individuel et par équipes. Malgré une activité professionnelle débordante, avec la gestion du club de la rue des Martyrs, les stages et les démonstrations de ju-jitsu en France et en Europe, les publications d’ouvrages techniques, les participations aux réunions fédérales, je venais m’entraîner chaque mercredi soir, une séance qui s’ajoutait aux deux autres que je m’imposais rue des Martyrs. Malgré cet emploi du temps « légèrement » chargé et pour mon plus grand plaisir, j’ai réussi à m’exprimer jusqu’au niveau national en judo. Mon année la plus faste a été 1983. J’avais remporté l’inter-région Ile-de-France Ouest, mais malheureusement, j’ai été arrêté dans mon élan trois jours avant le championnat de France, pour cause de déchirure intercostale. Par équipes nous avions atteint une finale de championnats de France « excellence ».

Une fois mon 5ème dan acquis en 1985, j’ai ralenti l’entrainement personnel, il y a un âge pour tout ; et puis, mes activités professionnelles et celles liées à la croisade pour le ju-jitsu ne faiblissaient pas. Je n’ai donc plus fréquenté ce dojo pendant plusieurs années, mais j’y suis retourné en 1991, cette fois pour créer une section ju-jitsu que j’ai animée jusqu’en 1994. A cette époque, Monsieur Courtine terminait sa carrière en dirigeant le CREPS de Boulouris dans le Var ; c’est Maurice Gruel, autre personnage légendaire du judo français, qui présidait la section judo-ju-jitsu. C’est dans ces années que j’ai pu, en parallèle des cours de ju-jitsu que je dispensais, profiter de l’enseignement de Guy Pelletier qui avait repris les cours de judo suite au retour de Murakami dans son pays natal. Ainsi j’ajoutais un autre enseignant exceptionnel à la liste de ceux qui m’ont fait profiter de leur savoir.

Ce n’est pas à cause des matchs du PSG qui se déroulaient, juste à coté, au Parc de Princes que j’ai aimé cet endroit. Plus sérieusement il existe trois raisons à cela. D’abord pour les équipes dirigeantes qui se sont succédées et les autres enseignants avec qui j’avais de vraies affinités sur les valeurs attachées au judo et au ju-jitsu. Ensuite, c’est sous cette bannière que je me suis exprimé le mieux en compétition de judo et enfin, mettre en place une nouvelle section et dispenser des cours dans ce lieu aura été un grand honneur et un réel plaisir, c’est ce qui s’est passé avec le groupe de ju-jitsukas.

En 1994, partant pour d’autres aventures (toujours dans les arts martiaux, bien sûr), ce n’est pas sans un pincement au cœur que j’ai quitté ce bel endroit et que j’ai confié ce collectif convaincu par le ju-jitsu à Laurent Rabillon, un de mes anciens élèves. Quelques échos indirects me font penser que la section continue son chemin.

Ainsi s’achève la lette D de mon dictionnaire personnel. Dans la version proposée sur ce blog, j’ai abordé mes trois dojos de cœur, ceux qui m’ont touché personnellement. Malheureusement sur les trois il y a en a deux qui n’existent plus, quant au troisième je n’ai que très peu de nouvelles. A l’occasion de la publication d’un ouvrage plus étoffé, j’évoquerai tous ceux que j’ai dirigés et dans lesquels j’ai enseigné.

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Un passage en Bourgogne

Plus exactement, un passage dans le nord de la Bourgogne, un peu en dessous d’Auxerre, à Augy précisément. C’est une région que je connais parfaitement, mes parents avaient une « maison de campagne » à Mailly-le-Château à quelques kilomètres, ce qui fait que j’ai passé de nombreuses vacances et week-ends dans l’Yonne. Le temps d’une année scolaire, j’ai même été pensionnaire dans une institution auxerroise réputée, ce n’est pas là que se situe mon meilleur souvenir.

Ce court passage dans ce beau département, dimanche dernier, faisait suite à l’invitation de Michel Baillet qui officie dans plusieurs clubs de la région, des clubs dont il a été l’initiateur. Nous nous connaissons depuis plus de vingt ans et j’ai toujours apprécié son esprit d’entreprise et son engagement pour le ju-jitsu. Plus précisément, pour « les ju-jitsus ». En effet, son ouverture d’esprit, sa curiosité et son envie d’apprendre l’ont fait s’intéresser à plusieurs styles, sans jamais renoncer à la pratique et à la diffusion du nôtre. La preuve avec l’organisation de ce stage. Ce n’était d’ailleurs pas la première fois que j’intervenais dans l’un de ses dojos ; à deux reprises je m’étais rendu à Saint-Julien-Du-Sault, un peu plus au nord, mais je n’étais jamais encore venu à Augy.

Il est rare que ce genre de journée se passe mal, mais je dois dire que celle-ci aura été spécialement agréable. Grâce à l’accueil, à l’ambiance générale, à l’intérêt que les stagiaires portaient à ce cours et, ce qui est important, à leurs investissements sur les tatamis. J’ai proposé un programme qui, je pense, a satisfait tous les niveaux.

Une petite collation servie après le cours a permis d’agréables échanges sur différents sujets en rapport avec le ju-jitsu, mais aussi sur cette région dans laquelle je reviens toujours avec une certaine émotion.

Encore une journée qui me fait aimer le beau métier qui est le mien et qui augmente le « stock » de souvenirs positifs. Rendez-vous dans l’Yonne, sans doute, la saison prochaine. Merci à Michel Baillet et à l’ADJJ.

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D comme mes Dojos (Deuxième partie) Le Central

Le Central (ou dojo fédéral)

Nous sommes au tout début des années 1970, les entraînements de l’équipe de France de judo sont loin de bénéficier des infrastructures actuelles ; les judokas de l’élite s’entraînent principalement dans leur club respectif et quelques rassemblements se font dans le tout petit dojo de ce qui s’appelait l’INS (institut nationale des sports) avant de devenir l’INSEP. Sous la direction d’Henri Courtine le judo français prend un nouvel envol. Parmi les mesures indispensables il fallait mettre à la disposition des champions – et futurs champions – un « site » qui permettrait de les rassembler régulièrement pour des entraînements à la hauteur des ambitions nationales.

Dans le Xème arrondissement de Paris un très vaste local appelé « Le Central » était disponible. Cet endroit, fermé en 1968, avait ouvert ses portes au début des années 1920 ; un ancien hangar avait été transformé en salle de sports. Ce sont principalement des cours et des combats de boxe anglaise qui s’y déroulaient. Il y eut ensuite l’époque du catch, avec des combats mémorables durant lesquelles « l’Ange Blanc » terrassait le « Bourreau de Béthune », ou le « Boucher de la Villette », tout un programme ! Situé au 57 de la rue du Faubourg Saint-Denis dans un quartier populaire de Paris, qui ressemblait étrangement à celui de la Rue des Martyrs (se reporter à la première partie du dictionnaire consacré à la lettre D comme Dojo) le Central a donc été repris quelques mois après sa fermeture par la fédération de judo qui pouvait ainsi offrir aux membres de l’équipe nationale un lieu d’entraînement qui correspondait aux attentes. L’expérience n’a pas duré très longtemps, jusqu’en 1975, je crois. Il était compliqué d’y accéder pour des raisons de circulation, de stationnement, et puis la vétusté du lieu imposait beaucoup d’entretien. Avant d’intégrer définitivement l’INSEP, les entraînements de l’équipe de France ont fait un crochet de quelques mois au Cercle Hoche dans le VIIIème arrondissement ; cette expérience ne s’est pas inscrite dans la durée.

Il n’y a pas que l’attachement que j’avais pour ce quartier populaire devenu très « bobo », qui anime mes souvenirs. A cette époque les entraînements de l’équipe nationale étaient ouverts à tous les licenciés à partir de la ceinture marron. Il y avait notamment une séance chaque mercredi soir durant laquelle pouvaient s’affronter des anonymes aux champions de l’époque qui s’appelaient Coche, Auffray, Rougé, Mounier, Brondani, Vial, Feist, Noris, Clément, et bien d’autres encore. Les meilleures équipes du Monde ont foulé ce tatami, un des premiers, si ce n’est le premier, a être monté sur ressort ! D’éminentes personnalités (champions, experts, etc.) sont venues faire profiter, à des centaines de judokas, de leur expérience et de leurs connaissances.

Etant affecté au Bataillon de Joinville pendant mon service national, avec l’équipe militaire nous nous y rendions quatre fois par semaine. Autre avantage personnel, après mes douze mois d’armée, comme j’habitais un logement contigu au dojo de la rue des Martyrs, dans l’arrondissement voisin, je pouvais me rendre à pied aux entraînements ; pour un parisien, ce n’est pas négligeable. Cela me donnait l’occasion de traverser plusieurs fois par semaine une partie de ces deux arrondissements que j’apprécie tout particulièrement. Et puis ce local chargé d’histoire avait une architecture impressionnante.

Enfin, et c’est quand même pour moi l’essentiel, j’y ai appris énormément techniquement et je m’y suis renforcé considérablement physiquement et mentalement.

Aujourd’hui, dans ce quartier en pleine mutation, c’est une école de théâtre qui occupe les lieux

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